
planté à l'extrémité d’un bloc de bois placé en
face, & fouteru à la hauteur de l’ouvrier qui travaille
âffis. Le bloc eft creufé dans le milieu pour
recevoir les p ie r r e s que le caillouteur y jette lorf-
qu'elles ont reçu la taille.
>? La pefanteur fpéciHque du filex pyromaque de
Cerilly, caffé depuis quelque terns, eft de 2,55)42.
Sa couleur eft brune. Les p ie r r e s d f u f i l provenues
de ce filex font ordinairement achetées par des
marchands de Troyes, qui n’eft qu'à environ fix
myriamètres de Cerilly. Au commencement de la
guerre 1797 > cette commune en a fait paffer fix
cents milliers, à Paris pour le fervice des armées. »
11 réfulte des Mémoires ci-deflus, que l’on con-
noît en fabrique de p ie r r e s d f u j i l fur le territoire
de la France :
: DÉPARTEMENS. CANTONS. COMMUNES. COULEURS.
Une grande 1
fabrique..."
Une petite..
Une petite..
Une petite..
Tentatives..
Loir & Cher........ ....
L’Indre.. . . . . . . . . . .
Ardèche................
Saint-Aignan..........
Villentrois............
Rochemaure........ ,.
'Meunes......... . Z
Noyers...................
jCouffy...................
Lye.._.. . . . . . . . . .
Mayffe..
Blonde-
Brune.
Blonde.
Brune.
Brune-
Brune.
Seine & Oife............
Seine 8e Oife.............
La Roche-Guyon..
Marly....................
La Roche-Guyon..
Bougival................
Pierre a lancettes : c’eft une p ie r r e dure de
la. nature du jafpe vert, qui fert aux couteliers
pour aiguifer les lancettes. Daubenton a configné,
dans les M ém o i r e s d e la S o c i é t é r o y a le d e m é d e c in e
p o u r - 1783, une Differtation fur- cette p ie r r e & fur
quelques autres qui font employées pour aiguifer
divers inftrumens. Je crois devoir l'inférer, ici.
« On emploie, dit-il /différentes fortes de p ie r r e s
pour affiler l’acier des inftrumens tranchans, fui-
vant les divers ufages auxquels ils font défîmes..
« C ’ell avec la p ie r r e a f a u l x que l'on affile les
couteaux, les inftrumens d’agriculture, de char--
ronage Se de menuiferie..
» La p ie r r e du L e v a n t eft employée pour lesout jls
des graveurs, des. tourneurs, des c.orroyeurs & des
mégifiiers..
» La p ie r r e a r a fo ir s fert , comme fa dénomination
le défigne , pour l’affilage des rafoirs.
« Les canifs, les lithotomes, les biftouris& le.s
flammes font affilés fur la .pierre, verte..
» Mais il faut avoir une autre p ie r r e pour affiler
les lancettes : cette p ie r r e fi néçeflaire n’e.fl connue
que par l’ufage que l'on en fait. On fait que la
p ie r r e , a f a u l x 3 la p ie r r e a r a fo ir s & la p ie r r e . v e r t e
{prît des fehiftes mêlés dé grains de fablon , 8e que
la p ie r r e du L e v a n t eft un grès dont le grain eft très-
fin ; mais on ignore de quel genre eft la p ie r r e a
la n c e t te s .-.auffi eft-e’le rare pour les couteliers 8e
fort chère : ils ne la trouvent que par hafard j.iis
vont la chercher parmi les galets , c’eft-à-dire,les
cailloux roulés qui font au bord dés rivières. Le
pavé des villes du pays d’A unis eft fait de ces car]-
Ipux ; celui dé la Roche île; eft poli par le. frottement
des traîneaux qui tranfportent dâns la ville
Içs^marchandifes arrivées au porc. Lorfquece pavé
eft mouillé,.on y peut reconnoît-re la p ie r r e * la n c
e t te s par fa couleur verte :-mais cette découverte
eft rare car il n’y a pas à Paris aflèz- de p ie r r e s a
la n c e t t e s pour tous les couteliers qui: feroient des
lancettes s’ils avoient une ''pierre pour les affiler.
