Cependant la latitude d’Esné est, comme nous l’avons dit, de 250 17 ' 38"-.
Il est donc certain qu’Ibn-Younis s’est.trompé de 17 ' 38".
En n’admettant aucune erreur dans Ptolémée, la latitude d’Esné fournie par.
M Nouet se trouve être à-peu-près la même que celle d’Hermonthis, suivant
Ptolemee, pmsque ces latitudes ne diffèrent que de 2' 22". D ’un autre côté
Strabon annonce positivement que l’on adoroit Jupiter à Hermonthis, tandis qu’il
est certain que Je temple d’Esné étoit, comme nous l’avons dit, dédié à la seule
divinité Egyptienne qui ait pu donner aux Grecs l’idée de leur Jupiter Ammon
ou avec laquelle ils aient pu la confondre. Ces circonstances se réuniroient pour
faire croire que la ville d’Esné. est l’ancienne Hermonthis, et que Latopolis doit
etre situee plus au sud : mais cette opinion conduit à des conséquences trop absurdes
pour quelle puisse se défendre. Il en résultent, en effet, que le village d’Er-
ment, ou nous avons trouvé des ruines considérables, et qui est situé un peu
au-dessus de Thebes , ne seroit pas l’emplacement de l’ancienne Hermonthis É
cependant la conformité des noms est telle, que c’est une très-forte prévention
en faveur de 1 opinion contraire, si même elle permet d’hésiter ; mais il ne restera
aucun doute si l’on considère que la table Antonine, qui est à-peu-près du même
temps que Ptolémée, place Hermonthis à cinquante milles, ou 7 3 'ooo mètres
¡ H B dC Toe t y n ' “ Suivant les contours du Nü - et f l résulte des opérations
de M Nouet, quil y a 63,000 mètres en ligne directe des ruines de Denderah
au village dErment. Par cette coïncidence presque parfaite, l’erreur de Ptolémée
dans la détermination d’Hermonthis devient évidente; elle est de 17 ' environ.
Si les latitudes de Ptolémée avoient été relevées, astronomiquement, l’erreur,
quil a commise en déterminant celle d’Hermonthis, n’influeroit en rien sur la
position des villes supérieures : mais on sait que Ptolémée calculoit souvent ses
ongitudes et ses latitudes d’après des distances mesurées sur 1a terre. L’erreur dans
laquelle il est tombé pour Hermonthis, a dû par conséquent se propager. En
faisant dans la carte de Ptolémée, pour la position de la ville d’Hermonthis et
de celles qui sont au-dessus, la correction de 17 ' environ, Latopolis se trouve
reportée a la latitude déterminée par.M. Nouet; et les. distances données par 1a
table Antonine, Ptolémée et M. Nouet, entre Hermonthis ou Erment, et Latopolis
ou Esne coïncident assez bien pour, autoriser à placer. Latopolis à Esné, ainsi
que la fa.t dAnyille. Il est assez extraordinaire que ces deux autorités de d’An-
savoir, Ptolémée et Ibn-Younis, qui toutes deux l’ont induit en erreur
pour la véritable latitude d’Esné, l’aient pourtant conduit à un résultat exact en
commettant deux erreurs absolument semblables.
Suabon, en faisant connoître les villes anciennes au-dessus de Thèbes ne
donne pas les distances de ces villes entre elles; mais il les place dans un ordre-
qui peut servir a faire connoître leurs positions relatives. Voici ses expressions •
: Aprel a ; i,ie d’Apollon vient Thèbes, qui est maintenant appelée Diospolis
» Apres Thebes on trouve la ville d’Hermonthis, où l’on adore Apollon et
» Jupiter. On y nourrit aussi un boeuf sacré. Ensuite vient la ville des Crocodiles
» ou Ion rend un culte à ces animaux;.puis la.ville de.Vénus, et ensuite celle
» de Latopolis, où l’on adore Pallas et le poisson Latüs. Oh trouve à la suite la
» ville de Lucine et son temple (1). »
Il ne peut actuellement rester aucun doute sur la position de Thèbes; l’emplacement
de cette ville se fait assez connoître par l’immensité des ruines que
l’on trouve à Louqsor, Karnak, Medynet-Abou et Qornah.
