
quées par M. Hr ward, &r en variant feulement le
procédé fous le rapport de faction du feu. Nous
décrirons ici ces trois poudres, (oit pour déterminer
là manière de Ks obtenir, foit pour faire
connaître les propriétés diitinétîves de la nature
de chacune d’elles.
Première efpèce de poudre peu fulminante,
Lorfqu’ on chauffe quelques inftans feulement,
& fans le faire bouillir, le mélange de difîblution
nitrique mercurielle & d’alcool préfetit par M. Howard,
ils’én précipite, par le refroidjffunent, une
poudre grife , quelquefois en graines criftalüfées,
Ibuvent en très-beaux criftaux de dix à douze millimètres
de longueur & de largeur, fur quatre ou
cinq millimètres d’épaiffeur. Cette poudre crif- i
talline ou ces criftaux Iamelleux prifmatiques ne
fulminent point par le choc; ils ne fulminent que
par la chaleur. Chauffée avec précaution dans une
cornue de verre, il s’eft fait, au moment où ce
vaiffeau étoit fur le point de rougir, une forte
détonation qui a brifé la cornue en mille pièces.
En la traitant par la potaffe, il rfy a point eu d’odeur
ammoniacale fenfible ; la liqueur évaporée a
fo urni du nitrate de potaffe fans précipiter par les
fels calcaires, & il eft refté de l’oxide de mercure pur
fur le filtre. Une autre portion de cette poudre a
été traitée par l’acide muriatique ; la liqueur filtrée
a lâiffé du mercure doux, & contenoit du muriate
oxigéné ou corrolïf, puifqu’elle précipiroit en
jaune-rougeâtre par la potaffe 3 la chaux n’en a
point dégagé d’ammoniaque en chauffant la poudre
avec de l’acide fulfunque foible 3 on a eu du
gaz acide carbonique & du gaz oxide de carbone 3
ainfi l’on y a trouvé de l’acide nitrique, de l’oxide
de mercure , une matière végétale fans acide oxalique
& fans ammoniaque.
Deuxieme efpece de poudre très-fulminante.
Le mélange de diffoluti'on nitrique de mercure
& d’alcool, porté jufqu’à l’ébullition, & celle-ci
entretenue quelques minutes, nous a confiait!*
ment donné , par le refroidiffement, une poudre
qui a pris plufieurs fois la forme de longues
& belles aiguilles criftallines. Celle-ci eft la
poudre réellement fulminante de M. Howard 3
elle détonne fortement par le choc. Jetée fur des
charbons rouges, elle brûle avec une flamme d’un
bleu-tendre, accompagnée d’une légère explofion.
Cette fécondé efpèce de préparation ne contient
pas d’acide nitrique ; elle n’ a point fourni
de nitre avec la potaffe, ni dégagé de l’ammoniaque
parcet alcali (1). L’acide muriatique l’a convertie
Ci) Quoique cëtte poudre contienne de (’ammoniaque,
la potaffe ne peut pas la rendre fenfible, puifque la potaffe
»t le combine point avec l’oxide. de mercure% & que c’eft
en mercure doux qui s’eft précipité, & en muriate
oxigéné de mercure & d’ammoniaque qui
s’eft cüffout. Nous n'y avons pas trouvé de trace
d’acide oxalique , mais nous y avons reconnu la
matière végétale particulière indiquée par Ber-
thollet, & elle y eft beaucoup plus abondante que
dans la poudre précédente. Cette matière particulière
joue certainement le principal rôle dans
la détonation de la poudre par le choc 3 c’eft elle
qui forme l’acide carbonique & l’eau , principaux
produits de cette détonation. L’ammoniaque y
contribue auffi. Elle diffère donc de la première
poudre peu fulminante , en ce qu’elle contient de
l’ammoniaque, de l’oxide de mercure, & plus de
matière végétale 3 en ce qu’elle ne contient pas
d’acide nitrique. C’eft celle dont M. Berthollet a
donné l’analyfe.
Troifième efpece de poudre non fulminante.
