
Cufignano & de Varano , quand j'entendis les >
memes bruits que vous ont rapportés les autres}
mais à la diftance d'environ quarante pas, j'ai vu I
tomber un corps de la grofiéur du poing , qui me
parut de la fumée, & qui fouieva beaucoup de
pouffière à l'endroit de fa chute. Je crus que c’é*
toit la foudre, 8c j’envoyai mon fils, occupé à
travailler près de là , reconnoître ce qui étoit
tombé. 11 le rendit fur le lieu, & ayant découvert
le trou , il y plongea la main, qu'il retira de fuite,
fe Tentant brûler , 8c difant qu’/7 y avoit un fer
brûlant. J'accourus à lui avec ma bêche, 8c je retirai
le corps, qui étoit encore chaud, à un demi-
bras (qui correfpond au mètre à 0,2.7258) de
profondeur. Je puis afïurer n'avoir fenti aucune
odeur de foufre, ni vu de globe de feu, ni éclair,
& perionne ne peut dire en avoir vu.
»Dans les trois campagnes déCella, de Pievè&
de Varano, je n'ai trouvé aucun ligne qui indiquât
des ouvertures ou des crevafles nouvelles fur le
fol j mais comme M. l’archiprêtré de Varano, dans
fa lettre adrefiee, par M. le maire de Medefano,
à M. le fubdelégué de Borgo, rapportoit qu'entre
le chai eau de Varano & le Mont-Grollo il avoir
vu , pendant la durée du bruit fourd, un globe
épais de fumée, qui s'éleva dans l’air & qui dîf- -
parut bientôt après, je me déterminai de m’y tranf-
porter pour reconnoître s'il y avoit eu des "ouver-
tures , ou pour détruire l'opinion de ceux qui
attribuoient ce phénomène à une explofion volcanique,
arrivée près de là. ^ :
» J'entre pris ce voyage avec M. le maire de
Medefano. Nous parvînmes à ces horribles cimes ;
entourées de tous côtés d'affreux précipices, &
dont la vue remplilïoit l’ame d'épouvante. Partout
il nous fallut gravir péniblement, comme faifoit ;
le Dante, & comme il fe peint cherchant à s'élever,
par les rentiers impraticables, d'un des plus i
profonds détours de fon enfer.
E profeguendo la folinga via -
Tra le fehegge , e ira rocchi de lo fcoglio ,
Lo piè fenja la mon non Ji jpedia.
» Mais ni mon attention à examiner ces rochers
elcarpés, ni mes foins à les explorer paS à pas,
n’ont pu y découvrir d’ouvertures récentes^ ni des
fubltances bimmi'.eufes ou pytiteufes, ni amas de
pierres qui eût quelque relation , foit avec les
pierres tombées , foit à leurs principaux com-
pofans.
»D'après ces détails, qui établiffent fuffifam-
tnent la vérité & les circonîhnces du phénomène,
je crois devoir donner les caraétères phyfiques, les
caraélères chimiques & l'analyfe de la pierre.
CaraBeres phyfiques de la pierre.
» te s pierres tombées dans les trois campagnes
qui nous occupent, préfentent les'mêmes caracteres
phyfiques que celles qui font tombées dans
les autres parti- s du Globe.
» La pieme que j'ai fous les yeux offre les fui-
vans; fa voir :
» Sa forme eft à peu près un carré aîongé.
»De petites cavités irrégulières 1&: peu profondes
font éparfes a fa furface, & fe trou voient
remplies de terre.
» Elle eft recouverte d’une croûte demi-vitri-
fiée, mince, & qui s'étend également fur tous fes
points. La couleur de cette croûte eft d'un brun
tirant fur le noir, & elle fait feu avec le briquet.
» Sa caflure eft irrégulière 5 là contexture interne
grenue \ les fragmens indéterminés & écailleux.
» A l'intérieur, fa couleur eft cendrée-clain elle
offre beaucoup de points de couleur plus foncee,
des parties métalliques, d'autres lamelleufes, de
couleur blanc-jaunâtre3 d'autres plus petites, glo-
buleufes, de la couleur de l’étain.