Au-dessus de Thèbes, Strabon place Hermonthis, Crocodilopolis, Aphrodito-
polis et Latopolis.
Esné est située à peu de distance au-dessus de l’emplacement de Thèbes.
La position de la ville d’Esné, les constructions Égyptiennes, Grecques,
Romaines et Arabes que l’on retrouve le long du fleuve, l’élévation de la butte
de décombres sur laquelle la ville est bâtie, et plusieurs autres indices, ne permettent
pas de douter que, de tout temps, cette ville n’ait été une des capitales
de la haute Egypte; elle renferme un des plus beaux temples Égyptiens, un de ceux
qui portent le caractère le mieux constaté d’une haute antiquité : cette ville doit
donc avoir été connue de Strabon, et doit être alors une de celles que nous avons
nommées.
Strabon n’entre dans aucun détail qui puisse nous déterminer à placer à Esné
une de ces villes plutôt que les autres ; mais ce qu’il dit ne contrarie pas l’opinion
de d’Anville, et viendroit plutôt à l’appui de ce que nous avons conclu
de l’examen comparé de Ptolémée, de la table Antonine, et des observations de
M. Nouet.
Les ruines que nous avons trouvées sur la rive droite du Nil, en face d’Esné,
démontreroient encore, par leur situation, qu’elles appartiennent à la ville de
Contra-Lato, nommée par l’Itinéraire, et qu’Esné est l’ancienne Latopolis;
car, dans cette pàrtie de la haute Égypte, on ne trouve que ces ruines et celles
d’Esné qui soient assez directement opposées sur les rives du fleuve pour convenir
aux situations respectives de ces deux villes anciennes.
Quelque concluantes que soient les raisons que nous ayons apportées pour
démontrer qu’Esné est l’ancienne Latopolis, nous ne négligerons pas de rendre
cette opinion encore bien plus vraisemblable, en recherchant et fixant les positions
qui conviennent aux villes placées, par les géographes anciens, entre Latopolis
et Thèbes. Ces villes sont Aphroditopolis et Crocodilopolis, dont Strabon
fait mention; Asphynis, dont parle la Notice de l’Empire, comme étant voisine
d’Hermonthis; etTuphium,' citée par Ptolémée.
D’Anville a fort justement observé que la ville d’Asphynis trouvoit naturellement
sa place au village d’Asfoun (2), dont le nom est le même, à 1a terminaison
(i).Me'loi J î n'y ‘Ayritàayoç woa iy , aj QtiCctf koxSto) JV A polio et Jupiter coluntur : hic etiam bos alitur. Deinde
rSv A10 ç m\iç Mem J t ©îCaç ’’EpjMvfjiç mxiç, èy n 0 n est Crocodilorum urbs, quai eam belluam colit. Hinc Ve-
Awdmwk itya.Ttt4,K) 0 Zei/f JV xj ivlaodtt (&ç. Emim neris urbs, et postea Latopolis, quoe Palladem et Latum
KgpxoJli\ay 1m\iç, ny&m. m> OiiétoK • e/m ’Atpf&J'inç -mxiç, Kj colit. Postea Lucince civitas, et ejus templum. ( Strabonis
j t u m W r o A cnDm K iç , -n/Aum ’aO h « « ' x, 7 b V a c e n t ' « m E / a h - Rerum geographicarum Iibri X V I I , cum Gulielmi X y - -
Qviac. 7rBA/f, Kj ¡1 gpV àv. landri versione à Casaubono recognita ; Lutetioe Parisio-
Post Apollinis urbem sunt Thebæ, quoe nunc Diospolis rum, typisregiis, ¡620, in-fol. ; lib. X V I I , p. 815 et 817 .
vocatur Post Thebas et Hermonthis civitas, in qua (2) mJu.Î