
des fciences , 8c que Ton a imprimé à Paris fous
1 approbation de ce corps j auili bien que le baron
Charles-Ulyffe de Salis , dans les Objervations
fur le royaume de Naples , ont rendu compté en
très-grand détail de la nitrière naturelle de Mol-
fetta , où ils ont été exprès pour l'examiner.
M. Dolomieu avoit, dans fa riche collection
minéralogique , des échantillons de cinq à fîx
variétés du falpêtre du pulô de Molfetta 3 &
M. Fortis, dans un Mémoire détaillé, qui rend
compte de fa découverte 3 8c qu’il n’a pas publié
pour de bonnes raifons, donne le catalogue de
douze qu'il a ramaffés. La plus inftruétive eit celle
qui le trouve criflàliifée dans l'intérieur de la
pierre 3 8c lo;n de toute communication avec l'air
extérieur.
Le profeffeür Achârd, de Berlin , en a reçu un
bel échantillon que M. Fortis a eu foin ue lui
envoyer.
Le miniftre de Naples lui-même a envoyé au
cabinet de minéralogie dé l'hotel de la Monnaie
à Paris, un échantillon du falpêtre dehotfffage du
pülo de Molfetta 3 tte c’elt d'une partie de cet
échantillon que M. Pelletier a donné Fanalyfe.
On ne crôiïôit pas pôflible qu'en Europe , 8c
dès la fin du dix-huitième fièçle 3 on ait exécuté ,
durant un an 8c demi, là lixiviation des terres de
houffage d'une il riche nitrière naturelle avec
l'eau d'une fource puiffammettt muriatique : ôn
croiroit bien moins encore qu'une pareille Opération
ait été propofée ou foutenue par un pro-
fefîeùr de Chimie en titré , malgré les remontrances
de M. Fortis 8c de tous les fa vans voyageurs à
qui on parloir volontiers de cette affairé*
Le produit dé cette opération fut un magafrn
de fel marin , 8c la détérioration d'une imménfe
quantité de terres précieules , qui 3 depuis ce
tems-là, au lieu de donner du falpêtre 3 n'ont
donné que du fel marin à bâfè calcaire.
Les grottes qu'on a remplies des terres leffivées
à Peau muriatique, au lieu de donner du faipêtrë
de houflage prefque pur 8c à bafe d’alcali végétal
, comme elles le failbïent au COmmencèmént,J
n'ont produi t qu'un mélange dont lés proportions
fe font progrëfEvément portées juiqu'à contenir
plus de moitié de fel marin.
M. Fortis ayant été appelé de Padoiie à Naples,
en 1757 , pour rétablir là malhéüréüfe ni-
trîè're, conféillà de vider au plutôt les grottes
en renonçant tout-à-fàit pour le moment, aux.
terrês muriatées dont on les avoit remplies , 8c
qui dévoient être portées bien loin du pulo 5 de
renouveler avec foin tes fürfaces 3 de pratiquer
des cômrnumcâtrons intérieures j de rendre exactement
calculable lè produit de Houflage j enfin,
d'établir dès citernes à la partie fupérîeüre de
l'entonnoir j ce qui aurôit pu fe faire avec une
déperife très-modique.
Pour donner plus de force aux proportions
faites par M. Fortis relativement à Pextraction du
falpêtre fiatif de la Pouille , j’inférerai ici deux
analyfes de la pierre qui le contient, l'une due à
M. Klaproth, l’autre à M. Pelletier.
Obfervations fur le falpêtre naturel de Molfetta ,
par M. Klaproth , de Berlin.
c« La découverte faite en 1783 par l'abbé Fortis
, d'une mine naturelle de falpêtre qui fe trouve
au pulo (1) près Molfetta, dans la Pouilie , mé-
ritoit, par fon importance-8c fes cifconftances
particulières, d'exciter (’attention des naturalises.
» Plufîeurs favans qui depuis cette découverte
ont examiné le pulo, nous ont donné d'amples
deferiptions des propriétés naturelles de cette
mine remarquable, de la grande quantité de falpêtre
qu’elle contient, 8c de fon inconcevable
reproduction journalière.
