
a droite. Elle à déjà doublé et coupé ia flotte ennemie ; elle la prend en arrière et
s avance pour agir de concert avec les trois autres. Les barques Égyptiennes ont
peu souffert dans le combat; elles ont conservé leurs mâts, leurs voiles , leurs
pilotes et leurs rameurs; elles ont aussi leur gabier, qui paroît sortir d’un mât terminé
en fleur de lotus. Ce personnage semble jouer ici un grand rôle. Dominant
tout le vaisseau et pouvant apercevoir au loin, c’est lui qui dirige, pour ainsi
dire, le piloté, et qui indique les manoeuvres à faire, d’après les mouvemens qu’il
remarque dans la flotte ennemie. La bonne tenue des vaisseaux Égyptiens présage
déjà les succès éclatans qui doivent couronner leurs efforts. Ceux qui les montent,
sont dans 1 attitude la plus guerrière et la plus animée. Les uns lancent des flèches ;
les autres tiennent une massue dont ils se disposent à porter de vigoureux coups,
en même temps qu’ils élèvent au-devant de leur corps le bouclier, qui parera
•ceux que l’ennemi pourra diriger contre eux. Les deux barques (i) de droite et de.
gauche, qui cernent la flotte ennemie, ont "déjà des trophées de leur victoire :
elles sont remplies de prisonniers dont les mains sont liées, et qui ont été placés
parmi les rameurs.
La flotte ennemie (2) est, au contraire, dans un état qui annonce sa défaite :
elle est toute désemparée. Les hâtimens, privés de rameurs, de pilotes et de
gabiers, semblent errer au hasard ; quelques-uns ont perdu leurs mâts et leurs
agrès; un autre a sombré sous voiles (3). Par-tout règne le plus grand désordre.
Les combattans qui montent ces vaisseaux, sont de deux sortes, et se font distinguer
par leur costume et leur coiffure, leurs armes et leurs boucliers. Les uns ont
une espèce de casque couronné de plumes et retenu sur la tête par un ruban
noué sous le menton ; les autres ont la tête couverte d’un casque de fer (4) qui
paroît en prendre exactement la forme, et dont le contour arrondi n’est interrompu
que par deux petites cornes placées en avant et en arrière. Us sont tous arnjés
de poignards, et leurs boucliers sont de forme circulaire. Us sont revêtus d’une
espèce de cotte d'armes qui, en leur couvrant la poitrine et une partie des bras, descend
jusqu au - dessus du genou. Au costume de ces guerriers, et sur-tout à leurs
bonnets de plumes, la première idée qui vient à l’esprit, est qu’on a représenté
ici des Indiens; c’est ce que nous avons admis jusqu’à présent dans le cours de
cet écrit. Nous verrons bientôt que les témoignages historiques (y) viennent à
■1 appui de cette opinion et lui donnent tout le caractère de la certitude. La grande
analogie qui existe entre les deux espèces de guerriers qui montent la flotte ennemie,
ne permet pas de croire qu’ils soient de nations différentes : nous sommes, au
contraire, portés à penser que ce sont des troupes d’un même peuple, distinguées
entre elles par la forme de leurs coiffures.
Laflotte ennemie sereconnoît àla configuration des barques (6), qui, néanmoins,
ne diffèrent pas essentiellement, dans leur forme générale, des vaisseaux Égyptiens.
(1) Voyez pl. 10 , ordonnées t et 4 , A . vol. I I . paroît être l’indication de ce métal. Nous avons déjà eu
(2) Voyez pl. io} ordonnées y , 6, y , 8 et 9 , A .vo l.1 1 . plusieurs fois l’occasion de faire des remarques semblables.
(3) Voyez pl. 10, ordonnée p , A . vol. I I . (5) Voyez ci-après, pag. p9 et suiv.
(4) La couleur bleue, dont le casque est peint, nous . (6) Voyez pl. 10 , A . vol, I I .
