
la rareté de cette terre & peut-être aufli le peu
d'intérêt -qu'elle a excité parmi les chimiftes , n’ont
pas permis encore d’examiner fa combinai Ton farine
avec l’acide phofphorique. On ne fait autre
chofe.fur ce fel, fi non qu’il exifte une union entre
ces deux corps, conféqtiemment un pkofpkate de
£ircone. ( Voyçç l'article ZiRCONE. )
PHOSPHITES. Les chimiftes ont depuis a fiez
long-tems, fans le foupçonner, commencé à examiner
les phofpkites alcalins & terreux j car en employant
l'acide provenant de la combuftion lente
du phofphore, ils ont cru préparer des phofphates,
& c’écoient véritablement les fels -qui font le fujet
de cet article qu’ils fabriquoient avec cette efpèce
d’acide , comme il eft aifé de le fentir d’après les
lumières de la chimie moderne. C’eft pour cela
que y dans fon Mémoire fur les combinaifons de
l ’acide phofphorique provenant de la combuftion
complète du phofphore, Lavoifier obfervoic, avec
la perfpicacité ingénieufe qui le diftinguoit, que fi
les réfultats qu’il offroit, paroiffoient différens de
ceux qu’avoient déjà donnés d’autres chimiftes,
c’ eft qu’ils avoient opéré fur un acide préparé très-
différemment du lien ; & l’on voit qu’il vouloit
parler de l’acide produit par la lente combuftion
du phofphore plongé dans l’air, le feul qu’euffent
examiné avant lui les chimiftes, tandis qu’il partait
de l’acide phofphorique & des phofphates,
après avoir brûlé rapidement le phofphore par
l’acidè nitrique ou par le gaz oxigène.
Mais, quoiqu’on poffédât quelques faits épars
fur les propriétés des pkofphitesy que leurs auteurs
croyoient être de véritables fels phofphoriques ou
des phofphates,aucun chimifte n’avoit entrepris,
depuis la connoifiance pofîcive fur la différence
des acides phofphorique & phofphoreux, un travail
fyftématique fur ces fels, ni comparé leurs
caractères à ceux des phofphates. C ’eft ce qui m’a
engagé à entreprendre , avec M. Vauquelin, des
recherches fuivtes fur les phofphites, dont aucun
auteur de chimie n’a encore même efquiffé l’hif-
toire, fi l’on en excepte ce dernier chimifte qui a
donné une notice de notre travail dans le quatrième
cahier de l’École polytechnique, pag. f
& fuivantes. Ce fera donc d'après les réfulcats de
nos expériences, que j’en décriai ici les principales
propriétés.
11 eft évident, d’après ce qui vient d’être d it,
que les phofphites, bien peu connus avant notre
travail, n’avoienr point de fynonymes dans la
fcience, & que l’on eft fouvent embarraffé , en
lifant les auteurs qui ont parlé des combinaifons
de l’acide du phofphore, pour favoir s’ils ont fait
l ’hiftoire des phofphates ou celle des phofphites,
puifqu’its Ce font rarement expliqués fur l’efpèce
d’acide qu’ils ont employée, & fur la manière par
laquelle ils l’avoient obtenue.
il faut fe rappeler d’abord ici que l’acide phofphoreux
diffère de l’acide phofphorique par une
moindre proportion d’oxigèneou une plus grande
proportion de phofphore ; qu’il eft formé à une
température plus baffe, &c par la combuftion lente;
qu’on peut le confidérer comme une diSolution
de phofphore dans de l’acide phofphorique, quoiqu’on
ne pyiffe pas le préparer ainfï, parce que la
chaleur qu’on eft obligé d’employer pour tenter
cette diffolution a plus d’attraction pour le phofphore,
que celui-ci n’en a pour l’acide phofphorique,
que c’eft à raifon de cette dernière loi
d’attraCtion que, lorfqu’on chauffe quelque tems
l’acide phofphoreux liquide, il s’en fépare une
vapeur blanche , épiiffe, lumineufe dans i’obfcu-
rité, & qui s’allume à une certaine élévation de
température, c’eft-à-dire , du phofphore volati-
lifé, qui, une fois féparé de l’acide phofphoreux,
le laiffe dans l’état de pur acide phofphorique. Ces
propriétés cara&ériftiques de l’acide phofphoreux
font la véritable fource de celles qui fervent à
diftinguer & à faire connoître les phofpkites ; car
il eft bien prouvé jufqu’ici, que les caractères des
genres de fels font tirés, comme leur claflîfica-
tion, des acides qui entrent dahs leur compofi-
tion, quoique mo difiés par les bafes auxquelles ils
font unis.
