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& l’on remuera continuellement le minerai avec j
un rateau de fer 3 afin que l’eau qui fe t rouve me- j
caniquement mêlée au minerai s’évapore. Il eft
extrêmement néceffaire de bien remuer le minerai,
& fans interruption j car l’eau rend le fel humide,
furtout à des températures élevées. Cette humidité
faline pénètre le minerai, en agglutine les
parties, & pour peu qu’on néglige de remuer ,
il fe forme des pelottes de grumeaux plus ou
moins gros, qui deviennent très-durs lorfque l’eau
eft entièrement évaporée , & qui font alors difficiles
à brifer ( i) . Lorfque le minerai eft bien fe c,
on le frappe partout avec une petite maffe montée
à l’extrémité d’un long manche, afin que les petites
pelottes qui poiirroient s’êrre formées , fe
réduifent en poudre. Cela fait, on augmente le
feu^ de manière à ce que la flamme s’étende bien
fur toute l’aire de grillage, & l’on continue de
remuer jûfqu’ à ce que la moitié du minerai, celle
qui eft près de la chauffe, foit rouge. Depuis que
l'on a augmenté le feu jufqu’à ce moment, on remarque
des vapeurs blanches & épaiftes ; elles
proviennent de la volatilifation de l’antimoine, ou
dé l’arfenic non encore oxidé, ou de l’eau de
crifhllifation du muriate , laquelle fe dégage encore.
Au refte, tous les minerais ne contenant
pas exactement les mêmes fubftances, il doit y
avoir ici quelques variations.
Lorfque la partie du minerai qui avoifine la
chauffe eft bien rouge, on retourne le minerai.
Voici comment fe fait cette opération. A l ’aide
d’une pelle de fer recourbée en forme de râble ,
on amène, vers le milieu du fourneau, le minerai
qui eft dans la partie du fond , & on pouffe vers
ce même milieu celui qui eft dans la partie anterieure
; de forte que le minerai forme alors
comme une efpèce de digue qui s’étend dans le
milieu du fourneau, depuis la chauffe jufqu’au
féchoir. Enfuite on fait palier du côté du féchoir
la partie de la digue qui eft vers la chauffe, &
l’autre partie eft amenée vers la chauffe } ce qui
fe fait en pouffant avec le râble les diverfes portions
de la première partie , auxquelles on fait
ainfi décrire des demi-cercles en arrière de la
digue, tandis que les portions de la fécondé partie
les décrivent en avant. Le minerai étant ainfi retourné
, on l’étend bien fur le fol du fourneau _,
& on continue à le remuer, tandis que d’un autre
côté on pouffe le feu avec la même force , jufqu’à
ce que tout le minerai foit rouge, & qu’il
ait atteint le degré de température auquel la pyrite
(fulfure de fe r ) , qui fe trouve dans les minerais,
eft en état de décompofer le gaz oxigène contenu
dans l’ atmofphère.
Cette première période dure une heure ou une
( i) L ’agglutination feroit encore plus forte fï on làiflôic
jféjourner les rainerais dans le féchoir : aufïi ne fe fert-on
nullement de cette partie du fourneau dans le grillage des
minerais à amalgamer.
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heure & un quart pour le premier grillage qu’on
fait dans un fourneau, qu’on met au feu ; maiseile
n’eft que de trois quarts d’heure pour les grillages
fubféquens.
Seconde période. Lorfque le minerai eft bien rouge
& que le foufre brûle avec une flamme bleue, on
laifle éteindre le feu qui eft dans la chauffe, on
continue à remuer} le foufre brûle de lui-même,
enlève à l’air atmosphérique l’oxigène, & l’acidifie
plus Ou moins. Tant que le foufre & le fer brûlent,
le minerai refte rouge, & il ne perd cette coule ur
que lorfque le foufre & le fer font complètement
faturésd'oxigène. Cette période dure environ trois
heures, & pendant ce te ms on retourne le minerai
une fécondé fois. L’acide fulfurique imparfait
( acide fulfureux ) fe difllpe en partie en vapeurs,
& l’acide parfait s’unit avec les métaux contenus
dans les minerais qui ont quelqu’affinité pour lui,
& il forme des fulfates métalliques. Il fe forme
aufti vraifemblablement, dans le même tems, quelques
fels terreux par un effet de la décompofition
du fluate de chaux, du carbonate de chaux, &c. $
& delà viennent les fluate, pholphate & arfeniate
de foude, qui fe trouvent dans les eaux qui ont
leffivé les minerais. On ne peut favorifer l’oxida-
tion qu’en remuant foigneufement le minerai avec
le rateau, afin que les Surfaces fe renouvelant continuellement,
toutes les parties fe foient trouvées
en contaét avec l’air atmofphérique, &: aient ainfi
eu la facilité de lui enlever fon oxigène. Dans cette
période, l’adhéfion des parties du minerai entr’elles
eft tellement atfoibiie, que lorfqu'on voit marcher
le râteau, il femble qu’il foit dans un fluide.
