phrases hiéroglyphiques enveloppées dans une sorte dé cadre, et qui, d’après notre
remarque sur le sens des signes, dépendent. sans doute de cette figure. Ces
espèces de médaillons, ces légendes encadrées, occupent encore d’autres places
que celle-ci; car il n’y a guère de phrases hiéroglyphiques un peu étendues qiii
n’en renferment quelques-unes : mais, dans les bas-reliefs dont il est ici question,
on les voit toujours deux à deux, et surmontées chacune d’un vase fort aplati,
portant un disque avec des serpens. On a remarqué qu’en général les deux légendes
étaient presque toutes les mêmes dans tous les tableaux d’un même tem p le e t
qu’il y en avoit ainsi un petit nombre qui se trouvoient répétées dans un temple
plus fréquemment que dans aucun autre.
Ces légendes encadrées portent parmi les antiquaires le nom de scarabées.
Ici je suis obligé de faire une petite digression , que j’abrégerai autant qu’il me
sera possible.
On voit dans tous les cabinets d’antiquités, et l’on trouve encore en Egypte,
un grand nombre de scarabées sculptés en diverses matières et de diverses grandeurs.
La partie supérieure représente l’insecte; et la partie inférieure, qui est
plane et de forme à-peu-près ovale, porte le plus souvent des caractères hiéroglyphiques,
qui sont sculptés en creux. La plupart de ces scarabées sont percés
longitudinalement d’un trou par lequel il paroît que l’on passoit un fil pour pouvoir
les suspendre; tout annonce que c’étoient des amulettes religieux (i). On
a cru trouver quelque analogie entre la surface inférieure de ces amulettes et
les légendes encadrées, et l’on a donné à celles-ci le nom de scarabées. Majs,
en considérant la chose avec un peu plus de soin, on voit bientôt que l’analogie
n’existe effectivement pas, et que le nom qu’on en a déduit n’est propre qu’à jeter
dans. l’erreur. En effet, si fon examine d’abord le cadre, on y reconnoît une
branche flexible ( comme seroit un rameau, ou mieux encore une tige de métal ),
que l’on auroit courbée jusqu’à en croiser les deux bouts, et attachée ensuite avec
un lien.
De l’examen du cadre si l’on passe à celui des signes, et qu’on les compare
à ceux qui sont graves sous les scarabées-amulettes, on ne trouvera aucune ressemblance
générale dans leur distribution. Parmi ces cadres on en voit quelquefois
de doubles, c’est-à-diré, formés de deux branches appliquées l’une, sur l’autre.
A la manière dont les deux extrémités sont arrangées et forment une espèce de
base, on juge que la position la plus ordinaire de ces cadres est la verticale. Cependant,
lorsqu’il s’en rencontre dans desbandes horizontales d’hiéroglyphes, ils
sont alors couchés, le haut étant dirigé dans le sens où marchent les autres signes.
Il est curieux d observer comment, dans une légende placée debout et dans une
legende renversée,. et qui toutes deux renferment les mêmes signes, ces signes
sont groupés dans 1 une et dans l’autre : mais cet examen trouvera sa place ailleurs,
et je reviens au petit temple de l’ouest et aux remarques auxquelles ses sculptures
ont donné lieu..
{ ') On trouvera plusieurs de ces scarabées-amulettes gravés dans l’ouvrage.
Lorsque
Lorsque je m’occupois à copier sous la galerie de l’ouest le bas-relief, pl. 2 2
fig . 2 , je m’aperçus que la petite phrase qui est sculptée derrière le prêtre, étoit
absolument la même que celle qui occupoit une pareille position dans le bas-relief
fi-S- H ffue Ie venois de dessiner sous la même galerie. Je visitai aussitôt un
troisième, puis un quatrième bas-relief, pour savoir si j’y trouverois une phrase
semblable; et l’ayant en effet aperçue dans tous ceux qui sont sur la même face
du temple, je fis part de cette remarque à ceux qui étoient autour de moi : dix
personnes la vérifièrent en même temps sur le temple de l’ouest. On courut bientôt
dans.le grand temple et dans les autres édifices de l’île, où la remarque fut également
vérifiée : on reconnut seulement quelques variantes dans la forme des signes,
et principalement dans celle de cette espèce de noeud qui est placée au-dessus de
l’épaule du prêtre. Ces différentes modifications furent constatées; et l’on en voit
les dessins sur les planches 12 ,16 ,- 2 2 , 2 3 et 2y . Depuis, nous avons confirmé dans
tous les autres monumens de l’Égypte les remarques que nous avions faites dans
l’île dePhilæ, au sujet de cette phrase, toujours placée derrière le prêtre, et qui,
lui servant en quelque sorte d’attribut, peut très-bien s’appeler phrase ou légende
sacerdotale (1).
Ces diverses remarques viennent à l’appui de celle que nous avons faite plus
haut, sur la dépendance qui existe entre les traits hiéroglyphiques et les personnages
dans le sens desquels ils sont tournés ; car ceux de ces traits que nous avons vus
être à-la-fois attributs d’un personnage et hiéroglyphes, sont, en général, placés
dans une colonne d écriture tournée dans le même sens que ce personnage.
De pareils rapprochemens, bien qu’ils ne donnent pas l’interprétation des
caractères hiéroglyphiques , sont cependant de quelque intérêt, en ce qu’ils
servent à lier les hiéroglyphes aux tableaux qui les renferment : car on ne peut
mettre en doute que l’écriture d’un tableau ne soit relative à l’action que ce tableau
représente, lorsque l’objet de cette action se trouve lui-même figuré dans l’écriture;
et il en résulte cette conclusion, qu’il y avoit des objets qui, dans certains
cas, n ctoient exprimes dans 1 écriture hiéroglyphique que par leur propre
image.
Le plifs grand nombre des tableaux sculptés sur les murs du temple de l’ouest
est relatif a Isis, et,sur-tout a son fils H o rus. G est en quelque sorte l’éducation de
(1) Dans le même temps, M. Jomard, .qui dessinoic
le bas-relief, planche 2 2 , fig. / , lequel représente Horus
porté sur un lion, et un prêtre qui lui offre les deux
parties d’une coiffure sacrée, remarqua que ces deux
parties se trouvoient au commencement de la phrase
placée au-devant du prêtre, et qu’à la fin de cette même
phrase elles se trouvoient encore, mais réunies. Cette
observation, dont chacun fut bientôt instruit, donna
lieu de faire plusieurs observations analogues ; en voici
quelques-unes.
Planche 2 2 , fig. 2 , l’espèce de fleur portée sut;, une
tige et placée sur la tête d’isis se voit dans les hiéroglyphes
de la phrase verticale voisine.
Même planche, fig. 4 , le prêtre tient dans ses mains
A . D .
deux têtes d’Isis : l’une est surmontée d’un petit temple,
1 autre d’un instrument semblable aux sistres des anciens.
Ces deux mêmes têtes avec leurs attributs sont au commencement
de la phrase qui précède le prêtre, et l’on
y voit même deux fois celle des têtes.qui porte un petit
temple. On retrouvera aussi cette tête d’isis, mais dégagée
de ses attributs, dans la colonne qui borde le tableau
à gauche.
Planche 2 7 ,. fig. 1 , dans la phrase qui est au-dessus
de l’autel, on trouve le vase que le prêtre tient dans sa
main, et d’où déco.ule,de l’eau.
Enfin nous avons déjà fait des rapprochemens du même
genre à l’occasion du tableau planche 10 , fig. 2.
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