
condaires, notamment les plus anciens , contiennent
auflî des fubftances métalliques. Une partie
des exploitations qui font dans les fchiftes argileux
des pays que nous venons de citer, font
peut-être de formation fecondaire : la calamine
paroît appartenir exclufivemenc à ces terrains,
qui d'ailleurs renferment des couches de plomb
fuifuré, de minerais de cuivre , &c. Quant aux
terrains d’alluvion , on n’y trouve guère que des
minerais de fer limoneux , quelques pyrites , &
les détritus de quelques fubftances métalliques provenantes
de la décompofidon des autres terrains j
les grains de platine , d’o r , d’étain oxidé, &c.
qu’on trouve dans les fables , les galets » dans les
malfes de cailloux roulés (feifenwerke'), ont une
pareille origine.
On a remarqué que les filons & les minerais
métalliques fe trouvoient plus fréquemment , &
en plus grande quantité, dans les montagnes peu
élevées, dont les pentes font douces, arrondies,
que dans celles qui préfentent un afpeâ: efcarpé
& peu déchiré. Ainlî les Alpes font peu riches en
métaux : les montagnes des Vofges, de la Bretagne,
du pays de Cornouailles, du Hartz, de la
Saxe, de la Hongrie, &c. renferment les principales
exploitations de l’Europe.
Plus une roche eft régulièrement ftratifiée, &
plus il eft vraifembiable qu’elle contiendra des filons
fui vis. Les montagnes de grès, de fchifte micacé,
de fchifte argileux, qui font les plus abondantes
en métaux , ainfi que nous l’avons déjà
obfervé, font aufli les roches dont la^&ratification
eft la plus régulière. On a fouvent obfervé qu’un
pays granitique devenoit de plus en plus riche en
métaux à mefure que le granit fe rapprochoit davantage
du gneifs.
Parmi les indices des fubftances minérales, on
doit mettre encore l’analogie avec certains terrains
dont on connoît la nature & le contenu par
des obfervations faites en d’autres lieux : c'eft ainfi
qu’on a remarqué que prefque toutes les houilles
font accompagnées d’un certain grès granitique, &
d’une certaine argile féhifteufe avec empreinte de
fougères, de boutures de palmiftes. Ainfi, lorfque
dans un pays on trouvera te même grès & cette
•même argile, il fera permis de préfumer que ce
pays renferme des houilles, &r de faire quelques
recherches & tentatives pour les découvrir.
Dans les tems ou l’efprit de l’homme , moins
éclairé fur les phénomènes & les lois de là nature,
•étoit plus crédule, on prétendoit avoir un grand
nombre de moyens de reconnoître les montagnes
& les terrains qui renferment les fubftances,métalliques.
Dans ce fiècle d’incrédulité, une baguette,
fouvent légèrement arquée, fouvent de coudrier,
connue fous le nom de baguette divinatoire, jointe
à la faculté de la faire tourner , étoit regardée
comme une fource inépuifable de gloire & dé
richelfes. Il y a encore peu de tems qu’elle in-'
diquoit à plufieurs hommes morts d^ns la mifère
ou dans la médiocrité, les fources, les volcans,
les tréfors cachés, les minerais enfoujs dans le
fein des montagnes, &c. Dans le dix-feptième fiècle,
on a vu des hommes, ayant d’ailleurs des
connoiffances folides fur d’autres objets, compo-
fer fur l’art des mines des Traités dont une grande
partie traitoit très-férieufement de la baguette divinatoire
, &r de la manière dont on devoir s’en
fervir dans la recherche des métaux. Le porc altéré
des arbres, leur afpeét tortueux & rachitique,
la ftérilité du fol, le peu de féjour de la neige, &c.
étaient encore, pour les Anciens, des indices certains
de terrains contenant des matières métalliques}
& tous ces effets, que l’on prétendoit avoir
obfêrvé à leur furface,. étoient, difoit-on, produits
par les vapeurs métalliques qui s’élevoient
de l’intérieur. Aujourd’hui tous les mineurs favent
que tout eft froid & inerte dans l’intérieur des
mines métalliques , qu’ il n’y a ni fermentation
ni exhalaifon métallique : les caiifes qui y vicient
l’air font connues. Les montagnes métallifères du
Hartz font couvertes d’une fuperbe forêt ( la forêt
Hircinienne ). La neige féjourne trois mois de l’année
fur la fuperficie des grandes mines de la Saxe,
tout comme fur celle des terrains non-métallifères
d’alentour.
