
d entrée) sont fermés par un mur jusqu’au tiers et quelquefois jusqu’à ia moitié de
leur hauteur. Ces entre-coionnemens extérieurs sont par-là transformés, pour ainsi
dire, en fenêtres. Il résulte de cette disposition, qui, sans doute, avoit son motif
dans les rites Égyptiens, un effet très-mystérieux dans l’intérieur des portiques. Mais
ce motif nous est actuellement si étranger, que le premier désir que nous éprouvons,
cest de voir ces murs d’entre-colonnement supprimés, afin de jouir de toute la
hauteur des colonnes, dont la proportion est d’ailleurs peu élancée.
Au reste , on s’accoutume bientôt à ne point chercher l’élégance Grecque
dans 1 architecture Égyptienne : son caractère est plus grave; la solidité, la durée,
en étoient le but principal. On y trouve la simplicité dans l’ensemble, la variété
dans les détails, et de l’unité dans toutes les parties. C ’est manifestement sur
cette architecture que les Grecs ont formé la leur; et comme ils avoient pris
leur religion en Égypte, ils y avoient pris aussi la distribution des temples. Celui
qui nous occupe est du genre de ceux qu’ils avoient particulièrement imités. On
ne peut méconnoître, même dans les détails de l’architecture des Grecs, 'l’imitation
de celle des bords du Nil, en comparant le chapiteau décoré de feuilles de
palmier et le chapiteau Corinthien entouré de feuilles d’acanthe. L ’idée toute entière
de ce beau chapiteau Grec est dans celui des Égyptiens; et, quelqu’ingénieuse
que soit la fable de Callimaque, l’emprunt est manifeste.
Le petit temple n’est pas moins riche de sculpture que le temple d’Osiris : les
figures qu’on y a le plus fréquemment représentées , sont celles d’Isis et de son
fils Horus. La tête d’Isis est aussi sculptée en relief sur les quatre faces des dés qui
surmontent les chapiteaux ; et l’on ne sauroit douter que ce temple n’ait été
consacré à Isis ou à Horus, et peut-être à tous les deux à-la-fois.
Ce petit édifice n’a éprouvé aucune dégradation, et semble tout neuf II est
certainement construit postérieurement au grand temple : mais il est difficile d’as- ■
signer avec quelque précision la différence des âges d’après la seule différence de
conservation. Mille ans d’antériorité sont peu sensibles entre des édifices qui ont
certainement plusieurs milliers d’années ; et qui cependant sont encore si bien
conservés.
La destruction successive des maisons de terre qui ont été construites sous
le portique du temple d’Isis, en a tellement élevé le sol, que les colonnes y sont
enfoncées jusqu’au quart de leur hauteur. On voit aussi en dehors, entre les
colonnes de la galerie, des restes de murs qui l’interrompent, et forment des
chambres séparées de différentes grandeurs : ils sont construits les uns en briques,
les autres en pierres liées avec de la chaux, et ils devoient avoir quelque solidité;
néanmoins ils sont presque tous écroulés, et leurs débris empêchent de voir le
pied des colonnes. Ces constructions, qui ne ressemblent point aux huttes en
terre des Nubiens, seroient-elles les maisons bâties par la garnison Romaine ! ou
seroient-elles 1 ouvrage des Chrétiens qui, pendant long-temps, habitèrent en
Egypte les grottes sépulcrales et les temples abandonnés!
Nous avons parcouru les principaux édifices qui ont entre eux une dépendance
mutuelle ; il en existe quelques autres sur la surface de l’île.
A quelque distancé des temples, sur le bord du quai, subsiste encore une salle
isolée, reste d’un édifice plus considérable. Les sculptures qui la décorent, sont
relatives à la mort d’Osiris ; et il est curieux de retrouver ici la représentation
de cette fable sacrée, sachant que la mythologie Égyptienne plaçoit le tombeau
d’Osiris dans l’île de Philæ. Cette salle renferme aussi plusieurs noms , plusieurs
inscriptions cursives, parmi lesquelles il y en a de fort anciennes. On en remarque
sur-tout une, au plafond, tracée avec de l’encre rouge, en plusieurs lignes, en caractères
inconnus. Nous avons vu, sur d’autres monumens de l’île, des inscriptions
cursives, Grecques et Latines; d’autres écrites dans nos caractères Européens. On
trouve encore ici des noms et des sentences écrites en arabe. L ’île de Philæ réunit
dans ses inscriptions bien des âges et bien des peuples différens; et, sous ce seul
rapport, elle seroit déjà un des points les plus curieux de l’Égypte.
Il reste peu de constructions dans le nord de l’île, formé des dépôts limoneux
du fleuve; il est cultivé dans quelques endroits, les seuls qui ne soient pas occupés
par des décombres. Au milieu de cette partie de l’île, un pan de muraille est
resté seul debout : il est de construction' Grecque ou Romaine, décoré des
triglyphes de 1 ordre Dorique, et bâti des débris de quelque monument Égyptien.
Un autre édifice Romain, voisin de celui-ci, n’a point été achevé- mais il est aisé
d’y reconnoître un petit arc de triomphe. L’espace qui s’étend entre cet arc et les
temples, a été occupe par plusieurs constructions, mais qui ne paraissent pas avoir
formé de grands monumens: les unes, démolies jusqu’à rase terre, semblent des
plans tracés sur le sol ; d’autres ne se devinent plus que sous des monceaux de
pierre et de poussière : mais au-delà, en continuant de revenir vers le midi, on
se trouve au pied de cet édifice percé à jour, qui frappe le premier la vue quand
on découvre l’île.
C est par sa blancheur, et sur-tout par son élégance, que cet édifice se fait ainsi
remarquer. Les colonnes qui le composent, engagées dans des murs jusqu’au tiers
de leur hauteur, forment une enceinte carrée, sans plafond, où l’on entre par
deux portes opposées. Ces colonnes ne sont pas plus élancées que celles des
autres temples, mais elles sont surmontées d’un dé égal au quart de leur hauteur;
ce qui donne à l’ensemble de l’édifice un air de légèreté qui contraste avec la
proportion ordinaire des monumens.
Celui-ci n’est sculpté que dans quelques-unes de ses parties : il est manifeste
qu il n a point été achevé, et l’on saisit avec une sorte d’empressement cette occasion
d étudier les procédés des Égyptiens dans la taille des pierres et dans la préparation
des sculptures.
Cet édifice est, comme tous ceux de l’île, environné de quelques maisons de
Barâbras, construites en briques non cuites, ou seulement en terre. Néanmoins
ce beau monument n’est point enfoui dans les masures ; les colonnes sont découvertes
jusquà la base; circonstance rare en Égypte, où l’élévation annuelle du
sol et la destruction rapide dés habitations modernes enterrent de plus en plus
les anciens édifices et les enfouissent tout entiers sans les détruire.
Après avoir parcouru tout l’intérieur de l’île, il reste encore à visiter au dehors