
conçoit j d’après cette compofition, que les perles
doivent être bien diflolubles dans les acides
même les plus faibles, & comment Cléopâtre a
pu, fi l’on en croit les hiftoriens romains, avaler
de belles perles diffoutes dans le vinaigre, pour
prouver fa magnificence & fa richeffe. Mais il eft
difficile de concevoir d’où peut être venue l’opi-
. nion qu’on a eue fur les grandes vertus des perles,
te pourquoi on les a regardées comme analeptiques
,. fédatives , céphaliques , antiépileptiques ,
bézoardiques, cordiales. On les a prefcrites en
poudre dans des émulfions & des potions ou des
mixtions, pour calmer furtout les anxiétés produites
dans les fièvres malignes. Elles ont été
enfuite réduites à la fimple qualité de matières
abforbantes, & dès-lors on ne s’en eft plus fervi
en médecine. Depuis long-tems leur u-fage fe borne
à fervir d’ornement, foie feules, foit en les ajoutant
à un grand nombre de bijoux differens, qu’elles
décorent te qu’elles enrichiffent.
N APHTE. On a défigné en général par le nom
de pétrole ou d’huile de pierre, toute iubftance bi
tumineufe,liquide, qui coule entre les pierres fur
les rochers ou dans differens lieux de la furface ,
de la terre. Cette huile diffère par lalégéreté, fon *
odeur, fa confiftance te fon inflammabilité. Les
auteurs en ont diftingué.un a fiez grand nombre de
fous-variétés j ils ont donné le nom de ruiphte au
pétrole le plus léger, le plus tranfpirent &-le plus
inflammable ; celui de pétrole proprement d t , à
un bitume liquide, & d’une couleur brune-foncée
j enfin, celui de poix minérale, à un bitume
noir, épais, peu liquide, tenace te s’ attachant
aux doigts. Voici quelles en font les fous-variétés,
décrites par Vallerius te par plufieurs autres na-
turaliftes.
Variétés. -
i°. N aphte blanc }
2°. Naphte rouge ;
30. Naphte vert ou foncé>
4°. Pétrole mêlé à de la terre j
j ° . Pétrole fuintant à travers les pierres > 6°. Pétrole nageant fur les eaux j
7°. Poix minérale ou maltha y
8°. Piffafthalte. Il eft d'une confiftance moyenne
entre celle du pétrole ordinaire & de Lafphalte ~
ou bitume de Judée.
Les differens naphtes fe trouvent en Italie, aux
environs de Modène te au Mont>Ciaro, à douze
lieues de Plaifance. Kempfer rapporte, dans fes
Amoenitates exoticA, qu’on le ramaffe en grande
quantité dans plufieurs endroits de la Perfe. Dans
Jinde,un lieu où il eft allumé, paffe pour recéler
le diable, que Dieu.y a enfermé. Le pétrole coule
en Sicile te dans plufieurs autres lieux, de l’Italie j
en France, au village de Gabian dans le Languedoc
} en Alface , à Neuchâtel en Suiffe, en
Ecoffe, t e c . Le pilfafphaite & la poix minérale I
fe tiroient autrefois de Babylône, dont ils ont |
fervi à la conftruCtion des murailles ; de Ragufe
en Grèce, & de l’étang.de Samofate, capitale de
la Comagène en Syrie. On les tire aujourd’hui de
la principauté de Neuchâtel te de Vallengin ; du
Puits de la Pège, à une lieue de Clermont-Ferrand ,
département du Puy-de-Dôme, te de plufieurs
autres endroits.
Il faut obferver, à l’égard des différentes fous-
variétés indiquées, qu’elles paroiffent toutes avoir
la même origine, te qu’elles ne diffèrent les unes
des autres qué par quelque modification particulière.
La plupart des naturaliftes te des chimiftes
attribuent la formation des pétroles à la décom-
pofition des bitumes lolides par l’aCtion des feux
fouterrains. Pis obfervent que le naphte paroît être
l’huile la plus légère que le feu dégage la première,
te que celle qui lui fuccède, acquérant de
la couleur te de la confiftance, forme les diverfes
forres de pé;rôles ; qu’enfin ces derniers, unis à
quelques fubftances terreufes ou altérées par les
acides, prennent les caraétères de la poix minérale
ou du pilfafphaite. Pour étayer- leur fenti-
ment, ils font une comparaifon fort exaCte avec
les phénomènes que préfente la diftillation du (uc-
cin , qui fournit ert effet une forte de naphte te
un pétrole plus ou moins brun, fuivant le degré
de .chaleur te le tèms de L’opération. Enfin , ils
oblervent que b nature préfente fouvenr, dans le
même heu, toutes les efpèces 4e pétroles, depuis
le naphte le plus léger jufqu’à la poix minérale.
