
 
		42  6   D E S C R I P T IO N   G É N É R A L E   DE   THÈ B E S . 
 chose, dans l’ancienne  langue des Égyptiens, que celui de-Thbaki [la ville] , donné  
 par métonymie  à  la  capitale  de  l’empire  (i) ;  et  l’on  ne  peut  nier,  en  effet,  que  
 Thèbes n’ait eu assez d’importance pour porter par excellence le nom de  ville. 
 Quelques  auteurs  ont  proposé  de  faire  dériver  le  nom  de  Thebes  de  1 hebreu  
 leybah  (a), qui  veut dire une arche, un vaisseau. On sait  que les habitans de Thebes  
 étoient adonnés au culte du soleil : les Égyptiens supposoient que,dans leur  cours,  
 le  soleil et les  astres  étoient  transportés sur  des  barques ;  et  c’est  ce  qu ils  ont  exprimé  
 dans tous  leurs monumens, et particulièrement dans  leurs  tableaux astronomiques  
 (3). Cette  étymologie nous paroît d’autant plus raisonnable, que, daprès les  
 relations  que  les  Hébreux  ont  eues  en  Égypte,  ce  mot  peut  avoir  été  emprunte  
 par  eux  de  la  langue  Égyptienne. 
 Un voyageur moderne, M.  Bruce,  â  cru reconnoître  dans  la  dénomination-de  
 Mcdynct-abou,  qu’il  écrit Medynet-tabou,  la  conservation  du  nom  de  la  ville  de  
 Thèbes,  le mot de  Medynct  signifiant  ville.  Cette  remarque  seroit  précieuse,  si  
 l’orthographe du nom  étoit  telle  que  le  voyageur  l’indique :  mais  on  doit  écrire  
 Medynet-abou;   et ce  nom, en prenant  le second mot dans un sens  qui  lui  est  souvent  
 donné,  veut  dire  ville  du  saint  :  c’est-là  très-probablement  un  reste  de 1 ancienne  
 dénomination de cette partie de la ville de Thèbes que 1 Itinéraire d Antonm  
 fait connoître sous le  nom  de Papa.  La  correspondance  du mot Latin papa  et du  
 mot  Arabe  abou  nous  paroît  toutefois  certaine.  Quelques  personnes  écrivent  
 Medynet-liabou.  D’autres,  en  lisant Medynet-abou,  et  en  restreignant  ce  nom  a  la  
 signification de  ville  du père ?  ont  avancé  que  Sesostris  a  fait  bâtir,  en  mémoire  
 de  son  père,  la partie  de  la  ville  de  Thèbes où se trouvent  les magnifiques monumens  
 (4 )  que  nous  avons  décrits.  C’est  aux  orientalistes  à  apprécier  toutes  ces  
 conjectures ;  toujours  est-il  certain  que  les  édifices  de Medynet-abou  ont  rapport  
 aux  vastes  conquêtes  de  Sésostris  ( y ). 
 Les Hébreux paraissent nous avoir conservé le nom que portoit la ville de Thebes;  
 ils la  désignent en effet  sous le nom de No-ammoun, qui veut dire mot a mot, dans  
 l’ancienne  langue  des  Égyptiens,  ville d'Ammon, ville  adonnée  au  culte  du  soleil,  
 considéré dans  le belier,  le chef des  signes du zodiaque.  Les  Septante ont rendu ce  
 mot par  ¡ccepiSa.  iA/xpcev  portion ou possession  d  Ammon.  C est  le nom  que  les  Grecs  
 ont  traduit par Diospolis,  ou  ville  de Jupiter  :  cependant  il  paroît  qu au  temps  des  
 Romains  cette dénomination  de Diospolis n’étoit  plus  donnée  a  tout  ce  qui,  dans  
 la haute  antiquité, avoit porté le  nom  de  Thèbes; mais qu elle devoir  etre plus particulièrement  
 appliquée  à  la  partie  de  l’ancienne  ville  qui  comprend  Karnak  et  
 Louqsor, et  à tout  l’espace  qui  existe  entre ces deux  endroits sur  la rive  orientale  
 du  fleuve.  En effet,  Strabon  (6)  dit  positivement  que  c’étoit  là  qu’étoit la ville  à  
 l’époque où il voyageoit en Égypte, et il a soin d’observer que, sur  la  rive  opposée, 
 ( 1)  M.  Marcel  a avancé  la  mcme  opinion  dans  une  (4)  Voye^  ïa  description  des  monumens de  Medynetdes  
 notes de son Mémoire sur les  inscriptions Koufiques,  abou,  sect. I l* d e   ce chapitre. 
 È .  M .  rem.  / ,   pag. yay,  (5)  Voyei la même description, pag. ¡9  et suiv. 
