
ce qu’on nomme pierre calaminaire. Il eft, dans
cet état, mélangé de matières terreufes : telles
font les mines abondantes de Limbourg, près de
Liège.
L’oxide d’antimoine ne peut être mis qu’au
nombre des raretés que nous préfente le règne
minéral.
Le cobalt fe trouve affez fouvent à l’état d’oxi-
ue j il forme des maffes noires d’un afpeél terreux ,
quelquefois femblables a des fcories : c’eft cette
efpèce de minerai qui fournit la plus belle couleur
bleue.
Le manganèfe a une telle affinité avec l’oxigène,
que l’état d’oxide eft fon état habituel ( les autres
efpèces font extrêmement rares ) ; il fe'trouve en
maffes, tantôt criftallines 8c d’un gris-métallique,
tantôt amorphes, terreufes & noirâtres.
Le nickel & le bifmuth font fouvent recouverts
d’une efpèce d’eftlorefcence, qui n’eft autre chofe
qu’un oxide de ces métaux.
L’état ordinaire du titane eft celui d'oxide : •
cette fubftance fe trouve en criftaux d’un éclat
métallique^
L’uranê ne s’eft encore rencontré que fous
forme d’oxide, mais dans deux états différens :
celui d’oxidule, qui eft la pechblende ; celui d’oxide,
qui eft l ’urane micacé.
V. Minerais acidiféres,
Les combinaifons des métaux avec les acides,
o u , pour me fervir de l’expreffion des chimiftes,
les fels métalliques, font affez rares dans le règne
minéral, ou du moins ils s’ y trouvent en fi petite
quantité, qu’il en eft peu qui foient l ’objet de
quelqu’exploitation particulière. Nous allons citer
les principaux de ces fels.
L’argent muriaté contient environ trois parties
d’argent 8c une d’acide : ce minerai eft remarquable
, en ce qu’il eft prefqu’auffi mol 8c auflî fufible
que la cire. On en a trouvé des maffes qui pefoient
plufieurs myriagrammes : il étoit autrefois affez
commun.
Le mercure muriaté contient le métal & l’acide
à peu près dans le même rapport que le muriaté
d’argent j mais cette fubftance eft en fi petite
quantité, quelle ne peut être l’objet d’aucun intérêt
pour le métallurgifte.
Le carbonate de cuivre , félon la plus ou
moins grande quantité dfoxigène qu’il contient ,
forme la malachite ou Y a^ur de cuivre. Dans la malachite,
le cuivre, l’acide & loxigène font dans
le rapport de 58, 18 & 12 d’après Klaproth, qui
y a trouvé en outre 12 d’eau de compofition : ces
carbonates font affez communs dans les mines de
cuivre.
Le plomb carbonaté fe rencontre affez fréquemment
: en quelques endroits il fait une affez
grande partie des. minerais que l’on exploite.
Quelquefois cette fubftance eit limpide comme
du criftal de roche ; d’autres fois elle eft mélangée
de matières terreufes, forme des maffes
d’un volume quelquefois confidérable , que ies
Allemands délignent fous le nom de terre de
plomb.
Le plomb phofphaté s’eft auflî montré en quelques
endroits en quantité affez confidérable, notamment
à Poullaouen en Bretagne.
Le carbonate de fer paroît être en beaucoup
plus grande quantité qu’on ne penfe communément,
outre la mine de fer fpathique qui pour-
roit être rapportée dans cette divifion. Il a été
analyfé au laboratoire des mines, par M. Drapier ,
un minerai blanc qui étoit un pur carbonate de
fer avec un peu de manganèfe5 ce qui l’a fait fouvent
méconnoître, c’eft qu’il fe ternit facilement
à l’air.
