a tête de génisse, enfin sur les genoux de quatre autres femmes, déjà plus grand,
ayant le doigt sur la bouche et un collier sur la poitrine; c’est-à-dire qu’on le voit
passer par les divers degrés de l’enfimce.
Les quatre femmes que je viens de citer, sont coiffées de deux attributs dont il
seroit intéressant de découvrir la signification; celui de gauche ne se voit dans
aucun autre tableau que celui-ci. Quant à la scène qui est au-dessus de la porte
du sanctuaire, elle paroit relative au solstice d’été. L ’épervier, emblème du soleil,
a les ailes déployées : la coiffure qu’il porte est l’attribut ordinaire de la puissance
, c’est le signe du soleil dans toute sa force. Les rayons de lotus annoncent
la crue du N il, qui s opère au solstice d’été. Enfin le lion armé en est le signe évident
(i) ; car si, à 1 époque dHermonthis, l’équinoxe du printemps avoit lieu sous
le signe du taureau, et l’équinoxe d’automne sous le scorpion, il s’ensuit que le
solstice d été répondoit au lion. Le couteau qui est dans ses griffes, ne menace
pas les lotus, comme les deux dont Typhon a les mains armées. Celui-ci a déjà une
main au milieu des tiges de lotus, qu’il est dans l’action de couper; le lion paraît
les défendre, eu l’épervier étend sur eux ses ailes protectrices. Je ne me permettrai
aucune conjecture sur la girafe et le chacal qui sont au-dessus de Typhon
et du lion.
Ces deux tableaux, le dernier sur-tout, concourent donc avec celui du plafond
pour marquer une même époque astronomique; savoir, celle où le taureau céleste
etoit le siege dun équinoxe, et le lion celui du solstice d’été. Cette époque est
encore confirmée par différentes images du lion qu’on a trouvées dans le temple.
Je citerai, t.* la peau de lion qui revêt les lits de repos dont j’ai parlé; 2.° plusieurs
figures de femmes à tête de lion dans divers tableaux [pl. p j et p y , et ailleurs);
3.0 sur-tout un lion à tête dépervier avec une queue de crocodile, figure complexe
repetee deux fois (ib id .) , et qui exprime fort bien la présence du solstice
d’été dans le lion céleste: car l’épervier étoit l’emblème du soleil; et le crocodile,
celui de l’inondation (2).
Deux autres tableaux peignent encore le solstice d’été : l’un est celui où l’on
voit quatre personnages qui se tiennent la main , et dont l’un a une tête de lion
(p l. p y , fig . t), libis derrière deux éperviers, une grande tige de lotus, la croix à
anse et divers attributs significatifs, enfin l’oeil d’Osiris qui plane sur la scène (3) ;
l’autre, où Harpocrate est porté en triomphe (ibid. fig . 3 ) . Le signe de la virilité,
qui distingue cette figure, est l’emblème de la fécondation ; et les fleurs de lotus
dont la draperie est brodée, annoncent la crue du Nil.
J ai dit que la scene de 1 allaitement d’Harpocrate est un symbole du solstice
d’hiver : voici une nouvelle raison de le croire. Dans le tableau du dessus de porte
déjà décrit (pl. p j , fig. 8 ) , on voit quatre figures de femmes qui présentent le
sein au jeune dieu, et, au milieu du tableau, Harpocrate assis sur des fleurs de
lotus, le doigt sur la bouche. Or Plutarque dit positivement (4) qu’Harpocrate,
( ') Description d’Edfoû, chap. V, / . v i t . (3) VoyezIa Description d’Edfoû, chap. V, f . V.
(2) Euseb. Proepar. evang. Iib. I I I , cap. x i . Voyei la (4) Plut, de Iside et Osiride.
Description d’Ombos, chap, IV , J . n i .
sous la figure d’un enfant, assis sur un lotus et le doigt sur la bouche, est le soleil
au solstice d’hiver, éteint et engourdi.
Le tableau qui est au-dessus du précédent est tout entier consacré au solstice
d’été, comme l’annoncent l’épervier qui déploie ses ailes au milieu d’une multitude
de lotus, et sur-tout la figure d’Harpocrate en état d’érection, symbole de
la puissance génératrice que développe alors le soleil en faisant déborder le Nil.
Cet accord entre tous les tableaux du temple d Hermonthis prouve , d’une manière
sensible, qu’ils étoient destinés à peindre allégoriquement les quatre principales
époques de l’année astronomique. L ’étude que nous venons de faire de ce
temple par les sculptures dont il est orné, en apprend bien plus sur sa destination,
que les passages transmis par les auteurs au sujet de cette ancienne ville.
Voici comment s’exprime Strabon : ce Après Thèbes est la ville d’Hermonthis,
» où l’on adore Apollon et Jupiter, et où l’on nourrit un boeuf (i). »
Macrobe, voulant prouver que, dans le culte Égyptien, la figure du taureau,
comme celle des autres signes du zodiaque, se rapporte au soleil, dit que, dans
le magnifique temple d’Apollon à Hermonthis , on honore le taureau consacré
au soleil et surnommé Pacis (2) ; et il en apporte des raisons que je passerai ici
sous silence. Ce seul exemple fait voir combien les anciens ont peu connu les
temples d’Égypte; mais doit-on s’en étonner, quand on se rappelle que l’intérieur
de ces temples a toujours été inaccessible aux étrangers !
Jablonski conjecture que le nom de Pacis est corrompu, et doit se lire Pabacis,
qui, selon lui, veut dire, en ancien égyptien, civictis, autrement tutélaire; mais
tout ce qu’il a écrit au sujet du raurus Hermonthites, qu’il croit le même qu’Onu-
phis, sans en apporter de bonnes raisons (3), est extrêmement conjectural. C ’est ce
qui arrivera aux savans, tant qu’ils négligeront les monumens et qu’ils s’en tiendront
à commenter des passages obscurs. Strabon erMacrobe ont écrit, d’après
des traditions ou des mémoires, qu’on adoroit à Hermonthis Jupiter et Apollon;
c’étoit traduire en langage Grec les noms d’Osiris et d’Horus, dont nous avons
vu les images dans le temple. Tous deux'ajoutent qu’on y révérait le taureau;
mais cette idée sera venue de la figure représentée sur le plafond du sanctuaire,
et de celle de la génisse fréquemment répétée, comme je pense que cela est arrivé
pour tous les animaux sculptés dans les temples d’Égypte. Toutefois le passage de
Macrobe est très-précieux, en ce qu’il prouve que le taureau du plafond doit se
rapporter au taureau céleste, et non pas à une image ordinaire de l’animal.
(1) Strab. Iib. xv I I , pag. 816. nam et per singulas horas mut are colores affirmatur, et
(2) Taurum vero ad solem referri multiplici ratione hirsutus setis dicitur in adversum nascenlibùs, contra natu-
Ægyptius cul tus ostenditj vel quiaapud Heliopolim tau- ram omnium animalium, unde habetur veluti imago solis
rum soli consecratum, quem Neton cognominant, maxime in diversam mitndi partent nitentis. Macrob. Saturn. Iib., I ,
colunt; vel quia bos Apis in civitate Memphi solis instar cap. x x i , p. 249, Lugd. Bat. 1597.
excipitur; vel quia in oppido Hermunthi magnijtco Apolli- (3) Onuphis étoit aussi le nom d’une ville de la basse
nis templo consecratum soli colunt taurum, Pacin cognomi- Egypte.
nantes, insignem miraculis convenientibus naturas solis :