
muriates alcalins & terreux oxigénés proprement
dits, mais bien des muriates fur oxigénés , comme
le titre de cet article l'indique.
On prépare Couvent ces mariâtes furoxîgénés avec
des matières terreufes ou alcalines plus ou moins
faturées d’acide carbonique, non pas parce que
ces matières pures ne pourroient pas s’unir avec
l’acide muriatique oxigéné, ni favorifer fa furoxi-
génation, mais parce qu’il eft plus facile, plus
commode & moins dispendieux de prendre les
carbonates : encore la portion pure & cauftique
de ceux qui ne font pas faturés commence-t-elle
par fe faturer la première, & celle qui eft faturée
d ’acide carbonique ne fe charge-t-elle qu’après
d’acide muriatique oxigéné j alors on obferve une
effervefcence due au dégagement de l'acide carbonique.
Il doit être évident, d’après ce qui vient d’être
d it, qu’il ne fe forme pas un muriate furoxigéné
fans qu’il fe forme en même tems une portion de
muriate Ample de la même bafe, puifque celle-ci,
favorifant la furoxigénation d’une partie de l’acide
muriatique oxigéné par la décompolïtion d’une
autre partie de cet acide, doit laiffer cette dernière
a l’état d’acide muriatique Ample. Aufli,
pour obtenir les muriates furoxigénés purs, eft-on
obligé de les féparer de la portion de muriates qui
les accompagne. Cette féparation eft ordinairement
facile par la différente diflolubiliré > & par
la criftallifabilité qui caraélérifent chacun de ces
fels.
Quoique les muriates furoxigénés alcalins & terreux
ne foient pas décompofables par la lumière
feule , celle-ci influe cependant fur leur décom-
polition > & c’eft en cela que paroît réfider en
partie leur propriété phofphorique, fcintillante ,
décrépitante, par le frottement: on ne peut douter
que la lumière ne contribue aufli à les déconv
pofer lorfqu’elle eft aidée du calorique. En les
chauffant dans des vaifleaux tranfparens fur des
charbons bien allumés, ils fe fondent & bouillent,
ou font une effervefcence fpontanée > prompte,
v iv e , dont le produit eft du gaz oxigène très-pur,
en entier abforbable par les corps combuftibles
( fur tout le phofphore), & qui fait entre le dixième
& le tiers de leur poids. Lorfqu’ils ont ainfi donné
ce gaz, & que leur effervefcence par le calorique
eft calmée , ils fe trouvent réduits à l’état de muriates
Amples. On voit donc que cette propriété-
forme un cara&ère très-diftin&if des muriates fur-
oxigénés.
Un fécond cara&èré f dépendant, comme tous'
ceux de ce genre, de la grande quantité d’oxigène
que recèlent ces fels, conlifte dans l’énergièavec
laquelléils allument les corps combuftibles. Cette
propriété > à laquelle les chimiftes auroient cru
reconnoïtre., il y a vingt ans, des nicres9 comme
ils les appelaient alors , diffère de la détonation
produite par ceux-ci, en ce qu’elle eftplus prompte
& plus vive i en ce que la flamme qui l'accomr
pagne, eft plus blanche & plus éclatante ; en ce
qu’elle s’opère quelquefois fpontanément } en ce
quelle a lieu par le choc ou la percuflion j enfin
en ce que les fels qui reftent après , au lieu d’être
des bafes alcalines & terreufes, comme dans les'
nitrates, font des muriates Amples, & qui n’ont
perdu que l’ oxigène dont ils étoient furchargés.
On verra que cette violente inflammation & détonation
eft non-feulement un des phénomènes les
plus finguliers que préfentent ces fels,-une des
découvertes les plus étonnantes de la chimie moderne
, mais encore un des faits qui pourront fer-
vir le plus les arts, & contribuer en même tems
aux progrès de la fcience de la nature.
Tous les muriates furoxigénés font plus ou moins
diffolubles dans l’eau, quelquefois plus & fouvent
moins criftalli fables que les mariâtes Amples, mais
toujours fous une autre forme qu’eux. Tous font
décompofés, par les acides puiffans, fouvent avec
une violente décrépitation, avec un dégagement
de vapeur jaune-verdâtre, d’une odeur très-forte.
