
dent , jettent de petites flammes vertes, & Te dif-
iipent en fumée blanche d’bmlé. On nJa poin-t
encore examiné cette combinaifon avec affez de
foin pour la bien connoître.
Phosphure d’ argent, Voici ce que Pelletier
a obfervé fur cette combinaifon. Une partie d argent
en limaille, chauffée dans un creufet avec
deux parties d’acide phofphorique vitreux & une
demi-partie de charbon, lui a donne, par la réduction
de l’acide en phofphore & par fon union
avec le métal, un pkofpkure augmenté du quart du
poids de l’argent, & qui étoit blanc, grenu,
criftallin , caffant, quoique fufceprible d’être entamé
par le couteau. Du phofphore jeté fur de
l ’argent rougi par le feu dans un creufet, a fait
entrer prefque fur-le-champ le métal en fufion,.
& le pkofphure qui en eft ré fuite, a refté en fonte
tranquille : au moment où il s’eft figé à la furface,
un jet de phofphore comprimé en eft forti avec
explofion , & le métal s’eft couvert de mamelons.
Pelletier en a conclu qué l’argent retenoit plus de
phofphore dans l’état de fufion, que dans 1 état '
froid. Chaud, ce pkofphure lui a paru retenir vingt-
cinq parties de phofphore fur cent d’argent, & il
en perd dix parties en refroidi (Tant. Le pkofphure
d'argent, chauffé au chalumeau , fé fond & perd
le phofphore qui brûle à fa furface.
Il paroît qu’il fe forme aufli une forte de phof-
phure d'argent lorfqu’on plonge du phofphore dans
la diifoiution nitrique du métalj il fe dépofe d’abord
une croûte âè~pkofpkure fur les bâtons de
phofphore , & enfuice une lame d’argent pur.
Ph o s ph u re d’ a r sen ic . En diftillant parties
égales de phofphore & d'arfenic, & en ménageant \
beaucoup le feu, on obtient un fublimé brillant,
noirâtrebrûlant fur les charbons avec une odeur
mixse du métal & du phofphore» il refte apres la
fublimation un réfidu noir de pkofphure d'arfenic ,
qu’on eft obligé de conferver fous l’eau, & dans
lequel le. phofphore brûle à l ’air.
On peut faire aufli cétte combinaifon à la chaleur
de l’ébullhion & fous l’eau bouillante. Le
phofphore s’unit à l’arfemic à la feule, température
de fa fufion ..Gecompofé mérite d’être étudié, &
n’eft encore que très-peu connu.
Ph osphure de b a r y t e . La baryte pure &
bien cauftique, chauffée, dans un tube de verre,
avec du: phofphore j fe fond en s y combinant, &
forme.une maflfe d’un brun-noir, Iinfante & pref-
que d’un afpett métallique > très-fufible, lumineux
dans l’obfcuritré ; répandant, lorfqu’on l’humeéte,
une odeur fétide j fe:décompofaut à l’air, & donnant,
par la chaleur-& l’humidité, du-gaz hydrogène
phofphuré. Il réfui te de fa decompofitipn
lente du phofphate de baryte. Ge compofé mérité
d’être étudié avec plus de foin qu’il ne l’a encore
été.'.
Phosphure de b ism u th . I! paroït qu*il y a
très-peu d’attraélion entre le phofphore "& le Gif.
muth. Pelletier n’a pas pu combiner ces deux corps
par les différens moyens qui ont réufli pour les
autres métaux. Le bifmuth fondu & raffemblé au
fond du creufet dans ces effais n’a pas préfenté de
phofphore à fon examen chimique, & Pelletier,
qui y admet quatre centièmes de ce corps com-
buftible, n’a pu les prouver que par de légères
flammes qui s’exhalent lorfqu’ on chauffe le bifmuth
au chalumeau .On peut croire » d’après cela,
qu’il n’exifte pas de pkofphure de bifmuth.
Phosphure de ch a r b o n ou de carbon e .
On doit donner ce nom à du phofphore contenant
du carbone, & , quoiqu’on ne connoiffe pas encore
cette combinaifon, il y a lieu de croire qu’elle
exifte, foit après l’extraélion du phofphore par le
procédé ordinaire, & furtout par une diftillation
à une haute température, foit dans l’extraélion du
phofphore immédiatement retiré d’une matière
animale, comme celui de la laite de poiffon. A la
vérité, nous n’avons encore reconnu à cet égard
qu’un carbure de phofphore dans le charbon, qui
refte après l’incinération de cette matière animale.
