
Cette différence dans la manière de sculpter les décorations à l’extérieur et dans
i intérieur, montre jusqu a quel point les Égyptiens ont poussé la prévoyance pour
la conservation de leurs monumens ; car il est certain que le genre de sculpture
qu ils ont adopté pour l’extérieur, étoit le plus propre à préserver les figures hiéroglyphiques,
des inconveniens auxquels leur position les exposoit, et qui n’étoient
pas à Craindre dans l’intérieur.
Ces deux genres de sculpture conviennent mieux aussi à la manière dont les
tableaux sont éclairés. A l’extérieur, où la lumière est toujours extrêmement vive
les ombres vigoureuses et les arêtes brillantes donnent beaucoup d’éclat à la décoration
: dans l’intérieur, qui ne reçoit, au contraire, qu’une lumière de reflet, les
ombres n'offrent presque aucune opposition, et les contours des sculptures sont
conservés dans toute leur pureté.
L ’intérieur du portique d’Esné n’est pas moins richement décoré que son extérieur.
La planche 7 4 représente une partie de cette décoration : l’idée qu’elle en
donne n’est encore que très-imparfaite , puisque les tableaux ne sont pas accompagnés
de leurs hiéroglyphes, que nous n’avons pas eu le temps de dessiner complètement.
L ’échelle de ce dessin est proportionnée aux détails qu’il renferme. Nous
ne nous attacherons pas à décrire ces bas-reliefs ; nous ferons Seulement remarquer
le tableau qui se trouve au milieu de la première rangée en bas. Il représente
une chasse d’oiseaux au filet : ce filet renferme des oiseaux de toute espèce, bien
caractérisés; et les personnages qui le font mouvoir, sont bien en action. Quelques
parties de la décoration ont été données plus en grand dans \es planches 7 8, 80,
8 1 et 8 2 , parce qu’elles contiennent plus de détails, et particulièrement tous les
hiéroglyphes copiés exactement; tout le plafond est couvert de sculptures intéressantes.
Dans toutes les sculptures du portique d’Esné, on trouve très-fréquemment
représenté le dieu à tête de belier, qui est devenu le Jupiter Ammon des Grecs.
On le remarque particulièrement au-dessus de la porte dentrée du temple; il
est placé dans un grand disque : à droite et à gauche sont des prêtres en adoration.
(Voyezplanche 8 0, fig. 4.) La position de cette divinité dans la place la plus
remarquable du monument, et sa fréquente répétition dans les décorations
emblématiques de tout le portique , ne permettent pas de douter que le temple
ne lui fût consacré. Les murs d’entre - colonnement, qui ferment la façade
du portique, sont décorés à l’intérieur de tableaux semblables à celui qui est
représenté planche 81. Les murs n’ont point de corniche dans l’intérieur, et ils
n’ont d’épaisseur que le demi-diamètre de la colonne : les figures 1 et 2 de la
planche 80 en représentent la coupe et l’élévation. La figure 4 de la planche 7 2
représente la coupe décorée du portique d’Esné : on peut mieux juger, par ce
dessin, de la proportion de la colonne, qui n’est pas engagée et déformée comme
dans l’élévation.
Les bases des colonnes ne portent aucune décoration.
Les décorations des fûts des colonnes se composent de trois parties ; savoir :
1 .° la partie inférieure, qui diffère dans presque toutes les colonnes, et dont on
peut voir le développement dans la planche 7 8 , fig . 14 , i y , 18 , 1 7 , 18 , 1 7 ;
2.0 le milieu, qui est à-peu-près semblable pour toutes les colonnes ; 3 .° la partie
supérieure, qui diffère dans presque toutes les colonnes, et dont les détails sont
développés planche 7 8 , fig . 8 , 7 , 10, 1 1 , 1 2 , 17 .
Quant aux chapiteaux, leur richesse et leur variété méritent que nous entrions
dans quelques détails.
Ces chapiteaux sont au nombre de quinze différens; et comme il y a vingt-quatre
colonnes, il en résulte que plusieurs de ces chapiteaux doivent se répéter quelquefois.
La symétrie, qui est très-bien observée pour les six chapiteaux de la façade,
n’est pas aussi exactement suivie dans l’intérieur du portique. On trouvera dans
l’index des planches l’indication des places qu’occupent ces divers chapiteaux,
ainsi que les décorations des parties supérieures et inférieures des' colonnes. Tous
les chapiteaux, excepté celui qui est représenté planche7 8 , fig .7 , ont la même
hauteur, et la même saillie sur le fût de la colonne. A une certaine distance,
ils paroissent tous semblables : on n’aperçoit que leur galbe élégant, et la diversité
de leurs décorations est insensible; mais, en les examinant de plus près, on
reconnoît sur chacun d’eux une multitude de détails intéressans. Ce sont en
quelque sorte des bouquets de plantes indigènes, parmi lesquels on distingue
particulièrement le régime, la feuille et la fleur du palmier, la vigne et son fruit,
le lotus et le jonc : ces plantes paroissent attachées par cinq liens horizontaux
qui forment une partie de la décoration du fût de la colonne.
Le chapiteau, planche 7 8 , fig . 7 , a plus de hauteur que les autres, en conservant
la même saillie ; ce qui lui donne beaucoup plus de légèreté et d’élégance.
11 est composé de huit branches de palmier attachées autour de la campane. La
simplicité et la pureté de ce chapiteau se réunissent à ses.autres qualités, pour
lui assurer le premier rang parmi ceux que les Égyptiens ont composés. Quoique
les dessins des voyageurs modernes, qui semblent avoir pris à tâche de le défigurer,
n’aient pu en donner qu’une bien foible idée, il a pourtant fixé l’attention
de quelques architectes, qui l’ont employé dans des édifices particuliers : son
extrême beauté doit faire concevoir l’espérance de le voir un jour embellir de
grands monumens, et contribuer à donner un nouveau caractère à l’architecture
'du xrç£.' siècle.
Il n’en sera pas de même du chapiteau représenté planche 7 8 , fig . y ; cependant
on ne pourra s’empêcher de remarquer, en jetant les yeux sur notre dessin,
que les Grecs y ont évidemment pris le goût des volutes du chapiteau Ionique.
La multiplicité des détails de sculpture de ce chapiteau en rendoit l’exécution
difficile ; néanmoins les Égyptiens y ont mis beaucoup de précision.
Au-dessus de ces chapiteaux on a tracé des sections faites à différentes hauteurs,
pour indiquer les saillies de leurs diverses parties. Quelques-uns de ces chapiteaux
sont composés d’une campane régulière et continue ; d’autres sont découpés en
quatre ou huit parties. La campane du chapiteau à feuilles de palmier est découpée
en autant de parties qu’il y a de palmes.
Dans le dessin géométral, la partie supérieure du chapiteau paroît un peu