vers les siècles reculés, ajoutent au tableau des beautés d’un ordre Supérieur à tout
ce que ia nature seule peut présenter dans les sites les plus imposans
Tandis que 1a barque sur laquelle on doit passer le fleuve se fait attendre
on parcourt le rivage pour apercevoir l’île sous plusieurs aspects ; et bientôt
on y remarque un édifice isolé, percé à jour, et soutenu par des colonnes puis
une masse considérable de bât,mens, une longue colonnade, un obélisque, ¿uant
a ce meme rivage que Ion est impatient de quitter, il n’offre que de pauvres
cabanes de Barabras ( i) , et les vestiges de quelques tombeaux Arabes.
En traversant le fleuve, on passe assez près d’un rocher qui, du milieu de
plusieurs autres , eleve son sommet à plus de seize mètres (2) au-dessus des eaux
Il est, dans sa partie supérieure, divisé en deux, et représente assez bien une
espece de fauteuil sans dossier, d’une gigantesque proportion. Les habitans de'
Syene que servent de conducteurs aux étrangers, racontent, en effet, au sujet de
ce siege, des histoires de géans, mais qui ne peuvent mettre sur la voie d’aucune
tradition historique: D ailleurs la forme de ce rocher est évidemment naturelle-
on voit seulement quelle a été remarquée dès les temps anciens, et que l’on â
taille par dernere des marches pour s’élever jusqu’au siège. Cette roche porte aussi
es sculptures frites avec soin et profondément entaillées; ce sont des figures
humaines avec des tetes d animaux, et plusieurs inscriptions hiéroglyphiques.
sont t r ^ ■? de Jîle à ^ eJ<sont tous dans la partie méridionale. îue distance temples, qui
§. IL
Aperçu général des Monumens.
Si je visitois de nouveau l’île de Phihe, et si j’avois un compagnon de voyage
a qui je voulusse la faire connoître, j’irois d’abord avec lui me placer sur le rocher
qui forme un petit promontoire à la pointe méridionale de l’île : de là l’oeil em
brasse fadement la petite étendue de Phihe; les monumens en occupent une
gran e partie et du point de vue où nous sommes placés, nous les apercevons
presque tous. L edifice isolé est maintenant à notre droite, de l’autre côté sont
obehsque et la longue colonnade; le grand temple et les principaux monumens
sont en face de nous; a leur pied, quelques huttes de terre qui ont à peine la
hauteur d un homme forment la demeure des habitans, et l’on peut dire des pro-
prietaires actuels de J île. 1
Environnés de rochers granitiques, les monumens de Philæ sont tous construits
en gres. a couleur de cette pierre n’ayant pas été altérée par le temps , ils sont
encore, a l extérieur, d’une blancheur surprenante.
Lorsqu’on a saisi l’ensemble de ces édifices, ce qui frappe sur-tout, si l’on s’arrête
quelques mstans a les considérer, ce sont leurs grands murs en talus comme les murs
(i) On donne en Egypte le nom de Baribras aux Nu- M Cinninnre „ •
Lient qui habitent depuis les cataractes jusqu’à Ibrim. l ’ V g l l enV' r° " ’
de nos fortifications, sans aucune autre ouverture que les portes; les terrasses des
temples formant de larges plateaux, et sur l’une d’elles un petit village; les sculptures
peu saillantes dont tous les murs sont entièrement couverts ; c’est enfin le
caractère grave et mystérieux de ces monumens, leur solidité , leur étonnante
conservation.
Mais approchons de ces édifices, pénétrons dans l’intérieur des temples, et
commençons par le monument le plus méridional qui est aussi le plus Voisin de
nous.
C ’est une petite enceinte de colonnes dont plusieurs sont renversées : au-
devant étoient deux petits obélisques en grès ; un seul est resté debout, et l’on ne
voit plus de l’autre que la place qu’il occupoit.
Parmi plusieurs noms Grecs et Latins écrits à différentes époques sur l’obélisque
et sur un reste de muraille qui l’avoisine, on distingue ceux des rois Ptolémées
et de quelques autres personnages de l’histoire. Les noms de plusieurs voyageurs
Européens de ces derniers siècles et ceux de quelques Français de la grande expédition
s’y trouvent également inscrits. Ainsi, dans tous les âges, les hommes ont
voulu attacher leurs noms à quelque chose qui leur survécût, et qui parlât d’eux
en leur absence.’
On compte trente-deux colonnes dans cette longue galerie qui borde le quai et
qui se dirige au nord vers les temples. Les chapiteaux, ornés des fleurs du lotus,
des feuilles du palmier, sont tous différens les uns des autres : ces différences, qui
ne se voient que de près, ne détruisent pas l’uniformité générale, et jettent de la
variété. Plusieurs colonnes sont renversées ; les pierres du plafond, les décombres,
interrompent le passage : mais au milieu de ces pierres qui ont conservé leur blancheur,
au milieu de-ces colonnes dont plusieurs chapiteaux sont restés ébauchés,
on se croit moins parmi des ruines que dans un édifice en construction.
Une autre colonnade moins étendue est en frce de celle-ci ; et quoiqu’elles
ne soient pas tout-à-fait parallèles, elles forment cependant une belle avenue à
l’entrée des temples dont nous approchons. On conçoit que, lorsque toutes les
colonnes étoient debout, quelles n’étoient pas enterrées dans les décombres, et
qu’au lieu de ces inégalités, de ces démolitions, de ces restes de huttes, un
terrain uni permettoit de tout embrasser d’un coup-d’cèil, l’entrée des temples
devoit s’annoncer d’une manière magnifique et imposante.
La première entrée est composée d’une grande porte et de deux massifs semblables,
larges à leur base, plus étroits vers le sommet, et de peu d’épaisseur,
qui s’élèvent l’un à côté de l’autre, bien au-dessus de la porte qui se trouvé
comprise entre eux : cette sorte de construction, tout-à-frit particulière à l’Egypte,
et qui n’a été imitée dans aucune autre architecture, se voit également au-devant
des temples et des palais; nous l’appellerons pylône (t).
(i) Ce mot est formé de celui de m\av} qu’a employé par ce mot, l’ensemble de la porte et des deux massifs qui
Diodore de Sicile dans la description du tombeau d’Osy- l’accompagnent. Voye^ la Description d’Edfoû, chap. V
mandias, et que les traducteurs ont mal-à-propos rendu de ce volume, S • 1 I - E . J .
par celui atrium. Il est évident qu’il faut entendre,