
tems foute nu , puis on la traite par Tacide nitrique.
Le fer s’oxide en rouge > & ne fe diffout pas.
Par la filtration on le fépare » enfuite on fait rapprocher
la liqueur pour enlever l’acide qui n’eft
point en combinaifon réelle ; alors, en l’étendant
d’eau & y verfant du phofphate de foude, on,
forme du phofphate de cobalt 3 qui fe dépofe fous,
la forme de flocons d’un violet-foncé. Une pairie
de mine donne une demi-partie de phojpkate de
cobalt ; on en retire suffi la même quantité d’arfeniate
: de là on peut facilement eftimer le prix
du bleu, foit à bafe d’arfeniate, foit à bafe de
phofphate. Le premier cotiteroit au fabricant, depuis
vingt francs jufqu’ à vingt-neuf francs les cinq
he&ogrammes ; vingt-neuf francs s’il étoit formé
de parties égales d’alumine & d’arfeniate j vingt-
trois francs fi la quantité d’alumine étoit double
de celle de l’aifeniate, & vingt fi elle étoit ttiple.
Le fécond ne coûteroit prefque pas davantage,
parce qu’il peut contenir un tiers plus d’alumine
que le premier, & être auffi intente & même plus;
intenfe que lui.
»Ces divers réfultats, quoique très- fatis fai-!
fans, me laiflfoient encore beaucoup à délirer.;
Mes recherches euffent été prefqu’infruétueufes
fi ces couleurs, belles en apparence , n’ei:lfent|
point été d’un bleu parfait , & fi à un emploi
facile elles n’euffent point réuni la propriété
d'être inaltérables. MM. Vincent & Mérimée,
dont les confeils m’ont été fi utiles , ont bien
voulu en faire un grand nombre d’effais , foit
la gomme, foit à l’huile >; tous ont réuffi au-delà
de leurs efpérances. On peut juger de leur beauté!
par ceux que j’ai eu l’honneur de mettre feus les
yeux de la clafife. L’un de ces eflais, qui eft d’outremer
de première qualité , diffère fi peu des autres
, qu’il eft prefqu impoffible de le reconnoî-
tre ( i) . Je ne fais fi leur folidité fera auffi grande
que leur éclat eft frappant ; le tems feul peut le-
prouver, mais tout femble nous;le promettre. Ex-
pofé depuis deux mois à une lumière vive, ils;
n’ont fubi jufqu’à préfent aucune efpèce d’altération
y leur couleur , dans fon état de pureté, n’eft
attaquée à la température de l’atmofphère , ni par.
l'acide muriatique oxigéné, ni par aucun des acides
connus, non plus que par les alcalis & l’hydrogène
fulfuré. O r , fi on confidère qu’il n’exitteî
pas dans la nature de corps plus deftru&eurs que;
ces agens auxquels elle rélîfte, que l’art n’en crée
pas de plus puiflans ; fi on obferve d’ailleurs que
foixante jours d’expofition au foleil doivent produire
plus d’effet que plufieurs années dans l’ombre,
on fera forcé de convenir au moins qu’on
peut concevoir les plus jurftes efpérances >.& qu’on
(1) Les eflais à l’huile d’outremer à eent francs Ponce, &
de. bleu à bafe d’arfeniate & de pbofphate, ne peuvent fe:
diftinguer ; mais fi, au lieu d’huile, on emploie de la gommé
„ ik déviennent moins, difficiles, à recoondître ceux
d’outremer font alors un peu glus, intènfes que les autres..
a le droit de dire que, fi les expériences ne font
point ehcore a fiez décifives pour convaincre
l’homme Cage , celui qui ne juge jamais fans examiner
avec attention, elles font néanmoins plus
que fuffifantes pour le perfuader.
P h o s p h a t e de colombium : fel encore inconnu,
parce que le métal eft lui même à peine
diftingué des autres, &: à peine fournis à quelques
expériences caraétériftiques.
Phosphate de cuivre. Cette combinaifon
faline eft encore bien peu connue quoiqu’elle in-
térefle les chimiftes , puifque te contaèt de l’acide
phofphorique & des phofphates avec le cuivre leur
offre, par la fréquence, des faits dont ils doivent
obferver & connoître les réfultats. Voici ce qu'on
fait fur cet objet.
L’acide phofphorique, en féjournant quelque
tems fur le cuivre, favorife l’oxidation de ce métal
par l’eau & par l’ air ; fa furface fe recouvre
ainfi d’une croûte verte de phofphate de cuivre peu
diffoîtibîe. On obtient fur-le-champ ce fel en verfant
les diffolutions des phofphates alcalins dans
celles de cuivre par les acides fulfurique & nitrique.
