
sphinx à corps de lion et à tête de femme ou de belier, rangés deux à deux et par
étage, et des prêtres qui présentent toutes ces offrandes.
La troisième pièce, celle qui est adossée au mur d’enceinte, ne diffère pas
des deux premières pour 1 étendue : seulement elle présente cette particularité, que,
dans le fond et sur toute la largeur, le mur est en saillie d’un mètre sur une
hauteur pareille; ce qui forme des espèces de coffres ou d’armoires en pierrè. Sur
1 une des parois de cette pièce, parmi les offrandes qui sont faites à une divinité à
tete de belier, on remarque quatre vases dont le col est court et incliné, et qui
ont beaucoup d’analogie avec les cornues dont les chimistes font usage.
Dans la quatrième et dernière pièce, on remarque des offrandes analogues à celles
que renfeiment les autres salles, quelques vases d’une belle forme, mais d’une exécution
médiocre.
Ces petits appartemens étoient-ils destinés à recevoir des objets précieux!
Étoit-ce le trésor du prince! Ces coffres en pierre dont nous avons parlé, ces
sculptures d’objets précieux qui ornent les murs, comme dans les appartemens
de granit a Karnak ( i ) , tout semble porter à le croire.
La galerie latérale nord du péristyle du palais, la seule qu’il nous reste maintenant
à parcourir, est dans un moins bel état de conservation que celles que
nous venons d’examiner. C’est là qu’on voit encore, comme nous l’avons dit,
les restes du sanctuaire d’une église Chrétienne. Le plafond de cette galerie est
détruit dans sa plus grande partie; mais le mur de fond est encore bien conservé
et riche de sculptures qui présentent le plus grand intérêt. Nous allons en
décrire la plus grande- partie , .et l’on verra bientôt quel a été notre objet en
nous laissant entraîner à en parler avec quelques détails (2 ) ; elles ont rapport au
triomphe d un héros, d’un roi sans doute, de celui dont les conquêtes et les hauts
foits sont par-tout consignés sur les murs du palais, de celui dont nous décrirons
bientôt les actions guerrières et les combats. Cest à gauche, en regardant le fond
de la galerie, que se trouve le commencement de la pompe, tout-à-la-fois religieuse
et militaire, qui fait le sujet de la planche 1 1 (A . vol. I I) .
- Deux rangées de figures qui, dans la cérémonie que ce bas-relief rappelle, mar-
choient probablement de front, sont ici représentées l’une au-dessus de l’autre. Les
trois premières figures (3) de la rangée supérieure, à gauche, sont des militaires qui
portent des lances dans la main droite, et qui ont leurs boucliers passés dans le bras.
De la main gauche, ils tiennent des espèces de massues. Huit figures (4) vêtues de
longues robes, et groupées deux par deux, les précèdent, et tiennent aux mains
de longues palmes; quatre d’entre eli.-s portent, en outre, des espèces de haches
d armes; leurs tetes sont ornées de plumes, emblème de la victoire; deux autres
figures, dont 1 une porte un carquois (5) et l’autre tient dans la main droite une tige
de lotus avec sa fleur (6), sont en avant, et marchent précédées de deux person-
(1 ) Vfyei la description du palais de Karnak, sec- (4) Voyez pl. n ." 1 , 1 , 4 . , r, A . ml. I l
\tion V 1 1 1 de ce chapitre. , , , , .
, , T> . WÊ (5) y oyez pl. n , n.° 6, A . vo l I I .
(2) Voyez ci-apres le $. VI. /AX v , „ . , . .
, . , ; (6) Voyez pl. u , n.° 7 , A . vol. I I .
( 3) Voyez pl. u , n.° i , A . vol. I I .
nages ( i) qui paroissent guider cette première colonne du cortège. Au-dessous
sont huit hommes (2) portant des gradins probablement destinés à servir pour
monter sur la chaise triomphale et pour en descendre. Huit personnages (3.) qui
les précèdent, ont la tête ornée de plumes, et sont couverts de robes transparentes;
ils portent les haches des sacrifices, et des guidons à tige de lotus, surmontés
de plumes. La comparaison que l’on peut faire de ces figures avec celles que nous
avons décrites et dessinées ailleurs, ne permet pas de douter que ces personnages
ne soient des militaires. Quatre figures (4 ) placées en avant ont la tête nue, et
tiennent également des lotus et des plumes ; elles sofit un peu courbées et dans
l’attitude qui convient à des personnes pénétrées du respect et de la vénération
que leur inspire l’auguste cérémonie à laquelle elles prennent part. Le triomphateur
(5) est assis sur un trône placé dans une espèce de palanquin richement
décoré, que portent sur leurs épaules douze personnages de la caste militaire (6),
groupés deux par deux ; ils sont vêtus de longues robes et couronnés de plumes.