On paie ces p ie r r e s jufqu’à trois ou quatre louis
chacune , 8e quelquefois beaucoup plus.
« J’ai été curieux de voir cette p ie r r e fi rare 8e
cependant fi:néceffaire, & je me fuis propôfé d’en
faire l’examen fui vaut les principes de ma minéralogie,.
pour tâcher de connoître fa nature & fon
genre, & par conféquent dé la rendre plùs commune
en indiquant, lés. lieux ou elle fe trouverair
naturellement.'
» M. Perret, maître coutelier dé Paris, bien
connu du. public par fon habileté dans fon art,
par la description qu’ il en a faite, & par dés Mémoires
fur l’acier i m’a fait voir fa p ie r r e a la n c
e t te s qui eft très-bonnevpuifqu’il l’emploie avec
fuccès pour faire d’excellentes lancettes. La dureté,
la cafllire, l’opacité & la couleur dë cette
p ie r r e . m’ont prouvé que c’étoit un jafpe vert J
mais il me falloir d’autres preuves pour-me convaincre
que le jafpe vert eut la propriété d’affiler
les lancettes.
33 Pour cet effet, j’ai'donné un morceau brut de
ce'jafpe à M. Perret :.je l’ai prié de le tailler, de-
le polir, de l’huilèr fuivànt les règles de fon art,
& d’y affiler des lancettes pour favoir fi elles-
auroient un auffi bon tranchant que celles qui
auroient été affilées-fur la p ie r r e . Ces différentes-
opérations ayant été-foignèufernent exécutées, le-
tranchant dès lancettes- s’eft trouvé-auflif parfais
par l’affilage dû jafpe vert , que par. celiii- de .v.
p ie r r e d la n c e t t e s . M. Perret,, m’en a?. donné.', une
preuve en effayant ces lancettes fur du canepin j
les unes ni les autres n’ont fait aucun bruit en 1
Fincifant. Quoique l ’on ne faffe ordinairement
point d’autres elfais pour s’affurer qu’une lancette
eft bonne, j’ai cherché des preuves plus convaincantes
en obfervant au microfcope le tranchant
des lancettes affilées fur le jafpe vert & fur la
p ierre d la n c e t t e s . En même tems j’ai comparé le
tranchant de la lancette à ceux du rafoir & du
couteau..«.
»> Le tranchant de la lancette s-eft trouvé plus
uni au microfcope, que celui d’aucun autre infiniment
d’acier. Lorfqu’ il n’eft pas uni & qu’il a de
petites dents invifibles à l’oeil nu , mais très-fenlï-
bles par le moyen du microfcope, il rend la fai-
gnée plus douloureufe qu’elle ne le feroit avec
une bonne lancette. Un tranchant dentelé ne coupe
pas uniment : fes parties Taillantes déchirent par
fecouffes au lieu de trancher net. ,Ces feeouffes
fe font entendre lorfqu’on incife du canepin avec
une mauvaife lancette , parce que les parties raillantes
du tranchant font un petit bruit en déchirant
le canepin au lieu de lie couper.
»3 II.eft donc important, non-feulement pour la
faignée, mais auffi pour les opérations de la cata-
ra&e & de la- ponction , d’avoir de bons inftrumens,
& par conféquent des p ie r r e s qui puiflent
leur donner un tranchant uni. Il étôit fâcheux que
ces p ie r r e s ■ fuffent f i rares 8e fi chères ; à préfent
©n,les aura plus facilement. Il y a dans le commerce
de la bijouterie des plaques de jafpe vert
dont on peut faire des p ie r r e s a la n c e t te s . Les lapidaires
travaillent ce jafpe : on en fait des vafes 8e I
d’autres bijoux. Le jafpe vert eft le plus commun
de tous les jafpes : il y en a en Bohême, en Sibé- ,
rie, 8ee. Strahlemberg rapporte, dans fa D e f c r ip -
iio n d e la R u JJ ie, qu’il y a près de la ville d’Àrgun,.
