
.a l afpeêà du local, qù'un corps tVès-volumineux
.& très-lourd ne fut.tombé là d'en-haut, avec une
.quantité de mouvemens très-confidérables.
“ Cette malle fut, dans fa totalité, réduite en
fragmens, dont aucun n'étoit plus gros que le
poing ( ils furent bientôt enlevés;par les curieux,
qui arrivèrent fur le lieu en grand nombre. Nous
•eûmes même beaucoup de-peine à obtenir une
quantité d'échantillons des diverfes pierres , fuffi-
fante pour notre objet -,,& nous n'y. parvînmes qu'à j
force d'importunité &,à prix d'argent-.-En recueil-
Jant de notre; mieux la quantité des fragmens dif-
perfés, nous jugeâmes que cette dernière maflè
n'avoit dû peler guère moins de deux cents livres.
Toutes ces pierres., au moment de leur chute , :
-etoient friables, & on les brifoit-aifément dans ;
les doigts, furtout lorfqu'elles avaient été enfe-
•velies pendant quelque tems dans la terre humide ;
mais elles fe dùrti-lVoient peu à peu pâr;l'expofr-
ttion à l'air.
» Telles.font-les circonftances qui ont accompagné
la.chu-te de ces maffias.li-ngulières.,Les témoins
que nous avons. nommés font tous vivans: ;
•on poutroit en augmenter-là. lifte., mais nous considérons
ces preuves comme fatisfaifantes pour tout
■ efprit raifonnable. La defcription minéralogique &
Texamen chimique de ces pierres pourront achever
la conviction.
» Les échantiUons tfouvés dans les divers endroits
dont on a parlé,font parfaitementfembla-
iblesentr'eux. L'obférvateur le pl-us fupetftcielpro-
.nonceroit, au preroierjceufrd'oeil, qu'ils provien-
nent.d'une maiîe commune , & qu'ils diffèrent d’ailleurs
de toutes les pierres qu’on rencontre d'ordinaire
à la furfaee Hu Globe.
» On ne. peut rien dire fur leur forme, parce
qu'on n'a recueilli que des fragmens très-petits fi
-on les compare à la malle primitive de la pierre. 11
y en a eu très-peu qui peiaflent une livre; beaucoup
ne pèfent qu'une demi-livre, & d'autres
.moins d'une once.
» Le morceau de M. Bronfon eft le plus confidérable
dont nous aiyons eu connoilfance. Nous
polïédons j e plus gros après celui-là ; il pèfe fix
aivres, & il réunit, dans un haut degré, les caractères
diftinélifs de ces- aérolites. Entre les échan- f
-tillons plus petits, dont nous avons raifemblé un
très-grand nombre, plusieurs font ttès-inftruâifs.
fis offrent toutes les variétés irrégulières de formes
qu'on peut fuppofer dans les fragmens d'une pierre
brifée par un choc violent. On retrouve cepen-,
dtnt fur quelques-uns d'entr’eux, & furtout fur
les gros échantillons , des portions de la furfaee
«extérieure de la grande mafle.
i> » Elleeftpartout, recouverte d’une croûte mince -
& noire, dépourvue de tout éclat. Ses fragmens
font- Couvent terminéspar des portions de la grande
furfaee irrégulière, qui paroît a;voir enveloppé
dans fon entier la maffe météorique. Cette furfaee
.courbe elt loin d'itre uniforme. Elle préfcnte 9a
8rla des concavités, telles qu’on les produiroiten
enfonçant les doigts dans une fubltance qui cède-
roit a la prefiion. L’écbrce elt rude, fte reffemble
un peu au chagrin ou à la peau de chieu marin pré-
paree> elle étincelle fous l'acier. Certaines por-
dons de cette croûte noire ne paroiffent pas avoir
appartenu, dans l'origine, à la grande furfaee ex>
teneure du météore, mais plutôt avoir reçu leur
corce par des fiffures ou gerçures qui ont été
1 effet de la chaleur brufque & confidérable à la*
quelle la mafle entière a été expofée, La pefanteur
fpecinque de la pierre eft 36, l'eau étant 10. Sa
couleur eft en général gris-cendré ou plutôt plombe,
elle elt entre-mêlée de maffes diltinétives, qui
vanent depuis le volume d’une tête d'épingle,
julqu a un ou deux pouces de diamètre, qui font
pielque blanches, Sç reffemblcnt un peu aux crif-
taux de fcld-fpath,difiéminés dans quelques variétés
degranit, & dans l’efpèce de porphyre connue
(ous le nom de vert antique.
