
 
		lctendue du monument. Le contour des figures est quelquefois marqué sur la pierre,  
 la  sculpture  ayant souvent  plus  de  profondeur  que  l’epduit  n’a  d’épaisseur.  En  
 examinant les  choses avec attention, on ne tarde point  à reconnoître  que  l’on n’en  
 a agi  ainsi que  parce  que les colonnes  sont  construites  avec des  pierres  provenant  
 d’anciens édifices, et  dont  on  aperçoit encore,  dans  les  endroits  où l’enduit  s est  
 détaché,  les  sculptures  revêtues  de  couleurs.  Les  hiéroglyphes  de  ces  anciennes  
 pierres  sont même  renversés;  ce  qui  ne  peut  laisser  aucun  doute  sur  le  fait  que  
 nous venons d’avancer. Ce ne sont pas seulement lès colonnes qui sont ainsi bâties;  
 tous  les murs du temple  offrent  aussi  les  mêmes  circonstances dans  leur  construction. 
   Par-tout  où  le  parement  de  la pierre employée presentoit d anciennes  sculptures  
 ,  il  étoit revêtu  d’un  enduit qui le  rendoit parfaitement  uni  et  très-propre  à  
 recevoir de nouveaux  ornemens. On dpit croire que  les Égyptiens n’ont  été déterminés  
 à prendre  ce  parti,  que  parce  qu’ayant employé  une  grande  quantité  d’anciens  
 matériaux, ils ont  trouvé  plus  commode  et plus  expéditif de  les revêtir d’un  
 enduit, que d’en faire disparoître les anciennes sculptures. Une des choses qui nous  
 ont  le  plus  frappés  dans  l’examen  de  toutes  les  circonstances de  ce  fait,  c est  que  
 les hiéroglyphes sculptés sur les anciens matériaux sont aussi bien  exécutés que ceux  
 qui décorent  actuellement  l’édifice. 
 Le grand temple  du sud n’est pas  le seul monument où les Égyptiens aient ainsi  
 dressé  les  paremens des murs  ;  quelques-uns  des  tombeaux des rois  (i)  sont  entièrement  
 revêtu#  d’enduits  sur  lesquels  on  a  sculpté  ou peint  les  ornemens  qui  les  
 décorent.. 
 Les murs latéraux du portique sont percés, de chaque côté, de deux portes  régulièrement  
 disposées  et qui se correspondent parfaitement.  Tous les paremens  sont  
 couverts de décorations  hiéroglyphiques.  On  y  remarque beaucoup  d’offrandes  de  
 lotus,  et des barques  avec  leurs  cordages,  leurs  avirons,  leur  gouvernail  et  leurs  
 rameurs, au milieu desquelles sont placées des châsses surmontées d’un grand nombre  
 d’idoles  Égyptiennes, renfermant dans  l’intérieur l’image de  la divinité représentée  
 sous  des  formes  symboliques  avec les  attributs  qui  la  caractérisent.  Ces  divinités  
 paroissent être conduites  en  triomphe  et  offertes  aux hommages et  à la vénération  
 des  peuples.  Le  vautour  accompagne  souvent  ces  représentations  ;  il  plane  au-  
 dessus  d’elles,  et porte  entre ses  serres  une  espèce de monogramme ou  de devise,  
 composé  d’une croix à anse et de deux sceptres à tête de lévrier,  placés sur un vase  
 demi-circulaire.  Ailleurs  on  offre  de  ces  bâtons  dentelés  que nous avons  désignés  
 sous le nom  de bâtons de  T/iot,  et auxquels  sont  suspendus des  espèces de vases.  A  
 la partie supérieure sont des  uboeus,  dont  les corps  tortueux forment,  en  s’élevant  
 ets’abaissant,  différens replis. 
 Du  portique  on  passe  dans  une  salle  ornée  de  colonnes,  qui  a  vingt-quatre  
 mètres (2) de largeur et dix mètres (3) de profondeur. Elle offre, dans des dimensions  
 plus petites,  la même disposition  que les  salles  hypostyles.  Des huit colonnes  dont  
 elle est décorée,  quatre,  formant l’entre-colonnement du milieu,  sont  plus  élevées 
 (1)  Voye^  la  description  des  tombeaux  des  rois  (2)  Soixante-quatorze pieds. 
 s e c t .  X I   d e   c e   c h a p i t r e ,   et  les  explications  des  planches.  (3)  Trente pieds. 