Cette vapeur eft de véritable acide muriatique
furoxigéné} elle eft lourde, tombe en efpèce de
gouttelettes d’un jaune-vert, & forme des ftries
comme huileufes fur les corps auxquels elle adhère.
C’eft peut-être quelques gouttes de cette-efpèee
d’âcide que M. Giobert a obtenues & défignées-
fous le nom huile > dans la diftillation de l’acide
muriatique fur l’oxide de manganèfe. Si l’on pré-
fente à cette vapeur denfe celle qui fe dégage
d’une chandelle ou d'une lampe allumée, il fe fait
fouvent une forte détonation. Une partie de cet
acide vifqueux refte toujours , autour du fel dé-
compofé, fous la confiftance épaiffe , &: chargée
de bulles qui décrépitent & enfl.imment tous les
corps combuftibles. Il eft remarquable que ce caractère
, comme la plupart de ceux du genre que
je décris ici, n’ont encore été obfervés que fur le
muriate furoxigéné de potaffe y la feule efpèce bien
connue de ce genre.
Les muriates furoxigénés convertiffent, plus ou
moins promptement, les fulfites & les phofphites
en fulfates & en phofphates, quelquefois même
en les faifant brûler lorfqu’on les traite réciproquement
à une haute température. Beaucoup d’oxides
métalliques les décompofent lorfqu’ils ne font
pas aufli oxidésqti’ilsjpourroient l’être, ou faturés
d’oxigène. Ils oxident très-promptement les métaux,
& changent promptement & fortement la
nature de toutes les diffolutions de ceux qui ne
font pas complètement oxides.
Quoique, parmi les efpèces de muriates furoxigénés
alcalins & terreux^ il n’y ait encore que-celui
de potaffe qui ait été examiné avec affez de foin,
& qui commence à être affez bien connu, il eft
effentiel de chffer méthodiquement celles qu’on
fait devoir exifter & pouvoir être formées. Cette
difpofltiôn ne pouvant être faite que par des analogies,
puifque les expériences ne font encore ni
aftëz nombreufes ni afièz exactes , je fuivrai le
même ordre que pour les muriates, en obfervafit
qu’il ne peut pas y avoir de muriate furoxigéné
d’ammoniaque, puifque cette bafe alcaline eft dé-
compofée, comme on l’a vu , au moment même
du eontaét, par l’acide muriatique oxigéné. On a
prétendu cependant qu’à une température de quelques
degrés au deffous de o , ces deux corps refluent
unis} mais cette aflertion n’a point encore
été confirmée. Je compterai donc dix efpèces de
muriates furoxigénés, que je rangerai dans l’ordre
fuivant :
i°. Muriate furoxigéné de baryte. 2.°7 Muriate furoxigéné de'potaffe.
3 . Muriate furoxigéné de foude.
4°. Muriate furoxigéné de ftrontiane.
5°. Muriate furoxigéné de chaux.
. 6°. Muriate furoxigéné de rnagnéfie.
7°. Muriate furoxigéné de glucine.
8°. Muriate furoxigéné d’ alumine. 9 . Muriate furoxigéné de zirçone.
10 . Muriate furoxigéné d’yttria.
De cès dix efpèces , on n’a encore décrit que la
fécondé } je ne donnerai ici fur les neuf autres que
Quelques effais qui me font particuliers, ou qui
font dus à M. Dolfuz.
On doit bien juger que , jufqu’ic i, les muriates
furoxigénés terreux & alcalins ont été peu employés.
On verra les tentatives faites fur le muriate
furoxigéné de potaffe, & les motifs d’efpérance que
.1 on a d’en tirer un grand parti par la fuite.
Quant aux muriates furoxigénés métalliques, on
les obtient ordinairement en uniffant des oxides
au maximum avec l’acide muriatique oxigéné. On
pourroit peut-être les préparer par d’autres procédés
} mais ils font fi peu connus encore , qu’il
n’y a rien de plus à dire ici fur leur enfemble.
Je n'en diftmgue jufqu’ ici que quelques efpèces,
que je décrirai dans leur ordre alphabétique.