ïl fe fait alors une double décompofttion ,
l’ acide phofphorique fe porte fur l’oxide.de cuivre
, avec lequel il conftitue un précipité de phof-
pkate cuivreux verdâtre, prefqu’ indifloluble. Ce
fe l, qui n’a point encore été examiné, donne1,
lorfqu’on le chauffe avec du charbon dans un creu-
fet, un phofphure de cuivre gris, brillant, aigre
& ifès-dur. Cette combinaifon fe trouve fouvent
en grenailles dans le réfidu de la diftillation du
phofphorë , parce qu’on fait ordinairement évaporer
la leffive d’acide phofphorique dans des
vaiffeaux de cuivre. L’oxide de ce métal, fondu,
avec de l’acide phofphorique vitreux , donne des
verres tranfparens , d’une couleur verte ou d’une
couleur brune, fuivant Fétat d’oxidatiori du métal.
Phosphate d‘étain- On ne connoît prenne
| point encore cette combinaifon faline ; oh‘ fait
feulement que les phofphates alcalins folublés pré-
j cipitent le muriate d’étain en une pouffièrè blan-
j ch e , dont on n’a point examiné les propriétés;
î que l’acide phofphoriq'je liquide n’agit pas fenfi-
blement fur ce métal, & que , lorfqu’on chauffe
de l’acide phofphorique vitrifié avec de l’étain en
! poudre ou en grenailles , il fe forme d’une part un
, phofphure d’étain , & de l’autre un phofphate d‘é-
\ tain vitrifié. ( Veye^ ianicle Eta in . )
! Phosphate de fer. C ’eft un fel dont Phif-
J toire & les propriétés font très-importantespuif-
I qu’il exifte dans la nature parmi les mines limo-
; neufes,. puifqù’iî fe forme fans ceffepar le conta<5!
] de ce métal avec lés liqueurs animales, puifque
j furtout il donne par fa réduction avec le charbon,
j fpéciaïemeBt dans le traitement en grand des mi'
nés oû il fe rencontre, du phofphuré de fer qui
donne à ce métal la propriété caftante.
Bergman, qui en avoit. reconnu quelques propriétés
, l’avoit nommé [idérite oa fer d’eau, parce
qu’il le croyoit un métal particulier, Àyant.traité
aftez en détail de ce fel à l'article Fe r ,, je me
contenterai de rappeler ici qu’il fe forme conf-
tamment lorfquele fer eft en contaét avec l’urine
qu’il fe préfente fouvent fous la forme d'une
poudre blanche ou grife, infoluble.;, qu’il. fe précipite
ainfi des diflblutions fulfuriqu.es déferla
l’aide du tems, & que, chauffé avec le charbon,
ilfeconvertit en phofphure. (Voye^ ïarticle¥î,Kf)
Phosphate de fêr natif. Outre la.portion
de phofphàte de fer qui fe .rencontre prefque toujours
mêlé dans les mines limorieufés de ce métal ,
& qui donne fouvent lieu à des fers.de mauvaife
qualité dans, le traitement de ces mines, il exifte
du phofphate natif de ferpnx & plus ou moins bien
criftallilë.' On en connoît de pareil dahs le Bréfil,
près de Nërès dans T Allier & à i’ Iflerde-France.
J’ai donne en 1803 un Mémoire aftez détaillé fur
ce dernier métal j je l ’inférerai ici dans fon entier
comme pouvant contribuer aux progrès'de la chimie
minéralôgiqûé.
Mémoire fur un nouveau mirtèràl de l'lfie-de France ,
reconnu par l’analyfe poùr un véritable 'phofphate
de fer pur & crijlallifé ; par M, Fûurcroy. ' '
§. 1er. Introduction , hijioire du minéral, premiers
ejfais.