Ce carbure eft l’oppofé du phofphuré dont je parle
ici, & fi le premier commence à être bien connu
par nos expériences, il y a lieu de croire que le
fécond pourra l’être lorfqu’on l’ examinera avec
foin. ( Voye%, dans le Supplément de ce Dictionnaire*
les articles CARBURE & LAITE DE POISSON. )
Phosphure de ch a u x . La chaux fe combine
bien avec le phofphore. En chauffant immédiatement
la terre en poudre avec le phofphore, foie
dans un creufet » foit dans un tube de verre qu’on
plonge à travers des charbons ardens, il en réfulte
une maffe grenue brune-rouge, qui, lorfqu’on la
jette dans l’eau, pétille, répand une odeur aMiacée
fétide , & produit une effervefeence continue,
dont les bulles, à mefure qu’elles fe brifent dans
l’air, y projettent une flamme vive & d’un blanc-
jaunâtre. C ’eft donc du gaz hydrogène phofphuré
qui fe forme par la décompofition de l’ eau due au
phofphuré calcaire : aufli trouve-t-on enfuite du
phofphate de chaux au fond de la liqueur. Ce
pétillement & cette effervefeence durent plufîeurs
heures : on les renouvelle & on les augmente
beaucoup par l’agitation.
Il fe dégage une' fi,grande quantité de ce gaz dans
cette opération, que M. Raymond , mon élève &
profeffeur de chimie à Lyon, où il rend de grands
fervices aux arts & furtout à la teinture, a donné
ce procédé pour obtenir facilement & abondam-
! ment le gaz hydrogène phofphuré.
: Comme le procédé décrit par ce chimifte inte-
reffe la pratique de la chimie autant que la théorie
de la fcience , je crois devoir donner ici le Me-
moire de M, Raymond * tel qu’il a été inféré dans
les Annales de Chimie en juillet 1791, tome X , f
page 19.
pe V aCtlon de la chaux & de quelques oxides métalliques
fur le phofphore lorfqu'on y ajoute une trèspetite
quantité a eau. Par M. Raymond.
« M. Gengembre eft le premier qui ait annoncé
aux favans, qu’en faifant bouillir une diifoiution'
dé potaflfe fur le phofphore, il fe produifoit un
gaz particulier qui avoit la propriété de brûler • j
par le feul contaét de l’air, & auquel les chimiftes
Français Ont donné le nom de gar hydrogène pkof-
phoré. Tous fe font empreffés à l’envi de répéter
le procédé indiqué par M. Gengembre j mais aucun,
que je fâche, n’a encore tenté de le varier en
fubftituant à la potaffe d’autres bafes alcalines ou
terreufes, ou bien encore différens oxides métalliques
; de forte que fi la fcience a gagné quelque
chofe relativement à^cette découverte, c'eft bien
moins, jufqu’à préfént, dans fa théorie, que dans
la polîeflion d’une nouvelle variété de fluide élaf-
tique plus propre à fervir de fpeêtaclé dans les
cours de chimie, qu’à reculer véritablement les
bornes de cette fcience. C ’eft donc pour rendre à
l'avenir l’hiftoire du gaz hydrogène phofphoré
plus utile plus intéreflfante, que j’ai tâché de
l’obtenir par d’autres moyens qu’ il étoit fans doute
facile de foupçonner, mais dont, je le répète,
aucun chimifte, à ma connoiffance, ne s’eft point
encore avifé de fe fervir.
» Parmi ces moyens, qui tous m’ont offert quelques
traits de lumière, il en eft un furtout qui a le
plus fixé mon attention , & fur lequel je dois in-
flfter particuliérement, parce qu’à l’avantage qu’il
a de jeter un plus grand jour fur cette partie de la
fcience, il joint encore celui de fournir abondamment,
& à peu de frais, cette fubftance éminemment
combuftible, que l’on connoît fous le nom
de gaz hydrogène phofphoré. Ce moyen , qui eft on
ne peut plus Ample, confifte à faire un mélange
de deux onces de chaux éteinte à l ’air, d’un gros
de phofphoré coupé par petits morceaux, & d’une
demi-once d’eau : on réduit le tout en une pâte
molle, que l ’on met promptement dans une petite
cornue ae grès ( 1 ) , & à laquelle on adapte un
Ci) Je con feille ici l’emploi .des cornues de grès de préférence
aux cornues de verre , parce que ces dernières font
tres-fujères àfe brifer sitôt que les premières portions du gaz
hydrogène phofphoré qui fe forment, viennent à fe trouver
en conta& avec l’air atmofphérique qu’elles contiennent : la
combuftion qui s’opère alors dans leur intérieur fuffit prefque
toujours pour les faire éclater, ou bien fi cet effet n’a pas
lieu , il fe fait communément à la place une abforption qui
s oppofe plus ou moins aux fuccès de l’opération. Il fuffi-
roit, je-crois, pour empêcher ce-dernier accident, d’emplir
avant tout la cornue d’un gaz qui ne put point fervir à la
combuftion, & choifir par préférence le gaz hydrogène.