»Les parties métalliques lamelleufes ifolées n'ont
aucune aétion fur l'aiguille aimantée 3 mais les glo-
buleufes l ’attirent puifîamment : auffi dès qu’on lui
préfente la furface interne de la pierre, elle exerce
fur elle fa force d’attraélion.
» Elle eft tendre à l'intérieur, 8c fe réduit en
parcelles quand on l'attaque avec le fer.
» Le poids total de cette pierre, moins une partie
qui en a été enlevée avant qu'elle me fût re-
mife , eft de 790 grammes.
» La pierre> dans fon intérieur, eft abforbante,
& s'empreint aifément d’humidité 3 auffi happe-
t-elle à la langue &.aux lèvres.
» Si on plonge dans l’eàu un petit fragment
pris de 1 intérieur, on le. voit lailLr échapper des
bulles d’air, qui montent à la furfacé duJiquide
fans répandre aucune odeur.
» Cette faculté d’abforber l’eau par la furface I
interne m a donné quelque difficulté à déterminer
f i pefanteur fpecifique. Cependant, en faifant
1 effai fur de petits morceaux à peine plongés dans
1 eau, j ai trouvé qu'ils nedonnoient jamais moins,
1 eau étant 1000, de $,390i mais fi je prolongeois
la durée de leur immerfion pendant quelque tems,
ils montoient alors à 3,4003 jufqu'à 3,460; »
CaraBeres chimiques des pierres.
« L'acide nitrique, verfé fur l ’intérieur de la
pierre, dégage des vapeurs nitreufes, mêlées de gaz
hydrogène fulfuré.
^ Ê m ^u^ur^clue développeline plus grande
quantité d’hydrogène fulfuré.
» Mais l'action de l'acide muriatique eft la plus
forte. II fe développe plus de gaz hydrogène lui-
furé en produifant une vive effervefcence.
» Lefdits acides nitrique & muriatique , après
la defticcation , lâiflent fur la pierre une teinte
jaunâtre.
J J S t j petit fragment tiré de l’intérieur de cette
pierre, expofé a un feu violent, noircit3 mais fi on
rend le feu plus ardent en employant le fouflet de
forge , & que la pierre arrive à l’état de rouge-
blanc après fon refroidi fiement, elle offre à fa
furface une couleur noire, luifante, étendue fur
toutes les parties, 8c fait feu avec l’acier. En un
niot, elle offre parfaitement les caraétères extérieurs
de la pierre entière.
33 Cette pierre pulvérifée, mêlée avec un peu
de borax, 8c fixée à l'extrémité d’un tube de verre,
& enfuite foumife à l’aétion du chalumeau, fe
convertit en un beau verre noir, quipréfenta dans
les endroits où il étoit le plus mince, une belle
couleur d’hyacinthe.
»Pulvérifée dans un mortier de filex, elle
pxhale une odeur de foufre 3 & dans fa pulvérifa-
tion en petites dofes, j’ai féparé plufieurs globules
métalliques durs & très-réfiftans au marteau,
mais qui attiroient très-fenfiblement l’aiguille aimantée.
»3 La même aiguille enfin , plongée dans la pierre
pulvérifée, fépare des paillettes métalliques, de
la couleur blanc de l'étain. »3
Analyfe de la pierre.
« A. Après avoir réduit en poudre très-fine
line partie de la pierre qui fait le fujet de notre
travail, avec les précautions indiquées , j’en
ai fournis cent parties à l’aétion de l’acide
nitrique étendu d’eati, .fuivant, le procédé de
M. Vauquelin. La raaffe s'eft gonflée en dégageant
de fuite beaucoup de vapeurs nitreufes, qui ont
augmenté par Taéfion du calorique. Alors je vis
flotter à la furface du liquide beaucoup ne molécules
noires, lefquelles peu à peu adhérèrent en-
tr’elles, 8c formèrent un feul corps qui , par l'ébullition
, acquit une vraie couleur jaune.
.» Le vafe retiré du feu , le corps flottant fe précipita
au fond. La réunion des molécules de ce
corps me fit naître l’idée de chercher le moyen de
pouvoir féparer une partie du foufre.
