
1 9 a M U R
Calomelï ,
- L’oxide de mercure dans le calomel eft compofé
de
Mercure. . . .
Oxigène. . . . .............................
Et le calomel eft compofé de
Mercure 79
Oxigène g|V
Oxide de mercure 88,0 __
Acide muriatique n , p 100
Sublimé corrofif.
L’oxide de mercure, dans le fublimé corrofif,
eft compofé de
Oxigène......... ..................................i j j = 100
Et le fublimé corrofif eft compofé de
Mercure 69,7 Oxide de mercure. . 82}_
Oxigène 12,3 Acide muriatique.. 185 T * 100
»» Ces proportions font différentes de celles données
par Lémery, Geoffroy, & c. * mais fans mettre
èn queftion l’exa&itude & les talens de ces chi-
miûes, il eft jufte de conclure que la pureté des
matériaux employés pair les Modernes eft plus
propre à donner des réfultats fûrs, que les réagëns
impurs des Anciens.
» Dans ces fels, nous trouvons un autre exemple
qu’à mefure que les oxides métalliques contiennent
une plus grande quantité d’oxîgène , ils requièrent
une plus grande quantité d’acide pour
entrer en combinaifon avec eux.
»9 La méthode que j’ai fui vie .pour m’affurer des
proportions ci-deffus, peut paroître, au premier
coup-d’oeil , n’être pas la plus courte que j’aurois
pu adopter .5 mais j’en ai effayé xl autres, & n’en
ai point trouvé d’auffî exaéle. Il eft impoflïbie .fyn-
thétiquement de convertir une quantité donnée
de mercure de calomel d’une manière telle que
l ’on puiffe être certain qu’il n'y en a point dans
un état différent de celui qui elt requis, & fi on
veut attaquer le calomel analytiquement, l’aûion
des alcalis, fans lefquels on ne peut opérer, eft
telle qu'elle altère la nature des oxides. J’ai aufli
Fait plufteurs expériences comparatives en diffol-
vant du calomel dans l'acide mtro-muriatique (qui
le convertifioit en fublimé corrolîf ) , & le précipitant
enfuite par l’ammoniaque * mais je n’ai pas
trouvé ces ,eHais aufli bons que ceux que j’ai décrits.
La nature du précipité du fublimé corrofif
par l’ammoniaque diffère certainement félon l’excès
de l’acide qui p.eut être préfent, & le mercure
feroble avoirle pouvoir d’exifter, en plufieurs degrés
de conibinaifons... avec i’oxigène. La feule
précaution abfolumenc néceffaire dans cette manière
d’opérer eft que, tandis que le. Tel mercuriel
eft dans un vafe ouvert, il ne foie pas expofé
à un degré de chaleur capable d’en volatilifer aucune
partie.
«La quantité de mercure ordonnée par la pharmacopée
de Londres .pour convertir le fublimé
corrofif en calomel, eft neuf Livres de mercure fur
douze livres' de fublimé corrofif* mais par les expériences
ci-deiïus, il paroït qu'une moins grande
quantité fuffiroit ftri&ement. Cependant.on ne doit
pas trop fe preffer d’appliquer les réfqjrats de ces
petites expériences.à des préparations en.grand ,
& je penle au contraire que l’excès de mercure
.ordonné par la pharmacopée eft une précaution
utile.
>3 Dans mes expériences, j’effayai de réduire,
par le moyen du cuivre, du fer ou du zinc, le
mercure contenu dans les fels mercuriels. Le fer
ne réuflit point * le zinc précipita le mercure.;un
peu mieux, & le cui.vce produifit.un changement
auquel je ne m’attendois pas,. Si on met un morceau
de cuivre dans une fplution de fublimé corrofif,
il tombe affez promptement une poudre
blanche au fond, & cette poudre, c’eft du calomel
: en le.lavant, il ne contient pas un atome de
cuivre ni .de. fublimé corrofif.
33 A vant de finir, je dois obferver que le calomel
prépare par la voie fèche, ne diffère pas chimi7
quement de celui que l’on prépare par la voie
humide (1). Us ne contiennent aucune portion 1
(1) Par la voie .humide je n’entends pas précifement la
méthode dé 'Schéèle!. Ce chimifté veut que l’on-faite bouillir
l’adde avec Te mercure après qu’ils ont celle d’agir l’un fur
l’autre à iane température balfe : par ce moyen l’acide nitrique
fe, charge d’un excès d’oxide mercuriel, & le nitrate de
mercure ainfi fprmé eft .précipité par l’eau. Ainfî-, lorfque cç
nitrate eft verle dans la diflolution étendue du muriace de
fou de, fuivant la formule de Schéèle, la diflolution exercé
deux à étions.
i°. L ’eau agir fur une partie, & précipite un acide ou
plutôt un fous-nitrate de mercure infoluble..
