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De la ville d ’Ombos, et de ses antiquités.
L e s rames d Ombos occupent une colline de sables placée sur la rive orientale
du Nil a l embouchure d’une vallée, et à quatre myriamètres et demi (,) au
nord de Syene : ce lieu porte aujourd’hui le nom de Koum Omboû, qui veut dire
la colline d ’Omboû. A ce point, le Nil fkit un coude, et forme une espèce de port
domine par une butte très-élevée.
Les sables chanés par les vents du désert, en recouvrant les débris de la ville
et une grande partie des anciens monumens, ont aussi enseveli une vaste plaine
qui s etendoit à près de deux lieues vers la chaîne Arabique. Le village qui a
succède a Ombos, n’a déjà plus d’habitans ; tout est aride et désert dans ce canton
recule de Egypte; aucun arbre, aucun ombrage, ne s’offrent au voyageur : à peine
y voit-on quelques traces humaines. C ’est ainsi qu’une ville célèbre est devenue
un heu tout-a-fait inhabité, et qu’une riche campagne est enlevée sans retour à
la culture.
! i LeS b° rtIs eux~mémes du fleuve, ainsi que la colline et tous les environs, sont
couverts de sables fins et brûlans. Au milieu du jour, le sol y acquiert une température
extraordinairement haute, bien supérieure à celle de Syène, ou l’on sait
que la chaleur est excessive et l’une des plus grandes qui soient connues sur le
globe. Le thermomètre a marqué y4» (a) dans ces sables ardens. Si l’on demeure
une minute dans la même place, ou que l’on marche avec lenteur, on éprouve à
la p ante des pieds une cuisson vive et insupportable, et l’on ne peut soulager la
douleur quen marchant très-vîte. Le Nil, qui est voisin, paroîtroit d’abord un
excellent refiige; mais il ny a point de sentier sur la rive : le sable entre dans
eau par une pente très-roide, et l’on y souffle encore plus qu’ailleurs, ainsi que
la éprouvé un de nous qui s’étoit engagé sur les bords du fleuve (3). Si l’on veut
gravir facilement la colline pour visiter les monumens qui restent de la ville
d Ombos, .1 faut suivre un sentier qui vient du midi et qui se dirige vers l’un des
angles de 1 enceinte.
Devant ce lieu est une grande île appelée Mansouryeh, qui paroît avoir tenu
jadis au territoire d’Ombos. Cette ville étoit alors plus éloignée de la rive, et le
Nil s y rendoit par un canal (4) ; la force du courant et la tendance des eaux vers
lest ont changé peu à peu ce canal en un bras du Nil, et ce bras est devenu lui-
meme le lit du fleuve. L ’action des eaux s’est exercée avec tant de violence
quelle a entraîné en partie l’enceinte des monumens et une portion du petit
. temple Jm-meme. H en est arrivé autant d’une grande porte qui fait face à ce
1 emier. édifice. Aujourd’hui le terrain est coupé à pic, les eaux le rongent de
(1)'N eu f lieues. , , , ,
(2) G r a d u a t io n J e R é a u m u r : c ’ é r o i t l e .2 s e p t em b r e S» so n m a ît r e
t 7 9 9 . s e p t em b r e lu t o b l i g e d e c o u r i r a s o n s e c o u r s , e t d e l e t r a n s p o r t e r
, , t L e s m i l i n i im d . , - d a n s s e s b r a s ju s q u 'a u d e h o r s d e s s a b le s .
j-.e s m i l i t a i r e s d e n o t r e e s c o r t e , f ir e n t c u i r e d e s (A\ / F ü a n , , , • i * l
i r n f s tn r I» c/»i t i « / u c s 1 4 J •Æ .n an . d e m i t . am m . l ib . x . c a p . 2 1 .
su r , e s o 1 - U n J e u n e n e g r e , é t a n t e n t r é p ie d s n u s ' î F t f f l
plus en plus, et la rive est jonchée de pierres.énormes, provenant des fondations
démolies.
L’envahissement des sables et l’irruption du Nil ne sont pas les seules causes
qui aient contribué à dégrader les monumens de la ville : on diroit que tous les
élémens ont conspiré pour les détruire. Le feu paroît avoir consumé les bâtimens
voisins des deux temples et une partie de ces derniers édifices ; les pierres renversées,
et l’enceinte sur-tout, portent les marques d’un incendie. Au milieu des
briques noires et crues qui composent cette enceinte, on aperçoit de grandes parties
enfumées et d’autres d’un ton rouge, où les briques sont entièrement cuites
et pareilles à celles qui sortent des fourneaux. Il seroit difficile d’attribuer cet effet
à l’action du soleil ; car toutes les briques seroient dans le même état, si elles
n’avoient essuyé que cette chaleur, et les parties rouges de l’enceinte ne seroient
pas distribuées inégalement- comme elles le sont. D ’où viendroit aussi ce ton de
fiimée que l’on voit sur les blocs de pierre à l’extrémité du grand temple, et qui
tranche avec le grès jaune dont ce temple étoit bâti ! L ’incendie.paroît avoir détruit
tout le fond des monumens (i) : sans les sables qui recouvrent les débris des constructions
voisines, cet incendie auroit laissé bien plus de traces de ses ravages.
Malgré tant de causes de destruction, deux temples sont encore en grande
partie debout. Une enceinte d environ huit mètres d’épaisseur est demeurée presque
entière (2); elle a environ sept cent cinquante mètres de tour (3). Les briques
dont elle est formée, sont d une grosseur énorme, et prouvent que c’est un travail
Egyptien, ainsi que l’enceinte lïElethyia et des autres villes Égyptiennes : toutefois
elle paroît postérieure à la construction des deux temples. Les parties saillantes
de cette muraille sont dignes d’être remarquées pour leur forme bastionnée. On
ne connoît pas la hauteur de 1 enceinte : le pied en est caché sous les monticules
de sables (4).:.
Du.côté du sud, est une porte en pierre, aussi profonde que l’enceinte est large;
ce qui fait encore juger que celle-ci est contemporaine de celle-là, laquelle est
manifestement un ouvrage Égyptien. Sur le penchant de la colline au sud-ouest,
et sur le bord actuel du Nil, est le reste d’une autre porte beaucoup plus grande,
qui étoit accompagnée de deux massifs. Il n’en est demeuré qu’une moitié; les
débris de l’autre se voient encore en bas, sur le bord du.Nil, qui les a précipités.
Cette porte étoit décorée comme toutes les portes Égyptiennes : elle a été bouchée
par des briques, et rouverte postérieurement dans un endroit. Il faut remarquer
que cette porte se dirige exactement sur l’entrée du petit temple. En suivant
a rive du N il, on trouve encore d’autres débris qui proviennent de ce dernier
temple, et plus loin, une construction que l’on suppose avoir servi de Nilomètre.
,,, U. n° ^ des temples et dans l’intérieur de l’enceinte, il y a une grande
élévation formée par des restes de constructions en briques, et les environs sont
pleins de vestiges pareils. Les sables venant du midi, du nord et de l’est, après
avoir anc li 1 enceinte, les ont presque entièrement recouverts, et sont descendus
(0 Voyez planche 4.1 , fin. , . _ .
(2) Voyez planche ¡ S 1 1 1 ce" £ ^ tre -v .n g ts toises.
* 14) v °yez planches j g et 40.
A. D . a a