
aucun profil; on ne doit donc pas y chercher les ornemens que les Égyptiens
avoient adoptés pour Jes nombres de leur architecture, tels que les enroulemens
en tore ou cordon sur -les architraves, les cannelures et les groupes symétriques
d e s corniches, les feuillages et les autres sculptures des chapiteaux, enfin les divers
ornemens qui, ayant un relief plus ou moins fort, diffèrent de la décoration
commune des murailles, décoration qui consiste' dans des scènes- encadrees et
des tableaux rectangulaires. Ce sont ces derniers tableaux qui seuls decorent les
hypogées depuis le sol jusqu’en haut. En revanche, on trouve sur les plafonds
des catacombes une richesse de détails qui ne se voit pas dans ceux des temples
et des palais; c’est une multitude de méandres peints "a fresque, de ffeurons disposés
en carreaux ou en damier, d'entrelacs et d’enroulemens délicats, de rosaces
variées , et de ce qu’on appelle grecques ou bien étrusques (i). Les oppositions
de couleurs entre ces divers entrelacs sont d'un effet très-agréable, et la vivacité,
l’éclat de ces couleurs le rendent encore plus piquant. Cest véritablement dans
la peinture de ces plafonds que tes artistes se sont donné carrière : délivrés du
joug ordinaire des compositions religieuses, ils ne suivoient plus que te caprice
de leur imagination; du moins, la différence des peintures qui représentent des
sujets religieux, avec des peintures plus élégantes, porteroit à le croire.
Malgré l’absence des profils dans l’architecture souterraine, on y trouve quel,
quefois des sculptures à grande saillie, qui ne se rencontrent pas dans les édifices
eux-mêmes ; elles produisent beaucoup d'effet et une certaine surprise, sans doute
à cause de leur contraste avec la finesse ordinaire des bas-reliefs. Au fond des dernières
salles, ou bien sur les côtés des murailles, on a quelquefois, de distance
en distance , creusé des renfoncemens, et Ton y a sculpté, en plein relief, des
groupes de petites figures qui représentent tantôt des momies (2), tantôt desser-
pens de grande dimension, ou bien des masques ornés, rangés Jun a cote de
l’autre (3) Ces groupes symétriques sont comme encadrés par quelques pentes
colonnes én forme de tiges de lotus, o u bien par des pilastres à tete dlsis, et
ils accompagnent des portes feintes (4) ; ce sont ordinairement ces sujets qui sont
couronnés en forme d arcade. I
Outre ces reliefs qui sont propres au genre de décoration des hypogees, il y
a encore des figures de grandeur humaine, en ronde-bosse, debout ou assises
dans des renfoncemens, au bout des galeries; elles paraissent représenter les chefs
de la famille à qui l’hypogée appârtenoit. On peut voir dans les gravures un
exemple d’une figure pareille; c’est une statue placée debout au fond dune niche.
Son costume est ample et étoffé, autant que'son attitude est simple ; il est forme
d’une étoffe cannelée, descendant jusqu’aux talons, et reployce autour des rems
d’une façon bizarre (5).
( , ) V o y e z , P ,anche A v o l . I V . . e s g r a v é e s d e s o n , a o s s i d e s p .a fo n d s o r n é s d e c e s e s p è c e s d ^ r u s q u e s .
h v p o e é e s d e B e n y - h a s a n , q u i r e n fe rm e n t b e a u c o u p d e c e s ( 2 ) V o y e z l a p la n c h e j p , f i g . r i ' ] j
o r n e m e n s d e f a n t a i s i e : c’ e s t l e s e u l Ca s o ù le s E g y p t i e n s ( 3 ) V o y « Î Î p l . ^ f g . ^ A . v e l . I I .
d ’ A n tæ o p o i i s , d e S y o u , o n L y c o p o l i s , e t d e s P y r a m i d e s , l a p la n c h e 6 7 , ■
A l’exception des sculptures en relief que l’on vient d’indiquer, toutes les
décorations des hypogées sont à fleur de mur, et consistent dans des peintures
à fresque, ou bien des reliefs très-plats, soit dans le creux, soit en saillie, lés uns
peints et les autres sans couleur, et où les figures sont distribuées en bandes
parallèles. Ces figures sont ordinairement sur une très-petite échelle, et par conséquent
les accidens de la pierre dont on a déjà parlé, c’est-à-dire, les silex et les
pétrifications, ont fréquemment arrêté les sculpteurs. C’est par un soin extrême
et presque minutieux qu’ils sont parvenus à y remédier, et l’on peut dire qu’une
recherche aussi délicate dans l’exécution est une chose qui ne se voit qu’en Égypte.
Par-tout où ils ont trouvé des morceaux de silex, ils les ont enlevés, et ils ont
creusé la pierre tout autour en parallélogramme ; puis ils ont rempli le creux par
des pierres parfaitement ajustées à la place, et scellées avec un ciment. Les joints
sont si bien faits, qu’il est très-difficile de les apercevoir et de se douter d’un
pareil travail, quand on n’a pas été averti. Mais, lorsqu’on est une fois prévenu,
on cherche et on ne tarde pas à reconnoître toutes ces pierres de rapport ; pour
les faire sortir de leur place, il suffit de frapper quelque temps tout autour des
joints (1). Elles sont très-multipliées, du moins dans certaines salles où le rocher
est souvent traversé par des cailloux. Il y a telle chambre et tel hypogée où le
quart de la surface est de pièces rapportées ; cette observation a été faite par
M. Lancret et par M. Coutelle.
Il résulte de cette méthode Égyptienne, que les séries de figures ne sont jamais
interrompues par aucun intervalle arbitraire ou disproportionné. Ce que cherchoit
à faire l’artiste qui dessinoit la décoration d’une façade, c’étoit de tout subordonner
à la disposition de la scène et des personnages. Sculpter sur le silex, étoit presque
impossible; laisser des espaces vides, c’étoit manquer à la symétrie: il ne restoit
donc qu’à corriger les inégalités de la pierre.
Il faut convenir que ce genre de soin a dû rendre bien difficile et bien long
le travail des hypogées ; mais, quand on connoîtra l’extrême finesse des détails de
la sculpture, on sera bien plus fondé à trouver cette patience admirable. Quelquefois
les figures d’un tableau n’ont qu’un demi-décimètre de haut [deux pouces] ;
les petits hiéroglyphes qui les entourent, ont à peine un centimètre [quatre lignes].
Un tableau pareil, composé de six figures, peut occuper un espace d’un décimètre sur
trois [environ cinquante pouces carrés] : ainsi une simple face de muraille, de quinze
mètres de long, renfermera douze cents de ces petits tableaux. Maintenant, que
l’on calcule le nombre des petits signes hiéroglyphiques; et ensuite, qu’on fasse le
compte pour deux, pour trois murailles, pour un hypogée,-pour plusieurs hypogées,
enfin pour tous les monumens souterrains.
Toutes les façades ne sont pas travaillées aussi délicatement; mais les plus
simples des grottes, à un petit nombre près de façades toutes nues, sont décorées
de sujets de petite dimension. A la vérité, plusieurs sont d’un travail négligé; les
masses des figures y sont indiquées largement; quelquefois même elles sont informes.
(1) Le fragment gravé planche 4 7 , fig. 12 et i j , A . M. Lenoir; on en a rapporté encore d’autres du'même
vol, I I , a été détaché de la muraille de cette manière par souterrain.