25 43 27 4e latitude boréale. I! se présente en face du Nil, et son axe fait avec
■le méridien magnétique un angle de 3 J°. Les ruines de cet édifice sont peut-être
J u plus pittoresques de toutes celles qui existent encore sur l’emplacement de
Thèbes (i). Vues du nord, elles présentent leur plus beau développement. On distingue
les pylônes, les colonnes et les piliers cariatides qui sont encore debout,
dénormes débris de statues colossales, les colonnes en partie détruites et maintenant
plus ou moins élevées au-dessus du sol, celles qui ont été renversées d’une
seule pièce, et les fondations de quelques autres. A une assez grande distance, on
apetçoit les deux colosses de la plaine et le bois d’acacias qui les environne ; plus
loin, coule le fleuve au milieu de l’emplacement de l’ancienne cité ; à l’horizon, se
montrent les sommets découpés de la chaîne Arabique, A sa droite, le spectateur
von les rochers escarpés de la montagne Libyque (2), où il découvre un nombre
prodigieux d ouvertures (3) qui toutes, conduisent ¿i des grottes profondes. Ces
mêmes ruines, vues du sud, n'offrent pas un moindre intérêt : le fond du paysage
se compose des beaux sycomores et de la petite forêt de palmiers de Qournah (4) ;
on aperçoit, tout-à-fàit dans le lointain, les magnifiques ruines de Karnak.
On entre dans le palais par une de ces grandes portes encastrées, pour ainsi dire,
dans deux constructions pyramidales à l’ensemble desquelles -nous avons donné
le nom de pylône. C est ce genre d’édifice, considéré dans ce lieu même, qui nous
a conduits, comme on va bientôt le voir (y)., à admettre cette dénomination.
La partie située à gauche en entrant n offre qu’un amas de pierres renversées les
unes sur les autres. Le grès dont l’édifice est construit, est fort blanc et d’un grain
tres-fin. La face extérieure de tout le pylône est dans un si grand état de dégradation,
quon aperçoit à peine les sculptures dont elle est ornée; mais il n'en est
pas ainsi de la face intérieure, dont la partie à droite offre encore beaucoup
de restes des bas - reliefs qui l’ont décorée. On y voit la représentation d’un
combat (6) : 1 infanterie s avance en ordre de bataille; à sa tête est un chef d’une
stature colossale, monté dans un char. Plus loin on. voit une mêlée d’hommes,
de chars et de chevaux : les uns courent- à toute bride sur leurs adversaires
d’autres s’élancent sur les ennemis qui les attaquent; ceux-ci fuient, ceux-là poursuivent
les fuyards; d’autres enfin sont renversés. Dans cette mêlée, on aperçoit
des morts et des blessés épars de tous côtés, des chars renversés, et ceux qui les
montent culbutés avec leurs chevaux. Les héros, c’est-à-dire, ceux qui sont figurés
de stature colossale, fondent avec impétuosité sur les ennemis : avec leur arc
tendu, ils sont prêts à décocher Jes flèches qu’ils ont tirées des carquois suspendus
autour de leurs chars. Au milieu du pan de muraille sur lequel est représentée
cette scène de carnage, on reconnoît, à de grandes lignes ondulées, la configuration
dun fleuve qui partage en deux, par des détours sinueux, le champ de bataille
où se précipitent les guerriers. Des hommes se jettent dans le fleuve; d’autres se
( .) Voyez la plaochez j par M. Omettre, A . vol. I I . (5) K a ^ I a seconde partie d e cc.ro section, , , ,
" W Ê Par M . C écile, A . vol. I I . (6) Nous sommes redevables à M. Villoteau de la
3 Voyez a planche 2+, par M. Balzac, A . vol. / / . description de ce bas-relief, qu’il nous a permis d’extraire
(4) Voyez H planche 2.;, parM. Dutcrtrc, A . vol. I I . de son journal.
Sauvent à la nage, ou se noient, tandis que, du côté opposé, quelques hommes
de leur parti leur tendent les bras pour.les secourir. Dans plusieurs endroits de
cette scène si vivement animée, des guerriers se couvrent de leurs boucliers. Ces
boucliers sont de deux espèces : les uns ont la forme d’un disque échancré sur
les côtés ; les autres sont rectangulaires, un peu plus longs que larges : ils distinguent
les guerriers qui les portent, et empêchent qu’on ne les confonde avec
les Egyptiens ( i )..
L ’autre partie à gauche du pylône, toujours dans l’intérieur du monument,
offre aussi des restes de bas-reliefs où l’on remarque un héros (2) de stature colossale,
assis sur un siège élégamment décore; ses pieds reposent sur un tabouret dont
la face latérale est ornée de sculptures représentant deux captifs étendus par terre
et les mains liées derrière le dos. Au-dessous d’eux sont des arcs. Les coussins
du siège et du tabouret paroissent faits d’étoffes précieuses, parsemées d’étoiles. Le
héros tient à la main gauche une espèce de sceptre terminé par une fleur de lotus;
il tend la main droite à vingt-une figures qui arrivent à lui inclinées et çlans une attitude
suppliante : deux d’entre elles portent des volumes (3), et la première élève la
main droite vers le héros comme si elle lui adressoit la parole ; toutes ces figures
sont habillées de longs vêtemens. Derrière le trône du héros, sont des porte-
enseignes et des étendards. Au-dessous de ce tableau, on voit deux figures agenouillées,
tendant les mains comme pour implorer la clémence de quatre autres
personnages qui les entourent.
Tout près de ce bas-relief, sont des guerriers et des chariots. On voit encore
sur la même muraille une troupe nombreuse de fantassins armés d’une espèce de
couteau recourbé, et tenant un javelot dans la main droite; ils portent à la main
gauche de grands boucliers qui les couvrent depuis les pieds jusqu’à la tête; ces
boucliers sont arrondis par le haut et terminés carrément dans la partie inférieure:
ce sont les mêmes qui sont figurés à Medynet-abou (4), et que nous ayons déjà
reconnus pour égyptiens. L’armée dont ces fantassins font partie, a une arrière-
garde nombreuse, soutenue par une assez grande quantité de chars, dans chacun
desquels il ne se trouve qu’un seul guerrier. Plus haut, et comme au centre, sont
les bagages de l’armée, chargés sur des ânes; ils consistent en pots, marmites,
sacs et autres ustensiles. Quelques-uns de ces bagages sont déjà pris par un parti
ennemi; d’autres sont attaqués, mais vigoureusement défendus. Des guerriers montés
sur des chars sont assaillis et forcés de fuir. Par-tout, sur une même ligne droite
suppléant à une perspective lointaine, on voit des partis de guerriers qui sont
aux mains.
Ce premier pylône forme le côté d’une grande cour à peu près carrée , de
quarante-six mètres et demi (5) de long, dont les clôtures, sur les côtés, sont presque
.entièrement détruites. Les fondations de deux colonnes que l’on aperçoit à gauche,
(1) Les Egyptiens ont de grands boucliers, comme (2) Une partie de ce bas-relief est représentée pl. ,
nous l’avons déjà fait remarquer à Medynet-abou, et Jig. 2 , A . vo l.II. •
comme nous venons encore de le dire ici. Voyez lajSg’. r, (3) Voyez la fig. 2 , pl. J i , A . vol. I I .
p l . j i ,A . vol. I I . Voyez aussi la description de Medynet- (4) Voy. ladescription de Medynet-abou, sect. I , p . f j .
abou, sect. I , pag. yy, et la note 2. (5) Vingt-trois toises cinq pieds six pouces.
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