
D’après les effets de l’auteur, le fuc d’ofeîlle four*
nit un peu moins d’un centième de fon poids d’a-
cidule purifié.
On peut faire l’acidule oxalique de toutes pièces,
comme Schéèle l’a fait le premier , en combinant
avec l’acide oxalique artificiel déjà indiqué *
& qui fera bientôt décrit, environ le.quart de fon
poids de potaffe. C’eft une expérience qui réuflît
tous les jours dans les laboratoires de chimie. En
jetant un peu de potaffe liquide dans une diffolu-
t'iojtj concentrée d’acide oxalique , il s’en précipite
bientôt de petits criftaux d’acidule.
L’acidule oxalique pur du commerce eft en pe-_
tirs criftaux blancs aiguillés ou lamelleux. Capeller
& Ledermuller l’ont repréfenté au microfcope,
& cependant fa forme n’eft pas très-exa£tement
déterminée encore. Romé les a définis des paral-
lélipipèdes fort alongés. Quand on les brife , on y
reconnoît des groupes de feuillets ou des lames
appliquées les. unes fur les autres : il eft toujours
d’un blanc opaque & peu brillant, excepté dans
les fragmens minces qu’on en fépare par la fracture.
Sa faveur eft aigrey piquante & un peu acerbe ;
il agace fortement les dents ; il n’eft pas mêlé
d’une faveur étrangère ; il n’a ni amertume ni
âcretéj il n’eft pas défagréable, & plaît au contraire
quand on a chaud ; il rougit fortement les
couleurs bleues végétales ; il eft fragile & très-
caffant : on le réduit très-facilementjen une poudre
bien fèche ; il pétille 8c décrépite au feu, & ne s’y
fond pas fans éprouver une altération plus ou moins
forte dans fes principes.
Si on expofe de l’acidulé oxalique fur un charbon
allumé, il fe bourfoufie peu ; il exhale, pref-
que fans fe colorer, une vapeur très-piquante &
très-aigre; il ne laiffe prefque point de charbon, 8c il paroît fe fublimer. Au chalumeau il difparoît
promptement, 8c ne laiffe qu’un peu de cendre
alcaline après avoir été traité ainfi. Quatre cept
quatre-vingts parties de cet acidulé ont été diftil-
lées dans une cornue de verre, à un feu bien rég
lé , par M. Wiegleb ; elles ont donné cent cinquante
parties d'une eau fort acide, fans odeur 8c
fans couleur. 11 eft refté cent fôixante parties d’un
réfïdu gris, d’où on a retiré cent cinquante-fix dé
potaffe; il s’eft fubiimé environ quatre parties d’un
acide concret au col de la cornue ; il n’a pas paffé
line goutte d’huile. M. Wiegleb n’a fait aucune
mention de fluide élaftique ; mais il eft aifé de
conclure des cent foixante-fix parties de perte qu’il
a eues dans fa diftillation, qu’il s’eft dégagé du gaz
acide carbonique & un peu d’eau qu’il n’a point
recueillis. L’acide obtenu dans cette diftillation
paroît être de l’acide oxalique pur : d’ou il fuit
ue cet acide n’éprouve pas une forte altération
•ans cette circonftance, 8c qu’il eft feulemèftt en
partie féparé de la potaffe.
L’acidulé oxalique n’éprouve aucune altération
de la part de l’ air ; il y refte fec 8c criftallifé, fans
changer ni de forme, ni dé confiftance , ni de
couleur. Il eft très-diffoluble dans l ’eau. Suivant
M. Wiegleb, une partie fe diflout dans fix parties
d’eau bouillante ; mais il ajoute qu’ il fe précipite
prefque tout entier par le refroidiffement, malgré
l’addition de fix nouvelles, parties d’eau froide.
M. Wenzel porte encore plus loin fa diffolubilité,
puifque, fuivant lu i, l ’eau bouillante en prend
plus des deux tiers de fon poids : l’eau froide en
prend cependant ou en retient environ le trentième.
L ’eau bouillante, qui le dilTout bien plus
abondamment, lë laiffe féparer en criftaux quand
ellï fe refroidit très-lentément. On le purifie, 8c
on l’obtient bien criftallifé par ce procédé.