On trouve encore du muriaté, de l’arfeniate 8c
du phofphaté de cuivre, de l’arfeniate 8c du phof-
phate de fer , du molibdate , du chromate 8c du
lulfate de plomb, du carbonate de zinc, de l’ar-
feniate de cobalt, du carbonate de manganèfe, du
tungftate de fer 8c de chaux, 8c peut-être quelques
autres.5 mais toutes ces fubftances ne font
d’aucun intérêt direét pour le métallurgifte : elles
fe trouvent en trop petite quantité pour qu’elles
puiffent être l’objet de fes travaux. ( Voye£, à
l’article Docimasie, l'art d’effayer les minerais
métalliques.) (D aubuisson.)
M i n e r a i s (Préparation des). ( Art des mines.)
On appelle ainfi les diverfes opérations mécaniques
par lesquelles on fépare, du minerai proprement
dit, une partie des matières terreufes 8c pierreufes
qui lui font encore adhérentes après qu’il a été
arraché de fon gîte. Le but de ces opérations eft
de concentrer la partie métallique dans une moindre
quantité de ces matières, 8c de rendre ainfi
moins difpendieux les travaux métallurgiques, à
l ’aide defquels on finit par dégager entièrement
le métal de toutes les fubftances avec lefquelles il
étoit uni, foit chimiquement, foit mécaniquement.
Il ne s’agit, dans la préparation des minerais ,
que de rompre la cohéfion entre les particules
: pierreufes 8c les parties métalliques, & de féparer
enfuite ces fubftances les unes des autres, c’eft-
à-dire, de cajfer 8c de trier ; mais lorfque la fubftance
métallique eft difféminée en très-petites
parties dans la gangue, ce travail ne peut plus
s’exécuter directement par la main des ouvriers :
alors on caffe & on triture les minerais à l’aide de
machines à pilons, appelées bocards, & on les ex-
pofe enfuite à des courans d’eau qui lavent les
minéraux , entraînent les particules baffes ou terreufes
, 8c Jaiffent en arrière celles métalliques ,
comme étant ordinairement les plus pefantes :
ces opérations conftituent le bocardage & le lavage
des minerais, 8c leur produit eft appelé
fchlich.
u
Triages.
Lorfqu’on a fait lauter la maffe du filon. (voyrç
l'article Mines) , on fait un premier triage j les
parties entièrement ftériles reftent dans la mine ,
où elles font employées au remblai des excavations
que l’on ne veut pas laiffer ouvertes . le
refte elt élevé par les puits. A fa fortie , des ouvriers
, armés de maffes ou marteaux, caffent ces
maffes minérales 8c font un fécond triage : ce qui
eft ftérile eft mis dans des tas particuliers, qu’on
appelle halde. Les morceaux dans lefqueta le minerai
eft en très-petites parties, font deftinés aux
laveries ; enfin , les morceaux riches & abon-
dans en minerai font portés dans des empla-
cemens particuliers, appelés cajferies : ils y font
caffés par des enfans munis de marteaux , 8c en-
fuite ils font triés 8c mis en différens tas, d’après
leur nature 8c leur richeffe, félon qu’il convient
au fuccès des opérations métallurgiques qui doivent
fuivre. .
Ceux des minerais provenans du triage, & qui
ne doivent point paffèr aux laveries, font immédiatement
livrés aux fonderies tels qu’ils fortènt
de deffous le marteau du caffeur, ou bien, fi cela
eft néceffaire î ils font auparavant pilés 8c triturés,
fans eau, fous les pilons d un bocard deftine a cet
effet.
Bocardage.
