n annonce le faste des grands palais de TJièLes : tout au contraire est simple, et
l’architecte paroît s’être occupé soigneusement de construire une habitation commode
et appropriée aux besoins les plus habituels de la vie. Au milieu de cette
simplicité même, on est frappé d’un certain air de grandeur qui ne permet pas de
douter que l’édifice de Qournah n’ait été la demeure d’un souverain: son étendue,
ses décorations, la nature des matériaux employés à sa construction, ont exigé une
dépense au-dessus de la portée des particuliers les plus riches.
Ge palais s’annonce, en effet, par un portique (i)de plus de cinquante mètri
es
cire
de longueur, composé de dix colonnes de près de quatre mètres et demi de
conférence, et de sept mènes et demi de hauteur, en y comprenant la base, 1
chapiteau et Je de. Au-dessus sont posées larchitraye et la corniche, qui donnent
à ledifice une hauteur totale de dix mètres. Les entre-colonnemens. sont tous
égaux et d’un peu plus de trois mètres, à l’exception de celui du milieu, qui est
de quatre mètres et demi environ.
Les colonnes ne sont point élégantes ; elles n’ont guère que cinq fois leur diamètre.
Les chapiteaux seuls ont en hauteur plus du cinquième de la colonne ; ils
ont la forme de boutons de lotus tronqués (2), et sont de J’ordre le plus fréquemment
employé à Thèbes. L ’entablement du palais n’a rien de particulier.
Toute la façade est encore debout, à l ’exception de la dernière colonne et de
1 ante au sud : elle est encombrée jusqu’à la hauteur de quatre mètres dans quelques
endroits.; ce qui nous fait présumer que, si nous avions faitdes fouilles, nous aurions
retrouvé des traces de plusieurs parties du plan dont nous n’avons pu donner
que la restauration la plus probable.
Le portique formé par la colonnade a trois mètres environ de largeur ; il est
couvert de pierres posées a plat, qui portent d’un côté sur l’architrave, et de l’autre
sur le mur du fond.
On trouve, sous ce portique, trois entrées par lesquelles on peut pénétrer dans
1 intérieur du palais. La porte principale correspond à l’entre-colonnement du
milieu, les deux autres sont des deux côtes et à des distances inégales, et ne
répondent pas aux entre-colonnemens. Cette irrégularité peut provenir de ce que
■1 architecte s est moins occupe de 1 aspect extérieur de 1 édifice que de sa distribution
intérieure. 11 seroit possible aussi que le portique eût été construit postérieurement
aux autres parties du palais, et que I on eût placé les colonnes suivant
1 ordonnance habituelle t sans avoir égard a ce qui existoit déjà, peut-être même
pour dissimuler autant que possible l’irrégularité qui résultoit de l’inégalité de
1 espacement des trois portes. La porte du milieu est la plus large ; elle a quatre
métrés douverture, et na que cinq métrés de hauteur. On demandera sans doute
quel pouvoit .etre le motif de cette singulière proportion. Aussi peu instruits
que nous le sommes des usages des anciens Égyptiens, il nous seroit difficile de
rendre compte de 1 intention des architectes ; mais nous sommes tellement habitués
a trouver leurs conceptions sages et méthodiques, que nous ne pouvons
croire quils aient agi ainsi, dans cette circonstance, sans de très-bonnes raisons.
( 0 Voyeztesp l. , , e t#2 , fig. , , A . vo l I I . (2) Voyez [a p l. 4 , t fig. 4 e t A . vol. I I .
En comparant ce fait à d’autres, on pourra peut-être l’expliquer, et c’est un des
exemples dont nous nous appuierons, pour prouver (1) que l’étude de la distribution
des édifices doit jeter quelques lumières sur l’histoire des moeurs et des usages
des Égyptiens.
Les portes sont tellement encombrées, que l’on ne peut y passer qu’en se baissant
jusqu à terre. La plus grande donne entrée sous un vestibule (2) de onze mètres de
longueur et de seize mètres de largeur, soutenu par six colonnes rangées sur deux
files, qui laissent entre elles un passage de quatre mètres environ, et dont l’espacement
, dans l’autre sens, est à peu près de deux mètres et demi. Ces colonnes
sont moins grosses et moins élevées que celles de la façade ; mais leurs décorations
et celles de leurs chapiteaux sont absolument les mêmes. Dans les murs latéraux, et
en face des entre-colonnemens, on voit les portes de quatre petites salles qui ont
trois mètres de largeur sur quatre de longueur. Il n’y en a pas qui réponde aux
espaces compris entre les deux premières colonnes à droite et à gauche et le premier
mur du vestibule : il existe cependant dans cet intervalle deux petites salles
semblables à celles que nous venons d’indiquer; mais on y entre d’un autre côté,
comme nous le verrons bientôt.
Au-delà des colonnes, le vestibule s’élargit de toute la profondeur des petites
salles latérales, et forme une espèce de corridor de vingt-un mètres de long sur
trois mètres et demi de large environ. Dans le mur qui fait face à l’entrée principale,
sont ouvertes cinq portes de largeurs inégales. Les deux plus éloignées
conduisent à deux grandes salies, de quatre mètres de largeur sur douze mètres
de profondeur; elles ont toutes deux un mètre et demi d’ouverture, et sont symétriquement
disposées par rapport à l’axe de l’édifice. Les deux portes intermédiaires
sont aussi placées avec régularité; elles sont moins larges, mais égales entre
elles : elles correspondent aux espaces compris entre les colonnes du vestibule et les
murs latéraux; elles donnent entrée dans deux salles qui n’ont que deux mètres et
demi de largeur sur neuf mètres de profondeur. Enfin la porte du milieu, plus
large que toutes les autres, conduit à une salle de douze mètres de long, après
laquelle on arrive à des appartemens qui existoient plus loin, et dont il ne reste
plus que quatre piliers carrés et quelques arrachemens de murs. Avant de sortir de
cette espèce de passage, on voit à droite et à gauche, et en face l’une de l’autre,
les entrées de deux cabinets qui occupent l’espace existant derrière les salles intermédiaires.
Nous avons indiqué seulement les quatre piliers, les arrachemens de
murs, et la masse des constructions qui étoient à la suite. Le passage dont nous
avons parlé occupe à peu près le centre de l’édifice : il est découvert ; et si l’on en
juge par une corniche qui règne tout autour dans l’intérieur, on sera porté à croire
qu’il n’a jamais eu de plafond.
Pour continuer à faire connoître les appartemens du palais de Qournah, nous
nous reporterons sous la galerie de la façade. Nous avons supposé d’abord que
nous pénétrions par la porte du milieu ; nous allons maintenant entrer par celle
quî est à gauche, sous la colonnade. Nous avons déjà fait remarquer que cette
(1) Voye^ notre Mémoire sur l’architecture Égyptienne. (2) Voyez la planche , A . vol. I I .