
ne peut jamais fervir à difpofer ces compofés dans
un ordre nature! > qu’elle ne fera jamais propre
à en faire connoître la nature intime ou la compofition
5 qu’elle n’eft même fufceptible de remplir
fou objet qu’autant qu’on réunit', dans la
définition de chaque pierre, l’expofé fidèle de
toutes les propriétés qu’elle préfente , & que,
fans cette réunion, on rifque continuellement de
confondre les compofés pierreux, foit avec des
matières faünes, foit avec des compofés métalliques
, comme cela eft arrivé aux plus habiles nom.
nclateurs, de forte qu’elle ne pourra jamais
être regardée que comme une méthode approximative.
C’eft véritablement une table deftinée à
faire trouver l’objet qu’on cherche à connoître,
& qui ne doit jamais difpenfer d’en étudier les
propriétés 6c la nature intime, fi l’on veut fa voir
qu’elle eft la matière qu’on examine, & s’élever
furtout jufqu’à la détermination des ufages auxquels
les pierres peuvent être employées avec
fuccès,
§. III. Des fyfièmes lithologiques , fondés fur la
nature ou la compofition des pierres.
C’eft fans doute parce que l’étude des propriétés
phyfiques ou des caractères extérieurs des
pierres fit bientôt voir aux lithologiftes que ces propriétés,
loin de conduire à la connoifîance exaéte
de ces fofliles , n’étoient fufceptibles que défaire
naître de fauffes idées & des erreurs fur leur compofition,
que plufieurs d’entr’eux conçurent le
projet de les claffer d’après le genre de leurs com-
binaifons, d’après, leur nature intime. Cronftedt
eft le premier qui exécuta ce plan , & qui pro-
pofa d’établir entre les pierres des diftinÇlions fondées
fur la nature & la proportion des principes
qui les conftituoient.
Cette belle idée , qui fait le feul fondement
réel & la feule bafe folide de la lithologie, qui de
l’art feul ou même de la routine de les reconnoî-
tre & de les nommer, l’élève à une véritable
fcience , cette belle idée , depuis le premier mi-
néralogifte fuédois qui en a tracé une ébauche , a
occupé beaucoup de chimiftes qui ont contribué
les uns après- les autres à l’étendre, à la perfecr
tionner J,à la compléter , & ce grand travail n’eft
pas encore terminé , malgré les nombreufes recherches
qui fe font fuccédées fans relâche depuis
Cronftedt jufqu’à nos jours. Ç ’eft à cette fuite de
recherches faites depuis le milieu du.dix-huitième
fiècle pour analyfer les pierres & pour conftruire
un véritable fyftème lithologique, que l’on doit
un grand nombre de découvertes à l’aide defquelles
on a peu à peu rectifié les opinions des minéralo,-
giftes, 6c ôté de la claffe des pierres une foule de
lubftances faünes ou métalliques acidifères.
. La route ouverte par Cronftedt a été parcourue
çnfuite avec, un grand fuccès .par Bergman , par
M- Kirwan & par de Born. Ces illuftres favans ,
en portant le flambeau de la chimie dans l’étude,
des minéraux en général 8c des pierres en particulier
, ont établi, des fÿftèmes lithologiques dans
lefquels les pierres font rangées d’après le principe
terreux dominant dans chacune d’elles. Ainfi l’on
concevra facilement qu'il eft poflible, en prenant
pour caractère chimique la matière ter-reufe la
plus abondante dans les pierres, d’en former autant
de genres qu’il y a de terres qui peuvent en
effet en conftituer la bafe > ainfi Ton entendra ce
que Betgman & M. Kirwan ont nommé genre fi-
liceux, genre alumineux, genre magnéfien , genre
calcaire , genre barytique. On ira même plus loin
qu'eux par la penfée, en admettant comme pof-
fibles. les genres zirconien , gluclnien , ftrontia-
nique.
Un défaut, pour ne pas dire une erreur, que
quelques habiles minéralogiftes n’ont pu éviter,
parce qu’ils fe font laide entraîner »par les opinions
habituelles de ceux qui les avoient. précédés, &
parce qu’ils n’ ont pas renfermé leur marche dans
la limite févère.que la méthode preferit impérieu-
fement aujourd’hui à ceux qui la fuivent, c’eft
qu’ils ont confondu parmi les pierres, en prenant
ainfi pour type de chaque genre une terre particulière,
la plus grande partie des compofés ravin s
que les minéralogiftes modernes, éclairés à la vé-^
rite par les analyfes rigoureufeç qu’on a faites depuis
peu, rangent dans une ciaffe à part de leur
fyftème fous le nom de fbfiances acidifères, &
l’on verra plus bas qu’il eft encore plus néçeffaire
d’ifoler ces corps d’avec les pierres, dans un traité
dechimie.
Les fÿftèmes lithologiques dont il eft ici quef-
tion ne peuvent être encore regardés que comme
des effais , puifqu’il s’en faut de beaucoup qu’on
ait pouffé affez loinTanalyfe des pierres pour pouvoir
comparer la nature de chacune d’elles, & les
difpofer conféq.uemment toutes dans une férié déterminée
par l’ordre dé leur compofition. C’eft
pour cela que, malgré les efforts des trois auteurs
cités ci-dçfîus parmi les modernes , il n’y a encore
aucun rapport, aucun lien entre lés notions reçues,
les noms donnés aux compofés pierreux & la nature
feulement entrevue de ces fofliles.
