d e s c r i p t i o n d e s , a n t i q u i t é s
«fe entrée ! Il se trouve à Edfoû que. la hauteur de ces massifs, prise au-dessus
de la porte est effectivement égale à celle qu’a le temple, après le premier portique
: leur distance supérieure est plus grande de trois mètres environ que Je
sanctuaire n est large; ce qui est encore conforme au passage de notre auteur (i).
Enfin, si 1 on en prolonge les cordons depuis le haut de la porrejusqu'en has, on
trouve une longueur d’un peu plus de vingt-trois mètres; ce qui répond à cinquante
coudées (2), comme Strabon l’indique.
Ainsi nous tenons de la main même des anciens la description d’un temple
Egypte, et le temple d’Edfoû nous la retrace avec ses principales circonstances.
Tous les temples^ un peu grands nous auroient fourni un résultat analogue ; mais
exemple dEdfoû a 1 avantage delà précision des mesures et de l’ensemble du
plan, sur-tout à cause des galeries, qui ont disparu ailleurs, ou qui ne sont pas si
bien conservées. Un rapprochement aussi remarquable mériteroit plus de développement
et des recherches plus approfondies : mais il faut réserver une place
pour un pareil trait de ressemblance, que me fournit un auteur non moins grave
que Strabon.
Diodore de Sicile a décrit avec soin le monument d’Osymandyas à Thèbes : on
sait que cet édifice est encore en grande partie debout, et que l’on peut, Diodore
a la main le parcourir sans autre guide. Il n’est pas de mon sujet de faire voir
cette conformité de l’édifice avec la description ; elle sera démontrée rigoureusement
ailleurs (3) : je me bornerai à citer les noms qu’a employés cet ancien auteur
pour designer les mêmes parties de l’édifice que je viens d’examiner à Edfoû ; savoir*
la cour et la porte pyramidale.
« On trouve d’abord un pylôn [twXw\ long de deux plèthres et haut de quarante-
» cinq coudees; ensuite un péristyle de quatre plèthres, environné de colonnes
» portant des figures de seize coudées; puis un autre pylôn semblable au premier
» et un autre péristyle. »
Il est manifeste, premièrement, que le mot de pylôn exprime ici la grande
entree, cest-à-dire, les deux massifs comprenant une porte au milieu ; secondement
que le péristyle est la cour garnie de colonnes : c’est exactement ce que
signifie ptnstyhon [ « « & , . , ] , qui veut dire un lieu, ceint de colonnes de toutes
parts, comme est la cour d’Edfoû, ainsi que les autres cours semblables; cela est
tellement sensible à l’inspection des lieux, que toute discussion est, pour ainsi
dire, superflue. Si l’on entendoit autrement ces deux mots, la description de Diodore
qui est si exacte, deviendroit absolument inintelligible; c’est ce qui est arrivé
quand les traducteurs ont rendu -mxài par atrium, faute de connoître les lieux
dont ils parloient.
Ce mot, fort peu commun chez les auteurs, a été choisi par l’historien pour
peindre une construction absolument étrangère aux Grecs : il n’eût pas trouvé
dans sa langue de mot propre à exprimer ces portes colossales, et il a choisi, au
(1) II faut entendre par les mots de Strabon w nu le (z\ V le Mém sur b tvtt d „ • r
sanctuaire du temple. L a distance des deux massifs est ¡J
prise i c i au niveau du cordon supérieur. et Devilliers
lieu
D ’ E D F O Û . C H A P . V. i y
lieu de mixti, celui de nvxàv, qui en est formé, et qui est un augmentatif; c’est
à-peu-près comme nous avons fiiit du mot porte le mot de portail, pour désigner
la grande entrée d’une église.
On trouve dans Aristote le meme mot de m/Xm, et il y est employé au même
objet, car cest en parlant des palais de Persépolis : or ces monumens de la Perse
étoient, comme ceux d’Égypte, précédés par des portes gigantesques (1). Ces deux
pays sont les seuls où l’on en trouve de pareilles, et la Perse est aussi le seul qui
offre dans ses monumens quelque analogie avec ceux des bords du Nil (2).
Si Ion doutoit de la justesse de Iapplication que je viens de faire du mot
TtvAi», il suffirait d’examiner les mesures que donne Diodore. En effet, la façade
de l'édifice a soixante-quatre mètres environ de longueur, ce qui fait, en nombre
rond, deux plèthres; et la hauteur répond à quarante-cinq coudées (3). Quant au
péristyle, on le trouve, sur deux côtés, composé de colonnes, et sur les deux autres,
de piliers décorés de figures dont la hauteur repond encore à seize coudées.
Dans la version Grecque de la Bible, j ai vu aussi le mot de 7tvXcet employé assez
fréquemment et dans la même acception que je lui donne ici (4). Enfin Clément
d Alexandrie s en sert également. Il est, je pense, impossible, après ces rappro-
chemens, de révoquer en doute le sens de ma«»; et je crois que l’avantage
d indiquer par une seule expression, puisée dans de bonnes autorités, ce que l’on
ne saurait exprimer que par plusieurs mots, doit engager à adopter cette expression
et à la franciser : on na donc pas fait difficulté de consacrer dans les planches
le mot de pylône, pour désigner l’ensemble des deux masses pyramidales et de la
porte comprise entre elles ; a 1 avenir, je n’en emploierai pas d’autre.
Si Ion rapproche maintenant ce résultat de celui que j’ai tiré de Strabon,
Ion sera fondé à donner le nom de pylône à la grande entrée, celui de péristyle
à la cour garnie de colonnes, et enfin à l’ensemble du pylône et du péristyle
celui de propylon ou propylée : une autorité irrécusable a d’ailleurs consacré ce dernier
nom; ce sont des inscriptions Grecques, tracées sur plusieurs portes d’Égypte,
et contenant le nom de rwçjmjXs'i (y).
IV .
D e la Décoration du grand. Temple.
Après avoir traité de la construction et
et avoir montré la conformité de celle
parlerai de sa décoration. Si le lecteur a lu
( 0 Voyez 1« Voyages de Tavemier, le Bruyn,
Niebuhr, &c.
(-) ° n ne vet,t F“ ici comparer les systèmes d’architecture
de ces deux peuples ; car leur ressemblance est
à-peu-près comme celle d’une caricature avec un
tableau, du moins autant qu’on peut en juger par .les
gravures que nous possédons des antiquités de Tchelminar.
(3) Fçyr^ le Mémoire sur le système métrique
A . D .
de la disposition du grand temple d’Edfoû,
-ci avec les descriptions des anciens, je
avec attention les chapitres précédens, il
(4) Voyez Exod. c. x x v i , v. 36 ; ibid. c. x x ix , v. 3 2 ;
Levit. c. V in , v. 31 ; Act. Apost. c. x i i , v. 1 3 , et c .x iv ,
v. 12 , &c. Dans ce dernier passage on trouve 7#V Qv&tr iS
7iv\a>voç. Le mot de Gi/£p, porte, est donc distinct de celui
de ttvxow, qui veut dire ainsi, la construction dans laquelle
la porte est percée.
(5) Voye^ le Mémoire sur les inscriptions recueillies en
Egypte.
C