Les feuls indices certains que nous ayions de
l’exiftence des fubftances métalliques dans un terrain
, font les ajjleuremens des filons ou couches
qui paroiffent à la furface, & les fragmens de
pierre contenant du minerai, que l’on trouve fur
le fol ou dans le lit des rivièrès & ruiffeaux de la
contrée. Lorfqu’onrencontre de pareils fragmens,
il faut tâcher de remonter vers le lieu d’où ils
peuvent avoir été détachés , & des recherches
fuffifantes y feront découvrir les affleuremens du
filon auquel ils appartiennent.
Les affleuremens une fois trouvés, on fera quelques
petites fouilles & premières tentatives pour
s’aflurer fi le gîte de minerai eft d'une ,-richeffe
fuffifante pour qu’on puiffe en tenter l’exploitation*
De même, lorfqu’un terrain, par fa nature
ou par fon analogie avec d’autres terrains connus.
& métallifères, fera fortement foupçonné renfermer
quelques fubftances métalliques, il fera à
propos de tenter des fouilles & des recherches}
ce que l’on fera, foit en creufant dans la terre
végétale des folfés dont le fond atteigne le roc
v if , & que l’on fera croifer dans des fens diffé-
rens} foit par des puits que l ’on foncera aux endroits
où les indices fe manifeftent le plus fortement}
foit enfin à l’aide de la fonde. ( Voye% la
defeription & l ’ufage de cet inftrument aux Arts
& Métiers. )
Des galeries & puits des mines.
Avant de rapporter ce que nous avons à dire
fur les galeries, puits & autres travaux des mz-
nes} examinons un inftant les divers outils &
moyens que le mineur emploie pour entailler la
roche ( i) .
Manières d'entailler la roche.
Les outils & les moyens que le mineur emploie,
varient fuivant îe degré de dureté de la roche i
qu’il a à entailler. Si elle eft tendre, tels font les !
gypfes, les tufs, quelques grès , &c. les roches
en partie décomposées , on l’exploite à 1 aide du
pic à roc & de la pioche}. fi elle eft plus dure, ,
on fe fert de la maffe & de la pointrole } la poin- ;
trole eft un petit marteau d’ acier effilé, pointu a
une extrémité , monté fur un manche de bois : le
mineur la tient de la main gauche} il en appuie la
pointe contre la partie de la roche qu’ il veut faire
fauter, & il frappe avec la maffe qu’il tient de la
main droite, fur la tête de la pointrole. La maffe
eft un marteau à deux têtes, pefant environ deux
kilogrammes (quatre livres). Lorfque la roche eft
folide & fort dure, tels font la plupart des granits,
grès calcaires, &c. il eft plus avantageux
de l’attaquer par la poudre : le mineur fore dans
la roche, & à l’aide d’un cifeau appelé fleuret , un
trou d’environ deux centimètres (huit à dix lignes)
de diamètre, & de quatre à fix décimètres
coûte à exploiter, terme moyen , de 10 à 50 fr. :
plus, c'eft cher; moins, c'eft bon marché. Le
tems qu'exige l'exploitation éprouvêauili de grandes
( quatorze a vingt pouces ) de profondeur ; il le
charge avec fix à neufdécagrammes (deux à trois
onces) de poudre} il le bourre & y met le feu : le j
coup de poudre fait fauter la roche qui eft en
avant, ébranle & fendille celle qui 1 entoure, que
l’on fait enfuite tomber, foit avec des leviers, foit
avec la pointrole. On emploie quelquefois deux
mineurs à un même trou, l'un tient le fleuret, &
l’autre la maffe } mais alors on donne de plus grandes
dimenfions aux trous : leur diamètre va a quatre
décimètres ( un pouce & demi), & leur profondeur
jufqu’ à huit décimètres (trente pouces) :
on les charge de deux, trois & même jufqu à cinq
hectogrammes de poudre. Enfin, lorfque la roche
eft extrêmement dure , telles font celles qui font
très-quartzeufes, & fi la quantité de bois dont on
peut difpofer le permet, on a recours au torre-
fiage : on dreffe & on allume un bûcher fous ou
contre la roche qu’on veut attaquer} le feu la
fendille, & lorfqu’il eft éteint on la fait aifément
tomber.