•i îî®* ^ Plerre elt granuleux & groflieij
«1 rellemble beaucoup à certaine variété de grès:
on ne peut, la brifer entre les doigts , mais elle fe
rompt louss le marteau, & offre une calfure rude
oc irrégulière.
« En examinant cette pierre 3 on y diftingue, au
premier afpeét., quatre fubftançes de nature diff --
rente.
1 • Elle eft entre-mêlée d’un nombre confidérable
de maffes noires & globuleufes, fphériques
pour la plupart , mais quelquefois oblongues &
irrégulières. Les plus grolfes font du volume de
la dragée de pigeon , mais- elles font en général
beaucoup plus petites. On peut les détacher avec
une pointe de fer j elles lai lient leur empreinte
concave dans la. pierre. L'aimant ne les attire pas,
& elles fe brifent fous le marteau.
» 20.. On y voit auflî des nids de pyrites jaunes.
Quelques-unes ont une couleur d'or brillance, &
on les apperçoic aifément fans loupe.
» 5 0. La pierre $ dans la totalité, renferme une
grande quantité de points métalliques, dont quelques
uns fe voient facilement à l'oeil. Ils font
blanchâtres, & les premières perfonnes qui ont
examine ces pierres, les ont pris pour de l’argent.
Ils paroiffent n’etre autre chofe que du fer malléable
mêlé de nickel. ■ 33 40. La matière de couleur plombée qui réunit
ces divers ingrédiens, a déjà été décrite, & elle
conftitue la partie la plus confidérable de la mafia.
Lorfque la pierre eft expolée à l'air après avoir été
mouillée, elle fe couvre d’un nombre de taches
rougeâtres, qu on n apperçoic point dans fa fracture
récente, &• qui proviennent évidemment de
la rouille de fer.
»•Enfin, la pierre a été analyfée dans le laboratoire
de ce collège, en fwivant les excellentes
inftruêtions de Hoyard, Fourcroy & Vauqüelhi-
Le travail a été-ta-ptde,, & deftiné feulement à une
approximation. On fera plus à ioifir l’analyfe affaz.
exaéte pour donner les diverfes proportions des
ingrédiens, & on la publiera dans un recueil plus
particuliérement deftiné aux fa vans. Il luffit à la
plupart des leéteurs de favoir que cette maffe pier-
reufe paroît contenir de la filice, du fe r , de la
inagnéfie, du nickel & du .foufre. Les deux pre-
: miers élémens font de beaucoup les plus abon-
■ dans j le troifième eft en proportion confidérable,
qioique bien moindre :que les deux autres : la
proportion du quatrième eft probablement encore
moindre, & le foufre s’y trouve en petite quantité
, & en quantité indéterminée.
« Le fer eft, pour la plus grande partie, à l’état
métallique parfait. La pierre, dans, fa totalité, agit
fur l'aiguille aimantée, & , lorfqu'on lapulverife ,
l’aimant en enlève une aliquote confidérable. On
peut en féparer des portions de fer affez groffes
pour être étendues fous le marteau. Une petite,
portion de 1er eft combinée avec le. foufre à Fétat
de pyrire, & probablement la totalité , ou pen s’en
faut de ce métal, eft. alliée de nickel,' 1 , ;-;q
. » Il nous refte à remarquer que la notice qui
précède, fe rapproche, prelque dans tous fes détails,
des deferiptions, aujourd’hui très-nombreu-
fes, d evénemens. du même genre, qui ont été
obfervés dans, d'autres; pays & dans divers, teins.
Les échantillons qui proviennent de ce dernier
reffemblent tout-à-fait à ceux que l’un de nous a
vus, d autres pierres tombées aux Indes orientales!,
en France., en Écoffe & ailleurs. L’analyfe chimique
preuve aqffi que leur compofition eft la
même,& les minéralogiftes lavent très-bien qu’on
ne trouve nulle part, fur la furfaee de notre Globe,
des pkrres du genre de ces aérolites. Ces considérations
& les témoins irréfragables que nous avons
cités, ne doivent pas laiffer le plus léger doute fur
la réalité du météore lapidifère obfervé à Wefton
& aux environs le 14 décembre dernier. »
Addition au rapport qui ptétede $ par te profejfeur
■ Pichet, l'un des rédacteurs de ce recueil.
