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» Il réfulte du tableau ci-contre â que ces pierres
ont beauc oup dé principes chimiques communs,
quoique dans des proportions différentes. On peut
remarquer que , parmi ces çompofans , il n'y a aucune
fubftance qui Toit étrangère à notre Globe.
» Si l'on compare atiffi leur conftitution physique
d'après les defçriptions. qui précèdent, on
pourra faire les remarques Suivantes :
93 i°. Elles renferment toutes des grains de fer
malléable ou à l'état de régule j fait qui n'a été
encore obfervé nulle part dans les maffes terref-
tres. Il n’y a de différence entre les météoriques,
à cet égard , que celle de la quantité relative du
métal à cet état. Les deux extrêmes entre les
pierres décrites font celles de Barbotan pour le
maximum. } & celle de Bénarès pour le minimum.
» 2°. Elles contiennent le fer fulfuré, Soit en
grains lameileux 3 foit en lames minces , que ta-
piffenc les efpèces de fiffures. Elles ne diffèrent
aufli, à cet égard , que par les proportions. J'ai
obfervé les lames de pyrites dans celles d’Enfîs-
heim , de Sales, de Barbotan Si de l'Aigle. Celle
de Bénarès contient plus de pyrites en grains,
qu'aucune des autres.
" 3°. Elles préfentent toutes , en quantité plus
on moins grande , des globules d'un afpeêt gris-
terreux, mais dans lefquels on doit pré fumer la
préfence du fer fulfuré, foit par l'éclat que mon-,
trent fouvent leur caffure y foit parce qu'ils né
le fondent pas au chalumeau, Si qu'ils y deviennent,
comme le relie de la pâte, une frite noire.
«4°. Celle de Bénarès contient, à la vérité,
une autre efpèce de globules jaunes, un peu tranf-
lucides au bord des fragmens, d'.un afpeél ftéati-
teux, prefcju'»nfufibles,;' mais j'ai obfervé le même
genre de (ubftariçè dans quelques parties de celle
de Sales , Si peut-être s'en trouve-t-il dans d'autres,
que la petiteffe de mes fragmens m'a empêché
de reconnoïtre.
»5°. Si on s'attache à la diverfité apparente de
la pâte ^on verra que les unes., telles que celles
de Lucé, de Barbotan, de Sienne, de Yorck>hire,
de Sales , de Bénarès, préfentent une pâte granulaire
blanche ; que celle de date inconnue, n°. III,
celles de l’Aigle & du ConneCticut, offrent cette
même pâte blanche, mais en noyaux ou glandes
irrégulières , Si entourés dans une pâte d’une
teinte plus grife, d'un grain plus terreux & plus
fin j & enfin que celle d'Enfisheim fe montre fous
une contexture plus fifeile,, & avec une plus
grande abondance de la pâte grife 5 ce qui lui donne
une apparence un peu différente.
*> 6°. Pour la pierre d'Alais, l’état d’altération
ou fe trouve toute la malle ne permet pas d’en
diftinguer nettement les parties compofantes. Son
analyfe feule peut fournir des lumières à cet égard.
** Telles font les anomalies apparentes qu’offrent
PIE SqB
ces pierres ; mais l'examen de tous leurs caractères
nous démontre que ces différences ne font point
effe.ntieües, Si il eft d’ailleurs à remarquer que les
loches ordinaires d’une même efpèce nous préfen-
teroient des modifications aufli fortes fi elles
étoient réduites à de petits volumes.
99 On peut donc conclure que toutes ces météorites,
à l'exception de celle d'Alais, font anala-
gues dans leurs parties compofantes, en y comprenant
même celle d'Enfisheim , qui ne doit fon apparence
particulière qu’a l’abondance de la partie
grife qui lui a donné une ftruêture intérieure un
peu différente.
»3 Celle d'Alais eft la feule qui offre une difpa-
rate dans cette collection : encore cette pierre fe
rapproche-t-elle des autres par fon analyfe. Et s'il
eft vrai que , dans l’origine, elle a été formée des
mêmes lubftances compofantes que les autres les
changemens qu elle a éprouvés, méritent les méditations
du phyficien , comme du chimifte.
« On pourroit rattacher à cette collection fa
maffe de fer trouvée en Sibérie parPallas; car non-
feulement les grains vitreux de couleur jaune , qui
rempliffent les cavités, ont donné à l'analy fe, d’après
M. Howard, les mêmes fubfiances élémentaires
qu'on trouve dans les météorites, mais les
conjectures qu'on peut faire fur fon origine fem-
blentl’en rapprocher. La tradition la donne comme
tombée de l’atmofphère j &: en partant de cette
hypothèfe , il eft plus facile de fe rendre raifon de
l'état où elle fe trouve, que des apparences- de
celle d'Alais > car fi l’on fuppofe qu’une de ces
maffes contienne beaucoup de fer , comme celle
de Barbotan , par exemple , & que la matière pier-
reufe , moins réfraCtaire que le fer, y ait été mife
en fufion vitreufe dans fa trajeCtoire, il pourra
paroître affez naturel qu'une" partie de la fubftance
vitreufe s’en foit détachée en petites gouttes , &
que la maffe de fer, dans fon état de molleffe, fe
foit refferrée fur elle-même. O r , c'eft là précisément
l’état de cette maffe : le. fer pur y forme la
pâte , tandis que la fubftance vitreufe n’eft qu'ac-
ci dente lie ment renfermée dans les cavités.
« Nous ajouterons à cette notice, qui renferme
tous les details minéralogiques qu'on peut d&firer
fur ces maffes extraordinaires, encore une remarque
faite par M. Gilet Laumont fur l'un des trois
échantillons de météorites d’Amérique', que nous
avons défignés comme appartenant à l'Ecole des
mines. Il y a découvert une matière criftalline, lamelle
ufe, demi-trânfparèhte, à caffure de feld-
fpath. Le criftalen queftion , que nous avions bien
diftinCtement reconnu dans l'échantillon lorfque
nous vifitâmés la collection de YÉcole 3 s'en détacha
malheureufement 3c fe perdit dans le tranl-
poit, Si l’obfervation ne put être répétée par les
membres de l'inltitut, qui eurent tous les échantillons
fous les yeux. B
F f f f »