» B. A cet effet, je mis cent autres parties de
pierre pulvérifée dans une capfule de verre, fur
lefquelles je verfai de l’acide nitrique plus fore
que le premier. J’obtins, comme ci-defius , une
grande quantité de gaz nitreux, & par le moyen
du calorique je vis bientôt encore flotter une
mafle jaunâtre, d’afpeét fpongieux , que je'retirai
du liq uide avec un tube de verre. J’eus foin de la
laver dans l'eau bouillante , acidulée avec un peu
d’acide nitrique. Elle étoit tenace 8c jaune : féchée
à l’air, elle étoit devenue friable. Son poids étoit
de 00,4. Expofée au feu fur un tube de verre,
elle brûla avec une flamme bleuâtre, dégageant
«ne forte odeur de gaz fulfureux, 8c ne laiflant
aucune trace après fa combuftion.
» Je jetai la petite quantité d’eau acidulée dans
Jaquelle j’avois lavé le foufre, dans la capfule, &
la fis encore bouillir avec la liqueur B, jufqu’à ce
que je connuflè que l’acide nitrique étoit fans aétion.
Le vafe retiré du feu & la liqueur refroidie, je
l’étendis avec de l’eau diftillée. Sa couleur étoit
jaune-verdâtre.
33 D. Comme la terre précipitée confervoit une
teinte un peu cendrée, je décantai la liqueur 8c fis
bouillir le réfidu terreux avec un peu d’acide muriatique,
au moyen duquel la terre devint blanche.
La liqueur étendue avec de l'eau diftillée 8c filtrée,
la terre qui étoit dépofée fur le filtre, bien
lavée, avoit l'apparence aune gélatine blanche.
Celle-ci, féchée à l ’air libre , & enfuite rougie
au feu, pefa 0,50, *
33 E. La terre ainfî defféchée, foumife à l'aétion
de l’acide fulfurique, ne perdit aucune portion
de fon poids.
» F. La liqueur nitrique décantée & la liqueur
muriatique filtrée D , réunies enfemble , 8c ef-
fayées avec la difïblution d’oxalate d’ammoniaque,
n’ont donné aucun précipité.
»»G. Je faturai les deux liqueurs D , réunies enfemble,
avec l’ammoniaque cauftique verfée en
excès, ayant eu foin de l’agiter continuellement.
La liqueur troublée acquit une couleur noire tirant
au bleu. Après quelque tems, je féparai le
précipité avec le filtre, & la liqueur filtrée avoit
une légère teinte violette.
39 Ce précipité, deftéché & calciné, avoit une
couleur brun-foncé. Son poids étoit de 0,39.
»3 H. Je fournis ladite poudre calcinée pendant
quelques jours, à l'a&ion d’une di Ablution de po-
taflfe pure, préparée à l’alcool félon la méthode
de M. Berthollet, en agitant fouvent le mélange.
Cette poudre féparée de nouveau avec le filtre &
bien féchée, fon poids étoit le même. Par cette
opération, il ne me refta aucun doute fur l ’abfence
de l’alumine, qui auroit pu être précipitée par
l’ammoniaque.
331. L’acide gallique , le pruffiate de potafie 8C
l ’acide fulfurique m’ont dén^pntré que le précipité
G étoit un pur & vrai oxide de ter.
33 L. La liqueur violette G , paflee à travers 1*
filtre , laiflfa dépofer, par l’aètion de la potafie
pure , des flocons blancs , abondans & légers.
Ceux-ci, féparés, féchés & calcinés enfuite, pe-
fèrent 0,11.
» M. Cette terre fut entièrement diffoute dans
l’acide fulfurique , & cette diflolution , par fon
évaporation fponranée, me donna des criftaux de
fulfate de magnéfîe.
» N. La liqueur cependant ne perdit pas fa
nuance violette. Je l’expofai au feu pour dégager
l’ammoniaque en excès. Enfuite, au moyen de
l’hydrofulfure de potafie, j’obtins un précipité
floconeux & volumineux, de couleur noire. Ce
précipité féparé, féché à l’air & calciné, pefoit
deux centièmes & demi. Une petite partie, mêlée
avec un peu de borax, & foumife au feu du
chalumeau, fe convertit en un globule de verre ,
couleur d’hyacinthe. L’autre partie fut totalement
aiffouce par l’acide fulfurique aidé de l’acide ni