encore entiers entre-les colonnes du portique. On a même trouvé quelques
indices de 1 existence de ces murs, mais seulement du côté de l’ouest ; cependant,
le temple ayant deux portes latérales, ouvertes sous la galerie de l’est, il devient
très-vraisemblable que celle-ci étoit également fermée par des murs d’entre-
colonneïnent.
On ne manquera pas sans doute de s’arrêter sur le dessin de la façade postérieure
du temple, en voyant que les colonnes y sont en nombre impair, et qu’il
y en a conséquemment une au milieu de la façade. Cette disposition semble manquer
à toutes les règles : mais, si l’on réfléchit qu’il n’y a point d’entrée sur
cette face, alors l’inconvenance disparoît ; et comme il résulte de ce nombre
impair de colonnes, des proportions agréables dans leur espacement, il ne reste
plus aucun côté pour attaquer cette disposition.
Cette même galerie va nous fournir encore l’objet d’une autre réflexion. On
pourra remarquer dans la suite de cet ouvrage, que les Égyptiens cmployoient
rarement des colonnes pour supporter les angles des entablemens. Depuis longtemps
on a reconnu le mauvais effet qu’elles produisent dans ces angles, et
combien il seroit plus convenable qu’ils fussent soutenus par des piliers carrés.
On a essayé, mais avec peu de succès, d’y employer les pilastres. Les architectes
trouveront peut-etre dans le mode Égyptien, et particulièrement dans l’agencement
de cette petite galerie, le moyen de résoudre la difficulté.
Cet édifice a été exécuté avec beaucoup de soin. Les joints des pierres en sont
parfaitement faits, et ce n’est qu’en s’approchant qu’on peut les apercevoir : ils
sont remplis d’un ciment rougeâtre, très-fin, mais peu dur. Le grès dont le temple
est bâti, est d’un grain fort égal et d’une teinte un peu jaune ; mais à la lumière
du soleil, et vu dun peu loin, il paroît blanc, et le monument semble être tout
neuf. 1 1 1 est en effet, quel que soit son âge, puisqu a l’exception d’une cassure assez
grande dans Je plafond du portique, on ne voit par-tout ailleurs aucune pierre
deiangée, aucun angle ecorne, aucune sculpture fruste ou endommagée.
Quant à l’exécution de la sculpture, elle est d’une grande pureté, et finie avec
délicatesse. Les bas-reliefs n’ont guère que trois centimètres de saillie (i) dans
les parties qui en ont le plus ; mais, comme les figures n’ont pas même un mètre
de proportion, cette saillie est plus que suffisante pour que le sculpteur ait pu
exprimer les differens mouvemens du corps. Nous n’avons aperçu nulle part à l’extérieur
que les sculptures eussent été peintes : peut-être( l’ont-elles été dans l’intérieur
du temple ; mais cet intérieur est si enfumé et si noirci, qu’on n’y a remarqué
aucune couleur. Les Barabras paroissent y avoir habité pendant long-temps.
Le temple de 1 ouest est celui des édifices de l’île de Philæ où l’on a recueilli
la plus grande quantité de bas-reliefs; sous la galerie seule, on a copié dix scènes
complètes. La parfaite conservation de ces bas-reliefs, leurs petites dimensions,
leur peu d'élévation au-dessus du sol, e t, plus que tout cela peut-être, leur
position sous la galerie, qui nous mettoit à l’abri des ardeurs du soleil, sans nous
(i) Environ un. pouce.
priver de sa lumière, toutes ces circonstances nous invitoient à demeurer près de
ce temple, sur-tout pendant le milieu du jour.
Pour procéder avec quelque ordre dans les observations que vont nous fournir
ces bas-reliefs, examinons d’abord la position des figures sur le temple et relativement
au temple. Voici ce que Ion remarque: les divinités sont constamment
placées de telle maniéré que, si on les supposoit s’avançant horizontalement sur
la surface du mur, elles arriveroient à la porte d’entrée principale du temple.
Dans les planches 2 2 et 2 3 , les prêtres sont debout; les divinités sont assises,
mais elles sont élevées sur des socles d’une hauteur telle que toutes les têtes se’
trouvent au même niveau. Lorsque l’on voit plusieurs divinités figurer dans une
même scène, comme, par exemple, dans la planche 2 2 , figure 2 , on peut supposer,
ou que 1 artiste a voulu les représenter placées les unes derrière les autres,
ou bien que ces figures, qu’il faut concevoir rangées de front, n’ont été représentées
comme on le voit ici, que parce que les Égyptiens n’employoient point
de perspective dans leurs sculptures. Ce qui confirme cette seconde supposition,
c est, d abord, qu elle est plus naturelle que la première ; car on ne se représente
pas une assemblée de personnages assis sur une seule file , comme dans une procession:
c est, ensuite, que si l’on eût placé les divinités les unes derrière les autres,
cent été leur assigner un rang qu’elles ne-paroissent point avoir effectivement,
puisque celles qui se trouvent les premières dans un tableau, occupent une autre
place dans le tableau voisin. Mais ce qui favorise sur-tout cette idée ce sont les
représentations des scènes familières trouvées dans les grottes, et où il est manifeste
qu’on a voulu peindre deux personnages assis côte à côte sur un même siège
quoiqu’ils soient cependant figurés l’un derrière l’autre.
Passons maintenant à la disposition des hiéroglyphes; ils sont rangés presque
tous dans des colonnes verticales , quelques-uns dans des bandes horizontales
Toujours les. hiéroglyphes renfermés dans une même colonne ou une même bande
sont tournés dans un même sens, que l’on a bientôt reconnu, en examinant
a abord celui des figures d hommes ou d’animaux.
Les hiéroglyphes qui sont dans le voisinage d’une des figures d’un tableau sont
toujours dirigés dans le même sens qu’elle; d’où il est permis de conclure que
ces hiéroglyphes appartiennent à cette figure plus particulièrement qu’aux autres
et quils expriment, peut-être, soit des paroles prononcées par ce personnage'
soit des circonstances relatives à l’action dans laquelle il est représenté. Par-là
on peut distinguer sur-le-champ à qui se rapportent les diverses colonnes hiéroglyphiques
qui sont dans un tableau. En général, toutes les colonnes qui sont
au-dessus des divinités, dépendent de ces divinités; celles qui sont près de la tête
u pretre, dépendent également de celui-ci, ainsi que celles qui sont entre lui et
es ivinites, et la petite colonne placée derrière lui. Quant aux deux grandes
colonnes qui bordent latéralement le tableau, les figures en sont constamment
irigees vers 1 intérieur; leur position indique quelque chose de général, et il
est probable quelles se rapportent à toute la scène.
Au-devant de la tête du prêtre, on voit, dans presque tous les tableaux, deux