. 20. Une double décompoficion a lieu entre le nitrate de mercure
& le muriate defoude. C’eft avec raifon que les médecins
ont fuppole -que le calomel dé Schéèle étoit différent.de celui
qu’on prépare par la voie humide : dans le fait, ç’eft du calomel
j plus, un fous-nitrate de mercure infolufcle. Durant
la première partie du procédé.de Schéèle, il fe dégage du
gaz nitreux, une partie du mercure s’oxide & fe diflout^
Lorfque ce chimifté fait bouillir l'acide fur le refte du- mercure,
il ne fe dégage plus de gaz, mais il fè diflout davantage
de mérourc. Le nitrate de mercure-contient donc un
oxide moins oxidé après l’cbuliitiori qQ’auparàvant. La-véritable
différence eft dans le fous-nitrate de mercure précipité
, comme je l’ai dit, par- l’eau dans laquelle le muriate
de foude eft diflbusj & la poudre de couleur.orangée qui refte
après là fublimatiori du calomel de Schéèle , doit être attribuée
à la même caufe. Pour préparer le calômel par'la voie
humide, uniforme à lui-même, 6c à tous égards fembiàble à
celui qui eft fait, .par la-voie fèche , il eft néceffaire de fair»
ufage de la fplution nitrique avant qu’elle ait bouilli, ou»
de verfer un peu d’acide muriatique dans la folution du muriate
de foude avant de la mêler avec la folutiorihouillie du
nitrate de mercure./ Dans le premier cas il ne faut aucune
précaution ; au fécond , l’oxide de mercure, dont le nitrate
de mercure s’eft emparé avec excès en bouillant, trouve un
acide tout prêt à le faturer. Tout l’oxide mercuriel étant
fc.nfible
fenfiblè d’eau de criftallifation. On en peut dire
■ •utant du fublimé corrofif.
93 U refte maintenant à parler du véritable muriate
de mercure hyperoxigéné. Je fis paffer un
courant d’acide muriatique oxigéné dans de l’eau,
qui contenoit de l'oxide rouge de mercure. J'employai
les différens oxides rouges de mercure indifféremment.
Peu après l'oxide devint brun très-
fon c é , une diflolution eut lieu, le courant fut-
continué pendant quelque tems, & lorfque je
penfai qu’ une quantité fuffifante d’ oxide étoit dif-
foute, j’arrêtai l’opération. La liqueur évaporée à
fec, le fel fut obtenu. Dans la maffe il y avoit
évidemment une grande proportion de fublimé
corrofif : on devoit s’y attendre d’après ce que
j'ai obfervé avoir lieu dans la formation des autres
fels de cet acide ; mais en féparant foigneufement
les derniers criftaux qui s’étoient formés, j’en pus
raffembler quelques-uns de muriate de mercure
hyperoxigéné. Je les fis criftallifer de nouveau, &
les obtins à peu près purs de cette manière. Ce fel
eft plus foluble que le fublimé corrofif : environ
quatre parties d'eau le tiennent en diflolution. Je
ne peux pas bien déterminer la figure des criftaux.
Lorfque l’acide fulfurique, & même des acides
plus foibles font verfés deffus, il exhale l’odeur
ordinaire de l’acide muriatique hyperoxigéné, &
la liqueur devient d’une couleur d’orange. Ceci
eft une preuve fuffifante que le fublimé corrofif
n’eft pas le muriate de mercure hyperoxigéné.
. 93 Je viens d’obferver que, dans la formation de
ce fel, l'oxide de mercure, qui n’étoit pas diflous
par l’acide, devenoit brun très-foncé. Je me procurai
une portion de cet oxide qui paroifloit différent
de l’oxide rouge ; il retint néanmoins la
forme & l ’apparence criftalline de celui-ci. Il étoit
foluble dans l’acide nitrique fans-dégagement de
gaz * il en fut précipité, fous la forme d’un oxide
jaune, par tous les alcalis, excepté l'ammoniaque.
