
 
		de  la  construction des temples qui les renferment,  soit qu’ils constatent seulement  
 l’état  des connoissances acquises  par  toutes  les  observations  faites  antérieurement  
 au  temps  de  leur  érection;  comme  le  zodiaque  d’Esné  indique  évidemment  une  
 époque antérieure  à  celle  des  zodiaques  de Denderah  (i)  et  des bas-reliefs astronomiques  
 de  Thèbes,  on  doit  en  conclure  que  le  temple  d’Esné  est  antérieur  à  
 celui  de Denderah  et  à  la  plus  grande  partie  de  ceux  de Thèbes. 
 En  admettant,  ce  qui  est  très-vraisemblable,  que  tous  les  monumens  ont  été  
 élevés  sur des buttes factices  d’une hauteur fixe,  déterminée  par  l’expérience,  afin  
 de  les  garantir des  inondations  et de prévenir les accidens qui auroient pu résulter  
 de  l’exhaussement  du  sol  de  la  vallée,  phénomène que  les  Egyptiens avoient  certainement  
 observé,  on  devra  conclure  que  les  monumens  dont  le  sol  est  le  plus  
 près d’être  atteint par les  dépôts du Nil,  sont  aussi  les  plus  anciens.  Cette  hypothèse  
 est  appuyée  d’observations  faites  sur  différens  points  de  l’Egypte.  Quant  à  
 la  hauteur à laquelle  les  Egyptiens  avoient  jugé  convenable  d’élever  leurs  monumens  
 au-dessus de la plaine,  on doit croire qu’ils avoient poussé la prévoyance fort  
 loin,  puisqu’il résulte  d’un  nivellement  fait  avec beaucoup  de  soin  à  Denderah,  
 que  le  sol  du  temple  est encore  de  trois mètres,  ou  quinze  pieds  environ,  supérieur  
 au niveau  de  la plaine  environnante. 
 Il  nous  a  été  impossible  de  constater  la  hauteur  du  sol  du  temple  d’Esné ;  
 mais nous avons observé que celui  du  petit  temple,  au nord,  est à peine supérieur  
 au  niveau  de  la  plaine.  Il  est  donc  certain  que le sol  de  la  vallée  s’est considérablement  
 exhaussé  depuis  l’époque  de  l’érection  de  ce  petit monument,  et,  par  
 conséquent,  que  cette  époque  est  fort  ancienne. 
 De  plus,  ce  temple  renferme  un  zodiaque  qui  retrace  le  même  état  du  ciel  
 que  celui  du portique  d’Esné. 
 Ces  considérations  ne  permettent  pas  de  croire  que  ce  petit  temple  ait  une  
 antiquité moindre  que  celle  du  portique  d’Esné. 
 Nous  ne  pensons  pas  que  toutes  les  parties  du  temple  de  Contra-Lato  soient  
 du même  temps;  le  désordre  de  son  plan  nous  fait  présumer,  au  contraire,  que  
 les  constructions  qui  sont  derrière  le  portique  sont moins anciennes  que  le  portique  
 lui-même  :  mais  cela  ne  doit  rien  faire  préjuger  pour  ou  contre  l’antiquité  
 de  la ville,  qui  peut  être  de  la  même  époque  que  Latopolis. 
 (i)  Voyelle Mémoire sur les monumens astronomiques,  par M.  Fourier. 
 D’ E RMEN T   OU  HE RMONTHI S , 
 P A R   E .  JO M A R D . 
 c h a p i t r e   mm 
 §.  j p f 
 D e  la  ville  d’Hermonthis. 
 L e s   antiquités  d’Hermonthis  n’offrent  rien  d’aussi  grand  que  les  temples  de  
 Philæ, d’Esné ou d’Edfoû.  C ’est par  une disposition particulière au temple qu’elles  
 renferment, par  l’élégance de  ses colonnes, par les  sculptures dont  il est  couvert,  
 enfin par un bassin  qu’on  croit  avoir  servi de Nilomètre, que ces ruines se  recommandent  
 à  l’attention  du  voyageur. 
 Le village  d’Erment,  qui  a  succédé  à  la  ville  d’Hermonthis,  et  qui  en  a  aussi  
 retenu le nom  (i), est situé dans une grande plaine, à six cents mètres  (2) à l’orient  
 du Nil, et  à  un myriamètre  (3)  au-dessus de la  ville  de Thèbes. On le distingue, à  
 quelque distance, par un  minaret  élevé  qui  a  la  forme  d’une tour,  et qui est placé  
 au-dessous du village, c’est-à-dire, à l’est;  car,  à cet endroit,  le Nil ne coule pas au  
 nord, mais  au  levant. 
 A  quatre  cents mètres  (4) au nord de ce minaret, on  trouve le temple Égyptien,  
 non  loin  d’un  hameau  qui  dépend  du  village  d’Erment.  Ce temple  est  le seul qui  
 subsiste  au milieu  d’une  grande  étendue de décombres, dont  la longueur est d’environ  
 un  kilomètre, ou  un  petit  quart  de  lieue.  Les  autres  édifices  que  la  ville  a  
 possédés,  sont  aujourd’hui  enfouis  ou  détruits  de  fond  en  comble.  Çà  et  là  on  
 aperçoit  des débris  de colonnes  et de  chapiteaux. 
 Autour du temple  sont  les  vestiges d’un ancien mur  d’enceinte;  et au midi,  un  
 bassin  oblong  qui  étoit  revêtu  en  pierres.  Dans  le  prolongement  de  l’axe  de  ce  
 bassin,  est  une  large  route bordée  de  chaque  côté  par  les  décombres,  avec  les  
 fondations  d’une  porte  à  son  extrémité  :  ce  chemin m’a  paru  le  reste  d’une  rue  
 principale  d’Hermonthis.  Enfin , à  deux  cents  mètres  (5)  au  sud  du  temple ,  et  à  
 pareille  distance  du  village,  on  trouve  les  restes  d’un  édifice  plus  récent,  qui  
 paroît  avoir  servi  d’église  aux  premiers  Chrétiens. 
 (1)  On  a  aussi  donné  à  ce  lieu  le  nom  de  beled  (3)  Deux  lieues. 
 Mousa,  c’est-à-dire , patrie  de Moïse.  (4) Deux cents  toises. 
 (2)  Trois  cents  toises.  (5) Cent toises. 
 I   D.  A