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1 l l e Ï UI e s t c I e v a n t S y è n e . Tout lecteur sensé conviendra que cette opinion est
inadmissible en elle-même, à part lès difficultés que présentent ces prétendues
monarchies contemporaines entre lesquelles on a voulu partager l’Égypte Que
penser d’un royaume.qui n’auroit eu que mille quatre cents mètres de long sur
quatre cents mètres de large! Est-il à croire qu’il eût pu rester indépendant et libre
durant neuf générations, nombre qui est celui des princes de la dynastie d’ÉIé-
pîantine, selon Jules Africain, et qu’Eusèbe même porte à trente et un! Qu’une
maison originaire d’Éléphantine ait été assise sur le trône d’Egypte, c’est ce qu'il
seroit assez naturel de penser pour expliquer cette dynastie, et c’est ainsi que l’a
imaginé M. de Pauw. Cette conjecture n’est pas dénuée de vraisemblance • et
je devois la mettre sous les yeux du lecteur, avant de lui présenter une autre
opinion appuyée sur la géographie du pays.
Quand on examine le nom que porte l’île de Pliilæ, nom que l’on a voulu
meme chez les anciens, faire dériver du grec (i) , on est très-porté à'croire que
ce nom est de la plus haute antiquité, et que les Grecs n’ont fait qu’y ajouter
une terminaison, c’est-à-dire, que le nom antique étoit f i l ; mot qui veut dire éléphant
dans les anciennes langues Orientales, et qui se traduisoit en grec par ixàtpv.
Si 1 on considère qu’au-dessus de Syène le Nil coule entre des montagnes escarpées,
que son cours est semé d’îles nombreuses, que le fleuve dépose dans ces îles plutôt
que sur ses bords le limon végétal, ce qui donne à toutes ces îles une existence
semblable et commune; qu’enfin le nom d’Éléphantine n’est autre chose que
celui de Philæ traduit en grec, et que celui dt Philæ [*,A«,] est le nom antique
d Eléphantine avec une finale Grecque; on peut conjecturer que jadis toutes ces
îles répandues dans le fleuve, au-dessus et au-dessous de la dernière cataracte ,
portaient le nom commun de fil. J ’ajouterai une remarque décisive ; c’est que la
finale quon a jointe au mot fit, est le signe de la pluralité. Il importe peu ici de
rechercher si ce nom provient des dents d éléphant que le commerce d’Ethiopie
sou affluer sur ce point, ou bien s’il avoit une autre origine; cette recherche
seroit deplacee (2) : les Grecs, qui ont traduit beaucoup de noms Égyptiens, auront
laissé le nom antique à celle de ces îles qui étoit à deux lieues de Syène, la plus
célèbre par ses monumens et par son culte; et pour distinguer l’île en face de
Syene, ils auront traduit en grec son nom générique.
Cette opinion prend beaucoup de force par la lumière qu’elle jette sur plusieurs
circonstances géographiques, dont jusqu’ici l’on n’a pu rendre compte.
Comment se fait-il qu’Hérodote, le plus ancien auteur qui ait parlé d’Éléphantine
naît pas même nommé l’île de Philæ! est-il croyable qu’on lui ait laissé ignorer
entièrement un lieu si important dans l’histoire sacrée de l’Egypte (3) ! Il y a plus :
ce quil dit d Éléphantine au chapitre 28 â’Euterpe, ne peut s’expliquer en aucune
i ^ É f SerïiUS' “ M M P tâA “ r B — ; * vois
W^lesrecherchessurlesno.osamiqoesdeslieux-de
Oudü V " 1Ur ,af t e s ë l “ ” ¥ »»*• « nom y est donné à des montagnes de l’Éthiopie supé-
Quelques-uns pensent que le nom de Philæ [OE/aai] si- rieure. c «niopie aupegnifieysnne,
comme Wae,, et qu’il a été donné à ce lien, (3) sur-toutDiodore de Sicile, 1 . 1 , sect. I , ta.
