prêtres, et dans lesquelles sont des châsses renfermant les images des dieux : elles
sont environnées de toute la pompe des cérémonies religieuses.
Les sujets de sculpture qui se trouvent dans les autres parties du couloir, vers le
nord, paroissent relatifs aux richesses des souverains de l’Egypte. On y a représenté
beaucoup de vases ( i ), de colliers de perles, de cassolettes, et toutes sortes d’objets
qui annoncent le luxe des arts et une grande magnificence. Il seroit assez curieux
de pouvoir assigner la destination et l’usage de chacun des objets figurés dans les
planches de l’Atlas. On peut observer en général que les vases, par la pureté de
leurs formes, l’élégance de leurs proportions, l’emportent sur tout ce que l’antiquité
nous a laissé de plus précieux en ce genre. Les vases Etrusques, si renommés, ne
présentent rien de plus agréable ni de plus gracieux, et il pourroit bien se faire que
leurs rapports avec les productions Égyptiennes du même genre ne fussent pas
seulement l’effet du hasard. La planche 3 / offre des meubles, des ustensiles, des
étendards, des coffres, des colliers, et divers objets du culte Égyptien, distribués
dans quatre bandes horizontales et mêlés avec des hiéroglyphes. Nous n’entreprendrons
pas d’en donner une description complète : nous indiquerons seulement,
dans la première rangée, trois vases remarquables par l’élégance de leurs formes,
surmontés de tiges et de fleurs de lotus ; du milieu de l’un d’eux s’élève une musaraigne,
et sur l’autre est un homme debout. Des vases placés sur trois lignes les uns
au-dessus des autres sont posés sur des tables, aux extrémités desquelles on en voit
deux autres petits retenus par des liens. Au commencement des trois autres bandes,
sont deux obélisques dont le pyramidion est tronqué ; circonstance que ne présentent
pas les obélisques encore subsistans à Karnak, mais qui se retrouve ailleurs
en Egypte (2). La seconde bande offre sur-tout des colliers, dont un seul est très-
orné, et une espèce de coffre qui pouvoit se porter sur les épaules, au moyen de
deux bâtons passés dans la longueur ; ce dernier a beaucoup d’analogie avec celui
qui se trouve dans la scène funéraire dessinée à Elethyia (3) et avec le sarcophage
que l’on remarque dans le bas-relief qui, à Philæ (4), représente la sépulture
d’Osiris. On voit encore d’autres coffres figurés dans la même planche : ce sont
peut-être les modèles de ceux que, suivant Apulée, on portoit dans les processions
publiques, et où étoient renfermés et cachés aux yeux du vulgaire les mystères de la
religion. La troisième bande renferme des vases qui l’emportent sur tous les autres
par la richesse des détails dont ils sont ornés. Du milieu de l’un d’eux sort une tour,
à la circonférence de laquelle sont groupés des hommes montés sur des chars traînés
par des chevaux : des quadrupèdes dont il est difficile d’assigner l’espèce en couronnent
le sommet; deux léopards, élancés sur des tiges de lotus autour desquelles
sont ciselés des hommes étendus, en forment les anses. Un autre vase, non moftts
digne dêtre distingué, est surmonté d’éperviers qui ont les ailes déployées et la tête
couronnée de disques. On ne peut guère douter que tous ces objets ne fussent exécutés
en orfèvrerie ou en matière précieuse, pour décorer les palais des souverains.
( 1) Voyez la planche j j , A . voL I I I .
(2) Voyei les dessins des obélisques d’Héliopolis et
d’Alexandrie, A . vol. V.
(3) Voyez la planche y o , Jîg. y , A . vol. I.
(4) Voyez la planche ip , Jîg. 2 , A . vol. I.
Nous ferons observer encore, dans la même planche |Ép et dans la troisième bande,
une espèce d’équerre(i) dont on pouvoit se servir pour juger du niveau dans les
constructions : le milieu est percé d’un trou qui recevoit le poids suspendu au fil à
plomb. Les différentes bandes que nous avons indiquées dans la planche , sont
séparées par des lignes de ces espèces de chiffres sur lesquels nous avons déjà fixé
1 attention du lecteur. Ces unités sont seules, ou distribuées par groupes de deux,
trois et quatre ; quelquefois elles sont réunies deux par deux par un demi-cercle,
et forment une sorte de fer-à-chevai. Telles sont les sculptures les plus remarquables
qui sont exécutées sur les parois des couloirs. Deux portes de granit noir, situées
au nord et au sud, conduisent à de petites pièces qui étoient aussi couvertes
d’ornemens.
Les appartemens de granit étoient accessibles, au nord et au sud, par vingt petites
portes presque toutes ruinées maintenant. Au-devant des montans de l’une d’elles,
au nord, on aperçoit un gros bloc de spath calcaire, actuellement informe : il
présente encore des traces du tore'Égyptien; ce qui fait présumer que c’est le reste
d’un chambranle de porte.
A dix-sept mètres (2) de distance des appartemens de granit, au nord et au
sud, on trouve les fondations de deux murs d’un mètre ( 3 ) d’épaisseur, séparés
par un intervalle d’un peu plus de trois mètres (4). Ces murs commencent aux extrémités
de la face extérieure du péristyle exposée à l’est, et se prolongent dans une
étendue de quatre-vingt-dix mètres (y). Us ont été tellement détruits, qu’il seroit
impossible d’en suivre la trace, si, de distance en distance, il ne se montroit quelques
vestiges de leurs fondations ; et l’on seroit resté dans une ignorance absolue sur
l’usage et la destination de ces couloirs longs et étroits, si l’on ne voyoit encore à
présent, à l’extrémité de celui du nord vers l’est, deux petites chambres ou cellules
presque carrées (6) qui paroissent avoir servi de logemens particuliers. Il y en
avoit sûrement de semblables dans toute l’étendue de ces couloirs. Peut-être
étoit-ce l’habitation des prêtres qui ne quittoient pas le roi, ou bien celle des gens de
guerre qui gardoient sa personne sacrée. Aujourd’hui même, au Kaire, les petites
chambres qui, dans les palais des beys, servent au logement des Mamlouks,.
n’offrent pas plus d’étendue que celles dont il est ici question. Dans toute la longueur
des couloirs, le mur de clôture générale du palais n’existe plus; et ces habitations
qu’entouroient autrefois de doubles et de triples enceintes, sont maintenant
accessibles de toutes parts.
En quittant les appartemens de granit, si l’on avance vers l’est jusqu’à la distance
de cinquante mètres (7) à peu près, on trouve encore une masse de constructions
considérables. On voit d’abord, au nord et au sud, trois murs avancés qui
(1) Il est digne de remarque que cet instrument est (2) Cinquante-deux pieds quatre pouces,
absolument de la même forme que ces équerres à deux (3) Trois pieds,
branches qui, se repliant l’une sur l’autre, trouvent place (4) Dix pieds,
dans nos étuis de mathématiques. La forme du trou (5) Quarante-six toises et un pied,
dont l’une des branches est percée, ressemble même par- (6) Voyez la planche 2 1 , Jîg. 1 , en h et en i\ A .
faite ment à celle qui se voit dans l’instrument que nous vol. I I I .
signalons dans \a. planche y y , À . vol. I I I , (7) Vingt-six toises.