Lorfque le minerai cefife de paroître rouge, &
que l’on ne voit plus le foufre brûler, on continue
cependant à remuer jufqu’à ce qu’on ne fente, plus
aucune odeur d’acide fulfureux : ce n’eft que lorfque
cette odeur a entièrement difparu, qu’on rallume
le feu. Dans cette fécondé période, une partie
des fulfates métalliques eft déjà décompofée :
l’ acide fulfurique ayant plus d’affinité avec la foude,
commence à décompofer le muriate de foude, &
l’acide muriatique fe combine avec l’argent, le
fe r , le cuivre , le plomb, &c. 5 mais ces phénomènes
ne font ici que commencer, & ils caraêté-
rifent la troifième période.
Troifième période. Lorfqu’on ne fent plus aucune
odeur d’acide fulfureux, on rallume le feu dans
la chauffe : bientôt on voit les vapeurs d’acide muriatique
paroître en grande quantité } elles fe distinguent
facilement de toutes les autres par leur
odeur forte & piquante, & leur couleur d’un gris-
verdâtre. Elles ne paroiflbient pas dans la fécondé
période ; ce qui prouve que la décompofition du
muriate de foude , & la formation des muriates
d’argent, de cuivre, de fer, &c. n’ont lieu que
dans la troifième j car, pour peu qu’il fe décom-
pofe de muriate de foude, l'odeur de l’acide devient
fenfible. On continue encore de remuer, &
l’on retourne le minerai pour la troifième fois. Lorf-
5 i MER
o„e les vapeurs diminuent, on prend, dans une
cuiller-, quelques échantillons de minerai en divers
endroits du fourneau, & l'on juge par leur odeur
fi le grillage eft fini ou non. S il eft fini, 1 odeur
doit être celle de l'acide muriatique .pur , fans aucun
indice d'acide fulfureux ou arfemeux ; elle
ne doit pas d'ailleurs être fi forte & fi piquante
que dans le commencement de cette période, ç-a
couleur du minerai ne peut donner ici aucun indice,
parce quelle dépend principalement du degre
d'oxidation du fer. ' ,
Pendant cette dernière époque du grillage , le
minerai fe gonfle &c augmente prefque d'un quart
en volume. Cette augmentation provient de 1 oxicène
abforbé, principalement par le fer. 1
La troifième période du grillage ne dure guère
que trois quarts d'heure. Lotfqu'elle eft terminée,
on place fous l'ouverture du fourneau, un petit
chariot de fer, monté fut deux roues, & 1 on tait
tomber dedans, à l'aide du râble, le minerai grillé,
qu'on porte enfuite dans un lieu où il fe refroidit.
Lorfqu'on eft décidé à l'ôter du fourneau, on fait
tomber un nouveau pofie de grillage dans le féchoir,
& du moment que le fol du fourneau elt net, on
étend cè pofte deffus & on procède de fuite a ion
grillage. . . .
En iS o i, on 4 grillé 57689 quintaux déminera.,
qui ont exigé 1131 mèfure's de bois ( environ 9000
m ü avons dit qu’il y avoir douze fourneaux
dfe grillage ; ils font ordinairement tous en feu pendant
toute l'année I fauf les tems ou( quelques cas
fortuits tels, par exemple, que ,1e defaut d eau
motrice pour les machines, font que les mines ne
livrent pas autant de minerai. On grille ordinaire-
ment par femaine,dans chaque fourneau, cent
quintaux de minerai. On a quatre ouvriers par
fourneau, deux dans le jour, deux dans la nuit :
les deux de jour ( ainfi que les deux de la mut ; ,
font enfemble devant leur fourneau ; ils s arrangent
à l'amiable pour le travail : ordinairement ils le:
relèvent d’heure en heure, car leur travan eft pénible
, & il exige des ouvriers grands & vigoureux.
