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parties d u n pylône deux tours carrées, destinées Originairement à flanquer les
portes d entrée ; et nous pensons que, ces édifices s’étant offerts comme d’eux-
mêmes aux premiers astronomes, on continua dans la su ite , soit pour des raisons
particulières, soit seulement par respect pour l’usage établi, d’élever des observatoires
sur un modèle fort semblable à celui des anciennes tours.
Les portes des pylônes sont d’une proportion très - élégante : leur hauteur est
toujours plus que double de leur largeur. On s’est assuré par plusieurs observations,
qu’elles étoient fermées par des portes battantes. Ces battans n’étoient point
appliqués sur l’une des faces du mur : mais, comme nos portes de ville, ou toutes
celles qui traversent des murs fort épais, ils s’ouvroient dans l’épaisseur même de
la construction ; et des renfoncemens étoient pratiqués pour les recevoir.
Il ne nous reste plus qu’une dernière remarque à faire sur la forme et là construction
des pylônes, et il faut, pour la saisir, prêter un peu d’attention. Si l’on
imagine que les deux petites faces qui sont tournées l’une vers l’autre , et entre
lesquelles la porte est comprise, soient prolongées jusqu’au sol du monument,
ces faces narriveront pas jusqu’au dedans de la porte, et l’on a même observé
que presque toujours elles viendroient précisément aboutir aux renfoncemens
qui sont sous cette porte. S’il en étoit autrement, c’est-à-dire, si l’oe il, en prolongeant
ces deux faces, les voyoit pénétrer dans l’intérieur de la porte, il seroit
extrêmement choqué, et croirait apercevoir un porte-à-faux , qui pourtant ne
seroit pas réel. Cette recherche, ce soin, qui ne peut être que le résultat de l’expérience
, et que l’on aperçoit jusque dans les édifices les plus ruinés, les plus
évidemment antiques, prouve suffisamment que ces édifices eux-mêmes ne sont
pas les premiers que les Égyptiens aient construits.
Passons maintenant à l’examen des sculptures qui décorent les faces extérieures
de ce pylône. Nous ferons d’abord remarquer que ces sculptures ne forment
aucune saillie sur la face du mur. Le sculpteur, après avoir tracé le contour
d’une figure, n’a pas donné un seul coup de ciseau hors de cette limite : il y a
exécuté son bas-relief sans abattre la pierre qui l’environne, en sorte que ce bas-
relief se trouve placé dans une espèce de creux, et que ses parties les plus saillantes
ne sortent pas de la face du mur (i). Cette sorte de sculpture en relief dans le creux
est tout-à-fàit particulière aux monumens des anciens Égyptiens : elle est toujours
employée au-dehors des édifices, parce que sa nature même la met à l’abri des
chocs, et de la plupart des autres accidens auxquels les bas-reliefi ordinaires sont
exposés. Aussi ces derniers ne se voient-ils que dans les intérieurs; et quoiqu’il
y ait quelques exceptions à cette règle sur l’emploi des deux espèces de sculpture,
elle n’en doit pas moins être, regardée comme à-peu-près générale.
Les sculptures de la face antérieure du pylône représentent, sur chaque massif,
trois scènes bien distinctes; deux dans le haut, et une seule dans la partie inférieure.
Les divinités y sont distinguées par le bâton augurai et la croix à anse
qu’elles tiennent dans leurs mains. On y voit Osiris, soit avec une tête d’homme,
0 ) O " peu, jeter Ï S yeux sur 1er gravures, et principalement sur la planche y , figure , , pour avoir une idée
de lettet de cette espece de sculpture.
soit
d e l ’î l e d e p h i l æ . c h a p . i . " 2 ^
soit avec une tête d’épervier. Isis est coiffée de la peau d’un vautour; et son bâton
augurai, au lieu d’être terminé par une tête de lévrier, l’est par une fleur de
lotus (i).
Dans la partie supérieure, les prêtres présentent aux dieux des vases renfermant
sans doute quelques liqueurs précieuses. Dans les scènes de la partie inférieure,
un prêtre, ou un sacrificateur, placé devant des divinités, tient réunies
par leurs cheveux , ou peut-être par des cordes, trente victimes (2) trois fois moins
grandes que lui ; il a le bras levé pour les frapper. Il est manifeste, soit par le
nombre des victimes, soit par la manière dont elles sont tenues , soit par leur
proportion, que cette scène n’est point la représentation d’un véritable sacrifice,
et qu’elle ne doit être regardée que comme un symbole.
Toutes les figures qui composent ces divers tableaux, ont, comme on peut le
voir, la tête de profil, les épaules en face, et le reste du corps de profil. Un grand
nombre d hiéroglyphes sont rangés, dans des bandes verticales, autour de ces
tableaux : mais ceux que renferme le dessin n’ont pas été copiés ; outre qu’ils sont
très-élevés, et qu’ils ne se distinguent pas facilement, leur multitude seule étoit
un motif suffisant pour qu'on n’osât pas entreprendre de les dessiner.
La corniche du pylône est divisée par compartimens égaux, dans chacun desquels
sont sculptées les mêmes figures,, distribuées de manière à former un ornement
très-riche et très-agréable pour l’oe il, en même temps qu’il étoit significatif pour
1 esprit. Sur la moulure inférieure de la corniche qui descend en forme de rouleau
le long des angles de 1 édifice, le sculpteur a représenté un ruban qui l’entoure,
et qui est roulé alternativement en cercle et en vis.
Les corniches des deux portes qui traversent le pylône, et dont la décoration,
est semblable à celle des corniches de presque toutes les grandes portes Égyptiennes
, méritent par cela même d’être remarquées. Sur un fond cannelé est un
disque accompagné de deux serpens et de deux grandes ailes. Ces serpens, -appelés.
Uloeus, sont de l’espèce de ceux qui, quand on les irrite, se dressent sur leur
poitrine en élargissant leur cou, qui devient en même temps très mince quand on
le regarde de profil. Les Égyptiens, ne faisant entrer dans leur sculpture aucune
perspective, et voulant cependant représenter le serpent sacré dans la circonstance
dont nous venons de parler, ont laissé la tête de profil et mis le cou en face, de
sorte qu’il paraît être plutôt gonflé quelargi.
Quant aux deux rainures verticales qui sont de chaque côté de la porte principale
, elles étoient destinées à recevoir des mâts que l’on dressoit contre les
pylônes, et que l’on ornoit de pavillons h ).
La face du pylône opposée à celle que nous venons de décrire, et tournée
vers le temple, est également décorée de sculptures ; on n’a recueilli que celles
qui accompagnent, de chaque côté, la porte percée dans le pylône, en face
(1) Nous entrons a dessein dans ces détails bien con- mais ce nombre est celui qui a été remarqué dans toutes
nus de tous les antiquaires, mais dont la plupart des les scènes semblables.
autres lecteurs pourront, nous savoir gré. (3) Consultez la planche des bas-reliefs, du vieux
(2) Voyez planche 6 , fig. y . Le dessin, qui en a été temple de Karnak,
fait rapidement, ne représente point ici trente victimes;
A . D . D