M u r ia t e s u r o x ig é n é d ’a l u m in e . On n’ a
aucune notion encore fur ce tte efpèce de muriate
furoxigéné{ )e ne connois aucune expérience qui
en annonce la préparation ; mais au ffi, dans ce tte
d ife tte de fa i t s , rien ne prouve q u ’il n’exifte p a s,
& qu’ on ne do ive pas le compter au rang des
.efpèces d’ un genr.e n e u f de f e i s , qui appellent &
réclament l’ attention & les recherches des chi-
jniftes. -
M u r ia t e s u r o x ig é n é d’ a r g e n t . Voici ce
qu on trouvé dans le Dictionnaire de Chimie de
JVI. Cadet Gaflicoürt, à l’ article M u r ia t e s u r -
vOx ig é n È d ’ a r g e n t , «c Produit de la décomposition
du nitrate d’argent par l’acide muriatique
oxigéné : une prife de ce fe l, frappée avec un
marteau chaud, produit une fulmination bien plus
foible que celle qu'on obtient du nitrate d’argent
criftallifé ou fondu. » Il paroît que l’auteur
ne çonnoiffoit pas le travail.de M- Chénévix fur
les muriates que ce dernier chimifte nomme hyperoxigénês,
car M. Cadet auroit pu donner beaucoup
d'autres détails fur le fel. Comme ce travail
contient beaucoup de faits importans, découverts
par M. Chénévix avant l’époque où j’ai fait mes
premières recherches fur ce genre de fels, je donnerai
fon Mémoire tout entier en fupplément à la
fin de leur hiftoire.
M u r ia t e s u r o x ig é n é de b a r y t e . On n«
connoît point cette efpèce de fel : aucun chimifte
n’a tenté de la former. J’ai conftaté feulement
qu’en recevant du gaz acide muriatique oxigéné
dans l'eau où j’avois délayé du carbonate de baryte,
celui-ci s’eft diffous peu à peu dans le liquide
en faifant effervefcence} qu'il s’eft dégagé
du gaz acide carbonique , & qu’il a dû fe former
un muriate furoxigéné de baryte, que je n’ai point
eu le loifir d’examiner encore. Il y avoit, dans la
liqueur, du muriate ordinaire de baryte, nouvelle
preuve qu’il s'eft formé du muriate furoxigéné de
cette bafe.*
M u r ia t e s u r o x ig é n é d e c h a u x . Ayant mis
du marbre blanc pur en poudre dans un flacon de
Woulfe à moitié rempli d’eau, & ayant fait paffer
du gaz acide muriatique oxigéné dans cette liqueur
jufqu’à ce qu’il ne fe foit plus dégagé d’acide carbonique
& que l’effervefcence ait ceffé, la poudre
avoit en grande partie difparu. La liqueur avoit
une faveur piquante, ftyptique , & cependant un
peu douce 5 une couleur légèrement rougeâtre }
elle exhaloit, par les acides puiffans, de l’acide
muriatique oxigéné, & non pas de l’ acide furoxigéné.
D’ailleurs , l’ammoniaque ajoutée à cette
diffolution eft décompofée, & on retrouve en-
fuite du muriate'de chaux ordinaire } ce qui femble
prouver qu’il ne fe forme point de muriate furoxigéné
de chaux y ou qu’au moins je n’en avois pas
obtenu dans cet efiai. J'ajouterai encore qu’en
évaporant la liqueur, on n’ en extrait rien qui annonce
un véritable compofé furoxigéné , & qu’il
paroît même qu’une partie de la1 chaux eft élevée
en vapeur par l’acide mu riatique'oxigéné, volati-
lifé pendant l’évaporation.' Au refte, ce n’eft là
qü’une tentative fort incomplète , & ^ui mérite
bien d’être pourfuîvie.
Depuis ce premier effai on a préparé, dans quelques
fabriques , uné1 efpèce de muriate de chaux
furoxigéné en recevant, dans un vafe de bois pref-
que rempli de châUx éteinte délayée dans l’eau,
du gaz acide muriatique oxigéné. Ce gaz fe con-
denfe abondamment dans la chaux} il y conferve
la propriété de décolorer & de blanchir les étoffes
de toile, & on le débite pour cet u’fagè domefli-
qué. On devroit examiner ce compofé pour en
.connoître la nature, & pour favoir s’il y a vraiment
une combinaîfon faline ,'ou une Ample con-
denfation de l’acide muriatique oxigéné dans la
chaux.
i Muriate suroxigéné d’étain. Je nomme