Les fourneaux étant accouplés de deux en deux, j
on a continuellement quatre ouvriers par pane de 1
fourneaux; un de ces quatre, qui eft celui qui I
dirige le travail & qui en eft refponfable ,a 1 ,17« .
par jour; les trois autres n'ont que 1 tr.hn ib o i ,
les Ç7689 quintaux de' minerai ont coûte, 16916
francs pour frais de grillage ; ce quipour 100
quintaux , fait 2.9,32 fr.
Le grillage eft certainement le plus important
de tdus les travaux d'amalgamation : la plus petite
négligence y tire à conféquence. Que le feu lo it ,
par exemple, trop fort, il fe fait un commencement
de vitrification, & alors le mercure ne fauroit
retirer tout l’argent contenu dans les mimerais.
La flamme & la vapeur après être paflees dans
le fourneau du grillage, travetfent le labyrinthe
qui eft au deffus, & y d.épofent quelques-unes des
MER
fubftances métalliques qu'elles ont entraînées On
nétoie les compart.mens de ces labyrinthes chaque
fix mois. On en retire dans 1 annee , & pour les
douze fourneaux, environ quatre-vingt
cent quintaux d'une poufiière d un 6tls^ ° “ = ,ap
extrêmement déliée, & contenant environ deux
onces & demie d'argent par quintal. Çette poul
fière eft enfuite mêlée avec des minerais pyr teux,
& avec dix pour cent de fel; elle eft regnllee de
nouveau, comme les minerais ordinaires.
3°. Mouture de minerai grille.
Le minerai, avant d’être porté aux moulins qui
doivent le réduire en une poudre très-hne , elt
paffé par le crible & par le tamis, tant pour en
féparer les parties trop greffes & les mipuretes
qu'il pourroit renfermer, que pour diviferle relte
en différentes portions d'après la groffeur du grain,
afin que chacune d'elles puiffe être moulue d une
maniéré plus convenable. Cet article fe divtfe ainfi
en deux feêtions ; l’une aura pour objet le travail
au moulin, & l'antre le travail au crible & au
tamis : celle-ci fe divifera en deux autres , d après
l'inftrument par lequel on paffe le minerai.
I Travail au crible. Le but de ce travail elt de
féparer du minerai grillé les petites pelottes ou
grumeaux qui peuvent s'être formes pendant: le
grillage, malgré les précautions qu on a prîtespour
l'empêcher, ainfi que quelques débris de
fourneau qui fe mêlent quelquefois au minerai.
Les cribles ou claies font de fer, en forme de
carré long ; ils ont 1,4 mètres de long, 1 de large,
& les trous ont 12 millimètres de cote en carre. Un
en met deux enfemble, difpofés en plans inclinés de
4f degrés, & adoffés l’un à l'autre par leur partie
fupérieure : ces deux cribles font enfermes dans
line efpèce de caiffe dont 1a partie fupérieure pre-
fente une ouverture carrée, par laquelle on Jette
le minerai fur les cribles'. La partie du minerai qui
ne paffe pas.à travers les trous, defeend le long du
crible, fort par une ouverture ménagée a leur pied
dans lés parois'de la caiffe , & tombe dans de petites
caiffas qu’on place près des ouvertures. Ce
I qui paffe à travers eft enfuite tiré de la grande
! caiffeparune ouverture latérale, à l'aide de raples,
{ & on le fait tomber par des trous pratiques à cet
J effet dans le plancher, fur la machins à tamifet qui
eft dans la falle de deffous.
A la partie fupérieure de la caiffe il y a encore
un tuyau pat où paffe la poufiière qui fe fait-dans
la caiffe, & qui la conduit dans un endroit deftiné
à la recevoir. Comme il fe produit pendant ce criblage
beaucoup de poufiière qui pourroit incommoder
les ouvriers, on a foin de tenir les ouvertures
bien fermées pendant le travail : ces ouvertures
font garnies de couliffes deftinées à cet effet.
Les cribles font placés fous le comble , dans la
partie la plus élevée de l'édifice. L'endroitoù l'on
met le minerai à refroidir, après l'avoir forci du
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