dans la Tartarie orientale, une montagne entière ;
de jafpe d’un très-beau vert. M de Lile, aftro-
nome de l’Académie royale des fciences, qui avoir
pafl'é plufieurs années en Ruffie, on apporta au
Cabinet du Roi un petit bloc de jafpe vert. C ’eft
fur un fragment de ce jafpe qu’a- été faite l’épreuve
de la propriété d’affiler les lancer tes.. Onpé ur voir
ce fragment au Cabinet d’hifloire naturelle,; 8e le
petit bloc dont il a été détaché- La couleur verte
de ce jafpe eft- foncée & fombre-
» Puifque l’on trouve, comme je l'af déjà dit,,
de bonnespierres- d la n c e t te s parmi les pavés de la
Rochelle qui font1 des cailloux roules-par les
rivières1, il y a lieu d’efpérer- que l’on découvrira
des amas de ces p ie r r e s - , dont quelques-unes- ont
ét.é entraînées par les eaux courantes-, 8e fe trouvent
parmi les autres cailloux-roulés; Si l’on parvient
à découvrir-en France des mines de p ie r r e s d
la n c e t te s , ces p ie r r e s feront auffi communes que
1-agate. Les chirurgiens des villagesppun’ontdonc
avoir de bonnes p ie r r e s - pour repaffer leurs lancettes,,
fans être obligés de lés envoyer? dans les.-
Wllèsi.lLemvitnE.à. Rarisvde. toutes.les provinces^ I
du royaume; mais Dionisfaifoit repaffer les fiennes
à Lyon, parce qu’il avoit plus de confiance en tire
coutelier de cette ville, q.u’en ceux de Paris.
33 J’ai fait des recherches & des épreuves pour
découvrir quelque p ie r r e qui pût, au défaut du?
jafpe vert, fervir à affiler les lancettes. M. Perret
en a effayé , en ma préfence , trente fortes que1
j’ avois choifies comme les plus analogues à ce-
jafpe , ou les plus propres à l’affilage. Parmi ces
trente fortes de p i e r r e s , il ne s’en eft trouvé que;
trois qui puiffent fuppleer , jufqu à un certain»
point, au défaut du jafpe vert; car aucune des
trois n’étoit auffi bonne que ce jafpe pour cec
ufage. Cependant'je vais rapporter la lifte entière-
des trente p ie r r e s eflayées ; elle pourroit être de
quelqu’ utiliré fi l’on vouloit continuer ces expév
riences I
* * Jafpe rouge.
Jafpe jaune.
Jàlpe violet.
Agate orientale.
Agate mouffêuféy
Calcédoine.
Sardoine onix.
Prafe..
Jade vert.
Pétrofilex blanc.
Pétrofiî'ex roux.
Pierre meulière pleine-
Caillou gris.
Caillou rouge.
* Caillou rouge & jaune-
Caillou d’Oberftein.
. Caillou d’Egypte
Caillou noir.
Pierre d?azur.
Schorl de Madàgafcar.; Tfappi
Serpeniine tachée & veinée de gris & dé-,
noir.
Serpentine tachée de blanc, de bran St de
noir.
^ Serpentine brune, veinée'de rouge.
Serpentine veinée de vert & de noir-
Serpentine demi tranfparênte,-
Zéoiite compaéèe.
Pierre de Florence jaune.
Pierre de Florence verte-
Pierre de touche.
De ces trente p ie r r e s ', il n’ÿ a que le jafpe rouge,
le caillou rouge & jaune , & la ferpentine brune ,
veinée de rouge,.qui aient produit un bon effet
fur le tranchant dès lancettes', principalement le
jafpe rouge. Mais cet affilagem’etoit pas auffi bon:
que celui qui-fe fait par le jafpe vert. Il faut donc
le rechercher' foi g ne u fem en t pour avoir'de bonnes
p ie r r e s a la n c e t t e s , & pour rendre, parleur moyen ,
là faignéé plus,facile, moins douloureufe Se moins*-