Les minerais que 1 on porte aux laveries , foit
qu’ ils viennent directement de la mine, foit qu’ils
aient paffé par les cafferies , font bocardés 8c
• lavés. . | | y
trou pratiqué vers une extrémité de l’auge, foit en
paffant à travers une grille, &c. _
Lorfque le minerai, par l’effet redoublé de I ac-r
tion des pilons, eft réduit en particules affez. fines,
l’eau, en fortant, l’emporte 8c le conduit dans
une fuite plus ou moins longue de foffes ordinairement
Les bocards font des machines à pilons ; ces
pilons confiaient en pièces de bois verticales, de
douze à quatorze centimètres d’équarriffage , 8c
d’environ quatre mètres de haut} leur extrémité
inférieure eft armée d’une tête de fer , pefant
environ quatre myriagrammes. Ils font mis en jeu
par un arbre horizontal, muni de cames 8c mu par
une-roue hydraulique ; ils font ordinairement dif-
pofés de trois en trois, ce qui fait une batterie y
ou on a une, deux , trois , quatre 8c même cinq
batteries dans un bocard, fuivant le befoin 8c la
force du courant d’eau qui doit le mouvoir. Les
pilons d’une même batterie aboutiffenc à une
même auge : ces auges font des efpèces de caiffes
d’environ 0,8 mèt. de long ,0,5 de large, & 1,6
de profondeur ; le fond eft une groffe poutre , 8c
les parois font en forts madriers. On met dans la
caiffe des pierres que l ’on preffe 8c écrafe a 1 aide
des pilons, jufqu’ à ce qu’ il n’y ait plus que 0,3 à
ojy mèt de vide entrelles 8c les bords fuperieurs
de la caiffe : quelquefois on place fur ces pierres
une groffe plaque de fer. C ’eft dans ces auges que
l’on met le minerai à bocarder, 8c pendant 1 opération
on y fait entrer un courant d’eau, qui fort,
foit en débordant par-deffus une des parois, qui
eft à cet effet plus baffe que l’autre, foit par un
difpofées en labyrinthe. Le courant depofe
Jes particules les plus groffes 8c les plus pefantes
dans les premiers réfervoirs, 8c les plus déliées
dans les derniers ; de forte que ces divers re-
fervoirs préfentent une fuite de fédimens diffe-
rens, tant par la groffeur du grain, que parlape-
fanteut fpécifique : dans les premiers on a des
fablesi dans les derniers, des vafes, 8c des uns aux
autres il y a une progreflion graduée pour la groffeur
du grain. Les particules métalliques étant ordinairement
plus pefantes que les pierreufes , 6c
en outre, chacune des fubftances qui peuvent fe
trouver dans les maffes bocaidées étant fufcepti-
ble de fe réduire fous les pilons en grains plus ou
moins gros, „félon fa ténacité, il s’enfuit que le
fédiment dépofé dans chaque réfervoir fera de
nature, 8c par conféquent de richeffe différente.
On fait enfuite des tas particuliers des fédimens.
Une batterie de bocard triture, en vingt-quatre
heures , de cent à deux cènts myriagrammes de
minerai. -
havage.
Les différens tas de matière bocardée font en-
fuite lavés : cette opération fe fait d’une manière
différente, félon la groffeur du grain 8c félon fa
nature. Dans les fables le lavage eft plus prompt ,
& exige moins de précaution que lorfqu’ il s’agit
des vafes : dans celles-ci, les particules métalliques
8c terreufes étant fort déliées, 8c fe trouvant
en contaCt, ont contrarié une plus grande
adhérence entr’elles à raifon de leur affinité, 8c
il eft à craindre que les terreufes n’emportent avec
elles une partie des métalliques j ce qui arrive
principalement pour l’argent, 8c fait préférer,
pour les minerais qui en contiennent, les bocards •
à. fec. De plus, ces dernières étant très-ténues y
font bien plus facilement entraînées par le courant
d’eau yôz il faut plus de précautions pour les
retenir. Lorfque la matière bocardée contient peu
de lubftances, 8c des fubftances bien différentes
par leur pefanteur fpécifique , le lavage eft facile:
il en eft ainfi des minerais de plomb fulfuré, qui
font dans une gangue quartzeufe 5 mais fi la matière
contient un grand nombre de fubftances différentes
en nature 8c en pefanteur fpécifique, telle
: feroit, par exemple , une maffe de filon qui con-
I tiendroit de la galène, de la blende ( fulfure de
J zinc ) , des pyrites, de l’argent fulfuré en très-pe-
1 tites parcelles ou feuilles, de l’ argent rouge , 8cc.
I du quartz., du fpath pefant, du fpath calcaire, 8cc.;
! alors le lavage, qui a pour objet de féparer ces
J diverfes fubftances, deviendroit une opération
’ .très-longue 8c très-compliquée.