se prolonger davantage avec celle de ces grands édifices dont elles fàisoient plus
essentiellement partie.
Tout l’espacé renfermé dans la seconde enceinte est plus élevé que le terrain
environnant, et forme, dans son milieu, une petite colline de sables et de décombres.
La plupart des édifices marqués sur le plan particulier (i) sont rasés,
et l’on n’en trouve que les fondations ou les traces à la superficie du terrain. Il ne
subsiste plus aujourd’hui que la partie U du bâtiment V (2), qui est indiqué sur
ce plan par une teinte plus noire, et les deux rangs X , de trois colonnes chacun,
désignes de la même manière. Ce sont ces deux ruines, encore debout, qui sont
représentées dans la vue pittoresque (3) prise au point A du plan des monumens.
Le pan de mur I) C (4) qui, sur ce plan, paroît plus long que ceux des salles voisines,
n’est point une espèce de mur de terrasse, comme on pourroit se le figurer
d après une inspection trop rapide de la vue : cette illusion est occasionnée par
1 encombrement de toutes ces constructions. On voit en effet à son extrémité
gauche une assise de plus (3). On aperçoit encore sur les autres murs, et à la
hauteur où se trouve aujourd’hui le dessus de Celui-ci, des figures sculptées qui
sont cachées jusqu’aux reins par les décombres, et coupées par le niveau supérieur
de ce inur. Ce niveau lui-même varie de plusieurs assises en quelques endroits, et
indique bien une démolition commencée. Il paroît donc que ce murservoit seulement
a enveloppe aux distributions intérieures; et d’ailleurs il ne portoit point d’hiéroglyphes,
tandis que toutes les faces des autres murailles en sont couvertes. Les
pierres qui recouvrent la salle subsistante, oht quatre mètres de longueur, et
terminoient certainement l’édifice : on en peut juger par la corniche sculptée qui
règne au-dessous de ce plafond, dans l’intérieur de la pièce, et parte que, dans aucun
temple Egyptien, on ne trouve d’étage proprement dit au-dessus d’un autre. Ce
temple est couronné, comme tous ceux que nous avons vus, par un lit de pierres
platés, au-dessus duquel on pratiquoit quelquefois une terrasse bordée d’un parapet.
Sur la droite de la vue (6), et un peu plus loin que la salle, se trouvent les
six colonnes que j’ai fait reconnoître sur le p lan ; elles sont encore recouvertes de
leurs énormes architraves. Les chapiteaux sont tous semblables; ce qui n’a pas
toujours lieu dans les plus beaux monumens Égyptiens. Ces six colonnes devoient
appartenir à quelque vaste salle intérieure dont elles formoient le parvis, et être
accompagnées de plusieurs autres colonnes, comme l’annoncent assez les comparti-
mens de leurs architraves. D ’ailleurs elles ne sont point liées par leurs fûts ; et dans
tous les monumens Égyptiens, lorsque les colonnes sont extérieures et forment
péristyle, elles se trouvent engagées, jusqu’au tiers ou à la moitié de leur hauteur,
dans des murs de meme épaisseur qu’elles, et qui constituent une clôture particulière
au bâtiment quelles decorent. On doit conclure de ces observations,.et
de ce qu on trouve à d assez grandes distances les unés des autres, des traces de
compartimens isoles, de murailles, et de colonnes rasées, que l’édifice dont les
(1) Voyez pl, 66, f g .
(2) Ibid.
(3) Voyez pl. 6 6 ,f ig .j.
(4) Voyez pl. 66,fig . 4.
(5) lb id .J ig .3 , au point 2,
(6) Ibid. jig , 3 ,
restes subsistent aujourd’hui, ne formoit point la partie principale des monumens
d’Elethyia, et n’en étoit qu’un accessoire; que le bâtiment à douze colonnes (1)
qui se présente en face de la porte d’entrée de la seconde enceinte, se trouvoit
sur la ligne principale du plan général de ces constructions, et qu’il y avoit, sur
le côté opposé aux ruines encore debout, d’autres masses aussi considérables qui
leur correspondoient : car les plans des architectes de l’ancienne Égypte sont
ordinairement très-symétriques, et d’une simplicité, d’une pureté admirables.
On voit encore, au-devant du temple consërvé, les restes d’un bassin carré,
comme on en trouve un à Hermonthis. Ces bassins sont placés assez loin des
sanctuaires, qui subsistent encore. Us étoient sans doute destinés à fournir de l’eau
pour les sacrifices, ou plutôt pour les ablutions préparatoires, puisqu’ils sont en
dehors de ces sanctuaires. Le bassin d’Elethyia contient encore de l’eau ; mais elle
est fortement saumâtre, comme toute celle qui se trouve en Égypte à la surlace
du sol, couvert par-tout de cristallisations et d’efflorescences salines.
On rencontre, dans une fouille auprès du bassin, un sphinx formé d’un bloc
de pierre calcaire compacte, brillante, et qu’on prendrait pour de l’albâtre.
On a trouvé, près des monumens qui sont encore debout, deux fragmens
de statues en granit noir, dont l’une est vue de profil et en trois quarts (p l. fy ,
fig . / et y ) ; elle est d’environ six mètres de proportion : l’autre (fig . d ) est de
proportion humaine. Ces figures ne sont pas très-incorrectes, ni pour le dessin, ni
pour l’exécution : il y a même une certaine vérité dans leur pose, et quelque
chose d’élégant et de gracieux dans leurs contours. U est à remarquer qu’en général
les statues Égyptiennes sont mieux faites que les sculptures en petit relief, et surtout
que les peintures. Cette différence est conforme à la marche de l’esprit
humain : dans l’enfance des arts, il est facile, en ciselant un bloc de pierre autour
duquel l’artiste peut tourner dans tous les sens, d’imiter un modèle qu’il
peut aussi considérer sur tous les points, et copier, pour ainsi dire, pièce à pièce,
en se servant à chaque instant de mesures exactes; il n’en est pas de même du
dessin et sur-tout de la peinture, pour lesquels il faut que l’art s’élève jusqu’aux
combinaisons de la perspective, des effets de la lumière et du coloris.
Le petit temple isolé qu’on rencontre en marchant au nord des ruines S Elethyia
vers la montagne Arabique (2), a environ i'< mètres de longueur, sur 9” .3 de
largeur, et 4m-7 de hauteur. On y entre maintenant par les deux extrémités; mais
on s’assure, à l’inspection des démolitions, qu’il n’y avoit autrefois qu’une seule
entrée à ce temple. Elle est d’ailleurs bien distinguée par deux colonnes formant
une opposition avec les piliers élevés au-dessus du soubassement qui règne
en dehors à hauteur d’appui. Ces piliers et leur soubassement sont en partie
renversés; mais il a été facile de restaurer, comme on le voit ici, ce monument,
d’ailleurs presque entièrement semblable aux temples d’Éléphantine. Les piliers
forment une galerie bien éclairée autour du sanctuaire, lequel est absolument sans
autre jour que celui de la porte.
(]) Voyez e , p l. 6 6, Jig. 4. (z) Voyez f , pl. 66, f g . 1 , et p l. 7 1 , fig. 1 , 2 , 3 , 4.