La diffolution froide &: faturée d’acidule oxalique
a une faveur aigre, piquante 8c agaçante ; elle
rougit les couleurs bleues Végétales. Gardée long-
tems, elle fe criftallifé régulièrement fans fe dé-
compofer & fans changer de nature : cette con-
lervation ou cette non décompofition fpontanée
eft un des caractères diftinétifs de cet acidulé, qui
i p diftingue le plus de la fécondé efpèce ou de
l’acidule tartareux ; celui - ci , comme plufieurs
acides végétaux, eft fufceptible de s’altérer, de
perdre entièrement fon acidifité. M. Berthollet a
bien décrit la décompofition de ce dernier, & la
non décompofition de l’acidulé oxalique, dans un
Mémoire dont je ferai connoître plus bas le principal
réfultar.
Les acides décompofent, quoique difficilement,
l’acidule oxalique, qui n’eft que de Y oxalate acidulé
de potajfe. Suivant M. Wiegleb, en chauffant
çet acidulé avec de l’acide fulfurique, on favorite
le dégagement de fon acide ; l'acide nitrique le
fépare auffi, d’après les expériences de Margraff,
m iis beaucoup plus difficilement qu’il ne fait l’acide
tartareux de fon propre acidulé : c’eft par ce
procédé qu’il a prouvé la préfence de la potaffe
dans l’un 8c l’autre de ces acidulés. L’acide muriatique
opère, quoique plus difficilement * la même
décompofition, & laiffe dans la liqueur du muriate
de potaffe. Mais ces décompofitions n’ont lieu,
qu’à l'aide de la chaleur ; à froid, aucun de ces
acides,ne fépare l’acide de fon acidulé : cela eft dd
à fon attraction pour la potaffe.
Plufieurs bafes terreufes & alcalines s’ uniffent à
l’ acidule oxalique fans le décompofer, 8c le font
paffer à l'état ae tri fuie ou fel triple. Telles font
furtout la baryte , la magnéfie, la foude & l’ammoniaque.
On n’a point encofre examiné, avec
affez de foin, les oxalates triples pour en çonnoî-
tre les propriétés caraëtériftîques. La potaffe forme
avec lui de Yoxalate de potajfe faturée, qui fera décrit
plus bas. La chaux fe décompofe en s’emparant
de tout fon acide, foit de celui qui y eft libre 8c comme à nu, foit de celui qui y eft plus engagé
dans la, portion de potaffe qu’jl contient. La craie
oij le carbonate de chaux opère la même décom-.
pofition : il eft reconnu que cent parties décompofent
cent trente-fept parties d'acidulé oxalique,
qu’on obtient cent foixante-quinze parties <\'cxa-
late de chaux précipité, & que la liqueur qui le
furùage, fournit trente-deux parties de.carbonate
de potaffe. Cette décompofition prouve que la
chaux a plus d’attraêlion pour l’acide oxalique s 5c
qu’elle en fépare de la potaffe.
L'acidule oxalique décompofe tous les fels calcaires,
le fulfate, le nitrate, le muriate, le phcf-
phate, parce que fon acide a plus d'attraCtion pour
la chaux, que n’en ont tous ceux-là ; auffi peut-il
fervir pour reconnoître partout la préfence de ces
( efpèces de fels, 8c même leur proportion oü leur
. quantité. Je reviendrai plus en détail fur ce fait
important en traitant de l’acide oxalique pur.
L’acidule oxalique attaque le fer, le plomb, l’é tain
, le zinc 8c l’antimoine, & ne touche point
aux autres métaux ; il diffout prefque tous les oxides
métalliques avec lefquels il forme des fels triples,
prefque tous criftallifabJes 8c non déliquef-
cens, en fe combinant avec eux tout entier, &
fars perdre fa potaffe. On n’a point encore conve-
, noblement examiné les propriétés de ces fels très-
. finguliers. Comme le même acidulé en diffolution
précipite les diffolutions nitriques de mercure &
. d’argent en oxalates métalliques indiffolubles ,
Bayen, en examinant les liqueurs furnageant ces
précipitations , & en y trouvant du nitrate de po-
taffe, a confirmé, par cette opération facile 8c
lîmple, la préfence de cet alcali dans le fél d’c-
feilie.
Je n’ai indiqué ici que les propriétés chimiques
qui appartiennent à Yoxalate acidulé de potajfe ou à
l’acidule oxalique, tel qu’on l’a retiré de l’ofeille
& ,de quelques autres plantes fous le nom de fel
ofeille : j’en ai féparé foigneufement toutes celles
qui dépendent uniquement de l’acide oxalique pur,
parce que l’ hiftoire de ce dernier a déjà été faite,
foit à l’article Acide oxalin du premier volume,
foit à l’article Oxalates. D’après les analyfes
oqe j’ai citées, l’acidule oxalique contient plus
d’un tiers de potaffe; le refte de fon poids eft formé
d’aciée oxalique & d’eau.