façon, si l’on entend l’île en face de Syène, et ne prend un sens plausible qu’en
l’appliquant à Philæ. Ces profonds abîmes et ces tourbillons du Nil, qu’il décrit
entre Syène et Éléphantine, doivent s’entendre des cataractes situées entre Syène et
Philæ, ainsi qu’on peut le voir dans la Description précédente (i); je ne parle pas
ici des prétendues sources du Nil, situées au même lieu, selon le récit que lui en
faisoit le prêtre de Sais, et qui ont fourni matière à la critique du rhéteur Aristide (2) ;
mais le fond du passage confirme très-bien cette idée, qu’Hérodote pârloit de
Philæ sous le nom d'Eléphantine. Cet historien traduisoit ou se faisoit traduire
les noms Égyptiens, témoin ceux de Péluse, à’Aphroditopolis, d’He/iopolis, et bien
d’autres dont il a le premier fait usage : or, comme je l’ai dit, Éléphantine est
un mot formé d’iAsipoti, qui est la traduction de fil.
Pline donne la position d’Éléphantine d’une manière qui seroit inintelligible, si
l’on s’en tenoit à l’emplacement connu sous ce nom : Elephantis insula infia novis-
simum cataracten tria m . passuum, et supra Syenen x v i (3). Mais si l’on admet qu’à
cinq ou six lieues au-dessus de Syène, ou même plus haut,’ les îles du fleuve portoient
le même nom, alors ce passage s’explique naturellement ; c’est-à-dire que
Pline, voulant parler de cette île qui est à trois milles au-dessous de la dernière
cataracte, a confondu avec elle une autre île de même dénomination, placée à
seize milles plus loin.
Le passage de Strabon qui place Philæ à cent stades de Syène, forme une assez
grande difficulté contre la position admise pour cette île : cent stades, selon la
mesure de ce géographe, font environ quatre lieues, et l’on n’en trouve que deux
dans cet espace. D Anville n’a pas hésité à placer Philæ à quatre lieues de Syène,
entraîne par 1 autorité de Strabon; mais d Anville s’est trompé, et il faut admettre,
ou que Strabon s’est servi du même stade qu’Hérodote, ou bien que la distance
qu’il donne convient à une autre île de Philæ plus éloignée, tout en parlant de la
principale qui renferme tant de monumens.
Étienne de Byzance place Philæ auprès de Tacompsos (4); mais cette dernière
île , selon Ptolemée, est de 44 moins elevée ■ que Syène, et par conséquent
est à 39' de Philæ d’après les dernières obsérvations. Cette distance est confirmée
par la position de Dodecaschoeni, voisine de Metachompsos, et dont le
nom signifie doieçe schcenes : car, si l’on compte pour cette mesure 3 ’ 4-, comme
cela résulte de la composition du schoene d’Hérodote en stades Égyptiens, dont il
en prend soixante, douze mesures pareilles font 39' (y). En outre, il y a , selon
Hérodote, douze schoenes jusqu’à Tachompso : il est vrai, à partir d’Éléphantine
et en suivant les contours du fleuve ; mais cela ne fait qu’appuyer ce que j’ai dit
U) v 'i f '7“ b ' f SUS ’ C^ap,trC ^ * scct‘9n / J - meilleure. Le lieu dont il s’agit est rempli de crocodiles,
; . ‘ dont le nom antique, suivant Hérodote ( l. 1 1,0 .6 9 ) , étoit
I m f ü ^ lIX V> cap* 9* La préposition p tid aura pu être ajoutée par les
i- n°m C° mme CmpIoyé par corrupdon Grecs pour désigner un lieu qui abondoit en crocodiles,
au ieu e etac ompsos. Hérodote écrit Tachompso ; Au reste, le mot meta appartient lui-même aux anciennes
¿tienne, Tacompsos; Ptolémée, Metacompsos; Pompo- langues Orientales.
mus Mêla, Tachcmpso. 11 est évident que ce n’est-là qu’un (5) P W le Mémoire sur le système métrique des
seul et meme lieu : orthographe de Tachompso, qui est la anciens Égyptiens,
meme dans Hérodote et Pomponius Mêla, me toaroît la