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rares en Egypte qu’on ne le croit communément,. si l’on excepte les monumens
monolithes.
Deux colonnes de ce petit temple sortent des décombres, les deux autres ne
sc voient plus : il y a deux sortes de chapiteaux, qui ont le même galbe, c’est-à-
dire, la forme du calice du lotus, et qui diffèrent un peu par les ornemens ; |e
plus voisin de la porte est de l’espèce la plus commune en Egypte ( i ). Les murailles
ne sont qu’en partie couvertes de sculptures, et l’on croit que le temple n’a pas été
achevé : ce qui reste des bas-reliefs est mal conservé, et l’on n’a pu en recueillir
aucun sujet. II seroit donc superflu de rechercher l’objet qu’avoit ce temple, et
le culte qu’on y rendoit aux dieux de l’Egypte.
Mais quand 011 songe à la haute antiquité de Syène et à la célébrité que cette
ville avoit acquise, on ne sauroit croire qu’un si médiocre édifice fût le seul
temple qu’elle possédât. La tradition du puits de Syène suppose.un observatoire,
cest-à-dire, un temple un peu étendu; car les observateurs étoient des prêtres, et
les pretres logeoient dans les temples. J ’appuierai cette conjecture par le témoignage
(1 un auteur Arabe qui rapporte que le birbé ou temple d’Asouân étoit
fort célèbre, et l’un des plus considérables de l’Egypte pour la grandeur des
pierres et l’antiquité des sculptures (2). Mais ces édifices, quels qu’ils fussent, ont
disparu avec le puits lui-même, sous les décombres amoncelés de la ville Égyptienne
, de la ville Romaine et de la ville Arabe.
Parmi les édifices qui appartiennent à l’antiquité, je dois rappeler le fameux Nilo-
mètre dont Héliodore donne la description dans ses Étliiopiques, lorsqu’il parle
des choses remarquables que l’on fit voir à Hydaspes tandis qu’il étoit à Syène. Je
vais rapporter ici la traduction entière du passage. « On lui montra le puits qui
» sert à mesurer le Nil, semblable à celui de Memphis, et construit d’une pierre
» polie (3), sur laquelle on a gravé des lignes distantes d’une coudée. L ’eau y arri-
» vant par un canal souterrain, apprend aux naturels quel est l’accroissement ou la
» diminution du Nil, par le nombre des caractères que cette eau recouvre ou laisse
» à découvert, et qui donnent la mesure du débordement ou de l’abaissement du
» fleuve. On lui montra aussi les gnomons horaires, qui, à midi, ne fournissent
» point d’ombre, parce que, le rayon solaire étant vertical à Syène le jour du
» solstice d’été, la lumière est également répandue de toutes parts, et ne donne
» lieu à aucune ombre, tellement qu’au fond même des puits la surface de l’eau
» est éclairée en entier (4). » Ce Nilomètre subsistoit encore au iv.e siècle : selon
Maqryzy, il auroit été fondé par A’mrou ben el-A’ss ; mais A ’mrou ne fit sans doute
que le restaurer (y).
Il fkudroit peut-être chercher ce Nilomètre dans le voisinage de l’ancien bâtiment
(1) Voyez pl. 3 8 ,fig . 8.
(2) Kircher, QEdipus Ægyptiacus, t. I , p. 39.
(3) J e n’essaie pas de traduire avnifit» a/Oo, dont le sens
est très-difficile a déterminer; sens qui, suivant Casaubon,
est le même que celui de quadratum saxum chez les
Latins, c’est-à-dire, pierre de taille : mais il est doute
quj
le granit, on l’ait revêtu de pierres de taille, soit de grès
soit d’une autre matière.
(4) /Ethiopie, lib. ix .
(-5) J e n’examine pas ici la question desavoir s’il faui
regarder comme un seul et même Nilomètre, celui d’Hé
liodore et celui qucStrabon (liv. x y i l de sa Géographie '
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’après avoir pris la peine de creuser un puits dans place à Éléphantine,
qui ferme le port de Syène, et dont j’ai déjà parlé ;-car la tradition en a conservé le
nom, et l’on appelle encore ce lieu Meqyâs, c’est-à-dire, Nilomètre (i). Cette construction
assez élevée, qui paroît la tête d’un aqueduc destiné à conduire l’eau sur les
parties élevées de l’ancienne ville, et que d’autres ont regardée comme des thermes,
a pu servir elle-même dans la suite à mesurer les crues du Nil, puisqu’elle est
baignée par les eaux du fleuve. Les fenêtres qu’on y voit, les arcades de la muraille
qui y aboutit, et le soin apporté dans la construction, annoncent l’ouvrage des
Romains. On sait qu’ils entretenoient une cohorte à Syène, ainsi qu’à Éléphantine
et à Philæ : c’étoient-là les barrières de l’empire Romain du côté de l’Ethiopie.
C est probablement encore un ouvrage Romain que ces colonnes en granit
rouge qui se trouvent entre le temple Égyptien et le Nil. On voit sortir des
décombres quatre colonnes et quatre piliers en partie debout ; les deux piliers
antérieurs portent une demi-colonne sur deux de leurs faces, de manière à former
en plan limage dun coeur (2). On n’a aucune donnée pour connoître à quelle
espèce d’édifice elles ont appartenu.
§. IV .
Des Environs de Syène (3).
Q u a n d on sort de la ville Arabe pour aller à Philæ, on trouve parmi les rochers,
à gauche de la route, une tres-grande quantité de tombeaux, qu’il ne faut
pas confondre avec ceux qui sont au sud-est d’Asouân, et qui sont aussi fort nombreux.
Les premiers appartiennent au temps des khalyfes, et remontent même à
1 époque de la conquête des Arabes, ainsi que le prouvent les inscriptions en ca-
ractèiesKoufiques tracées sur ces tombes; et dont plusieurs indiquent les premières
années de I hégyre ; nous avons rapporté une de ces inscriptions. Parmi ces tombeaux,
on en remarque dont la construction est soignée, et la forme d’une assez
bonne architecture, quoique bizarre comme celle de tous les monumens Arabes.
On distingue aussi plusieurs mosquées fort anciennes; sur la porte de l’une d’elles,
on ht une inscription qui porte le nom d’un certain Selym : la tradition attribue à
qe dernier d’avoir, au commencement de l’hégyre, expulsé deux fois les Gdlâb
de la ville ancienne. Cette ville, occupée de nouveau par les Arabes, fut reconquise
au temps de Saladin ; enfin, au x v i ' siècle, elle passa sous le joug des Ottomans
avec le reste de l’Egypte, et ils s’emparèrent même de Derry et d’Ibrim, où
les Turks entretiennent encore des janissaires.
De pareilles mosquées se trouvent sur des hauteurs, placées entre le Nil et la
route de Philæ: : par la forme ronde de leurs minarets, elles ont. l’air de tourelles.
est e ce meme cote, à partir des bords du fleuve, qu’on commence à voir les
carrières de granit où les Égyptiens ont puisé leurs colosses, leurs obélisques et
leurs monolithes, immenses vestiges des plus immenses travaux que la main des
(1) Voyez n/. etr/. 2, ,,j . . . . . . . .
Î2Ï VnvM . v r o ) L ne d Eléphantine est décrite a part dans le cha-
' 3 >n- 3 «>J<g-î- pitre 111.
A . D . B