Quelques progrès qu’ait faits la minéralogie,,
furtout d’après les dernie rs travaux des- célèbres
profefteurs Werner & Haüy, quelque clarté &
quelque profondeur que ces habiles minéralogiftes
aient portées, dans la connoiftancë des minéraux
par l’examen ;de leurs caractères apparens & de.
leurs propriétés phyfiques, ils ne font point encore
parvenus à déterminer, par ces feuls caractères.,
la nature intime des foffiles qu’ils voient
pour la première fois. La description la plus
exaCte n’ apprend rien fur la compofition des minéraux
, & lorfqu’on veut par elle prononcer a
priori fur cette compofition, pn ne peut éviter les
erreurs. C’eft ainfi qu’un prétendu mica vert des
minéralogilies a C|ffcrt aux chimiftes l’oxide du
nouveau métal nommé u^ane ; que l’ancien fçhorl
rouge du Limoüfïn eft un autre métal nommé titane
j que le wolfram eft un tungftate de fer. C’eft
ainfi que la chryfolite, rangée long-rems parmi
les pierres précieufes, ks gemmes ou les tourmalines
, d’après fes caractères extérieurs, a ét.é rer
connue pour du phofphate de chaux criftallifé.
C’eft encore ainfi que le fchorlbleu du Dauphiné,
l’oifanitede quelques minéralogiftes, ou l’anatafe
de M. Haiiy, a été rapproché s d’après l’analyfe,
des oxides de titahe auxquels il appartient , quoiqu’on
ne pût tirer aucune indication de cette
nature par fes caractères extérieurs. Sans analyfe
chimique auroit-on trouvé, par les propriétés
phyfiques, que le rubis, l’émeraude , la topaze
le faphir d’Ôrient ne font que de l’alumirie, & le
diamant que du carbone criftallifé; que le quartz
cubique des minéralogiftes eft un borate de tm-
gnéfie j que quelques feldfpaths contiennent de
. l’alcali fixe,; que le/prétendu grenat blanc du Vé-
;fuy.e ou la le licite, ainfi que plufieurs produits
volcaniques , recèle iufqu’à un cinquième de fon
poids de potaffe dans fa compofition ; qu’il en
eft de même de plufieurs ftéatites ; que la terre de
Baudiflero , regardée fi long-tems comme une argile,
n’eft prefque, que de la magnéfie. 11 me fe-
roit trè,s-aifé de prouver que la plupart des minéraux,
actuellement bien déterminés par les expériences
chimiques , ont été pris d abord par les
minéralogiftes pour d’à'utres, fûbftances que ce
qu’ils font, & que, fans la chimie, lés dénominations
& les claffifications minéralogiques n’euftent
été que des erreurs & dts(méprifes continuelles.
Prefque tous les Tels terreux , ks carbonates, les
fu lfa te s le s phofphates, ks ftuates, les tungf-
tates, 8cc. de chaux , de baryté » de nrôntiàne,
tous les fels métalliques fans exception , kroient
toujours reftés dans la .clafts vague & indpteurni-
née des pierres ou des mines , malgré la àefci ip-
tion la plus pofitive de leurs caraÇteres phyfiques,
fi la chimie n’avoit pas, appris à iépaiçf les- matériaux
conftituans. On fent bien que cette affertion
ne doit diminuer e.n rien du mérite ,éminent des
minéralogiftes modqrnes & du prix qu on doit attacher,
à leurs tràvaux. Ils font eux-mê nés, ,& fur-
tout ceux que j’ai cités, les premiers à invoquer
ïe feepurs de l’analyie,. & ils ne prononcent p vint
fur:1a nature des corps qu’ils ont le plus étudies
& le mieux décrits /fans avoir corifulté les réfultats
des expériences chimiques G’eft même d'a-
près; ce rélultat qu’ils établiffent les premièrés
diftinétions , les plus, utiles claffifications dans
leurs méthodes.
S'il falloit ajouter encore une nouvelle preuve
à celles que j’ai préfentées plus haut pour montrer
que l’afpeét extérieur & l’en femble des. propriétés
apparentes ne fuffifent pas pour la détermination
des foffiies, eile.pourroit être tirée de l’hif-
toire du minéral qui fait le fujet de ce Mémoire. ;
. Ce minéral lameileux , fragile <k, d’un bleu-
foncé, a été donné d’abord à M. Geoffroy par
M. Roch , ancien chirurgien & propriétaire à
l'ïfle-de France. A fon arrivée de cette colonie,
deux morceaux d’un volume aftez gros , l’un deux
, roulé & arrondi, ont été placés dans la collection
des galeries, & un fragment de quelques grammes
m’a été remis aufti par M. Geoffroy pour 1 anajy-
fer. A la vue de ce morceau , formé de lames irrégulières,
allez peu adhérentes les unes aux au-
tres.,-;.£< très-faciles à féparer, quelques nfinéra-
logiftes avoient d’abord penfé que ce pouvoit être
uo fulfite de chaux fali par une matière pulvéru-
Mmm z