» Je m’occuperai principalement de celles que
nous devons au conseiller Zimmermann, proref-
feur à Brunfwick, & à M. de Salis Marfchlin.
» Le falpêtre que j'ai employé aux effais fui-
vans, m’a été donné par M. Hawkins, qui lavoit
recueilli en mars 1788, lorfqu’il vifita cette mine
avec MM. Zimmermann 8C Fortis.
» Ce falpêtre étoit criftallifé en petits criftaux
Temblables au fucre raffiné , 8c fousla forme d’une
croûte deTépaiffeur d'une à deux lignes, fe fé-
parant en minces écailles d'un jaune-blanc , de là
pierre calcaire compacte qui compofé la maffe des
couches du pulo. Je remarquai, fur cette pierre
calcaire , du gypfe en fines aiguilles difpërfées ça
8c là en croûtes minces , qui en quelques endroits
fervent de gangue au falpêtre.
« (A) Mille grains de nitre naturel, mêlés de
gypfe 8c de pierre calcaire, mis dans l’eau chaude,
laiffèrent un réfidu terreux qui fut édulcoré, 8c la
diflolution claire 8c faus couleur, après une légère
évaporation, fecriftallifa. Chaque criftallifatîon de
ce nitre apréfentédepetits criftaux de félénite. La
diflolution s'ëft criftallifée jufqu’aux dernières
gouttes en nitre prifmatique parfait, 8c n'a laiffé
aucune eau-mère.
« La félénite , fé,parée du falpêtre autant qu’il a
été pôflible, pefoit quarante grains, & le falpêtre
quatre cent quarante fix grains.
*> (B) 11 réfulte des expériences du profeffeür
Vairo , rapportées par Zimmermann dans fon
Voyage a la Nitrière naturelle , page 3 y , que le fel
marin s’y trouve avec lé falpêtre dans la proportion
de 1 à 6. Je m’ artendois dont à rencontrer
quelques cubes de muriate de foude parmi les
criftaux prifmatiqués' du nitre , mais il ne s'én
préfenta aucune trace vifible. Je cherchai en con-
féquence à conftater fa préfence.
» Dans cette vue, je fis diffoudre de nouveau
On çfenne, dijns la P oftille, le nom du pulo à des
'enfoncemfixis en forme d’entonnoirs, qui ont été la fuite de
l'a ffailfe mène de couches inférieures, minées par des eaux
fouterrâines.
dans l’eau les criftaux de nitre que .j’avois obtenus,
& j'y ver fai goutte à goutte une diflolution d a-
cétite de bary te. 11 fe forma un précipité de ful-
fate de baryte qui pefoit vingt-fix grains > ce qui
prouve que ce falpêtre contenoit encore dix-huit
grains 8c demi de félénite.
L’effai de cette diflolution de falpêtre par le
nitrate d'argent ne donna que quatre grains 8c
demi d'argent corné : d’où il réfulte qu'il ne pouvoir
s’y trouver que deux grains de .muriate.
33 Ainfi la vraie quantité de falpêtre parfaitement
pur eft de quatre cent vingt-cinq grains 8c
demi.
»a II me paroît vraifemblable que les fais neutres
muriatiques, réunis au falpêtre naturel, ne
font point du fel marin ordinaire, mais doivent
être du muriate de potaffe , nommé fel digeftif
33 ( C ) Je verfai de l’acide muriatiq <e fur le
réfidu de la diflolution de falpêtre brut, dont le
poids de cinq cents grains faifoit jufte la moitié de
celui des matières que j’avois employées. La dif-
folution des parcelles de pierre calcaire fe fit avec
une forte effervefcence, 8c laiffa un réfidu pefant
cent quatre-vingt-feize grains, compofé de gypfe
blanc 8c foyeux.
33 Après avoir décompofé.ce gypfe en le faifant
digérer à chaud dans une diflolution de carbonate
de pot*afle , il eft ré fui té, une terre calcaire, fatu-
•rée d’acide carbonique, qui s'eft diffoute entièrement
dans l'acide nitrique.