11 forma du fublimé corrofif avec l’acide
muriatique, & le précipité par- les alcalis étoit le
mêmeque celui du fublimé corrofif fait avec l’oxide
rouge : cependant j’inclinai à penfer que l’oxide
brun-noir diffère en quelque point effentiel du
rouge* mais je n’ai pas encore fait des expériences
fuffifantes pour prouver cette opinion. Au refte,
l ’objet adfcuel étant d’examiner les oxides mercuriels
feulement comme combinés avec l’acide muriatique,
il feroit étranger à notre deffein d’entrer
dans des recherches trop minutieufes fur les autres
états de ce métal. Ce fujet & quelques autres
légèrement’touchés dans ce Mémoire feront examinés
par la fuite.
ainfî converti en calomel, il n’y a plus de fous-nitrate de
mercure.
Les défauts dont un médecin accufa le calomel de Schéèle
lorfque ce Mémoire fut lu à la fociété , m’ont engagé à con-
fîderer de nouveau ce fujet, 6c à entreprendre les recherches
détaillées dans cette note.
Ch i m i e . Tome P.
99En traitant les mariâtes hyperoxigénés terreux
avec le phofphate d’argent, comme je l’ai dit ci-
deffus, j’ obfervai que la liqueur tenoit quelquefois
en folution de l'oxide d’argent, lequel, après examen
, fe trouva combiné avec l’acide muriatique
hyperoxigéné. Comme le fel ainfi formé diffère à
tous égards du fimple muriate d’argent, il peut
être de queiqu’importance de le confidérer avec
attention. En premier lieu, il nous donnera la
preuve la plus convaincante de la différence entre
l’acide muriatique & l’acide muriatique hyperoxigéné
* & fecondement, il mérite d’etre remarqué
d’une manière particulière, parce qu'il pofïede, au
plus haut degré, l'un des plus grands caractères
diftinCtifs du genre auquel il appartient. Le muriate
d’argent hyperoxigéné. eft foluble dans environ
deux parties d’eau chaude , mais en rèfroidiffant il
criftallife fous la forme de petits rhomboïdes opaques,
ternes, comme le nitrate de plomb ou de
baryte. Il eft un peu foluble dans l’alcool. L’acide
muriatique le décompofe * le nitrique aufli, & même
l'acide acéteux ; mais le réfultat de cette décom-
pofition n’eft pas, comme on pourroit s’y attendre
, du nitrate ou de l’acétite d’argent. Au moment
que l'acide eft chaffé du muriate d’argent
hyperoxigéné , une réaétion a lieu parmi fes élé-
mens* l’oxigène eft dégagé , & l’acide muriatique
refte en combinaifon avec l’oxide d’argent. Si l’on
compare ce fait avec la manière dont les acides
nitrique & acéteux agiffent fur le muriate de potafl’e
hyperoxigéné, on aura une forte preuve des affinités
proportionnelles de tous ces acides pour
l'oxide d’argent, en comparaifon de celle qu’ils
exercent fur l’alcali.
>3 Le muriate d’argent hyperoxigéné, décompofé
à une chaleur douce, commence par fondre, 8c
donne enfuite, avec effervefcence, une quantité
confidérable de gaz oxigéné, & le muriate d’argent
refte. Ces phénomènes diffèrent néanmoins beaucoup
félon le degré du calorique. Lorfque le muriate
d’argent hyperoxigéné eft mêlé avec environ
la moitié de fon poids de foufre, il détonne de la
manière la plus violente, & n’a pas befoin, comme
le muriate de potaffe hyperoxigéné, de l’addition
du charbon pour pofféder une très-grande force
explofiye. La plus légère preffion fuffit pour faire
détonner ce mélange, & je penfe ne rien avancer
de trop en difant que la moitié d’un grain de muriate
d’argent hyperoxigéné , avec un grain de
foufre, fait une explofion au moins égale à celle
de cinq grains de muriate de potaffe hyperoxigéné,
.avec des quantités fuffifantes de poudre & de charbon.
L’éclair eft très-blanc, v i f , & accompagné
d’un bruit aigre & perçant, femblable à celui de
l’argent fulminant fi habilement décrit par M. Howard
: l’argent eft réduit à fôn état métallique &
vaporifé.
93 Je. penfe qu’il convient d’ajourer quelques
remarques fur ce que j’ai appelé affinités proportionnelles
des acides & des bafes les uns pour les
B b