revêtu de mica doré très-éclatant : plus loin ces trois matières se combinent d’une
manière intime et foraient enfin Je granit ordinaire. Mais il ne m’appartient paden
dire davantage sur toutes les circonstances que l’on remarque dans ces
roches primitives, et sur ces transitions brusques des variétés du granit accidéns
s. curieux a étudier pour les naturalistes (,) ; j’ai.voulu seulement donner au lecteur
une legere idee de tous ces tableaux, de la nature et de l’art , tableaux variés qui
rendent les montagnes dç Syène si intéressantes pour l'observateur, et qui m’ont
vivement frappe dans les excursions que j’ai faites au travers des rochers et des
carrières, insensible à la fatigue, ainsi qu’à l’ardeur dévorante du soleil Où pouvois
je trouver un site qui réunisse plus de grands effets, qui excite plus la curiosité
qui reveille plus de souvenirs! Il faudrait, pour y transporter le lecteur, ou les
couleurs dun peintre habile, ou la plume d’un grand écrivain : mais le voyageur
doit se borner au récit des impressions qu’il a reçues ; heureux s’il peut les lire
partager (2)! , r L
Je terminerai cette description des environs de Syène, en mentionnant une
grande vallee située au midi, qui est aujourd’hui ensevelie sous les sables et que
on dit avoir ete jadis bien cultivée. C ’est peut-être de ce local que veut parler
Léon ¡Africain, quand il rapporte que Syène a un sol fertile en blé ; car on a vu
que cette ville est aujourd’hui resserrée par le Nil et par les montagnes et que
son territoire actuel ne possède que des palmiers. El-Edriçy l’appelle une ville
petite, mais riche et peuplée (3).
Il! finit citer encore une position appelée Gharby Asouân ou Syène occidentale
situee sur la rive gauche du Nil, en M d’Éléphantine : ce nom répond très-
bien a celui de Contra-Syene connu de l’antiquité. Il n’y a plus aujourd'hui™ ce lieu
qu un couvent Qobte abandonné, situé dans le rocher à mi-côte, et qui domine
Pa7|' ^ a “ ° ntagI!e a eté creusée très-anciennement, et il se trouve que l’intérieur
de ledifice renferme une grotte Egyptienne. A une demi-lieue dans la montagne,
est un autre couvent fort considérable et ruiné; on y voit des peintures
Chrétiennes de la plus mauvaise exécution. Ce monastère a été fortifié et ses murs
creneles a une époque inconnue. Les solitaires paraissent l’avoir occupé à plusieurs
reprises . aujourdhui ses ruines sont entièrement désertes (4).
( 0 Vcyn la Description minéralograue de rÉcvute l e p „ , „ „ , . . . .
par M. Rozière. ¡ P , (.4) T é , .™ “ “ C comPlè,e d“ environs de
(2) L ’ingénieux auteur du Voyage dans la haut' et L r a e n tu T r ^ — ' “ H P ‘W 'C
la basse Egypte a pu donner à ses tableaux tout l’intérêt phiques de ce site i , . ,‘?rime ' T S dcraiIs t6P»g«-
a’u. voyage pittoresque et le charme d’un style v i f “ r é Z m dans Z T T ™ * “ “ “ “
animé, que ne comportent pas les descriptions suivies ’ï m0Ire s nomI>reuses observations
de cet ouvrage. P aescnpttons sutv.es ,u ,1 a recueillies sur la situation actuelle des lieux . dans
(3) Ceogr. Nub. Paris, 1619: V. ,7 cette Description,.je n e suis proposé pour.objet principal
üe iaire connonre les antiquités du pays.
S E C T I O N I I .
Des Cataractes.
§ . I . "
Observations générales.
L es cataractes du Nil ont eu chez les anciens une grande célébrité, quelles n’ont
pas encore entièrement perdue : mais, faute d’avoir distingué les différentes chutes
du fleuve, on est resté dans l’erreur à l’égard de la dernière d’entre elles, depuis
un temps très-reculé. En donnant une description exacte et circonstanciée de la
chute actuelle auprès de Syene, telle que je lai observée, et en réunissant ici les
documens les plus authentiques de l’antiquité.sur les cataractes du Nil, je me
propose déclaircir ce point de géographie, qui, jusqu’à présent, est demeuré
vague et incertain.
Comme tous les grands fleuves du globe, tels que le Gange, l’Orénoque, le
Mississipi, le Nil a plusieurs chutes dans la première partie de son cours. On en
connoît huit principales ; la dernière est à un peu plus d’un demi-myriamètre
ou d’une lieue de Syène, c’est-à-dire, à cent dix myriamètres ou deux cent vingt
lieues de son embouchure principale, et à plus de trois cents myriamètres ou six
cents lieues du point présumé où est sa source. Les cataractes du Nil sont donc
distribuées sur une étendue de pays qui frit les trois quarts de son cours entier,
et c’est le seul fleuve connu dont on puisse le dire.
Soit qu on ait confondu ces diverses cataractes en attribuant à toutes indistinctement
ce qui ne convenoit qu’à la plus grande, soit qu’il ait existé une époque où
le Nil, à Syène, se précipitoit de très-haut, toute l’antiquité s’accorde à parler
de la demiere cataracte comme d’une chute prodigieuse, dont le bruit effroyable
frappoit de surdité les habitans du voisinage. Mais, quand on admettrait cette
ancienne époque, il faudrait au moins convenir que la tradition de cet état
primitif a survécu d’un grand nombre de siècles à la diminution presque totale de
1„a . c h “ t e F c a r o n n e Persuadera à personne qu’un précipice tel que celui de
Schaffhouse, par exemple, ait pu disparaître entièrement depuis les Romains jus-
qua nous. On ne peut calculer le nombre de siècles qu’eût exigé un si grand changement,
qui d ailleurs n’eût pu se faire que par degrés insensibles ; et l’on ne saurait
remonter au principe de cette tradition, comme nous avons remonté à l’origine
de celle qui mettoit Syène sous le tropique. Il n’est donc pas permis de douter
que, meme du temps des Romains, les récits qu’on faisoit de cette cataracte ne
ussent exagérés, et que les écrivains ne nous aient transmis un ancien souvenir