33 La terre calcaire qui avoit été diffoute par l'acide
muriatique, pefoit donc trois cent quatre
:grains ; elle n’a préfenté à l'épreuve qu’une terre
calcaire pure, unie à une petite quantité d’oxide
de fer.
33 Ainfi les mille grains de la mine naturelle de
falpêtre contiennent :
Nitre pur prifmatique (B ) ................ 425 gr. ~
Sel neutre muriatique ( B ) ............... 2
-Sélénite ou fuîfate de ch. (A) 4c
........................... (B) i 8 | i 2f4 i
.............................(C;) 196 i
Pierre calcaire ou chaux................... 304
98(5 Perte..............1................................ 14
topa, 33
M. Vairo évalue la quantité de falpêtre qu’on
peut tirer du pulo, de trente à quarante mille quintaux,
8c il porte à plus de cinquante mille quintaux
celui que donneroit une fécondé reproduction.
En confidérant que la bafe alcaline fait prefque
la moitié du poids de tout ce falpêtre, on eft conduit
à demander quelle a pu être l’origine d’une
aufli grande quantité de potaffe : queftion du plus
grand intérêt pour les naturalises, 8c qui fait
conjecturer , avec beaucoup de vraifemblance,
que la nature fait trouver cet alcali hors le règne
végétal, 8c petit le produire fans le fecoiirs de la
végétation.
Analyfe de la terre de houjfage, provenant de la dé-
co:mpojition de la pierre calcaire forte des grottes
dp. pulo de Molfetta en rouille , envoyée au cabinet
■ minéralogique de l'Hôtel de La Monnaie en 1781,
par le minijîre de Naples ; par M. Pelletier.
ec Douze cents grains de cette terre ayant-été lef-
fivés avec l'eau diftiilée & les liqueurs évaporées,
ont donné, par les diverfes criftallifations, fept
gros quarante-deux grains de nitrate de potaffe
qui paroiffoit affez pur.
33 Le réfidu ou la terre reliante pefoit une once
quarante-deux grains.
33 Pour connoitre la nature de cette terre, on l’a
traitée avec l’acide nitrique : il y a eu une vive
effervefcence , 8c , ayant filtré la liqueur, il eft
relié un réfidu infoluble qui, féché, pefoit un gros
quarante-quatre grains. Ce réfidu etoit un mélange
d’une matière terreufe, foyeufe, & de débris de
vegétcaux. La liqueur ayant été précipitée par le
carbonate de potaffe, j’ai eu fept gros de carbonate
calcaire bien fec.
»3 Les fept gros quarante-deux grains de nitrate de
potaffe ont été diffous dans l’eau diftiilée froide.
La diflolution filtrée a été traitée par F acétate de
baryte, 8c il s’eft précipité vingt grains de fulfate
de baryte.
33 Cette même diflolution, effayée par le nitrate
d’argent, l'a dé compofé ,8c il s’elt précipité trente-
deux grains de muriate d'argent.
>3 Le réfidu que l’acide nitreux n’a pas diffous, du
poids d’un gros-quarante-quatre grains, & qui étoit
mélangé de débris de végétaux , a.paru, par l'examen
qui en a été fait, du fulfate de chaux.
33 D'après ces réfultats, les douze cents grains de
terre mis en expérience ont donné :
Nitrate de potaffe....................................... 489 gr.
Sulfates............ ..................... ................ 2 y
Muriates........................ 32
Terre calcaire........................................ 504
Sulfate.de chaux mêlé de débris de
matières végétales.............................. 116
Perte..,................... 34
1200
Ce qui donneroit au quintal :
Nitrate de potaffe.................. 4°37f
Sulfates............................................. 2,08
Muriates................. . c ................ ........ 2,67
Terre calcaire........................... 42,00
Sulfate de chaux 8c débris de matières
végétales......... ...................... 5^67
Perte......................................................... 2,85
100,00.»»
La plupart des lieux bas ou des édifices abrités,