En foutenant pendant une demi-heure l’ébullition
du nitrate de mercure & de l’alcool, il ne
s’en dépofe point de poudre grife, mais une poudre
jaune non criftalline par le refroidiffement.
On apperçoit du mercure réduit plus que dans l’opération
précédente où l’on en voit auffî, tandis
que le même phénomène n’a pas lieu dans la préparation
de la première. La poudre jaune ainfi obtenue
ne détonne ni par le choc ni par la chaleur
3 elle ne contient ni acide nitrique ni ammoniaque
3 les réaétifs ci-deflus énoncés n’en
montrent nulle trace. On y trouve au contraire de
.l’acide oxalique : on n’y rencontré que très-peu
de la matière végétale décrite dans l’analyfe des
deux précédentes : il paroît qu’elle a été détruite
par la longue ébullition, & qu’elle a donné naif-
fance à l’acide oxalique, ainfi qu’à la réduction
de l’oxide de mercure.
Projetée fur des charbons bien allumés, cette
poudre jaune faifoit entendre un petit bruit, mais
rien qui puiffe être comparé aux détonations des
deux premières 3 elle fembloit n’être qu’unoxalate
de mercure.
On peut conclure de ces faits réunis, que , fui-
vant la manière dont on traite la difîblution nitrique
de mercure & l’alcool, on forme des com-
pofés différens, & qui font dans leur fucceffion
conftitués comme il fuit.
La première poudre eft formée :
D’acide nitrique,
D’oxide de mercure,
D’un peu de matière végétale particulière.
La deuxième poudre eft compofée :
D’oxide de mercure,
De matière végétale plus abondante , |
avec cet oxide que l’ammoniaque fè trouve u n i; ma is.fi,
avant de traiter la. poudre par l’alcali fix e , on la traite
d abord par l’acide muriatique, k dégagement de l’alcali
volatil k Yait bientôt ïentir.
D’ammoniaque.
La troifième poudre contient ;
De l'oxide de mercure ,
De l’acide oxalique,
Très-peu de matière végétale.
108. Le mercure & fes oxides n ont aucune
aftion fur les fulfates, les;nitrates, les phofyhates
terreux & alcalins , ni fur aucun autre genre de
fels, fi l’on en excepte les muriates. On a vu plus
haut que M. Monnet avoit annoncé la décomposition
du muriate de fonde par 1 oxide de mercure,
& la formation de muriate de mercure corrofif. La-
garaye , dans une efpece de préparation médicale
empirique, tft même parvenu à décompofer le *
muriate d’ammoniaque par Je mercure coulant,
comme Macquer s’en eft afluré,par l’examen feru-
puleux du procédé de fa teinture mercurielle. La-
garaye trituroit dans un mortier de marbre une
partie de mercure coulant avec quatre parties de
muriate d’ammoniaque, en hurnedtant le mélange
avec un peu d’eau, juiqu’à ce que 1 extinction
fût complète : il expofoit enfuite le mélange à
l’air pendant plufieurs femaines, en 1 agitant de
tems en terns; il le trituroit de nouveau , le tailoit
chauffer alors dans un matras avec de bon alcool
qu’il failoit même bouillir légèrement 3 1 alcool fe
coloroit en jaune , & il blanchiffoit une lame de
cuivre. Macquer s’eft affuré qu’il y avoit du muriate
furoxigené -de mercure en difîblution dans cette
liqueur, qu’ à l’aide du tems le muriate d’ammoniaque
avoit été décompofé par le mercure qui
s’étoit oxidé, & qu’il s etoic formé une efpèce
de muriate ammoniaco-merçuritl ou de fel alem-
broth. Telles font la plupart des propriétés du mercure.
J’ai iurcout infifté fur les principales : ceux
qui délireront les connoitre d’ une manière plus
particulière , pourront confulter, dans le Journal
de VÉcolepolitechnique pour l’an 1806 , quatre Mémoires
qui me font communs avec M. Thénard,
& qui ont pour objet, le premier , les oxides de
mercure & les poudres fulminantes mercurielles 3
le fécond , les fulfates, les nitrates & les nitrites
de mercure5 le troifième, les murntes & muriates
furoxigênés de mercure 3 le quatrième, les fuffures
de mercure. -, '
109. Il y a peu de fubftances métalliques auflï
utiles que le mercure. En phyfique, il fert fous fa
forme métallique à la conttru&ion des inftrumens
météorologiques, & d’un grand nombre de machines.
