
hauteur des salles n’excède pas deux à trois mètres, et le.nombre en est peu considérable.
Quant aux puits, ils* sotit creux, tantôt de dix mètres, tantôt de quinze
mètres ou plus : on ne sauroit affirmer jusqu’où s’arrête leur profondeur, ni quel est
le nombre de leurs branches et de leurs communications diverses. Ces puits sont
beaucoup' plus étroits que dans les grands hypogées, tantôt carrés, tantôt arrondis;
et l’on arrive au fond par des entailles pratiquées à droite et à gauche, de telle
manière qu’on y descend assez commodément, en plaçant successivement le pied
droit et le pied gauche de l’un et de l’autre côté: c’est au fond de ces puits
qu’étoiènt placées les momies.
La troisième sorte de disposition est plus irrégulière. D abord la porté est plus
abaissée. 11 n’y a que la première salle qui soit d’équerre sur la façade; la suivante fait
un angle avec elle. Viennent ensuite des couloirs, des galeries étroites et basses,- qui
se suivent sans aucun alignement ; quelquefois elles rentrent sur elles-mêmes, elles
vont en serpentant en forme de spirale et par une descente rapide, enfin elles se
divisent en plusieurs rameaux, et, aux carrefours, on trouve dés puits comme ceux
qu’on vient de décrire. Il arrive aussi qü’après être descendu jusqu’au fond, on voit
une galerie ascendante, qui ramène le voyageur, à sa grande surprise, tout auprès
de l’entrée, , ,
Il y a des hypogées où l’on êst arrêté par des obstacles subits. Apres avoir s u i v i
plusieurs galeries, on trouve brusquement un abaissement oü une élévation dé
plusieurs mètres; et, à moins d’être muni de cordes ou d’échelles, on ne saUroit
continuer sa route. J ’ai vu l’une de ces murailles haute de près de trois mètres,
à partir du sol ; au sommet, ôrt apercevoir cinq entrées différentes conduisant a
d’autres puits. . / ,
L ’exemple suivant appartient à la troisième classe des hypogées ( i g Quon se
représente, à l’entrée, une petite antichambre sculptée avec Soin, ensuite un corridor,
et à son extrémité une ouverture étroite où Ion ne poüvoitentrer quavec
peine : il falloit, dans ce Corridor de moins d’un mètre et demi de large, marcher
courbé en deux (sans doute à cause de lencombrement), plus de cent pas de
suite et toujours en descendant en spirale. Au. bout étoit une chambre dun sol
inférieur, dans laquelle on ne put arriver qu’en sautant de deux mètres de haut.
Cette chambre étoit petite, sculptée et peinte ; on y aperçut deux statues en granit,
bien polies, et presque de grandeur naturelle. En sortant de la, etoit un corridor
pareil au précédent, mais où l’on pouvoit marcher debout. Après y avoir fait cent
pas et êtré descendu d’environ seize mètres au-dessous dé lentree de lhypogee,
on trouva un puits carré très-profond, où l’on ne put pénétrer, faute de cordes
suffisamment longues; et l’on ignore ce qu’il renfermoit. Au reste, dans les puits
où l’on est parvenu à descendre, on a vu pâr-tout les momies hors de place. Les
Arabes ont tout bouleversé, du moins dans les grottes qui aujourd’hui sont ouvertes.
. ( 0 L a description de cet hypogée est extraite du destravaux de gravure et d’impression de l’ouvrage. On
journaldevoyage de feu Michel-AngeLancret, ingénieur a rendu un juste hommage a son rare mente dans Mver-
des ponts et chaussées, mort en 1807, et mon prédécesseur tissement qui suit la Préfacé historique.
dans les fonctions de commissaire chargé de la direction
J ’ai expliqué plus haut pourquoi, dans plusieurs de ces couloirs, l’on est obligé
de se traîner sur le ventre dans une longueur de cinq à six mètres ou plus ;
mais, outre que les véritables entrées se sont souvent obstruées, on peut conjecturer
encore que, dans plusieurs cas, les Arabes ont pratiqué des entrées forcées,
faùte d’avoir découvert les autres, et qu’ils ne se sont pas donné la peine de
les creuser plus larges qu’il ne falloit pour y passer le corps.
La forme d’arcade a été souvent mise en usage par les Égyptiens dans leurs
hypogées. C est: toujours une portion de. cercle à grand rayon, et l’arc est très-bien
tracé. Cependant on a cru voir aussi la forme d’une anse de panier, ayant ses
extrémités tangentes aux pieds-droits. L ’emploi fréquent d’une ligne courbe dans
les portes et les couronnemens est un fait digne de remarque, et qui doit contribuer
à éclaircir une question intéressante; savoir, si les voûtes ont été inconnues
en Égypte. Ici, l’on ne parle du fait que sous le rapport de la disposition des
hypogées. Les arcades ont été employées de deux façons différentes dans les
grottes sépulcrales, soit comme plafonds des vestibules, soit comme un simple
encadrement pour enfermer des sujets de sculpture. On peut voir cinq exemples
de la seconde espèce dans les gravures du second volume S Antiquités (i), et lés
volumes suivans en présenteront encore d’autres (2).
„ C:cst à l’entrée des grottes et dans les premiers corridors que les Égyptiens
ont arqué les plafonds. Ont-ils voulu donner à ces plafonds une forme plus
élégante que celle d’un toit plat, ou bien imitoient-ils par-là une construction
employée en plusieurs cas par leurs architectes! Cest ce qu’on ne peut décider
absolument. Le monument d’Abydus et quelques autres favorisent la seconde
supposition, sans exclure toutefois la première. Il en résulte toujours que les
Egyptiens mettoient de la variété dans leur architecture, beaucoup plus qu’on
ne le pense communément. Pour terminer ce peu de mots sur les arcades des
hypogées, on fera remarquer ici combien se sont trompés ceux qui ont cru que
les Égyptiens ignoroient l’usage du compas.
§. V I .
D u Système de décoration des Hypogées.
L a r c h i t e c t u r e des hypogées n’ayant rien de commun avec celle des
monumens, qu’une certaine analogie dans les distributions, le système qu’on a
suivi pour les décorer, ne pouvoit être le même pour l’une et pour l’autre. Au
lieu que la seconde est composée de membres distincts, en harmonie avec les
hauteurs des colonnes et celles de leurs diverses parties, la première n’a aucune
division marquée ni essentielle. Ici, point de soubassement, d’architrave ni de
corniche, parce qu’il ne s’y trouve pas de colonnes avec une base et un chapiteau
proprement dits. Toutes les murailles sont droites et lisses, et elles n’offrent
(1) Voyez les planches 3 5 , 3 9 , 44 et 45, A . vol. I I .
(2) Voyez les planches des hypogées de .Syouc et de Beny-hasan, A . vol. IV .
A . D . S s 2