Si l’on compare aux méthodes, tirées des propriétés
phyfiques les fÿftèmes lithologiques bafés
fur la compofition & la nature appréciée des pieir
res , en recoonoiffant que ces derniers font les
feuls capables de donner une véritable çonnoif-
fance de çes productions de la nature, ainfi que
des lois qu’elle fuit dans leur formation , dans
leurs altérations , dans la création de leurs variétés
on fendra néanmoins que ces.fÿftèmes n’auront
jamais J’ufage des premières méthodes ; qu’ils
ne fourniront jamais les moyens de diftinguer les
pierres les unes des autres à rinfpeétion, d’apprendre
à déterminer à l'oeil leurs efpèces ; & qu’ainfi
! ces deux genres de confédérations doivent être af-
| fociés l’un à l’autre pour édifier le fyftème de claf->
fifiçatiog
fification régulière despierres3 8c la méthode propre
à les faire reconnoître. Telle eftaufli la marche
adoptée dans l’état aCtuel de la fcience minéralogique
, marche dont il eft utile d’expofer ici
une légère efquiffe.
J. IV. De la difiinBion dès pierres, admife dans ces
derniers tems par Vécole minéralogique franfaife.
Autrefois le nombre des fofliles qu’on compre-
noit dans la clafle des pierres, étant beaucoup plus
confidérable, on avoit établi des genres 6c des
efpèces dans cet ordre de fubftances, & on avoit
fondé cette diftribution , tantôt fur la nature in-
time ou les propriétés chimiques » tantôt fur les
propriétés apparentes ou phyfiques feulement,
quelquefois même fur la réunion des unes 6c
des autres. Aujourd’hui l’ordre nouveau qu'on
adopte en minéralogie excluant du nombre des
pierres toutes les terres ou bafes en général contenant
des acides , 6c préfentant celles-ci én particulier
fous le nom de fubfiances acidifères, les
minéralogiftes français ne regardent comme vraies
pierres, & ne comprennent feus la dénomination
de fubfiances terreufes que de purs affemblages ou
combinaifons de terres entr’elles. Aufli le nombre
de ces combinaisons naturelles qui confticuent les
pierres fe trouve tellement diminué, qu’il n’eft
plus néçeffaire d’y établir des genres, ni toutes
les diftinCtions qui étoient autrefois indifpenfa-
bles.
C’eft pour cela que, dans la dernière méthode
adoptée par l’école des minés de France , 6c pré-
fentée par M. Haüy dans l’extrait de fon Traité
élémentaire de Minéralogie, l'analyfe n’ayant point
encore fuffifamment éclairé fur le nombre 6c les
proportions des terres effentielles à chacune de
ces fubftances, ce favant s’eft borné à en préfenter
la férié fans la fubdivifer en genres, & s’eft contenté
de profiter feulement , pour coordonner
cette férié, des rapports 6c des différences de nature,
que l’on peut eftimer par apperçu entre les
fubftances qui la conftituent.
Suivant cette marche, il a diftingué quarante-
cinq efpèces de fubftances terreufes compofées, ou
de pierres fous des noms en partie anciens & en partie
nouveaux, ceux-ci fondés fur les propriétés mieux
connues de ces corps. Ces quarante-cinq fubftances
font fuccêflivement placées dans l’ordre fui-
vant :
1®. Quartz.
2°. Zircon.
3°, Téléfie.
4°- Cymophane.
$°. Spinelle. 6°. Topazé. 7°* Emeraude.
8°. Euclafe.
9°. Grenat.
Chimiz. Tome K*
ioé. Amphigène.
i i ° . Idocrafe.
i i ° . Méconite.
130. Feld-fpath.
14°. Corindon.
iy°. Pléonafte.
160. Axinite.
170. Tourmaline.
180. Amphibole.
190. ACtinote.
20°. Pyroxène.
2i°. Staurotide.
22°. Épidote.
23°. Sphène.
240. Wernerite.
25°. Diallage.
l 6°. Anatale.
27°. Dioptafe.
28°. Gadolinite.
290. Lazulice.
30°. Méfotype.
31°. Stilbite.
3 2°. Prehnite.
33°. Chabafie.
34°. Analcime.
35°. Néphéline.
360. Harmotome.
37°. Peridot.
38°. Mica.
35>°. Difthêne.
40°. Grammatite.
41°. Picnite.
420. Dipyre.
43°. Asbefte.
44°. Talc.
45°. Macle.
Donnons une courte notion de chacune de ces
fubftances pieireufes 6c de leurs caractères fpécifi-
ques.
i°. Le quarts , pierre dure, fcintillante, rayant
le verre , à caffure vitreufe, ondulée, brillante ,
ayant la double réfraétion dans fes variétés tranf-
parentes, dont la forme primitive ou le noyau eft
le dodécaèdre pyramidal, & la molécule intégrante,
le tétraèdre irrégulier, très-dur & difficile à tailler,
recevant un beau poli, infufible & apyre ,
phofphorefcent par le frottement, dont la pefan-
teur fpécifique eft entre 2^813 6c 20701. Il eft
nommé criftal de roche quand il eft fous forme régulière
j il préfente un grand nombreole variétés
par fes formes, fes couleurs, les mélanges d’oxides
métalliques. Les noms de fes principales variétés
font, ou des dénominations de couleurs fubftituées
aux anciennes, telles que rouge à l’hyacinthe de
Compoftelle , au rubis de Bohême & an finople ;
violet à l’améthyfte, bleu au faphir d’eau, jaune
Ià la topaze occidentale, vert à laprafe, &c.$ ou
ils expriment les rapports des furfaces, la figure
apparente, tels que ceux de quartz primitif,
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