Dans les arts, on l’emploie fous la même
forme à la dorure, à l’argenture, à l’étamage des
glaces, à la métallurgie : fes diffolutions font employées
dans la teinture, la chapellerie.
110. Dans la chimie , il remplit une foule d’u-
fages tous également importans. Outre les expériences
auxquelles il efteonfacré pour la démonf-
tration des principales vérités de cette fcience,
il eft devenu d’une néceffité indifpenfable pour
garnir les cuves deftinées à recueillir, à conferver
& à combiner les fluides élaftiques de nature faline.
On nomme ces appareils cuves hydragyro-
pneumatiques. Il n’eft pas moins utile pour luter
ou boucher des tubulures mobiles , pour exercer
des preiEons- Lavoifier avoit déjà eflayé de s en
fervir pour remplacer les luts à l'aide defquels oli
ferme les vaiiT=aux, & qui portent fi Couvent dans
les expériences des califes de trouble , d'erreur oc
d'inexaétmidc.Il eft d'une grande utilité aux ana-
tomiftes popr leurs in.eélions les p,us hues Oc les
plus difficiles, .telles que celles, des fyftemes lymphatique
& abforbant dans tous les animaux, OC
du fyftème trachéal des infeétes Oc des vers.
i n . Il n'eft pas moins important par Ces uia^es
médicinaux. Depuis qu’on connoît Ces bons effets
dans les maladies de la peau , & fa vertu fpecifi-
que dans les affeétions Cyphilittques, on a hngulie-
rement varié la forme & fes préparations. Comme
on attribuoit au métal même cette propriété, on
avoit cherché à l’adoucir ou à le modifier 3 mais
prefque toujours on ne faifoit autrefois , fans le
favoir, que lui donner au contraire plus d’aétnite
en le combinant à l'oxigène , qui eft la véritable
caufe de Ces effets. En général, il faut confiderer
le mercure , dans fes préparations médicinales ,
comme une matière oxiphore, comme un corps
qui porte .de l'oxigène dans l’économie animale ,
qui le cède facilement aux humeurs & aux fondes,
& les variétés de ces préparations; fous le
rapport de la quantité de ce principe qu’elles contiennent.
Ij.es compofés les moins oxides ne font
que peu aêtifs : tels font les oxides noirs de mer-
cure qu’on prépare dans les procédés fi multiplies
d’-xtinéüon à l’aide des mucilages , des firops,
des miels, des gelees,_ des liqueurs animales ,
comme la falive,des graiffes, &c. g , .
Dans une fécondé claffe, il faut placer les fels
mercuriels peu folubles, donr 1 oxide, ou peu
oxidé, ou enchaîné en quelque forte par des acides,
ne portent pas à beaucoup près toute fort
énergie fur la fibre ou les humeurs animales : tel9
font le muriate de mercure doux , le carbonate ,
le borate & le phofphate de mercure.
Dans une troifième claffe, on doit ranger les
oxides de mercure unis au foufre, .celui qui eft
noir Occelui qui eft rouge, qm n agiffent que légèrement
, ou qui n’agiffent qu’en vapeur fur 1 e-
conomie des animaux.
Enfin, une quatrième claffe de ces medicamens
mercuriels doit être formée par les oxides les plus
chargésd’oxigène, foit feuls, foit unis aux acides,
tels'que lés divers précipités jaunes, blancs, rouges,
& les fulfate , nitrate & muriate furoxigénés
de mercure. Ceux-ci font des cauftiques terribles ;
Us brûlent & déttuifent les organes : on s’eri fert
à l’extérieur comme de cathérétiques, & à l’intérieur
comme de remedes puiffans qu il faut ad-
miniftret avec une grande prudence , & qu’il n’eft
permis qu’à l ’habileté d’employer avec la circonf-
peftion Scies lumières qui doivent caraétérifer les
• vrais médecins.