 que  les  autres  et  d’un  ordre  ( 1 )  différent.  Il  en  résulte  que  les plafonds  de  cette  
 salle  ne  sont pas  par-tout à la même hauteur ;  ce qui a  donné  les moyens  d’établir  
 des  claires-voies  en  pierre  dans une  espèce  d’attique  élevé  sur  l’entablement  des  
 colonnes du petit ordre pour recevoir les pierres du plafond. Les chapiteaux (2) des  
 colonnes  du grand  ordre  ont  la forme  de campanes  très-évasées  et  très-saillantes  
 sur le nu  du fût :  ils sont  décorés, dans la partie  inférieure, de  ces  triangles,  placés  
 les  uns  dans  les  autres,  qui  imitent les  gaines  des plantes.  Au-dessus  s’élèvent  des  
 tiges  de  lotus  avec  leurs  fleurs.  Les  chapiteaux  des  colonnes  du petit  ordre ont  
 la  forme  de  boutons  de  lotus  tronqués  :  leur  partie  inférieure  a  des  ornemens  
 qui  figurent des  obélisques séparés  par  des bandes horizontales et verticales qui  ne  
 sont  que  gravées  sur  la pierre. 
 Les  décorations  de  cette  salle ne  présentent  aucune  particularité  remarquable,  
 et  ressemblent  à  celles  du  portique.  Ce  sont,  pour  la  plupart,  des  offrandes  aux  
 dieux. 
 Le mur de  fond est percé  de trois  portes :  la  plus  élevée  correspond à  l’entre-  
 colonnement du milieu ;  les deux autres sont  placées dans l’intervalle qui sépare les  
 colonnes  du petit  ordre  d’avec  les  murs  latéraux.  La corniche  de  la  première  est  
 décorée d’un  globe ailé, accompagné de deux uboeus,  et qui paroît avoir été  recouvert  
 de métal ;  car sa  surface n’est point dressée, et  l’on  voit en différens  endroits  
 les trous de  scellement destinés  à recevoir les crampons. On doit  présumer que ce  
 globe  étoit d’or, ou tout au moins de  cuivre doré, pour mieux imiter le disque du  
 soleil  dont  il  étoit  l’image.  Il  faut  convenir  que  ces  métaux,  réunis  aux  riches  
 couleurs  dont  les  sculptures  étoient  revêtues, devoient  augmenter singulièrement  
 l’éclat  et  la  splendeur  des  monumens  Égyptiens.  Le  grand  temple  du  sud  n’est  
 point  le seul édifice  (3)  qu’on  puisse  citer  pour  cette  sorte  de magnificence. 
 La  porte  du  milieu  conduit  à  une  espèce  de  sanctuaire  isolé  de  toutes parts  
 par  un  couloir  dont  la  largeur  est de  trois mètres  (4) •  c’est  une  disposition  que  
 l’on retrouve dans presque tous les temples Égyptiens. Les deux autres portes communiquent  
 à de petites  salles  distribuées  dans un  espace de  vingt-huit  mètres  (y),  
 et dont on n’aperçoit plus  que les  terrasses, tant  elles sont encombrées  :  ce sont de  
 ces petites pièces obscures qui entourent ordinairement les sanctuaires  des temples,  
 et  dont  les  sculptures  sont  plus  spécialement  consacrées  à  la  représentation  des  
 divinités  de  l’ancienne  Égypte.  Ce  n’est  qu’en  parcourant  les  terrasses  que  nous  
 avons  pu  saisir  la  distribution  de  toutes ces  pièces  (6)  et  apercevoir  les murs  qui  
 les  séparent.  On  y  voit même  de  ces  soupiraux  évasés,  pratiqués  dans  l’épaisseur  
 des  plafonds  pour  éclairer  l’intérieur  des  salles.  Dans  l’une  des  pièces  à l’est,  on  
 remarque  un  escalier qui  conduisoit  sur les  terrasses  du temple. 
 (1)  £11  faisant  usage de ce mot,  nous n’avons point en  (4)  Neuf pieds  deux pouces. 
 vue d’établir  ici une comparaison avec  les  ordres Grecs;  (5)  Quatre-vingt-six  pieds  deux pouces. 
 nous voulons indiquer seuIementdescolonnesEgyptiennes  (6)  Toutes  ces  pièces ont  été seulement indiquées sur 
 de  proportions  diiférentes  avec  des  chapiteaux  variés.  le plan,  parce  qu’il  n’a pas  été  possible  de  pénétrer dans 
 (2)  Voyez la planche yy, fig. j ,  A , vol. I I I .   l’intérieur pour en  prendre les  mesures.  Voyez la pl. 5 4 , 
 (3)  Voyez.  la  description  du  palais  de  Louqsor,  fig.  2 ,  en  i , A .  vol.  I I I .  
 section  VU de ce  chapitre. 
 A .  D .  1 1 1