
 
		mêmes  du  langage, «et  doit  faire  penser  que  les  hiéroglyphes  pouvoient  s’écrire  
 et  se  lire  indistinctement  de gauche  à  droite  et  de  droite  à  gauche. 
 Les  piliers sont  tous  décorés  de  deux  figures  debout  et  de  plusieurs  colonnes  
 dlhiéroglyphes; un  grand  vautour,  les  ailes  déployées, occupe  le  sommet.  Avant  
 de  parler  des  autres  sculptures  du  temple,  il  faut  nous  arrêter  à  l’examen  des  
 colonnes, lesquelles  sont d’une espèce employée rarement :  on en  voit  à Selseieh,  
 à  Thèbes,  à Achmouneyn  et  dans  la  basse  Égypte.  Cet  ordre  de  colonnes  se  
 distingue des autres,  et  par  la  hauteur  du  fût,  et  par  sa  forme  inférieure,  et par  
 la nature  du  chapiteau,  sur-tout, par  les  côtes  ou  cannelures  qui  les  recouvrent.  
 Celles  d’Éléphantine  sont  coniques,  à partir  du  tiers  inférieur  de  la  colonne/et  
 enveloppées  de  huit  tiges  presque  demi-circulaires,  liées  au  sommet  par  cinq  
 bandes  étroites  ou  rubans  (i).  L ’origine de  ces  côtes  est  au  même  niveau  que  le  
 dessus  du  stylobate,  c’est-à-dire,  à-peu-près  au  tiers  de  la  colonne.  Le  bas  de  
 celle-ci,  engagé à moitié dans le stylobate qui vient  profiler  devant  l’axe, est orné  
 de feuilles  aiguës  et  alongées,  semblables aux folioles du calice  du lotus azuré  (2).  
 Enfin sa partie inférieure se  recourbe  légèrement;  et  cette  diminution  contribue,  
 avec  la  forme  conique  de  la  partie  supérieure,  à  produire  un  renflement  vers  le  
 tiers  de la hauteur  (3). La base est très-simple  de profil, peu  élevée,  fort  large, et  
 inclinée  en  dessus. 
 Le  chapiteau est  renflé  par  le  bas,  et  représente  assez  bien,  pour  le galbe, un  
 bouton de lotus qui seroit tronqué.  Il est divisé  en huit  côtes,-comme  le fût; mais  
 elles  sont anguleuses, au lieu d’être  circulaires (4). A  sa base  sont huit corps arrondis  
 ,  placés entre  les côtes,  et  garnis de filets  :  ces  filets  se revoient  entre  les  côtes  
 du fût au-dessous des liens,  tellement que les corps arrondis pourroient être regardes  
 comme  les extremites de  ces mentes  liens.  Ce  qui  ne seroit  ici  qu’une  simple  
 conjecture,  est mis  hors  de  doute  par plusieurs  colonnes  que  j’ai  vues  dans  les  
 grottes de  l’Heptanomide  :  j’en parlerai  en  détail dans la Description  générale des  
 grottes Égyptiennes,  où  l’on  verra  quelle  en  est  l’origine  très-probable.  Ici  je  me  
 bornerai  à  remarquer  que  les  côtes  du  chapiteau  d’Éléphantine  peuvent  représenter  
 des  tiges  de  roseaux,  qui,  serrées  fortement  par  des  liens,  se  seraient  
 ployées  angulairement,  comme c’est  le  propre  de  ces  plantes;  à moins  qu’on  ne  
 préfère  y  voir  l’imitation  des  tiges  anguleuses  du  papyrus. 
 Les colonnes d’Éléphantine  sont,  comme toutes les autres,  surmontées d’un  dé  
 carré,  à-peu-près égal  en  hauteur au  tiers du chapiteau ;  il  est orné d’hiéroglyphes  
 qui sont symétriquement pareils,  et en  sens  inverse  sur  les  deux colonnes, comme  
 je  l’ai  fait remarquer dans  la  frise et  le  stylobate. 
 Les  faces  extérieure et  intérieure  de la salle  du temple sont ornées  de  sculptures  
 d’un  ciseau  soigné  et  d’un  relief  très-doux.  Ce  relief  est  saillant  à  l’extérieur  du  
 temple, et  en  creux  à  l’intérieur.  Devant  le  parvis,  on  voit  à  chacun  des  angles  
 une figure richement vêtue et coiffée,  qui porte une crosse,  et que reçoit dans ses 
 (1)  Voyez  pl. a  ,  fig.  2.  (3)  Voyez VEssai  sur  l ’A r t  en Égypte,  au sujet de i’o- 
 (2)  Voyei  la  Description  des  antiquités  d’Edfoû  ,  rigine  de  cette  espèce  de  colonnes.  ¡j  
 chap.  V, S - 1 V,  (4j  V o y . p i y ^ . y i y , e t  l’ezplicationdelaplanche. 
 bras  un  personnage  à  tête  de  belier  (1).  Une  figure  plus  petite  décore  l’encadrement  
 de  la porte à droite  et à gauche ;  l’une et  l’autre  sont  coiffées  du  casque  des  
 héros que l’on  voit dans les tableaux militaires  (2) ;  elles  tiennent  entre  leurs bras  
 deux gerbes  ou faisceaux  de  plantes  et  de  fleurs, groupés agréablement, mais qu’il  
 est  difficile  de caractériser  avec  précision  (3). 
