
impossible à cause de la rareté du bois en Egypte, et qui d’ailleurs n’aüroient
point offert une résistance suffisante, mais dans des constructions solides, faites
en gros matériaux, et que Ton détruisoit après l’érection du monument.
Les dimensions considérables de la statue que nous vçnons de décrire, portent
à croire qu’elle a été transportée dans l’endroit où on en voit les restes, avant que
1 édifice fut entièrement achevé; il est naturel de penser que la première cour est
celle qui a été construite la dernière. On a déjà fait remarquer plus d’une fois l’es-
pece d enchevêtrement des diverses parties qui constituent les temples et les palais
Egyptiens (i) ; il est donc assez probable que les architectes, après avoir conçu d’un
seul jet les plans de leurs édifices, n’en exécutoient que successivement toutes les
parties. Ils commençoient par les pièces centrales les moins considérables, mais
les plus soignées ; ils s’occupoient ensuite des constructions qui enveloppoient
celles-là, et arrivoient ainsi, de proche en proche, aux salles de l’édifice qui
dévorent être les plus vastes. C’est au moins là l’idée que fera naître la vue des
planches de l'ouvrage.
Au milieu de la foule d’objets remarquables que l’on rencontre sur remplacement
des ruines de Thèbes, il seroit difficile à un seul voyageur de tout observer.
Cest ce qui est effectivement arrivé à chacun de nous en particulier: les uns ont
consigné, dans leurs journaux, des observations qui avoient échappé à d’autres,
tandis que ceux-ci s’étoient proposé pour objets de recherches, des choses auxquelles
les premiers n’avoient pas pensé. Pour offrir au lecteur un ensemble aussi
complet que possible dans la description des ruines anciennes, il étoit nécessaire
de nous concerter, et de nous communiquer réciproquement nos observations
sur les matières que nous avions à traiter; c’est le parti que nous nous sommes
empresses de prendre, et qui nous a toujours donné des résultats plus certains
C est ainsi qu’un de nos collègues-a constaté (2) qu’il existe, sur l’emplacement du
palais de Memnon, quatre statues colossales en granit. Nous sommes très-portés
a croire, d après les nombreux débris que nous avons vus nous-mêmes, que, tout
près du grand colosse, et contre le mur de fond (3), étoit une des statues de granit
que notre collègue a remarquées ; nous verrons bientôt où sont placées les deux
autres.
Telle est la première partie du palais, à laquelle les Grecs ont donné,
comme nous le verrons dans cette section, le nom de péristyle (4), dénomination
plutôt justifiée par l’usage que. par l’étymologie du mot (y ). Le mur de
fond de la cour est percé d’une très-belle porte qui conduit à un véritable péristyle.
La parue qui est vers le sud, est presque entièrement détruite : celle qui est
au nord est seule debout; encore ne présente-t-elle, dans l’intérieur de la cour que
1 aspect de la destruction. La moitié de l’épaisseur du mur a été démolie, et l’on
ne von plus que des arrachemens de pierres inégalement saillantes, quiselioient
c r i m L r ^ ^ r " °U • di50"S à v T l <kn! (4) V°y e i cH fr h Partie cription de Karnak, troisième partie de la section y iu de pag. 142. de cette section,
ce chapitre. , . , ’ ,
/ , \ m j , '$/ e !ecteur peut consulter ce que nous disons à ce
(: y - J7 a d dans SOn. ’° “r"aI- „ ’“fet dans la description de Medynet-abou, sec. s S 3) Kerejleplan restante,p l.33 ,f,g . , el3 , A .v o l.II. pag.¡6 , note j .
au parement dont il h existe presque plus de traces, Ce mur, comme il est aisé
de le reconnoître à 1 inclinaison de ses deux faces, faisoit partie d’un pylône semblable
au précédent, mais moins épais, et d’une hauteur moins copsidérable. Si
Ion pénétré dans le péristyle, on aperçoit quatre piliers cariatides en avant de
la partie du pylône encore existante : c’est le reste d’une galerie dont les plafonds
sont intacts. Deux rangées de colonnes qui ne subsistent plus en entier, mais dont
on retrouve les fondations, formoient une galerie latérale. En ayant du mur de
fond, il existe une galerie pareille, si ce n’est que la première rangée de colonnes
est remplacée par dés piliers cariatides absolument semblables et correspondans
parfaitement à ceux de la face opposée. L ’intervalle qui sépare ces derniers piliers,
étoit autrefois fermé par- des murs peu élevés, dont nous n’avons retrouvé que
quelques arrachemens et des débris. Tout ce que nous venons de décrire, et dont
il reste des traces évidentes, et.même des parties parfaitement conservées, existe
au nord, et se répétoit probablement au sud; mais là il n’en .subsiste plus rien. Il
làut donc-, pour se faire une idée exacte de l’ensemble de ces constructions, se
représenter un vaste et beau péristyle, presque carré, de quarante-quatre mètres
de long et de cinquante-deux mètres de large, décoré de galeries formées, à l’est,
d’une seule rangée de piliers cariatides; au nord et au sud, d’une double rangée de
colonnes; et à l’ouest, de colonnes et de piliers cariatides. Ce péristyle a une ressemblance
parfaite avec celui de Medynet-abou (i), sur lequel nous nous sommes
déjà fort étendus. Les statues adossées aux piliers sont ici vêtues d’une tunique
longue et étroite, qui descend jusqu’aux pieds ; elles sont élevées sur un double
socle, et tiennent dans la main droite un fléau, et dan? la main gauche un instrument
terminé en forme de crochet. Au-devant de la robe, une ligne d’hiéroglyphes
s étend depuis le bas de la poitrine jusqu’aux pieds. Toutes ces figures sont plus
ou moins mutilées; quelques-unes ont encore leur tête, et les fragmens que l’on
trouve renversés par terre ont fait connoître la forme de leurs bonnets. Elles
ont neuf mètres et demi ( 2 ) de hauteur. Les piliers auxquels elles sont adossées
sont recouverts, sur toutes leurs faces, de tableaux allégoriques encadrés par des
lignes d hiéroglyphes : on y distingue sur-tout des offrandes faites aux divinités
qui président à l’agriculture, telles qu’Harpocrate entouré de productions du
règne végétal, et Isis coiffée d’un disque enveloppé des cornes du taureau. La
première de ces divinités porte dans ses mains la houe et le fléau. Des prêtres
leur présentent des fleurs et des fruits, sur lesquels ils font des libations ; ou bien
ils brûlent devant elles des parfums, dans une espèce de cassolette adaptée à un
long manche.
L ’architrave portée par les piliers cariatides est décorée d’hiéroglyphes ; et la C
corniche qui la couronne, est ornée alternativement de légendes hiéroglyphiques
et de cannelures. Les colonnes des galeries latérales et celles du fond ont des
chapiteaux à boutons de lotus tronqués, qui sont décorés, dans la partie supérieure,
de serpens et de légendes hiéroglyphiques; le haut du fût paroît figurer un faisceau
( 1 ) Voye^ la description de Medynet-abou^, sect. i . r‘ } (2) Vingt-neuf pieds deux pouces d u lignes.
PaS‘ S 7 61 sutv‘