dans es rues adjacentes aucun indice des parties du monument dont nous donnons
la restauration ; mais nous avons remarqué que le sol des maisons , derrière
le portique, est à la hauteur des deux tiers des colonnes. On trouve, de plus
quelques grosses pierres disposées sans ordre, au pied de ces maisons, et un
escalier qui conduisoit des terrasses du temple sur celles du portique. Il est donc
probable que le temple entier est enseveli, presque intact, sous les maisons
actuelles; la parfaite conservation de la partie que nous avons retrouvée, porteroit
a le croire. En effet, comment supposer que le temple a été démoli, tandis que
son portique auroit été tellement respecté qu’il n’y manque pas, pour ainsi dire',
un seul fragment! Il est plus naturel de penser que les deux parties de ce monument
auront la même destinée. Déjà la terrasse du portique est recouverte de
démolitions de maisons qui, en s’accumulant, l’envelopperont bientôt : il disparaîtra
comme le temple lui-même, et subira le sort qui est infailliblement réservé
a tous les monumens anciens renfermés dans les villes modernes de l’Égypte.
Le temple fkit face au Nil; son axe est dans la direction nord-est, faisant un
angle de 00° avec la boussole.
. 9 É f f f CtUel du monumem d’Esné. ;1 est impossible de juger, sur les lieux,
de effet qu il devoir produire à l’extérieur : il est tellement encombré, et tellement ■
resserré par les maisons qui l’environnent, que l’on ne peut, d’un même coup-d’oeil
embrasser l’ensemble de son élévation. Afin de nous en rendre compte, nous
1 avons dessiné, en faisant usage de toutes les mesures que nous avons pu recueillir
et nous avons exprimé, autant qu’il a été possible, le caractère du monument en •
copiant une grande partie des décorations, et en suppléant, pour l’effet architectural
, à celles que nous n’avons pas eu le temps ou la facilité de dessiner.
r&uite des mesures que nous avons rassemblées, que la façade du monument
a i 4m »8 de hauteur, sur une largeur, à la base, de 37ra.36. Elle présente six '
colonnes et deux antes inclinées à l’extérieur d’un vingtième, et surmontées d’une
architrave et d’une corniche élégante.
En prenant pour module le diamètre du bas de la colonne, les différentes
parties de 1 élévation ont, à-peu-près, les proportions suivantes;
Base de la colonne................................
Fût de la colonne......................................... .. _ * * * ^
Chapiteau .......................... .......... "
D é ...................................................... . . . t . . . . . . . . [ ................................................................... 1 "
Architrave ................ ’ .............. U P
Baguette ................................ ’ *............
Corniche ................... " n ^
// // |
Total.................... "
.............................................. « i
Le diamètre de la colonne, datas la partie supérieure, a un huitième de moins
que dans la partie voisine de la base. Les corniches et les chapiteaux ont beaucoup
deJegance, et donnent à tout l’édifice une grande légèreté. La base a , sur le fût
de la colonne, une saillie d’un huitième de module ; la campane du chapiteau
a s i naissance, un seizième, et à la partie supérieure, un demi-module : en sorte
que
que le chapiteau a deux modules ou 3m.ôo'de diamètre, environ iom.8o de
circonférence.
- La baguette saille de la moitié de son diamètre; et la corniche, de la moitié
de sa hauteur.
La baguette qui sépare la corniche d’avec l’architrave, court le long de tous les
angles, et produit un effet plus agréable que ne feroient de simples arêtes sujettes
à se briser : elle forme un encadrement à tous les tableaux hiéroglyphiques.
Quelles que soient la grandeur, la richesse et l’élégance de la porte d’entrée du
portique, on nen sera pas moins choqué de sa disposition, et de celle des murs
d entre-colonnement . dans lesquels les colonnes sont engagées; car on ne peut
nier quils ne cachent et ne déforment en partie les colonnes de la façade. Les
architectes Egyptiens o n t, sans doute, été déterminés à prendre ce parti, par
l’exactitude scrupuleuse avec laquelle ils s’attachoient à suivre les règles des convenances.
En effet, les portiques Égyptiens n'avoient pas la même destination
que les portiques des temples Grecs. Ceux-ci n’étoient pas uniquement destinés
à recevoir le peuple , dans les. cérémonies religieuses ; c’étoient encore des lieux
de refuge momentané contre les. ardeurs du soleil et les intempéries des saisons :
ils devoient etre.accessibles de toutes parts, et les colonnes dégagées se voyoient
dans toute .leur, élegance. Us. différoient donc essentiellement des portiques Égyptiens
, qui netoient ouverts que pendant quelques jours de.l’année, lorsque le
peuple étoit admis à y pratiquer le culte de là divinité adorée dans le temple : les
pietres y offraient quelquefois le simulacre du dieu à la vénération de la multitude;
cétoit un lieu intermédiaire entre les prêtres et le peuple, un lieu sacré j
que.Ion devoit interdire aux.regards même.des étrangers.
Toute la surface intérieure et extérieure du monument est décorée de tableaux
hiéroglyphiques. La corniche de la façade est ornée de cannelures et de .phrases
hiéroglyphiques alternées. Un disque ailé , occupe toute la largeur de l’entre-
colônnement du milieu. Larchitrave, les dés des chapiteaux, les colonnes et la
•porte principale, sont couverts d’hiéroglyphes disposés par bandes horizontales
et verticales. Les murs d’entre-colonnement et les antes sont décorés de tableaux
représentant des offrandes à diverses divinités. Ces divinités sont généralement
assises, et devant elles sont places les.porteurs d’offrandes, qui paraissent arriver
de 1 extérieur. A la partie supérieure des murs d’entre-colonnement sont sculptés
de face des serpens renflés, dont les têtes sont surmontées de disques. Les décorations
des murs extérieurs sont aussi composées de grands tableaux, dans lesquels
se trouve fréquemment représenté le dieu à tête de belier. Les sculptures de la
face exposee au sud sont extrêmement dégradées ; ce. que l’on doit attribuer au
peu de largeur de la rue assez fréquentée dont elle borde un des. côtés. Dans
toutes les parties de . 1 édifice qui touchent au sol, nous avons trouvé la décoration
de fleurs et de boutons de lotus.
Toutes les décorations de l’extérieur sont sculptées en relief dans le creux ;
toutes celles de 1 intérieur sont en relief. Les six colonnes de la façade ont été
considérées comme appartenant à l’extérieur , et sculptées en relief dans le creux.
A. D. B