trouvent peut-être clans le même cas que la plus grande partie des modernes qui,
n’ayant que peu ou point de connoissance en architecture et dans les arts du
dessin, n ont pu fournir dans leurs relations que des notions très-imparfaites et
des mesures approximatives des monumens qu'ils ont voulu décrire. Ceux qui
ont parcouru l’Egypte, reconnoissent bien .que ces voyageurs ont vu les édifices
dont ils parlent; mais ils s’aperçoivent aussi que leurs relations sont bien peu
propres à en donner une idée exacte. Ainsi, dans la question qui nous occupe,
il s’agit moins de rechercher une précision rigoureuse, que de s’assurer du plus
grand nombre possible de rapports entre ledifice décrit par Diodore et le palais
de Memnon.
« Au-devant des colonnes, il y a des figures monolithes de seize coudées de
» hauteur, sculptées suivant l’ancienne manière. »
Le texte porte ¿vù r xtémt, que les traducteurs ont rendu par au lieu de colonnes,
et que nous interprétons par au-devant des colonnes. Voici nos motifs. L e premier
péristyle est entièrement détruit ; il reste à peine quelques traces des murs latéraux.
On voit seulement, à gauche, les fondations de deux colonnes dont on a
pu prendre les mesures ; elles sont des indices certains d’une galerie qui étoit
peut-être formée de plusieurs rangées de colonnes, mais qui pouvoit aussi n’en
avoir qu’une seule rangée, au-devant de laquelle étoient placés des piliers cariatides;
La planche uy ,fig. / et 2 , A . vol. I I , offre une restauration dans la première hypothèse;
la planche3 3 en présente une dans la seconde. Mais cette dernière doit être
préférée, parce qu’elle est plus conforme à la description de Diodore. En effet,
1 auteur fait remarquer que le second péristyle est tout-à-fait semblable au premier
, sinon qu’il est plus admirable encore et plus rempli de sculptures intéressantes.
On voit donc que l’analogie des constructions encore existantes dans
1 un et l’autre péristyle nous autorise à donner au texte l’interprétation que nous
proposons. C’est ainsi que nous croyons pouvoir nous servir des portions d’édf
fices encore existantes, pour traduire avec plus d’exactitude le texte de Diodore,
et réciproquement, nous appuyer de la description de cet auteur, pour restaurer
les parties du monument qui ne subsistent plus, sans qu’on puisse nous faire le
reproche d’admettre d’avance ce qu’il faut prouver.
La hauteur de seize coudées, qui est assignée aux figures sculptées placées
au-devant des colonnes, ne peut être vérifiée maintenant, puisque le premier
péristyle est entièrement détruit : les débris des colonnes et des piliers cariatides,
ceux des entablemens et des corniches, tout a disparu. Cependant, si l’on
admet, ce qui est extrêmement vraisemblable, que ces figures étoient de même
hauteur que celles du second péristyle, on trouve que les seize coudées, équivalentes
a huit métrés et demi, d après le nilomètre d’Éléphantine, s’éloignent peu
de neuf mètres, qui sont effectivement la hauteur des figures adossées aux piliers
carrés du second péristyle.
Le texte renferme le mot ÇaJta qui signifie en général des figures en relief ,
des figures sculptées; ce qui ne peut s appliquer évidemment qu’aux piliers cariatides.
L auteur leur donne 1 épithete de monolithe s , tandis qu’ils sont bâtis par
assises.
assises. La perfection que l’on trouve dans l’exécution des édifices Égyptiens, le
soin que l’on a mis à cacher les joints des assises, peuvent seuls avoir induit en
erreur le voyageur à qui nous devons la description du tombeau d Osymandyas.
« A la suite de ce péristyle, est un nouveau passage, ainsi qu un autre pylône
» semblable en tout à celui dont on vient de parler, mais orné de toutes sortes
» de sculptures mieux exécutées. »
Ce qui reste encore de ce pylône est parfaitement d accord avec la description ;
et d’après une indication aussi positive, nous avons été conduits a la restauration
de la planche laquelle est d’ailleurs suffisamment motivée par l’analogie des péristyles
et des pylônes encore subsistans avec ceux du palais de Medynet-abou.
« Près de l’entrée, on voit trois statues taillées dans un seul morceau de
y> pierre de Syène. L ’une d’elles » &c.
Le texte porte : Tla,çy. S i r iv e’i'evSbv itfyiaJ/Tdf rpeîs £? é io ( -ras mnut AfSa
Mfuvovoç T? Sw fja - xoj Tara» ha, ytèv ustUfum UTOf^eiv yiywv 1ravra» mt k<lI
Ai^talov. Nous nTavons point hésité d’adopter la version proposée par Saumaise,
et reproduite par Wesseling dans les notes dont il a accompagné son édition
in -fo lio de Diodore de Sicile, publiée en 1746. Indépendamment de ce que
cette-version est conforme aux règles grammaticales, elle est tellement d’accord
avec ce qui reste sur les lieux et la nature des débris que nous avons retrouvés,
que ce qui n’étoit proposé par Wesselingque comme une probabilité, s’cst changé
pour nous en certitude. Voici le passage tel qu’il lé rétablit : n *.&. Si |àv^îWb*
¿.iSfiasmi eîfo| r p e is i l évot ras mvlai Affla uifmofjiws t? Sunvira. Comme Diodore
annonce bien positivement qu’il veut parler du colosse d Osymandyas, il ne peut
pas être ici question de Memnon, à moins que ce Memnon né fût le sculpteur
dont le ciseau a produit la statue. Mais, outre que le nom de ce sculpteur est
ignoré dans les fastes de l’antiquité , il faudroit, dans cette hypothèse, que
ovos fût écrit par une lettre majuscule; et dans le manuscrit, on ne trouve
qu’une lettre minuscule. La clarté et la pureté du langage exigeraient encore
le mot i y g ' i , o u v r a g e , qui ne s y trouve point, et qu il n est pas permis de sous
entendre. Toutes ces considérations portent donc à croire que les copistes ont
introduit dans le texte fàtMovo« au lieu de -rs^vop im . Quant à la correction
de tS Sur,vît* au lieu de r S sWrw, elle s’accorde si bien avec ce qui subsiste
encore de la statue décrite, qui est de granit rouge; de pierre de Syène, que,
dans aucune circonstance peut-être, un texte altéré na été plus heureusement et
plus sûrement rétabli. La sagacité que Wesseling montre ici, n’est pas moins
remarquable dans l’observation qu’il a faite, que la description de la statue d Osymandyas
ne peut convenir à celle de Memnon dont parlent Strabon et Pausamas;
ce que nous croyons avoir démontré dans la section précédente.
Nous ne pouvons passer sous silence une correction proposée par Jablonski,
pour le passage qui nous occupe. Voici sa version (1) : Si
I I T p e îi I I 1 1 r«'« n i v U A10«, r S SuWtk. Kaj t«tov h a . f û t «uM» »* ™ MÉ^vovo« g
¡ B ™ ^ M i l Maisré I’aut0rhé d’un aussI profond
(1) Jablonski, de Memnone Groecorum et Ægyptiorum, syntag. n i , pag. io 4*
A . D . 1