Tels font les bitumes fluides que l’on retire du
Mont-Feftin, près de Modène.
Au refte , on n’a point encore examiné avec
affez de foin les propriétés chimiques du naphte
te du pétrole. On fait feulement que le naphte eft
très-volatil, te fi combuftible , qu’il s’enflamme
par le voifinage de quelque matière en combüf-
tion ; il femble même attirer la flamme à caufe de
fa volatilité. On retire un phlegme acide du pétrole
brun, te une huile qui d’abord eft femblable
au naphte j te qui fe colore à mefure que la diftillation
eft plus avancée. Ii refte dans la cornue Une
matière épaiffe comme le pilfafphaite, qu’on peut
rendre fèche & caftante comme l’afp halte, te réduire
entièrement à 1 état charboneux par un feu
plus vif. Les alcalis n’ont que peu d’aélion fur le
pétrole j l’acide fulfurique le colore te l’épaiffit ;
l’acide nitrique l’enflamme comme les huiles volatiles
: il diffout facilement le foufrey il fe colore
par les oxides métalliques, te il s’unit au fuccin
dont il ramoliit te diffout une partie à l’aide de la
chaleur.
Les diverfes efpèces de pétrole font employées
à differens ufages dans les pays où elles font abondantes.
Kempfer nous apprend qu’on s’en fert en
Perfe pour s’éclairer , te qu’on en brûle dans des
lampes à l’aide de mèches. On^eut auffi-les faire
fervir.au chauffage. Lehman dit que, pour cet
effet, on verfe du naphte fui* quelques poignées de
terre, te qu’on l’allume avec du papier > il s’en-.
flamme tout à coup avec activité, mais il répand
une fumée épaiffe très-abondante, qui s’attache
a tous Ls corps, te dont l’odeùr eft très-défagréa-
ble. On croit auffi que le pétrole entre dans la
compofition du feu grégeois. On emploie encore
le pétrole épais pour faire un mortier très-folide
& très-durable. On retire, parla décoCtion du
pilfafphaite avec de l’eau, une huile dont on fe
fert pour goudronner les vaifieaux. Dans l’Inde,
on adore la flamme produite par un pétrole brûlant
, & l’on fe fert de la chaleur qu’elle procure,
foit pour y cuire les alimens, foie pour y calciner
les pierres à chaux.
Enfin, quelques médecins fe font fervis , avec
fuccès , du pétrole dans les maladies des mufcles,
dans la paralyfie, la foibleffe , & c ., en frottant la
peau ou en l’expo fan t à fa fumée. Van-Heimont
regardoit les frictions faites avec le pétrole coin
me un très-bon remède pour les membres gelés,
te il les confeilloit comme un exceLent préfervatif
contre l’impreffion du froid.
NATRUM ou NATRON , ancienne dénomination
de l'efpèce de fel natif qu'on nommoitalcali
minéral ou foude naturelle, te qui eft défigné
aujourd’hui par le nom Jde carbonate de foude.'
On trouve fou vent ce fe l, comme on l’a dit à
fon article, formant desefïlorefcences blanches te
aiguillées fur les murs des anciens bâtimens, des
voûtes humides, des arches te des piles des ponts.
11 y eft prefque toujours mêlé de fulfate de foude.
Le plus abondant, celui dont on connoît l'ulage
depuis un tems prefqu’immémorial, eft le natrum
d’Egyptç : on le recueille dépofé par couches dans
b vallée des lacs de natrum , après l’évaporation
des eaux qui recouvrent le fol de cette vallée pendant
quelques faifons de l’année. M. Berthollet,
qui a obfervé ce lieu te le fel qu’il( fournit pendant
ia fameufe campagne de l’armée d’Egypte, a donné,
dans \e Journal de Pkyfiquè, en meflidor de l’an 8 ,
un très-bon Mémoire fur la formation du natrum.