Les frais de l’exploitation de la roche varient
considérablement/fuivant fon degré de dureté,
fuivant le prix de la main-d’oeuvre, de la poudre,
de l’acier, &c. Par exemple , un mètre cube , exploité
à la poudre, dans une galerie, ne peut
coûter que io francs , & un peu plus loin, fur
une roche de même nature , mais plus dure , il
coûtera jufqu’ à 40 &j>eut-être même yo. On peut
en général eftimer que le mètre cube de rocher
• ’•‘(fyPar je mot roche nous comprenons ici toute matière
minérale que le mineur doit attaquer ; ce qui comprend la
roche proprement dite, la gangue & 1 ç.minerait
variations. Ici il faudra employer deux fois
vingt-quatre heures pour exploiter un mette cube
de roche ; ailleurs il faudra trois & même quatre
fois plus de tems.
Des galeries de mine.
Lorfqu'on a réfolu l'exploitation d un filon (eu
d'une couche ) on commence par l'attaquer, dans
l'endroit le plus bas poffible , par une galerie que
l'on pouffe à peu près horizontalement, en lui
donnant de deux à trois mètres de haut, & moitié
moins de large : fa pente doit être d'environ
un mètre fur fix cents de long. On la taille dans la
maffe du filon, & en partiedans la roche fi le filon
n'eft pas allez large : elle fervira a reconnoître la
nature du filon , à l'exploiter, à éconduire les
eaux , & c, & fera le commencement d'une galcic
d'écoulement.
La galerie d’écoulement eft le premier & peut-
être le plus important des ouvrages d exploitation.
Une feule fert fouvent à plufieurs mines placées
dans le voifinage les unes des autres , & a quelquefois
une longueur très-confidérable. Au nord
de la ville de Freyberg en Sak^ , on voit plus de
cent exploitations différentes liées par une galerie
profonde d’écoulement, qui a plus de vingt-cinq
lieues (122,566 mètres en 1800) de long, y compris
toutes les ramifications qu’elle pouffe dans
les diverfes mines. Les plus belles galeries d écoulement
paffent pour être celles de Schevenitz en
Hongrie: il y en a une qui a, dic-on , trois lieues
de long prefqu’en ligne droite, deux mètres de
large & autant de haut.
I L’importance des galeries d’écoulement a rendu
ces ouvrages un objet particulier de l’attention
des adminiftrations des mines. Dans la jurifpru-
dence des mines de la plupart des Etats de 1 Allemagne
, il y a une ordonnance fpéciaîe pour les
galeries d’écoulement (flolln ordnung'). Ces galeries
appartiennent fouvent, en Allemagne , à un
propriétaire diftinét de celui des mines qu’elles tra-
verfent. Ce propriétaire perçoit un droit qui fe
monte communément au neuvième du minerai
exploité dans les mines qui fe fervent de fa galerie.
Si un particulier entreprend & conduit une nouvelle
galerie d’écoulement dans ces mêmes mines,
mais à un* profondeur déterminée*, par exemple ,
de quatorze mètres plus baffe que l’ancienne , en
pays de montagnes , & de fept^en pays plat, d’après
l’ordonnance de Saxe, alors l’ancien propriétaire
perd tous fes droits. Il y a des contrées où
ces galeries d’écoulement appartiennent au fouve-
verain ; elles font pouffées & entretenues à fes
frais, & il perçoit certains droits particuliers pour
l’ ufage qu’on fait de fes galeries.
Le plus fouvent une galerie d’écoulement eft
déftjnée à,plufieurs.fins, auxquelles il faut avoir