encore des fïeches sur fa mêlée, dont il paroît s’éloigner: ses chevaux sont lancés au
grand galop ; ils vont fouler aux pieds des lions percés de traits. Ce tableau donne à
'croire que le héros Égyptien dont la sculpture a consacré les exploits sur tous les
murs du palais de Medynet-abou, n’avoit pas seulement à soutenir la guerre contre
des hommes, dans les lieux où il porta la gloire de ses armes, mais qu’il eut encore
à combattre des bêtes farouches. En effet, les deux lions qui sont en avant du char,
ont etc atteints des traits du vainqueur. Le premier est étendu mourant, et prêt à
être foulé sous les pieds des chevaux : le second, percé de quatre flèches, ne peut
échapper a la mort; il fuit à travers les roseaux. Ce bas-relief, précieux sous le
rapport de l’histoire ( i ), ne l’est pas moins sous le rapport de l’art. On peut remarquer
la franchise et la hardiesse du dessin, la variété et la fermeté des attitudes de
toutes les figures ; 1 expression de la douleur est sur-tout rendue avec beaucoup de
vérité.
Au-dessous des lions, sont des fantassins différemment armés et habillés (2). Les
premiers ont des boucliers terminés carrément par un bout et arrondis de l’autre;
ils portent, en outre, de longues.massues. Les seconds ont des casques de forme
conique, et chacun d’eux est armé d’un javelot. D ’autres portent des casques de
forme sphérique, noués par des cordons sous le menton, et surmontés de petites
boules métalliques ; d’autres enfin ont une coiffure qui paroît bouclée depuis le
haut de la tête jusque sur le cou. Une partie est armée de boucliers et de lances,
et une autre, de dards et de carquois.
Une grande ligne verticale d’hiéroglyphes (3) sépare le sujet que nous venons
de décrire, de celui qui le suit, et où Ifon voit encore le même héros : mais ce sont
d autres victoires et des combats d’une autre nature. Le vainqueur est descendu de
son char; un écuyer tient les rênes, tandis qu’un palefrenier arrête par la bride les
chevaux encore tout haletans, et cherche à les calmer. Deux hommes se disposent
a les panser ; ils tiennent à la main une espèce de bâton recourbé, dont il est
difficile d’assigner l’usage. Les harnois de ces chevaux diffèrent peu de ceux que
nous avons précédemment décrits, et la bride est absolument la même; leur tête
est surmontée de panaches, où l’on distingue une fleur de lotus renversée. Ils
sont couverts d’une housse semblable à celle que nous avons déjà décrite (4) : mais
ils ont de plus une selle posée près du garrot ; elle est maintenue par des cour-
ioies qui passent sous le ventre et en avant du poitrail. Le char est de métal ; on
y voit attachés, sur les côtés, des carquois remplis de flèches.
Le héros, descendu de son char, et vêtu de ses habits de guerre, est caractérisé
par un vautour planant au-dessus de sa tête; il est suivi de l’un de ses porte-enseignes,
sans lesquels on ne le voit jamais marcher : armé de son carquois, il en a tiré une
flèche qu’il est prêt à lancer avec son arc déjà tendu. Il foule aux pieds des ennemis
vaincus, emblème de la victoire certaine qu’il va remporter. Jamais nous n’avons
^ vu cette belle figure sans éprouver un vif sentiment d’admiration, et sans rendre
justice à l’art des Égyptiens. Ce n’est pas que, pour la perfection, elle puisse être
(1) Voyez ci-après, pag. 60. (5) Voyez pl. 10 , A . vol. I I .
(-) Cet bas-reliefs n’ont point été dessinés. (4) Voyez ci-deasus ,pas . 43..
