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chose, dans l’ancienne langue des Égyptiens, que celui de-Thbaki [la ville] , donné
par métonymie à la capitale de l’empire (i) ; et l’on ne peut nier, en effet, que
Thèbes n’ait eu assez d’importance pour porter par excellence le nom de ville.
Quelques auteurs ont proposé de faire dériver le nom de Thebes de 1 hebreu
leybah (a), qui veut dire une arche, un vaisseau. On sait que les habitans de Thebes
étoient adonnés au culte du soleil : les Égyptiens supposoient que,dans leur cours,
le soleil et les astres étoient transportés sur des barques ; et c’est ce qu ils ont exprimé
dans tous leurs monumens, et particulièrement dans leurs tableaux astronomiques
(3). Cette étymologie nous paroît d’autant plus raisonnable, que, daprès les
relations que les Hébreux ont eues en Égypte, ce mot peut avoir été emprunte
par eux de la langue Égyptienne.
Un voyageur moderne, M. Bruce, â cru reconnoître dans la dénomination-de
Mcdynct-abou, qu’il écrit Medynet-tabou, la conservation du nom de la ville de
Thèbes, le mot de Medynct signifiant ville. Cette remarque seroit précieuse, si
l’orthographe du nom étoit telle que le voyageur l’indique : mais on doit écrire
Medynet-abou; et ce nom, en prenant le second mot dans un sens qui lui est souvent
donné, veut dire ville du saint : c’est-là très-probablement un reste de 1 ancienne
dénomination de cette partie de la ville de Thèbes que 1 Itinéraire d Antonm
fait connoître sous le nom de Papa. La correspondance du mot Latin papa et du
mot Arabe abou nous paroît toutefois certaine. Quelques personnes écrivent
Medynet-liabou. D’autres, en lisant Medynet-abou, et en restreignant ce nom a la
signification de ville du père ? ont avancé que Sesostris a fait bâtir, en mémoire
de son père, la partie de la ville de Thèbes où se trouvent les magnifiques monumens
(4 ) que nous avons décrits. C’est aux orientalistes à apprécier toutes ces
conjectures ; toujours est-il certain que les édifices de Medynet-abou ont rapport
aux vastes conquêtes de Sésostris ( y ).
Les Hébreux paraissent nous avoir conservé le nom que portoit la ville de Thebes;
ils la désignent en effet sous le nom de No-ammoun, qui veut dire mot a mot, dans
l’ancienne langue des Égyptiens, ville d'Ammon, ville adonnée au culte du soleil,
considéré dans le belier, le chef des signes du zodiaque. Les Septante ont rendu ce
mot par ¡ccepiSa. iA/xpcev portion ou possession d Ammon. C est le nom que les Grecs
ont traduit par Diospolis, ou ville de Jupiter : cependant il paroît qu au temps des
Romains cette dénomination de Diospolis n’étoit plus donnée a tout ce qui, dans
la haute antiquité, avoit porté le nom de Thèbes; mais qu elle devoir etre plus particulièrement
appliquée à la partie de l’ancienne ville qui comprend Karnak et
Louqsor, et à tout l’espace qui existe entre ces deux endroits sur la rive orientale
du fleuve. En effet, Strabon (6) dit positivement que c’étoit là qu’étoit la ville à
l’époque où il voyageoit en Égypte, et il a soin d’observer que, sur la rive opposée,
( 1) M. Marcel a avancé la mcme opinion dans une (4) Voye^ ïa description des monumens de Medynetdes
notes de son Mémoire sur les inscriptions Koufiques, abou, sect. I l* d e ce chapitre.
È . M . rem. / , pag. yay, (5) Voyei la même description, pag. ¡9 et suiv.