Le
Le précieux bas-relief que nous avons maintenant sous les yeux, est si curieux,
que nous y arrêterons encore un instant nos lecteurs.
C est devant le héros que 1 action paroît être Je plus animée : oh y voit les
Indiens pêle-mêlé, percés de flèches, et morts ou mourans. Aucun effet de
perspective n’est ici observé; mais ce que l’on a exécuté, indique bien le désordre
d’une mêlée, et toutes les figures, dans leurs différentes attitudes, décèlent le triste
état où l’armée est réduite. Au grand nombre d’ennemis que l’on voit sur le
devant, on peut conjecturer que l'es Indiens ont effectué une descente sur le
rivage, et qu’ils sont vigoureusement repoussés. Tout près des archers, on péut
remarquer un soldat Égyptien (i) qui tire un Indien par le bras et lui assène sur
la tête un coup de son arc.
Le vaisseau ennemi (2) qui, le premier, a débarqué son monde, est monté par
des guerriers dont tous les efforts se réduisent à opposer aux flèches du héros les
boucliers ronds dont ils sont armés : d’aunes, tout-à-fait sans défense, sont dans
une attitude suppliante, et paroissent implorer la clémence du vainqueur (3). Le
reste des barques ennemies n’offre pas un moindre désordre. On y voit les Indiens
opposer également une vaine résistance aux coups dirigés contre eux : qùelquesLuns
tombent de leurs barques et sont précipités dans les eaux, tandis que d’autres font
de vains efforts pour les arrêter dans leur chute. On remarque dans ce combat naval
un abordage (4). Un soldat Égyptien, monté sur la partie la plus avancée de la proue
du vaisseau, a son bouclier attaché derrière les épaules, et, armé d’une massue
qu’il tient de la main droite, il saisit avec vigueur par le bras un Indien qu’il arrache
de son bord, et qu’il est sur le point d’assommer. Le même vaisseau Égyptien (y)
qui présente cet acte de courage, en offre un autre qui annonce la clémence et
l’humanité. Un Égyptien tend les mains à un ennemi qui implore sa pitié : il fait
des efforts pour l’arracher aux eaux qui vont l’engloutir. Dans une autre barque (6),
un Indien accroupi sur la proue a les mains liées derrière le dos : un Égyptien
lève sur sa tête une masse d’armes dont il est prêt à le frapper. Sans doute un esprit
de révolte attire sur ce malheureux cet acte de vengeance.
A la vue de ce bas-relief qui représente évidemment un combat naval, on se
demande pourquoi les Égyptiens n’ont pas figuré les eaux telles qu’on les voit
dans les passages de. fleuves sculptés sur les murs extérieurs de leurs palais. Nous
croyons en voir la raison dans la différence qu’ils faisoient des eaux douces et
bienfaisantes des fleuves et dés eaux de la mer. On sait que, dans leur système
mythologique et religieux, ils regardoient celles-ci comme pernicieuses, en ce
quelles rendent incultes .et inhabitables les terrains qu’elles avoisinent : elles étoient
pour eux le Typhon qui avoit autrefois possédé le partage d’Osiris, c’est-à-dire,
la terre féconde d’Égypte. Il n’est donc pas extraordinaire que, pour figurer les eaux
de la mer, ils n’aient point voulu profaner un caractère sacré qu’ils employoient
uniquement pour représenter les eaux douces. Cette remarque elle-même nous
(1) Voyez pl. 10, ordonnée to, A . vol. I I . (4) Voyez p l. 10, ordonnées 3 et y , A . vol. I I .
(2) Voyez pl. 10 j ordonnée j , A . vol. I I . (j) Voyez pl. 10, ordonnée j , A . vol. I I .
(3) Voyez pl. 10 , ordonnées 6, y , 8 et3 , A . vol. I I . (6) Voyez pl. 10 , ordonnée 1 , A . vol, II .