Une autre circonstance nous permettoit encore de satisfàire notre vive curiosité
- r tout ce qu. a- rapport aux arts Égyptiens : plusieurs parties de l’édifice n’ayan
po nt encore reçu leur dernière forme, et les pierres étant restées à peine dégrbs-
| nous avons pu suivre les divers degrés du travail et juger de l’avancement de
ce peuple dans 1 art de la construction.
La coupe des pierres est, comme on le sait, cette partie de l’art de bâtir oui
consiste a tailler séparément toutes les pierres d’un édifice, de telle sorte qu’il
n y ait plus qu’a les poser chacune à la place qui lui est destinée, pour que &
m l r : ; ,Esmia‘ à « vante, plaçomnt les pierres assez peu dégrossies les unes sur les autres et
tadloient ensuite dans ces massifs les formes de l’architecture. C ’est du moins’ ce
q i est évident dans plusieurs parties de l’édifice de l’est : tout le haut en est
aille et poh; mais dans le bas, de grandes portions sont restées brutes (Voyez
les planches 4 a 2 J .) Les colonnes, arrondies au-dessus des murs d’entm colonne
ment, le sont aussi dans l’intérieur entre ces mêmes murs : m a i s ( R I M v ¥
a plusieurs qu, nont encore reçu aucune forme; et à la colonne de l’angle sud
meSUré des sailIies d e Plu* d ™ décimètre,ete retianchees si 1 édifice eût été fini. qui L ro ien t
Ce n’est pas cependant que les Égyptiens pussent ignorer l’art d’appareiller les
pierres sur le chantier, avant de les mettre en place; ce qui le p r o ^ l ’est la
naniere dont ils tadloient quelquefois les joints par lesquels les pierres -d’une
meme rangée horizontale se touchent. Ces joints ne sont pas tous verticaux- on
en trouve d inclines sous divers angles : il fidloit donc que les pierres avant d’être
l Ü t e ‘ P/ rfai,te” ent tail,ées sous la l Ü inclinaison,’ pour que le
joint fut exactement fermé. Cette méthode,de joints inclinés f t f l comme
n le voit, naissance a une difficulté de plus dans la construction ; et l’on ne peut
guère lu, trouver d autre motif que celui de l’économie de la pierre, puisque cette
méthode permettoit d employer les blocs qui avoient des Étces incliLes sans en
rien retrancher que ce qu, étoit nécessaire pour les aplanir. Mais comment accor
r ce procédé économique avec cet autre qui l’est si peu, de mettre en place
r * “ f f 1 m°k ■ Ë P | — » ■. foZ,
Quant aux joints horizontaux, ils sont tous parallèles et parfaitement de ni
l’étendma'd Ê m È ^ t0U,° UrS UM m'émeassise de Pierres ^ i règne danstoute
letendue de I édifice, comme nous le pratiquons dans toutes nos constructions
souvent une assise fort é,evée est c— p»
Les faces des joints des pierres dans l’édifice de l’est ne sont lisses qu’à leurs
bords, sur une largeur de plus de deux décimètres; le milieu de la face est seulement
Les diverses constructions de Philæ et de I’Éeynte nré »cShrio ie• „?pLl d7 Pp r*f aV 1i e x*trTeme qré“geu laritÉé edyeps üjo' ianst sa ;t tials-
sentent des exemples de ces irrégularités, qui MWÊ ’ ° ,Cnt a“ “ ntraire de <« « ch e r , pour qu’ils n’intcr-
n’S‘ em - n ù l a s o l id h é , mais nuisent seulement à .a voie^X Tes jo!nT"' “ j ^
piqué : peut-être étoit-ce afin que le ciment s’attachât mieux aux pierres par ces
petites aspérités. Ce ciment ne forme qu’une couche très-mincç, et les joints se
peuvent à peine apercevoir.
Les Égyptiens ne se contentoient pas de l’épaisseur qu’ils donnoient aux murailles
de leurs édifices, et de la grosseur des. pierres qu’ils y employoient, pour en
assurer la solidité; ils prenoient encore le soin de lier les unes aux autres les
pierres d’une même assise horizontale. On aperçoit toujours dans le plus grand
nombre des constructions, sur la surface supérieure de., deux pierres contiguës,
deux entailles correspondantes, en forme de queue d’aronde, et qui reçoivent un
tenon taillé lui-même en double queue d’aronde. Ces tenons ne se retrouvent
plus parmi les pierres renversées. Il étoit naturel de les supposer faits de métal :
cependant, en démolissant à dessein quelques restes peu intéressans d’édifices,
nous avons trouvé des tenons de bois ; ce qui ne paroît pas propre à retenir fortement
des pierres de grosses dimensions. Aussi quelques personnes ont-elles pensé
que l’on avoit employé originairement des tenons de métal, et que par la suite,
le métal étant devenu plus rare, on y avoit substitué du bois, moins par motif
de solidité que pour ne pas anéantir un ancien usage. D ’autres personnes ont cru
que peutrêtre ces pièces de bois servoient à rapprocher les pierres, par le gonflement
qu’on leur faisoit éprouver en les humectant. Mais de pareils tenons ne sont-
ils pas suffisans par eux-mêmes pour arrêter l’écartement des pierres, quelque grosses
quelles soient! Letat ou on les trouve encore, prouve mieux que tout ce que
l’on pourrait dire, qu’ils pouvoient durer fort long-temps. Us sont en bois de sycomore,
bois extrêmement compacte. Leur longueur ordinaire est de om.z4 ( i ) ;
leur plus grande largeur, de o"’ .o67 (2); et leur épaisseur, de om.o4 (3). Nous en
avons rapporté plusieurs ; et quoique charbonnés à leur surface , ils sont encore
bien conservés. Cette longue durée d’une matière végétale que nous voyons se
détruire si rapidement dans nos climats, ne surprendra pas ceux qui connoissent
les causes qui agissent dans cette destruction, puisque ces morceaux de bois,
presque exactement enfermés dans des pierres toujours sèches, ne sont exposés ni
a 1 humidité ni au contact de I air. Cependant, 1 influence des sjècles étant plus
sensible sur le bois que sur le grès dont les monumens sont construits, on pourrait
juger de l’âge respectif de ces monumens par l’état de conservation des tenons de
bois employés à en lier les pierres (4).
En observant 1 édifice de 1 est, on voit que tbutes les parties, bien qu’elles
fassent destinées à être sculptées, étoient auparavant dressées et polies, comme si
1 on se fut propose de laisser 1 architecture lisse. Ainsi, dans l’intérieur, où il n’y a
(1) Neuf pouces. On en a rapporté un qui a onze faits pour les arracher du sein des murailles. E s t - il propouces
trois lignes. bable que l’on se fut donné d’aussi grandes peines, si
(z) eux pouces et demi. l’on n’y eût jamais trouvé que du bois! Il est digne de ,
n Pouce 7 demi. remarque, que ce surcroit de solidité que les Égyptiens
(4) Nous ne prétendons pas toutefois qu’il n’y ait jamais avoient voulu donner à leurs édifices, ait été une des
eu que du bois employé à former les tenons qui lient les principales causes de leur destruction : si l’on eût tou-'
pierres. e qui doit faire conjecturer qu il y en a .eu jours employé du métal dans l’intérieur des murailles, il
e métal, ce sont les efforts qui manifestement ont été ne resterait pas actuellement pierre sur pierre en Égypte.
A . D . G z