fond de cette salle, en ayant devant soi le dessin placé verticalement, et si l’on
ramène ensuite ce dessin horizontalement au-dessus de sa tête, on le mettra
dans une position semblable à celle qu’occupent les objets dont il offre la représentation.
La grande figure qui est à droite de ce dessin, a la tête tournée vers l’extérieur de
la salle, et s’étend dans toute la longueur du plafond, qu’elle partage en deux parties
égales. C’est un des plus beaux morceaux de sculpture Égyptienne que nous ayons
trouvés. Cette figure est dans une espèce de niche cylindrique, dont la section perpendiculaire
à l’axe seroit une demi-ellipse ; elle est exécutée presque de ronde-
bosse , et placée de manière que ses parties les' plus saillantes ne dépassent pas le
plan du plafond. Elle n’est pas aussi bien conservée que le dessin la représente ;
elle a souffert quelques mutilations au bas du ventre, aux bras, à la poitrine, et particulièrement
au visage : mais la restauration que nous en avons faite, étoit bien
indiquée. Ses pieds sont encore intacts et du plus beau style. Cette figure est vêtue
d’une robe longue et étroite qui descend jusqu’au-dessus des chevilles, et qui laisse
apercevoir toutes les formes. Les ornemens de sa coiffure et son collier sont, dans
quelques endroits, très-bien conservés. Elle est accompagnée de deux lignes d’hiéroglyphes
sculptées en relief, et qui ont été copiées avec le soin que demandoient
naturellement leur exécution précieuse et leur conservation parfaite.
Nous n’avons pu dessiner les sculptures qui se trouvent à droite du plafond : elles
représentent quatorze disques portés sur un même nombre de barques disposées
deux par deux, suivant des lignes parallèles à la largeur du plafond. Ces quatorze
barques sont enveloppées par une grande figure, dont les bras, le corps et les jambes
occupent trois côtés du tableau.
La planche 2 1 offre la décoration de toute la partie du plafond qui se trouve à
gauche de la grande figure, par rapport au spectateur entrant dans la salle. On voit
■que ce qui en fait l’objet principal, est un disque circulaire porté par quatre groupes
de deux hommes à tête d’épervier agenouillés, et par quatre figures de femmes
debout, qui se succèdent alternativement. Toutes ces figures sont bien ajustées, si
Ion en excepte cependant leur position forcée, qui, ainsi que nous l’avons déjà
remarqué plusieurs fois, paroît être le résultat de conventions établies. Elles ne
manquent pas d’une certaine grâce, et leur action est bien indiquée. A côté de
chacune des figures de femmes, sont des hiéroglyphes que nous avons copiés avec
le plus grand soin. Une bande circulaire de grands hiéroglyphes enveloppe le médaillon
qui renferme les signes du zodiaque. Toutes ces sculptures ont un relief plus
ou moins fort : celui des grandes figures est de douze à treize millimètres (1), et
celui des hiéroglyphes est moins considérable. Le fond des hiéroglyphes est lui-
même en saillie sur celui des grandes figures.
La disposition que nous venons de décrire, nous indiquoit naturellement ce
qu’il falloit faire pour obtenir un dessin exact. Nous avons tendu sur le plafond
quatre fils, que nous avons fait passer d’un bout à l’autre par le milieu des groupes
d’hommes à tête d epervier et par le milieu des figures de femmes : nous avons
(1) Quatre à cinq lignes.
ainsi partagé le médaillon en huit secteurs égaux. Nous avons ensuite rapporté sur
notre dessin, qui est au cinquième de la grandeur naturelle des objets, ces lignes
de construction, et nous avons pu placer avec exactitude toutes les figures dans
leurs situations et leurs proportions respectives.
Le premier rang de figures du médaillon est disposé régulièrement dans une
bande circulaire concentrique. Toutes les figures ont la même hauteur, et toutes
leurs lignes dé milieu tendent au centre du tableau : elles ont un relief de cinq à six
millimètres ( 1 ) sur le fond ; elles sont accompagnées d’étoiles et d’hiéroglyphes
sculptés aussi en relief. Dans l’intérieur de l’espace renfermé par cette rangée circulaire
de figures, on en voit une multitude d’autres qui n’y paroissent pas disposées
dans le même ordre ni avec la même régularité. Parmi elles, on distingue les douze
signes du zodiaque, distribués sur une espèce de spirale, dont le Lion occupe l’extrémité
la plus éloignée du centre, et le Cancer l’extrémité la plus rapprochée. Cette
spirale ne fait qu’une révolution autour du centre ; le Lion et le Cancer sont à
peu près sur le même rayon du cercle.
Nous ferons remarquer que, dans l’espace qui est entre le médaillon principal et
la grande ligne circulaire d’hiéroglyphes, on voit deux phrases hiéroglyphiques
opposées l’une à l’autre, qui se trouvent sur un même diamètre avec le Cancer
et le Capricorne. Deux hiéroglyphes placés dans le même espace, et pareillement
opposés l’un à l’autre, se trouvent sur un autre diamètre avec le Taureau et le
Scorpion. De deux côtés seulement, le tableau est bordé par treize lignes de
zigzags, qui, comme nous l’avons dit, offrent la configuration de l’eau. Tout le
plafond où se voit ce monument astronomique, est noirci par les flambeaux des
voyageurs, et probablement aussi par ceux que les anciens Égyptiens allumoient.
dans la salle, lorsqu’ils se livroient aux exercices de leur culte. Nous n’avons donc
pu retrouver aucune trace des peintures qui devoient revêtir, comme partout
ailleurs, les sculptures de ce plafond.
RÉSUMÉ E T OBSERVATIONS GÉNÉRALES.
U n e description des monumens astronomiques, plus étendue que celle que
nous avons donnée, sortiroit des limites que nous nous sommes prescrites, et pré-
senteroit beaucoup de difficultés. Il faudroit, pour désigner chaque figure, avoir
recours à des dénominations incertaines, ou s’assujettir à les décrire individuellement
avec tous leurs accessoires ; ce que l’on ne pourroit faire sans entrer dans des
détails fastidieux. Nous ajouterons seulement quelques observations générales que
nous croyons utiles.
Tous les monumens astronomiques sont sculptés aux plafonds des salles dans lesquelles
ils se trouvent. Il paroît certain que c’est la place que les anciens Égyptiens
avoient particulièrement consacrée à leurs bas-reliefs astronomiques : cela ne peut
être ni un effet du hasard, ni une affaire de convention. La nature même des scènes
représentées, et qui étoient censées se passer dans le ciel, obligeoit à les placer
(1) Deux à trois lignes.