Comparée aux belles sculptures en bas-relief que la Grèce nous a laissées. On ne doit
point mettre En parallèle des ouvrages exécutés dans des systèmes tout différens et
d’après des données qui ne sont pas les mêmes. Mais cette figure, comparée aux
autres sculptures des Égyptiens, est une des plus précieuses et des mieux exécutées ;
elle prouveroit seule, si d’ailleurs on n’en avoit une infinité d’autres exemples,
que l’art, tel que les Égyptiens l’ont conçu, a été porté chez.eux à une grande pet-
fection. On ne trouve plus ici cette pose immobile et sans action, qui paroît avoir
été de rigueur dans les bas-reliefs sacrés ; toute la figure est animée et pleine de
mouvement ; son action est bien sentie : elle est aux sculptures Égyptiennes ce que
l’Apollon du Belvedère est aux statues Grecques. Il n’est peut-être pas inutile de
faire remarquer l’analogie qui existe entre la pose de l’Apollon et celle du guerrier
Égyptien : le dieu des Grecs vient de lancer le redoutable trait qui a vaincu le
serpent Py thon, et le héros des Égyptiens va lancer la flèche qui doit porter la *
mort dans les rangs ennemis.
Le héros est précédé de quatre archers qui sont dans la même attitude que
lui : leurs carquois sont ouverts, et ils en ont tiré des flèches qu’ils dirigent sur
les ennemis. Us sont d’une stature beaucoup moindre que celle du héros, mais
cependant assez élevée pour qu’on doive reconnoître en eux des guerriers mar-
quans. En effet, par-tout nous avons observé que les Égyptiens distinguent leurs
grands personnages, non-seulement par les symboles et les attributs dont ils les en-,
vironnent, mais encore par la hauteur de la stature. Ceux qui sont ici représentés,
sont sans doute des officiers du premier ordre.
Le combat qui est ici figuré se livre sur les eaux. En l’examinant avec attention
(1), on ne tarde point à reconnoître qu’une escadre Egyptienne est aux prises
avec une flotte ennemie, et qu’elle est vigoureusement secondée sur terre par une
armée Égyptienne, dont on n’a représenté ici que le héros qui la commande et
les généraux qui servent sous ses ordres, comme pour indiquer que la valeur de
quelques braves supplée seule à toute une armée.
Les vaisseaux Égyptiens sont distingués par leurs proues décorées d’une tête de
lion. Les hommes qui les montent se reconnoissent, au premier abord, à leurs airs
de tête, à leurs costumes et à leurs armes; mais d’ailleurs la forme oblongue
de leurs boucliers, forme décrite par les anciens auteurs (2), signale encore les
Égyptiens d’une manière plus précise. Sur la gauche du dessin, on voit trois des.
barques Égyptiennes (3) placées l’une au-dessus de l’autre, disposition qui paroît
avoir été employée pour suppléer à la perspective. Une quatrième barque (4) est
(1) Voyez pl. 10 , A . vol. I I . JtéJÏKU. puieMtJitç ovy àtrmn rtuç m<Nptftz kaj déççf.npAyt-
(2) Nous ne citerons ic i, à l’appui de notre assertion,
qu’un seul passage extrait du livre V I de la Cyropêdie Proeterea conductos jam permultos esse Thracas machoe-
de Xénophon, Cet auteur indique non-seulement les rophotos, Ægyptios navigiis advehi; atque hos aiebantesse
grands boucliers dont les soldats Egyptiens étaient cou-* numéro ad centunï viginti millia, ciim scutis ad pedes
verts, mais encore leurs longues piques et leurs petits usque pertinentibus, hastisque magnis (quales etiam nunc
coutelas, tels que les sculptures du palais de Medynet- habent) etcopidibus. (Xenoph.tA? Cyri institutions, lib. Vl>
abou nous les offrent. Pag* 33^» edit. Londini, 1747-)
"h<A» J i ksm fjmfju&ofjüinç tîv<ti mtoiç puèv OpaxuY /Mtyeu- (3) Voyez pl. 10, ordonnées / , 2 et j , A . vol. I I .
Ofitpopvç, A.iyjirnvç M itçytnubÂîy • xyi i\iy>v tic (4) Voyez pl. 10, ordonnée 4., A , vol. I l .