
pierres du plafond, et qui est décorée, à l’extérieur, d’une baguette horizontale,
surmontée d’une corniche. Cet entablement a pour hauteur deux fois le chapiteau.
Ses décorations n’ont point été recueillies; elles sont composées en grande partie
d’hiéroglyphes profondément sculptés.
Le vaste péristyle dont nous venons de faire connoître successivement toutes les
parties, devoit produire dans son ensemble, par sa régularité et son étendue, un
très-bel effet. Dans beaucoup de monumens Egyptiens, on voit de semblables cours
environnées de galeries couvertes. Quelquefois ces galeries ne régnent que de deux
ou de trois côtés. 11 en existe d’analogues à Philæ, à Edfoû, et dans presque tous
les édifices de Thèbes ; mais nulle part il n’y en a d’aussi vastes qu’à Louqsor, si ce
n’est dans le palais de Karnak, qui, en toutes choses, est supérieur aux autres monumens
de l’Egypte. La disposition de ces péristyles a été imitée par les Arabes, dans
les grandes mosquées et dans les o'hel. Elle est très-convenable dans lès contrées
méridionales, parce qu’elle,offre, à toutes les heures du jour, un abri contre les
rayons ardens du soleil.
Le dessus des galeries du péristyle forme des terrasses spacieuses. Une petite
porte pratiquée dans la partie orientale du pylône conduit à un escalier qui monte
en ligne droite dans le sens de la plus grande longueur de l’édifice, et qui abou-
tissoit, probablement, sur la porte principale, à un passage découvert, semblable à
ceux que nous avons trouvés dans d’autres monumens du même genre ; actuellement
il mène sur la muraille en briques qui a été construite postérieurement dans
cet emplacement. En face est l’entrée d’un escalier qui n’est en quelque sorte que
le prolongement de celui dont il vient d’être question. Comme la muraille en
briques n’est plus assez élevée, il faut gravir le long des arrachemens de pierres
pour y arriver. L ’escalier conduit sur la terrasse de cette partie du pylône. Ses
marches ont environ vingt-quatre centimètres. A la quinzième, il est obstrué par
une grosse pierre détachée d’une des parois ; on ne peut plus alors monter qu’en se
glissant à travers des blocs bouleversés. Les terrasses du pylône sont au niveau de la
baguette de la corniche, qui, par cette disposition, forme une espèce de parapet.
C’est de ce point élevé que nous avons aperçu au milieu des habitations modernes
le colosse semblable à ceux qui sont situés près des obélisques ; c’est aussi de là
que nous avons pris, avec un graphomètre à lunettes, les différens angles qui nous
ont servi à rattacher Louqsor aux autres monumens de Thèbes, dans le plan général
que nous avons donné (i).
La partie orientale du pylône est très-dégradée, et l’on ne peut parvenir à son
sommet qu’en passant avec peine par les interstices que le hasard a conservés
entre les plus grandes pierres. Nous n’avons pu retrouver l’escalier par lequel on
montoit sur la terrasse, ni vérifier si l’on communiquoit de dessous les galeries
du péristyle dans les escaliers du pylône. Il est infiniment probable que ces diverses
communications existoient ; nous pensons même que la petite salle contiguë au
palier inférieur de l’escalier de la partie orientale du pylône, dont nous avons
aperçu la porte, mais dans laquelle nous ne sommes pas entrés, communiquoit
(i) Voyez planche i, A . vol. I I .
avec un escalier tournant sur lui-même et qui descendoit sous la galerie. On
trouve une disposition à peu près semblable à Philæ.
Ce premier pylône de Louqsor n’a pas été construit avec soin. Dans l’intérieur,
les pierres paroissent avoir été posées en simple blocage. Le parement extérieur
seul avoit été parfaitement dressé. Si une pareille négligence de la part des constructeurs
n’a pas eu de suites plus fâcheuses ici, on ne peut douter toutefois qu’elle
nait causé la ruine d’un grand nombre d’édifices semblables, et notamment du
deuxième pylône de Louqsor, de presque tous ceux de Karnak, et du tombeau
d Osymandyas.
Immédiatement après le deuxième pylône, on trouve quatorze colonnes rangées
sur deux files, dans une direction inclinée de huit degrés trente minutes à l’ouest
sur l’axe des premiers édifices. Elles sont remarquables par leurs'proportions : elles
ont quinze mètres de hauteur, trois mètres quarante centièmes de diamètre à là base,
et trois mètres près du chapiteau. On n’en voit d’aussi fortes que dans la grande
salle hypostyle de Karnak. Ces’ colonnes sont construites par assises. Les lits et les
joints des pierres ne sont pleins que sur un tiers du diamètre environ; le milieu
est évidé'et rempli d’un mortier de ciment de brique qui est devenu friable.
Les chapiteaux ont la forme de campanes renversées. Us ont, à leur naissance,
trois mètres cinquante centièmes de diamètre ; dans le haut, ils ont cinq mètres
et demi de diamètre : ce qui produit environ seize piètres cinquante centièmes de
circonférence, et quarante-cinq mètres ou quatre cent neuf pieds de superficie;
Leurs décorations n’ont rien de particulier. Ils ont trois mètres et demi de hauteur;
et sont surmontés de dés carrés d’un mètre d’épaisseur, dont le côté est égal au
diamètre supérieur de la colonne. Au-dessus des dés sont encore les pierres énormes
de l'architrave, qui les réunissent dans le sens de lalongueur de la colonnade, et qui
ont un mètre quatre-vingts centièmes de hauteur, trois mètres et demi de largeur, et
six mètres et demi de longueur. 11 ne reste plus rien de la corniche, ni des pierres
qui couvraient cette colonnade dans le sens de sa largeur, et qui ne pouvoient pas
avoir moins de huit mètres de longueur. Ces dimensions ne doivent pas étonner, ni
empêcher de croire que la colonnade étoit couverte ; car il existe des plafonds construits
en blocs plus considérables encore, dans quelques monumens de l’Egypte. Les
quatorze colonnes dont nous nous occupons, sont enfouies-sous les décombres
jusqu’à une hauteur de dix mètres environ : on s’en est assuré par des fouilles. Les
mesures du chapiteau et de l’entablement n’ont pu être prises qu’au graphomètre.
L ’entre-colonnement, dans le sens de la longueur de la galerie, est de trois mètres,
et de cinq mètres dans l’autre sens. Les colonnes sont couvertes de décorations
hiéroglyphiques, sculptées en relief dans l’intérieur de la colonnade, et en creux
à l’extérieur. Cette dernière circonstance porterait à croire qu’elles ne faisoient
pas partie d’une salle hypostyle, comme à Karnak; car alors, à en juger par analogie,
tous les hiéroglyphes auraient été en relief ; néanmoins elles paroissent
avoir été enfermées dans une enceinte assez élevée. En effet, du côté opposé
au fleuve, et à quatre mètres de distance, nous avons trouvé les restes d’un
mur fort épais qui tient au second pylône, et qui se prqlongeoit certainement