t également espacées dans le sens de la largeur de l’édifice, à l’exception de l’entre-
coionnement du milieu, qui est double des autres. Les chapiteaux ont la forme
d’un bouton de lotus tronqué; les soffites de l’entre-colonnement du milieu, et des
deux qui lui sont contigus, sont percés de trous carrés, évasés en forme d’entonnoir,
dont la partie la plus large est dans l’intérieur. Tout Ce second portique ne
recevoit de lumière que par ces soupiraux. Le mur de fond a un petit avant-
corps qui figure la façade d’un temple : il en résulte que la porte qui y est pratiquée,
est surmontée de deux corniches, ornées l’une et l’autre du disque ailé,
accompagné d'uboeus. Cette porte donne entrée dans un sanctuaire de huit mètres
un tiers (i) de profondeur sur quatorze mètres (2) de largeur, éclairé par des
soupiraux ouverts dans la partie supérieure. Au fond est un petit corps avancé, où
l’on a pratiqué une niche qui renfermoit sans doute le simulacre de la divinité
adorée dans le temple. L ’encombrement (3) ne nous a point permis de vérifier
cette conjecture. Sur les côtés, sont deux couloirs qui communiquoient probablement
au sanctuaire ; celui de l’est renferme un escalier qui conduit sur les terrasses.
Ce monument paroît peu considérable, si on le compare aux constructions colossales
qui l’environnent : cependant il a cinquante-deux mètres (4) .de long et vingt-
cinq mètres (5) de large, dimensions qui le rapprochent beaucoup des grands temples
de l’Egypte.
Nous avons désigné jusqu’à présent sous le nom de temple le monument, que
nous venons de décrire ; on peut reconnoître maintenant toute la justesse de cette
dénomination ; elle résulte de la forme même du plan, de la distribution intérieure,
et du système de décoration. L ’analogie parfaite de cet édifice avec le grand temple
du sud (6) ne permet pas de douter qu’il ne fût destiné au culte Égyptien. C’étoit
ici peut-être, dans l’enceinte du palais, le lieu où les rois venoient offrir des sacrifices
avant de se livrer aux soins du gouvernement. Ici, environnés de toute leur
cour, ils assistoient à cette prière pleine d’instruction, dans laquelle le pontife sup-
plioit les dieux de donner au prince toutes les vertus royales, leur demandant qu'il
fût maître de lui-même, magnanime, bienfaisant, doux envers les autres, et ennemi
du mensonge (7). C’étoit ici qu’ouvrant les livres sacrés, on lisoit aux souverains
les conseils et les actions des grands hommes, pour leur servir de règle dans l’administration
de l’empire.
( 0 Vingt-cinq pieds sept pouces. ^ supérieures des monumens, dont il nous a été facile.de
(2) Quarante-trois pieds. mesurer toutes les parties.
(3) S i l’état d’encombrement dans lequel nous avons (4) Cent soixante pieds,
trouvé la plupart des Constructions anciennes de l’Egypte, (5) Soixante-seize pieds.
ne nous a point permis de juger, sur les lieux mêmes, de (6) Voye^ ci-après,pag. 2.6j et suiy., la description du
l'ensemble des rapports et des proportions des différentes grand temple du sud.
parties des édifices, il nous a cependant été favorable sous (7) Diod. Sic. Biblioth. hist. Iib. 1 , pag! 8 1 , cdit.
ce point de vue, que nous avons pu atteindre-aiix parties Arqstelodami, 1746.
Suite de la Description du Palais.
C o n t i n u o n s d’avancer dans l’intérieur du palais de Karnak. Ce qui attire le
plus 1 attention en s approchant du fond de la cour et en se plaçant dans l’axe
du monument, c’est cette suite, à perte de vue, de pièces immenses et magnifiques
qui par leur réunion forment un des plus grands édifices connus. Au sentiment
’de plaisir que l’on éprouve d’abord, succède bientôt un sentiment de
peine à l’aspect de la destruction totale et du bouleversement du pylône qui
forme le fond de la cour. Toute la partie antérieure est tellement ruinée, qu’il
est impossible de se figurer que ces pierres, maintenant roulées les unes sur les
autres, aient pu former le parement d’un édifice régulier. II semble qu’il n’y a qu’une
secousse générale, produite par un tremblement de terre, qui ait pu l’ébranler
jusque dans ses fondemens et le réduire à l’état de destruction où on le voit à
présent. Quoi qu’il en soit, il est plus raisonnable de penser qu’un tel bouleversement
provient d’un vice de construction. En effet, bien que l’inclinaison des murs
soit en général un principe de solidité, on conçoit pourtant que si elle est excessive,
comme il arrive ici, pour peu qu’il y ait de vide dans l’intérieur, et que les pierres
soient mal liées entre elles, il doit arriver nécessairement qu’elles seront poussées
à l’extérieur et glisseront sur leurs joints. Qu’à ces causes de dégradation on ajoute
l’humidité, qui, comme nous l’avons déjà fait observer, s’attache à la base des
édifices de Karnak, les mine et les ronge, et l’on se fera une idée plus exacte de
l’état de destruction que l’on remarque ici.
La porte s’élève encore en partie au-dessus des débris du pylône ; elle étoit
précédée de deux grands colosses monolithes en granit rouge, de sept mètres (i)
de proportion. Celui qui est au sud, est le seul qui soit encore debout. Les débris du
second sont cachés sous les décombres ; mais son socle est resté en place. Les statues
sont distantes de dix mètres (2). Leurs piédestaux consistent en deux morceaux
de granit, de la forme d’un cube alongé, placés en retraite l’un sur l’autre : celui
sur lequel repose immédiatement la statue, fait partie du même bloc; il a trois
mètres soixante-dix-neuf centièmes (3) de longueur, et un peu moins de deux mètres
et un tiers (4) de largeur. Le colosse, encore debout, est dans l’attitude d’un homme
qui marche : il a les jambes séparées. Ses pieds ont quatre-vingt-dix-sept centimètres
(y) de long, et il a cinq mètres quatre-vingt-cinq centièmes (6) depuis la
partie supérieure de l’épaule jusqu’à la plante des pieds ; ce qui suppose une hauteur
totale de six mètres quatre-vingt-deux centièmes (7) ; à quoi ajoutant un mètre
soixante-deux centièmes (8) pour le piédestal, on a huit mètres et demi (9) de
hauteur totale au-dessus du sol. Cette statue a éprouvé des dégradations notables ;
elle n’a plus ni bras ni tête. Elle est sculptée avec une grande perfection sous le
(1) Vingt-un pieds. (4) Sept pieds. (7) Vingt-un pieds.
(2) Trente pieds. - (5) T rois pieds. (8) Cinq pieds.
(3) Onze pieds huit pouces. (6) Dix-huit pieds. (9) Vingt six pieds.
A . D . E e