Le fel d’ofeille ou acidulé oxalique eft fpéciale-
inent employé pour enlever les taches d’encre de
deffus les étoffes blanches, en raifon de la propriété
très-diffolvante qu’il exerce fur le gallate
de ce métal. On le fait feivir encore au traitement
des maladies, fous la forme de boiffon rafraîchif-
fante, en le triturant avec du fucre, & y ajoutant
quelques gouttes d’huile volatile de citron. Les
expériences de M. Berthollet lui ont fait voir que
l'acidule oxalique défendoit plus la chair de la
corruption, que l ’acidule tartareux ; de forte qu’il
lui a paru que le fel d’ofeille pourroit être employé
comme antifeptique avec beaucoup plus de
fuccès que la crème de tartre. On traite en chimie
1 acidulé oxalique pour en reconnoître les caractères
ou les propriétés, & pour en extraire quelquefois
l’ acide oxalique, comme il a été dit à 1 articlejOxALATE.
Le (et d’ofellle ou oxalate acidulé de potajfe du
commerce eft furtout employé pour préparer la
limonade fèche de Fafcio.
O x a l a t e a c id u l é de s o u d e . L’acide oxa-
lique eft fufceptible de former un acidulé particulier
lorfqu’on l’unit à une petite quantité de
foude. Quoiqu’on n’ait point encore examiné ce
fel avec affez de foin pour en bien décrire les propriétés,
on fait qu’il eft d’une faveur légèrement
acide , qu’il criftallifé, qu’il eft plus foluble à
chaud qu’à froid, qu’il n’a point encore été trouvé
dans la nature, qu’il forme un fel triple avec l’ammoniaque
employé pour en faturer l’acide excédent,
8c qu’il pourroit utilement remplacer l'aci-
dule oxalique de potaffe ou le fel d’ofeille dans la
plupart des cas ou celui-ci eft employé.
Oxalate d’alum:ine. Les propriétés de ce
fel n’ont point encore été allez étudiées pour
qu’on puiffe le décrire avec beaucoup de préci-
non. On fait feulement, i°. que l’acide oxalique
diffout facilement l'alumine humide & divifée ,
furtout au moment où elle vient d’être précipitée
; i°. que cette diffolution donne, par l’évaporation
, une malle molle, jaunâtre, tranfparente,
d’une faveur douce, un peu aftringente, qui attire
l’humidité de l’air, & qûi rougit la teinture de
tournefol. Il paroît être toujours avec excès d’acide.
Ce fel fe bourfoufle au feu , perd fon acide,
& -laiffe l’alumine un peu colorée par le carbone,
réfïdu de la décompofition de l’acide.
Bergman dit que le quintal de ce fel contient
quarante-quatre parties d’alumine, & cinquante-
fix d’acide & d’eau ; qu’il êft décompofé par les
acides fulfurique, nitrique 8c nu riatique , par les
alcalis, la chaux 8c la magnéfie ; que fa diffolution
attaque Je fe r , qui fe précipite avec l’acide oxalique.
L’oxalate d'alumine n’eft encore d’aucun ufage.
O x a l a t e d ’a m m o n ia q u e . L’acide oxalique
bien faturé d’ammoniaque donne, par l’évaporation
, un fel en beaux prifmes tétraèdres, terminés
par des fommets dièdres , dont un des côtés,
beaucoup plus large que l’autre, intercepte trois
plans du prifme. Ce fel rougit la teinture de tournefol
& le firop de violettes ; il n’eft pas folubla
dans l’alcool. Le feu le décompofe, en dégage du
carbonate d’ammoniaque, 8c n’en laiffe pour ré-
fidu que quelques traces charbonenfes.
L’oxalate et ammoniaque, qui ne paroît que peu
altérable à l’air,eft cependant affez diffoluble dans
l’éau. Sa diffolution précipite des criftaux $ oxalate
acidulé par l’addition d’acide oxalique un peu concentré;
il s’unit en fels triples aux oxalates de potaffe
& de foude. Il eft décompofé par la baryte,
la ftrontiane, la chaux, la foude & la potaffe. Sa
diffolution fe conferve fans altération, comme
celles de tous les oxalates folublés, & c’eft ainfi