On n’a trouvé jufqu’ ici aucun pkofpkite dans la
nature ; ils font tous le produit de l'art. On les
prépare en unifiant directement les bafes, tantôt
folides , tantôt diffoutes dans l’eau, avec l’acide
phofphoreux, en faifant évaporer leur diffolution
lorfqu’ils font fufceptibles de criftallifation, ou en
les lavant bien lorfqu’ ils font indiffolubles. Plufieurs
font fufceptibles d’être formés par l’effet
des attractions doubles, en mêlant quelques diffo-
lutions de phofpkites avec des diffolutions de fels
nitriques ou muriatiques dont on veut faire porter
les bafes fur l’acide phofphoreux des premiers.
Quoique les phofpkites aient quelque reffem-
.blance & quelques propriétés communes avec les
phofphates, ils en offrent cependant plufieurs de
très-différences & de vraiment caraCtériftiques.
Leur forme, quand ils font fufceptibles d’en prendre
une régulière, eft toujours plus ou moins différente
de celle des phofphates de la même bafe.
Leur faveur n’eft pas la même. Celle des phofphites
a toujours quelque chofe de fétide, d’âcre & d’alliacé
qu’on ne rencontre pas dans les phofphates.
Tous les phofphites font fufibles ; tous donnent,
quand on les chauffe dans des vaiffeaux fermés,
un .peu de phofphore, & paffent ainfi à l’ état de
phofphates fondus. & alors inaltérables. Au chalumeau,
tous fe fondent en un globule vitreux,
tranfparent ou opaque, & tous répandent dans leur
fufion, même fur un fupport incombuftible, une
lumière phofphorique, fouvent même des jets de
flamme'accompagnés d'une forte odeur d’ail, &
d’une vapeur ou fumée blanche épaiffe qu’on n’ob-
| ferve point dans les phofphates. Ils font, après
! cette vitrification au chalumeau , convertis en
phofphates moins abondans que les phofpkites d’où
ils proviennent, comme ceux qu’o|i a chauffés dans
des vaiffeaux fermés.
Les phofphites n'éprouvent point d altération de
la part de l’oxigène atmofphérique, & ils ne l’ab-
forbent point pour fe changer en phofphates,
comme les fui fîtes fe changent en fui fa tes. Iis fe
comportent diverfement, fuivànt les éfpèces par
rapport à l’eau qu'ils enlèvent à l’air, ou par rapport
à celle qu’ils lui cèdent.
Ils ne font pas plus décompofés que les phofphates
par les corps combuftibles. 11 ne faut pas
confondre ici la portion de phofphore qui s en
fépare par la feule aCtion du calorique, avec celle
que les corps combuftibles dégagent de l’acide
phofphorique libre. Il n'y a rien de plus dans cette
décompofirion partielle qu’éprouvent les phofphites
chauffes avec des corps combuftibles /que dans
celle qu'ils fubiffent quand on les chauffe feuls.
Cela doit arriver, puiiqu'après avoir perdu cette
portion de phofphore, ils font devenus des phofphates.
Les uns font très-diffolubles dans l’eau , d’au- ;
très le font foiblement, & d’autres ne le font point
du tout. Plufieurs font plus diffolubles à chaud ou
à froid, & fe criftallifent par le refroidiffement.
Souvent ils réduifent les oxides métalliques par le
feul contaCt, ou en les chauffant avec ces corps ;
alors ils paffent en même^ tems à l’état de phofphates
par l’oxigène qu'ils enlèvent à ces oxides.
Les phofphites font décompofables prefque tous
par les acides connus juftju’ic i, & même par quelques
uns de ceux beaucoup plus foibles que l’on
trouve dans les végétaux ; ce qui prouve que l’acide
phofphoreux a beaucoup moins d’attraCtion
pour les bafes, que n’en a l’acide phofphorique.