 (,)  —|3>p, arca, navis.  (6)  Voyez la citation du  passage  de  Strabon,  dans  la 
 '  (3)  Voyer  les dessins que nous  avons  recueillis  de  ces  description  des colosses  de  la plaine  de Thebes,  sect. i l   
 .monumens,  A .  vol.  I  et IV .   de  ce  chapitre,   pag.  u y . 
 il  existoit une autre partie  de Thèbes  où se  trouvoit  le Memnonium.  Nous  ne  rappellerons  
 point ce  que nous  avons  dit  à  ce  sujet  (1);  mais  nôus  ferons  seulement  
 remarquer  que le Memnonium de Strabon est indiqué dans  Ptolémée  (2) 'sous le nom  
 de Memnon.  Ce géographe  y place, un  peu  loin  du  fleuve, un bourg qu’il  appelle  
 Tatyris.  La ressemblance  de  ce nom avec celui  de  Phaturites donné  par  Pline  ( 3 )  
 à l’un des nomes situés dans la même partie de l’Égypte, a fait penser à d’Anville  (4)  
 que'le Memnon  de Ptolémée  est  le même  lieu  que  le  Phaturites  de  Pline,  et  nous  
 sommes entièrement de  cette  opinion. Ainsi le Memnonium de Strabon, le Memnon  
 de  Ptolémée,  et  le  chef-lieu  du  nome  Phaturites de  Pline, sont  un  seul  et même  
 endroit  qui  n’offre plus maintenant la moindre  trace d’habitation, 
 11  résulte  donc  de  tout  ce  que  nous  venons  de  dire,  que  Thèbes,  lorsqu’elle  
 eut perdu son ancienne splendeur,  fut partagée en différentes villes ou bourgs,  qui  
 ont pris divers  noms  et ont été même des chefs-lieux de nomes particuliers.  Peut-  
 être  cet état n’étoit-il que  la continuation de ce qui avoit existé plus anciennement ;  
 et nous  trouverions,  jusqu’à  un  certain  point,  dans  ce  rapprochement,  de  quoi  
 justifier  la  conjecture  que  nous  avons hasardée  (y)  sur  la  composition  de  la  ville  
 de  Thèbes. 
 §.  IV. 
 Examen  d'un  Passage  d ’Homère  sur  ta  ville  de  Thèbes. 
 T h e b e s   est  trop  connue  sous  le  hom  d’He'catompyle  (6) ,   ou  ville  aux  cent  
 portes, pour  que  nous  ne  cherchions point à découvrir  quel  a pu être  le motif de  
 cette  dénomination  fastueuse. C’est Homère  qui  l’a  employée le  premier. Ses  vers  
 ont  rendu Thèbes  célèbre  dans l’antiquité, et  ont  fait  à  cette ville  une renommée  
 qui  s’est  soutenue  jusqu’à  ces  temps modernes,  où  les merveilles  qu’elle  renferme  
 étoient  encore  ignorées.  On  sait qu’en  général  le  prince des  poètes  imprime  aux  
 objets  dont  il parle, un  cachet  ineffaçable;  ce  qui  est particulièrement  fondé  sur  
 les connoissances très-étendues et très-variées  qu’il avoit acquises  dans  ses voyages.  
 En  effet,  on  ne  cite  pas  seulement  les  ouvrages  d’Homère  comme  des  chefs-  
 d’oeuvre  de  poésie,  mais  tout  le monde  s’accorde  encore  à  les  regarder  comme  
 des  recueils  précieux  où  l’histoire  des  temps  anciens  et  la  peinture  des  moeurs  
 sont  retracées  avec  fidélité,  et  qui  offrent  des  descriptions  géographiques  très-  
 exactes des lieux que le poète avoit lui-même parcourus. Quoique, depuis ces temps  
 éloignés, l’aspect du sol ait  changé, que la mer ait envahi des terrains où l’on voyoit  
 autrefois  des  champs  cultivés,  tandis  qu’il  s’est  formé  des  attérissemens  dans  des  
 lieux jadis couverts par les eaux, onreconnoît cependant  encore, dans  l’état actuel  
 des choses, la vérité des descriptions dont les poèmes d’Homère sont remplis, Est-il  
 donc  surprenant  qu’on  les  consulte  dans  beaucoup  de  circonstances  étrangères 
 (1)  Voye^  là  description  des  colosses  de  la plaine  de  (4)  Voyeç ses Mémoires sur IJEgypte, pag.  206. 
 Thèbes, sect,  i l  de  ce  chapitre.  (5)  Voyez pag.  42$. 
 (2)  Ptolem. Geograph. lib. i v >  pag.  10 7 , edit* Franco-  (6)  Juvenal.iaf. A'v;Dion. Orbis descriptio,  vers. 250; 
 furt.  1605.  Nonntis,  Dionys. Iib.  IV ;  Diod.  Sic.  Bibl,  hist»  lib.  i ; 
 (3)  Natur.  Hist.  Iib.  y ,   cap.  9.  Stiab.  Geogr.  lib.  x vn >  pag.  8iy,  &c. 
 d-   D.   H h  h >