" k,0.r*§,nal de la traduction qui précède, m’a
| été remis par le comte de Rumford, qui le ténoit
de M. Parker, gentilhomme américain. En corn- :
muniquant ces détails à l’ Inftitut, j’ ajoutai qu’on
avoit reçu à l’Ecoîe des mines trois échantillons
de ces aérolites, & que M. Bruce en avoic envoyé
deux à M. de Drée, propriétaire de l’une des plus
1 belles colledfions minéralogiques de Paris. J’invitai
MM. Gilet Laumont & de Drée à les mettre fous
!fS yeux flnftitut dans la féance fuivante:, &
M. de Drée, en particulier, à y joind-re les antres
échantillons qu’ il pofîede, afin qu’ofi pût faire la
comparai fon des^pierres tombées ën divers lieux
& en; divers tems. Ces favans cédèrent avec em-
prsffement à‘ mon invitation, & le dernier joignit 3 la colleêfion qui fut préfentée à la Claffe, une
notice raiformée, dont je vais, extraire ce'qui fuit,
en laiffant toujours parler i’âtite'Ur. »
Defcription comparative de on^e pierres météoriques,
Ue La collection de AI. de Drée, préfentée a tin f i t ut
de France d la féance du 11 avril.
N°. I. Fragment , ([une pierre météorique qui pefoit
deux cent cinquante-cinq L iv ies, tombée prés d’En-
fisheim en Al face , le y novembre 1492.
«.Apparence. Gris-d’ardoiFe. Pâte fans éclat ,
avec des parties lamelleufes brillantes. — Structure
d’ùn gneils fehifteux,-— compofée de parties pier-
[ rèufes, grenues-j gris-blanchâtte , entre-mêlée de
| feuillets' minces, d'une fubftahce fiifilè gris d’ar-
doifey avec des grains épars, & de diverfes groi-
| feurs, de.fer pur & de fer (ulfuré : ce dernier ie
voit auffi en lames fupérficielles fur les feuillets
gris;.— Contéxture granulaire & fiftîle. — Caffure
1 inégale fur la tranche, plus lamèlleufe dans le fehs
' des feuillets. — Tenace. — Toucher âès pierres
ordinaires. — Sans odeur argileufe. — Magnétique.
— Au chalumeau , la fubftancé grife fé noircît
& fe fritte, comme laTurface ordinaire de cës fortes-
de pierres,
N°. II. Fragment d' une pièrre météorique qql pefoit
fept livres & .demie, tombée prés de Lucé dans le
Maine, le T$ fepujnbre 176:8, & préfentée a l'Academie
des fciences par M. £abbé Bachelay.
y» Elle reffembie beaucoup à celle de Sales, qut
fera décrite tout-à-l’heure lotis le NVVIÎ,-à 1s
différence que fa ftru&ure fe Rapproche plus de
celle du grès, & qu’on n’apperçoic point dans cet
échantillon les globules gris de celle de SaIes.,La
croûte vitreùfe y eft bien earaêlériféei
N°. III. Fragment d'une pierre météorique qui pefoit
environ fept livres . ml a été donné par M. de.
Roijfy , faifoit partie de là collection defeii AL de
Truaaine 3 a Montignÿ.
» On ne fait pas ou. elle eft tomliée j. mais fa
reffemblance avec les autres , & avec celle do
Sales en particulier, ne permet pas d’héfirer fur
fon origine. La partie grife de îa pâte, eff. tou.t-àfait
analogue à celle de la pierre d’Enfisheim, à
l’exception de la contexture Edile qur n’èxifte
guètè dans, celle-ci. Elle éft enveloppée aux trois
quarts dans ifa croûte vitréufe.
N°. IV . Fragment de £ une des pierres météoriques
i tombées en grand, nombre prés de Barbotan &
, d'Aigen.yAépa.rtemerit; de.. Lot 6’ Garonne , le- 24
juillet 179OV
» La: defcription de î-a pierre de Sales convient
encore à'-Cèlfë-oi. Eîlé a beaucoup dë fiffüres ta--
piffëes de fer fulfuré fupérficiel, & en général elle
éft .de toutes ces météorites celle qui contient J2
plus grande quantité de ce métal. Un des moc~