Ce dernier lui-même en dégage l’acide phofphoreux
, mais bien moins fenfiblement que ne font
les acides fuifurique & nitrique à l’egard des ful-
fites & des nitrites, ni avec effervefcence comme
ceux-ci. Il eft plufieurs phofphites que l’acide phofphoreux
rend plus diffolubles, auxquels ii adhère,
& qu’il porte à l’état de phofphites acidulés. L’acide
nitrique & l’acide muriatique oxigéné con-
vertilïent, au moment de leur union, les phofphites
en phofphates plus abondans.
Les bafes terreufes & alcalines ont un autre
ordre d’attraCtion pour l ’acide phofphoreux, qu’elles
n’en ont pour le phofphorj^ue ; conféquem-
ment les phofphites (rivent d’autres lois de décomposition
que les phofphates. La chaux & la ma-’
gnéfie font ici fupérieurs aux alkalis fixes par leur
attraction, comme on l’a vu pour l’acide fulfu-
ieux, & la baryte le Cède à la chaux.
Ils décompofent'en généralJes autres fels terreux,
excepté ceux qui ont la même bafe qu’eux.
Ils (ont changés en phofphates par l'aCtion des
tjftrates &r des muriites furoxigénés, avec lcfquels
fis détonent à l’aile de la chaleur. Le muriate
furoxigéné de potafie les brûle avec flamme, &
détofïe .avec eux par la feule pereuffion, en raifon
du phofphore excédant qu’ils contiennent.
Ils réduifent fouvent à l’état métallique, ou rapprochent
plus ou moins de cet état les oxides dif-
fous dans les acides.
Ils ne font encore d’aucun ufage.
J’en oiftingue onze efpèces de phofphites terreux
& alcalins, & je les place dans l’ordre fui-
vant, relatif au rang des attractions des bafes pour
l'acide phofphoreux.
rp. Phofphite de chaux.
1°. Phofphite de baryte.
3P. Phofphite de ftrontinne.
4°. Phofphite de magné fie.
5°. Phofphite de potafie.
6°. Phofphite de foude.
. 70. Phofphite d’ammoniaque.
8°. Phofphite ammoniaco-magnéfien.
9°. Phofphite de glucine.
10*. Phofphite d’alumine.
l ï ° . Phofphite de zircone.
Quoique la plupart des phofphites métalliques
paroiffent avoir des propriétés analogues à celles
des phofphites terreux & alcalins, ils font encore
trop peu connus pour qu’il foit pofiible de les
car^Ctirifer dans leur enfemble , & de déterminer
l’ordre d’attraCiion qui exifte entre les divers oxides
métalliques & l’acide phofphoreux. Audi Bergman
, qui a donné, dans fa Tafle des attractions ,
beaucoup d’affertions hafardées fur les attractions
de l’acide phofphorique pour les oxides des métaux
, n’a-t-il rien dit fur celles de l’acide phol-
phoreux..
Pho.sphite d’âlumine. Aucun chimifte n’a
encore parlé de ce fe l, & il n'a pas reçu d’autre
nom que celui que la nomenclature méthodique
lui aiiîgne. On n’en connoïc encore qu'imparfaite-
ment les propriétés. 11 a une faveur ftyptiqse très-marquée. Il ne
prend point de figure criftalline, mais feulement
la forme & la conliftance épaiffe & vifqueufe dçs
| gommes ramollies, ou qui paffent de l’état liquide
| à l’état fohde en fe féenant à l’air. 11 eft entièrement
inconnu dans la nature.
x On le fait de toutes pièces en combinant directement
l’acide phofphoreux avec l’alumine; on
évapore fa diffolution jufqu’à lui donner le degré
de confiftance qu’on defire qu’elle ait.
Tf fe bourfoufle au feu moins que l’alun ; il exhale
du phofphore ou des lueurs phofphoriques;
il ne prend point la forme vitreufe aufli bien que
les phofphates, mais il conferve la légéreté & le
volume confidérable qu’il avoit acquis en fe bour-
fouflant.
Il n’attire point l’humidité de l’air.
Il eft diffoluble très-facilement dans l’eau ; on
ne peut pas faire criftaîlifer fa diffolution.
Toutes les bafes terreufes & alcir.es décompo-
fent le phofphite d'alumine, & précipitent cette