(,) —|3>p, arca, navis. (6) Voyez la citation du passage de Strabon, dans la
' (3) Voyer les dessins que nous avons recueillis de ces description des colosses de la plaine de Thebes, sect. i l
.monumens, A . vol. I et IV . de ce chapitre, pag. u y .
il existoit une autre partie de Thèbes où se trouvoit le Memnonium. Nous ne rappellerons
point ce que nous avons dit à ce sujet (1); mais nôus ferons seulement
remarquer que le Memnonium de Strabon est indiqué dans Ptolémée (2) 'sous le nom
de Memnon. Ce géographe y place, un peu loin du fleuve, un bourg qu’il appelle
Tatyris. La ressemblance de ce nom avec celui de Phaturites donné par Pline ( 3 )
à l’un des nomes situés dans la même partie de l’Égypte, a fait penser à d’Anville (4)
que'le Memnon de Ptolémée est le même lieu que le Phaturites de Pline, et nous
sommes entièrement de cette opinion. Ainsi le Memnonium de Strabon, le Memnon
de Ptolémée, et le chef-lieu du nome Phaturites de Pline, sont un seul et même
endroit qui n’offre plus maintenant la moindre trace d’habitation,
11 résulte donc de tout ce que nous venons de dire, que Thèbes, lorsqu’elle
eut perdu son ancienne splendeur, fut partagée en différentes villes ou bourgs, qui
ont pris divers noms et ont été même des chefs-lieux de nomes particuliers. Peut-
être cet état n’étoit-il que la continuation de ce qui avoit existé plus anciennement ;
et nous trouverions, jusqu’à un certain point, dans ce rapprochement, de quoi
justifier la conjecture que nous avons hasardée (y) sur la composition de la ville
de Thèbes.
§. IV.
Examen d'un Passage d ’Homère sur ta ville de Thèbes.
T h e b e s est trop connue sous le hom d’He'catompyle (6) , ou ville aux cent
portes, pour que nous ne cherchions point à découvrir quel a pu être le motif de
cette dénomination fastueuse. C’est Homère qui l’a employée le premier. Ses vers
ont rendu Thèbes célèbre dans l’antiquité, et ont fait à cette ville une renommée
qui s’est soutenue jusqu’à ces temps modernes, où les merveilles qu’elle renferme
étoient encore ignorées. On sait qu’en général le prince des poètes imprime aux
objets dont il parle, un cachet ineffaçable; ce qui est particulièrement fondé sur
les connoissances très-étendues et très-variées qu’il avoit acquises dans ses voyages.
En effet, on ne cite pas seulement les ouvrages d’Homère comme des chefs-
d’oeuvre de poésie, mais tout le monde s’accorde encore à les regarder comme
des recueils précieux où l’histoire des temps anciens et la peinture des moeurs
sont retracées avec fidélité, et qui offrent des descriptions géographiques très-
exactes des lieux que le poète avoit lui-même parcourus. Quoique, depuis ces temps
éloignés, l’aspect du sol ait changé, que la mer ait envahi des terrains où l’on voyoit
autrefois des champs cultivés, tandis qu’il s’est formé des attérissemens dans des
lieux jadis couverts par les eaux, onreconnoît cependant encore, dans l’état actuel
des choses, la vérité des descriptions dont les poèmes d’Homère sont remplis, Est-il
donc surprenant qu’on les consulte dans beaucoup de circonstances étrangères
(1) Voye^ là description des colosses de la plaine de (4) Voyeç ses Mémoires sur IJEgypte, pag. 206.
Thèbes, sect, i l de ce chapitre. (5) Voyez pag. 42$.
(2) Ptolem. Geograph. lib. i v > pag. 10 7 , edit* Franco- (6) Juvenal.iaf. A'v;Dion. Orbis descriptio, vers. 250;
furt. 1605. Nonntis, Dionys. Iib. IV ; Diod. Sic. Bibl, hist» lib. i ;
(3) Natur. Hist. Iib. y , cap. 9. Stiab. Geogr. lib. x vn > pag. 8iy, &c.
d- D. H h h >