Après avoir obfervé, i ° . que la terre imprégnée
de carbonate de foude, l’ eft en même tems de
muriate de foude ; i° . qu’un fol très-argileux ne'
contient prefque que du muriate fans carbonate y
3°. quelorlqueles deux fels fontabondans fur un de
ces terrains, on y trouve en même tems une quantité
notable de carbonate de chaux ; 40. qu’un fol
entièrement fabloneux ne donne ni l'un ni l’autre
des fels à bafe de foude : il tire les inductions fui-
vantes de ces obfervations : l’eau des lacs d’où le
carbonate de foude fe fépare au moyen de l’évaporation,
tient en diffolution du muriate de foude,
qui s’y décompofe par le carbonate de chaux, à
l’aide de 1 humidité te de la chaleur. Il fe forme
du muriate de chaux, qui eit abforbé par lë fol à
mefurè qu’il fe fond par la déliquefcence 5 le car-
Donate.de foude ,-très-fufceptible au contraire de
defféch ement te d’efflorefcence , refte en croûtes
fur la terre à mefure que le fel déliquefcent la pénètre.
Le même phénomène a lieu lorfqu’on éteint
de la chaux vive avec de l’eau chargée de fel marin:
il s’élève à fa furface des aiguilles de carbonate
de foude effleuvie, te l’on retrouve dans la
chaux le muriate calcaire qui en pénètre l’intérieur.
Au refte , cette décompofition , qui femble
faire une exception aux lois ordinaires des affinités
, puifque le carbonate de foude décompofe
complètement le muriate de chaux, tient d’une
part à la grande quantité de carbonate de chaux ,
te de l’aucre aux variations de l’état du terrain
te de l’atmofphère dans Itfquels ce phénomène
s’exerce. ( Voye^ les articles CARBONATE DE
êoüde>& S oude.)
NEIGE D’ANTIMOINE. C ’eft l’un des noms
qu’on donnoit autrefois à l'oxide d’antimoine fu-
blimé eh petites aiguilles blanches te légères, qui
s’élèvent au haut des çreufetsoù l’on tient fondus
te rougis l ’antimoine te fon fulfure. On le nommoit
auffi fleurs argentines de régule d'antimoine.
( Voyei les mots ANTIMOINE & SULFURE D’AN-
TIMOINE. )
NEPHELINE. Le nom de népficline ou nébu-
leafe a été donné, par M. Haiiv* à une pierre que
de Born décrivoit comme un bafalte, d’autres
comme un fchorl, & que quelques minéralogiftes
modernes aVoient nommée fommite parce qu’on la
trouve au mont Somma, parmi les laves du Vé-
fuvey elle raie peu le verre ou laiffe fur les corps
durs une tracé blanche. Sa pefanteur fpécifique eit
de 3,27. Sa forme primitive eft l’hexaèdre régulier
, te fa molécule intégrante un prifme triangulaire
équilatéral y elle eft fufible eh verre, mais
feulement par une chaleur prolongée y elle a une
caffure conchoïde, légèrement éclatante. L’acide
nitrique donne â fes fragmens tranfparens une né-
bulofité intérieure qui lui a fait donner fon nouveau
nom. On la trouve en prifme hexaèdre, en
grains blanchâtres , un peu nébuleux, ordinairement
très-petits y les plus gros n’excèdent pas fix
millimètres (près de trois lignes ). L’analyfe que
M. Vaüquelin en a faite, y a montré 49 centièmes
d’alumine , 46 de filice , 2 de chaux, 1 d’oxide de
fer : il y-a eu 2 centièmes de perte. On ne connoïc
pas encore fon origine te fa formation : on croie
qu’elle eft due à l’eau, fans avoir encore rien préjugé
fur l’altération qu’elle a pu recevoir du feu
des volcans.
NEUTRALISATION. C ’eft le phénomène par
lequel une fubftance acide eft tout-à-fait maf-
quée, ou perd tous fes caractères par fon union
avec un alcali, qui perd en même tems les fiens,
te vice verfâ. On remarque que, pour opérer ce
phénomène, il faut ajouter à chaque acide une
quantité déterminée d’alcali , & réciproquement.
. - Il ne faut pas confondre la neutralifation avec la