Cette précaution n’eft peut-être pas à négliger j car il eft
de fait que fi la quantité d’eau fe trouve en excès dans le
tûelange, il en réfulte alors deux inconvéniens : le premier
Chimie. Tome V .
tube recourbé,dont le diamètre intérieur ne doit
pas avoir plus d’une ligne & demie, & qui, par
une de fes extrémités, doit plonger fous une cloche
pleine d'eau dans une cuve hydro-pneumatique.
L’appareil ainfi difpofé, & les jointures étant parfaitement
lutées, on procède alors à la diftillation,
en ayant, foin de donner le feu graduellement. A
peine la cornue commence à s’échauffer, qu’ il s’en
dégage prefqu’auflitôt du gaz hydrogène phofphoré.
» Ce dégagement dure long-tems, & l’on peut
en recueillir jufqu'à la valeur de trois pintes au
moins lorfqu’on a employé les dofes que j’ai données
plus haut. Le réfidu de l’opération, examiné
enfuite par les réa&ifs appropriés, préfente exactement
les mêmes caractères que leîphofphate natif
de chaux. Il n’y a donc pas de doute que l’eau ne
foit décompofée dans cette circonftancej que l’un
de fes principes, je veux dire l’oxigène, ne foit
employé à l’acidification du phofphore, qui, s’unifiant
alors à la chaux, forme avec cette bafe du
phofphate calcaire , tandis que l’hydrogène, autre
principe de l’eau, fondu par le calorique & enlevant
avec foi une portion de phofphore extrêmement
divifé, paffe, à la faveur du tube, fous les
cloches qu'on a difpofées pour le recevoir dans
l’état de gaz hydrogène phofphoré.
» C’eft cette portion de phofphore dans un état
de divifion extrême, qui, étant tenue en diffolu-
tion dans ce gaz, fert à l’allumer, & lui donne,
comme l’on voit, la propriété qu’il a de brûler
par le feul contaCt de l’air ; aufii eft-il démontré
qu'il fe forme toujours dans fa combuftion, non-
feulement de l’eau, mais aufli un peu d’acide phofphorique.
û Le gaz hydrogène phofphoré ne conferve pas
long-tems cet état parfait de combuftibilité qui
fert à le cara&érifer j car à mefure que le phofphore'
fe condenfe fur les parois du vafe qui le
contient, il perd infenfiblement cette propriété,
& repafl’e bientôt à l’état de gaz d’hydrogène fini-
pie. Je ferai cependant remarquer que cet effet n’a
lieu qu’à la longue, & qu’il en refte toujours quelques
portions qui font encore dans l’état de gaz
hydrogène phofphoré, c'eft-à-di-e , fufceptibles
de s’enflammer par le feul contaét de l’air. Cette
obfervation eft de la dernière importance, afin de
prévenir les accidens terribles qui pourroient ré-
fulter fi, comme je l’ai fait ( 1 ) , on s’avifoit de
èft le peu de gaz hydrogène phofphoré qu’on obtient dans
ce cas ; le fécond, qui n’eft pas fans danger, eft que l’eau
furabondante venant à fe vaporifer , entraîne toujours avec
elle une petite portion de chaux, quelquefois même de
phofphore , qui, fe décompofant couches par couches dans
l’intérieur du tube, finiffeut enfin par l-’obftruer.
- (1) Il n’y a pas long-tems qu’ayant confcrvé l’efpace d’un
jour du gaz hydrogène phofphoré dans un flacon parfaitement
fec, afin de m’aflîirer quelle pouvoir être la durée de
fa permanence dans cet état, j’en fis crever le foir plufieurs
bulles à la furface de l’eau, qui ne donnèrent aucun figne
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