 Tout  le  tour  extérieur du  temple, sous  la  galerie,  est  couronné  par  une.  corniche  
 cannelée.  Sur  la  face  qui  regarde  le  nord,  on  voit  quatre  tableaux  curieux, 
   qui semblent  faire  suite  à  ceux  du  parvis  (4).  i.°  Un  personnage  à  tête  de  
 belier  qui  rappelle  Jupiter  Ammon,  et  Isis  coiffée  de  plumes,  apposent  leurs  
 mains  sur  un  jeune  homme  paraissant  représenter Horus  ou Harpocrate.  2.° Un  
 personnage  semblable  à  ce dernier  offre à  Isis une  gerbe de  l’espèce de  celles  que  
 tiennent  les figures du parvis.  3.0 Un autre,  coiffé  d’un casque,  tenant un bâton et  
 deux  autres  attributs,  présente au dieu à  tête de belier et à Isis une riche offrande,  
 composée  de  vases,  de  gâteaux,  et  de  divers  animaux  sacrifiés,  semblables  à  des  
 oies  et  à des  gazelles.  4-°  Un  personnage  tenant  dans  ses  mains  un  bâtQn  droit  
 et  un  bâton  tortueux  fait  une  offrande  à  une  figure  d’Harpocrate  qui  porte  un  
 fléau  :  derrière  celle-ci  est un autel  surmonté  d’une  tige et  d’une  feuille  de  lotus.  
 L ’offrande  consiste  en  quatre  taureaux  placés  l’un  au-dessus  de  l’autre  :  au  pied  
 droit  de  devant  de  chacun  de  ces  taureaux  est  attachée  une  corde;  ces  quatre  
 cordes  aboutissent à la main du personnage,  et chacune  d’elles finit par une petite  
 croix  à anse. Enfin,  derrière  lui est  une  enseigne emblématique  fort remarquable,  
 renfermant  des hiéroglyphes,  et semblable  à  celles  qu’on  trouve  dans  les  scènes  
 historiques  de  Thèbes.  La  figure  d’Harpocrate  est  de  profil,  et  ne  laisse  voir  
 quun bras,  une  cuisse  et  une  jambe,  image  qu’on a  déjà remarquée àPhilæ.  Sur  
 chacun  de  ces  quatre  tableaux  plane  un  grand  épervier  tourné  vers  le  fond  du  
 temple.  Il  faut  consulter  la  gravure pour suppléer aux  détails que j’ai  dû négliger  
 dans cette  description  succincte. 
 Le  tableau  le  plus  important  du  temple  est  au-dedans  de  la  salle,  du  côté  
 gauche  en  entrant ;  il  est  parfaitement  conservé  ;  celui  qui  est  en  face  l’est beaucoup  
 moins;  cependant  on  reconnoît que la décoration en étoit semblable à celle  
 du premier,  comme on en  peut juger par un fragment de barque symbolique,  dessine  
 au  milieu  de  Cette  face  (y).  L ’un  et  l’autre  étoient  revêtus  de  couleurs  que  
 Ion distingue encore; les figures sont peintes en rouge;  les ornemens sont mêlés de  
 bleu,  de vert et de jaune. Quant au plafond,  il  est trop oblitéré pour.qu’on  puisse  
 en reconnoître les  ornemens. Beaucoup  d’hiéroglyphes sont  couverts de boue,  ou  
 bien  enfumés. 
 Le  tableau de gauche,  qui a  environ  vingt  pieds  de long,  occupe  toute  la longueur  
 de la salle ;  c’est un exemple,  assez  rare dans les  temples,  d’une composition  
 unique, remplissant ainsi  toute  une  face  de muraille.  L ’unité  qui  règne dans cette 
 (1)   Voyez p l . j ( , f i g .   2.  proue  d’une Barque  symbolique.  Voyez  planche  2 7 . 
 (2)  Voyez pl. j 6 ,  fig, y.  figure  2. 
 (3)  ^*es  petits  globules  qui  les surmontent,  se  re-  (4)  Voyez pl.  3 7 ,   fig.  /. 
 trouvent  sur  des  calices  de  lotus,  au-dessous de  la  (5)  Voyez  pl.  j j ,   f i g .   9 . 
 A.  D .  B