Dans les intervalles des trois premiers groupes, on aperçoit les têtes de deux personnages
(7) qui paroissent diriger la marche; trois autres figures, entièrement
cachées, portent les étendards qui accompagnent toujours le héros. Le trône du
triomphateur (8) est recouvert de riches étoffes ; ses pieds reposent mollement sur
des coussins. Le héros a dans ses mains les attributs de la divinité, le crochet et la
croix à anse. Derrière lui sont debout deux génies protecteurs, qui l’enveloppent
de leurs ailes. A ses côtés sont les emblèmes des qualités éminentès qui le caractérisent
: le lion, qui annonce son courage ; l’épervier (9), qui est le symbole de ses victoires;
le serpent (10), qui fait allusion à l’étendue de ses conquêtes et de sa domination
; le sphinx, qui a sans doute rapport à son savoir dans tout ce qui concerne
la religion et les dieux. Devant et derrière la tête du héros sont des hiéroglyphes
qui peut-être indiquent son nom' et le sujet de son triomphe. Au bas du palanquin
sont de petites figures (i 1) vêtues de longues robes, qui portent les armes du triomphateur,
son carquois et ses flèches. Le palanquin est décoré, dans sa partie inférieure,
de deux petites figures debout, et la partie supérieure est couronnée du cordon et de
la corniche Égyptienne, surmontée de quatorze uboeus avec des disques sur la tête; les
deux montans se terminent par des fleurs de lotus. Deux pretres (12), places lun
au-dessus de l’autre, marchent en avant, en retournant la tête et une partie du
corps vers le héros ; ils brûlent des parfums devant lui. En avant du prêtre, qui est sur
( 1 ) Voyez pl. i r , n.os 8 et g , A . vol. I I .
(2) Voyez pl. i i , n.ot 10, ri et 1 2 , A . vol. I I .
(3) Voyez pl. 1 1 , groupes n.°* 1 3 , 14. et i j , A . vol. I I .
(4) Voyez pl. 1 1 , groupes u.°s 1 6 et ¡y , A . vol. I I .
(5) Voyez pl. i i , n.° 1 3 , A . vol. I I .
(6) Voyez pl. 1 1 , groupes n.os 18 et 2 3 , A . vol. I I .
(7) Voyez pl. 1 1 , groupe n.° 18 , A . vol. I I ,
(8) Le trône sur lequel le triomphateur est assis, ressemble
parfaitement aux beaux fauteuils qui ont été dessinés
dans les tombeaux des rois. Voyez planche 83, A .
vol. I I .
(9) 0îoV (bvxé/MYoi , n imntYanv, n usngpynv,
11 aïya, iVv/W> 11 apict, » aipgÿiftW, iiçyrut Çay&Hpvn.
Deum cum volunt significare, aut sublimitàtem, d u t hu'inilitatem,
aut proestantiam, aut sangulnem, aut victoriam ,
accipitrern pingunt. ( Hor. Apoll. hieroglyphicum 6. )
(10) Voyez les 59, 60 et 6 2 .' hiéroglyphes d’Hora-
pollon.
( 1 1 ) Voyez pl. 1 1 , n.ot 20, 2 1 et 22 , A. vol. I I .
(12) Voyez p l. 11 , n.05 24 et3 3 , A .v o l.ll. On reconnoît
que ces personnages sont des prêtres, à leurs têtes rasées.
Il faut consulter à ce sujet la savante dissertation de
Schmidt, De sacerdotibus et sacrifiais Ægyptiorum, où
se trouvent rassemblés tous les témoignages provenant
tant des historiens que des monumens, qui tendent a
faire connoître les prêtres de l’ancienne Egypte, leurs
costumes, leurs fonctions, leurs marques distinctives, et
les différentes classes dans lesquelles ils étoient partagés.